
Traité plastique : à Genève, les négociations restent embourbées
Arrivée à une «étape cruciale», la négociation a besoin d'une «vraie avancée» pour aboutir dans les délais impartis, a-t-il ajouté, lors d'une séance de bilan à mi-parcours. La nouvelle session, ajoutée au calendrier onusien après l'échec des discussions en Corée du Sud fin 2024, est destinée à rédiger un traité «juridiquement contraignant» qui régulerait au niveau mondial la production, la consommation et la fin de vie du plastique. Chaque année, 22 millions de tonnes de déchets plastique sont rejetées dans l'environnement, empoisonnant sols et océans, et menaçant la biodiversité et la santé humaine par accumulation de microplastiques dans l'organisme.
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1500 parenthèses
«Des progrès ont été faits, mais ne sont pas suffisants», a dit Luis Vayas Valdivieso. Les travaux ont débouché sur un texte de 35 pages au lieu de 22 initialement. Et surtout le nombre de parenthèses, c'est-à-dire de sujets sur lesquels aucun accord n'a été trouvé, a gonflé à près de 1.500 contre 371 dans la version initiale du texte. Principale fracture : un groupe de pays pétroliers (pays arabes, Russie, Iran, Malaisie..) continue de s'opposer à ce que le traité fixe des objectifs de réduction de production de plastique. Or, si rien n'est fait, elle triplera d'ici 2060, selon l'OCDE.
Les États-Unis et d'autres s'opposent aussi au champ d'application initialement prévu : ils refusent le terme «sur toute la durée de vie du plastique», depuis l'extraction du pétrole qui sert à le fabriquer jusqu'à sa transformation en déchet. En face, une coalition de pays dits «exigeants», dont les 27 pays de l'Union européenne, le groupe des petites îles et plusieurs pays africains et latino-américains, demande que le texte comporte bien un objectif de réduction de la production, seul moyen de juguler la pollution en aval. La plupart des participants admettent que le processus de négociation est trop lent. «Nous risquons l'échec», a estimé le délégué des îles Fidji.
«Microplastiques dans notre sang»
Malgré le «brouillard» actuel, il reste «une chance de quitter Genève avec ce traité», a néanmoins estimé samedi Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement, la branche de l'ONU qui organise les discussions. Luis Vayas Valdivieso a incité les diplomates à «accélérer» le mouvement.
Une source diplomatique a indiqué à quelques journalistes que de nombreuses réunions informelles auraient lieu dimanche, journée où aucune réunion officielle n'est prévue. «Il faut passer à la vitesse supérieure», a-t-elle dit, évoquant une «négociation par paquet». L'arrivée de plusieurs ministres de l'Environnement ou hauts représentants d'administration à Genève en début de semaine pourrait aussi mettre de l'huile dans les rouages, espère-t-elle. Le Koweït a proposé de «tomber d'accord sur ce qui peut nous rassembler plutôt que d'exacerber» les différences. Proposition reprise par plusieurs autres pays.
Mais pour Eirik Lindebjerg, de l'organisation environnementale WWF, cette proposition est une «tentative de transformer le traité en simple accord pour la gestion des déchets». Ces pays souhaitent «interdire aux négociateurs la possibilité de parler de l'élément central du traité, l'élimination des produits chimiques les plus problématiques, réduire les volumes de plastique et changer la conception des produits plastique», a-t-il dit à l'AFP.
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«Une chose nous unit, (...) ce sont les microplastiques dans notre sang, dans nos poumons, notre corps, (...) il ne s'agit pas de recycler (le plastique) simplement. Il ne s'agit pas de mettre un emplâtre sur une jambe de bois», a plaidé le représentant du Panama, Juan Monterrey Gomez dans une intervention très applaudie. Plusieurs observateurs d'ONG se sont désolés que l'intervention de la déléguée chinoise - qui semblait vouloir offrir des pistes - ait été interrompue par Luis Vayas Valdivieso. «Il aurait été important d'entendre ce qu'a à dire le premier pays producteur de plastique du monde», a déclaré à l'AFP Bjorn Beeler, directeur exécutif de l'ONG IPEN.
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