
Le Canada exhorté à accélérer l'approbation de visas face à la situation à Gaza
Le Canada exhorté à accélérer l'approbation de visas face à la situation à Gaza
(Saint-Jean) Une avocate spécialisée en immigration de Toronto affirme que des membres de familles de Canadiens meurent dans la bande de Gaza, le ministère fédéral de l'Immigration tardant à approuver leurs visas dans le cadre d'un programme spécial lancé en 2024.
Sarah Smellie
La Presse Canadienne
Debbie Rachlis a estimé que le Canada doit accélérer le processus d'approbation du visa de résident temporaire en vertu des mesures spéciales qu'il offre aux membres des familles de Canadiens d'origine palestinienne qui tentent de fuir la violence dans le territoire.
Me Rachlis représente des dizaines de demandeurs dans le cadre de ce programme et a précisé être impliquée dans « au moins cinq cas » de personnes mortes en attendant leur visa. Elle a milité en faveur du programme de mesures spéciales en tant que membre du collectif Gaza Family Reunification Project.
« Nous sommes tous au courant de très nombreuses situations où des personnes qui attendaient un visa pour venir au Canada sont décédées ou ont été tuées », a raconté l'avocate, lors d'une récente entrevue.
Cela inclut les personnes mortes de faim ou blessées par des bombardements, ainsi que celles tuées alors qu'elles faisaient la file pour obtenir des rations. Il s'agit dans tous les cas de morts terribles et évitables.
Debbie Rachlis, avocate spécialisée en immigration
Le Canada a lancé le programme en plusieurs étapes offrant des visas de résident temporaire aux membres des familles de Canadiens bloqués dans la bande de Gaza le 9 janvier 2024. Il a pris fin le 26 mars, après que le plafond de 5000 demandes de visa ait été accepté pour traitement.
Moins de 1200 visas avaient été accordés au 21 juin, a déclaré Jeffrey MacDonald, porte-parole du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada (IRCC). Cela représente moins du quart des visas que le Canada avait promis de délivrer.
Quelque 841 personnes étaient arrivées au Canada en provenance du territoire gazaoui au 8 juin, a précisé M. MacDonald dans un courriel.
La sortie de Gaza « demeure extrêmement difficile »
Le programme de visa exige que les demandeurs soumettent des données biométriques, y compris des empreintes digitales et des photos, recueillies en personne dans un bureau d'IRCC. Il n'existe pas de bureau de ce type dans la bande de Gaza.
La Presse Canadienne s'est entretenue avec plusieurs Canadiens d'origine palestinienne qui ont déboursé des milliers de dollars pour que des membres de leur famille dans l'enclave palestinienne puissent payer des agents privés afin de traverser la frontière au Caire, où se trouve un bureau d'immigration canadien habilité à recueillir des données biométriques. La frontière de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Égypte, est fermée depuis mai 2024.
Le principal défi demeure la capacité des gens à quitter Gaza. La sortie de Gaza demeure extrêmement difficile et pourrait être impossible pour le moment, car les pays et d'autres acteurs établissent leurs propres conditions d'entrée et de sortie.
Jeffrey MacDonald, porte-parole du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada
Le représentant d'IRCC a ajouté que « nous continuons de collaborer étroitement avec les autorités locales, à tous les niveaux, pour faciliter la sortie des personnes de Gaza et défendre leur sécurité ».
Debbie Rachlis a souligné que d'autres pays occidentaux ont abandonné l'exigence biométrique. Elle s'est demandé pourquoi le Canada ne ferait pas de même, d'autant plus que la situation des Palestiniens dans la bande de Gaza se détériore.
Les experts en alimentation mettent en garde depuis des mois contre le risque de famine dans l'enclave, où Israël restreint l'aide, affirmant que le Hamas détourne des denrées pour renforcer son pouvoir, sans fournir de preuves à l'appui. Ces derniers jours ont émergé du territoire palestinien des images d'enfants émaciés, qui ont attisé les critiques internationales à l'encontre d'Israël, y compris de la part de proches alliés qui ont appelé à la fin de la guerre et de la catastrophe humanitaire qu'elle a engendrée.
La semaine dernière, le premier ministre Mark Carney a condamné le gouvernement israélien pour son « incapacité à prévenir la catastrophe humanitaire qui se détériore rapidement à Gaza » et a qualifié sa gestion de l'aide humanitaire dans l'enclave de « violation du droit international ».
Dimanche, l'armée israélienne a instauré une trêve quotidienne de 10 heures dans les combats dans trois zones du territoire palestinien, afin d'« accroître l'aide humanitaire » entrant sur le territoire.
Les responsables de la santé dans la bande de Gaza ont déclaré qu'au moins 37 Palestiniens ont été tués lors de frappes distinctes entre samedi soir et dimanche, dont 22 personnes en quête d'aide.
La situation aussi précaire au Caire
La situation au Caire est également précaire pour les personnes en attente de visa, a indiqué Me Rachlis. L'avocate torontoise a de nombreux clients qui ont réussi à se rendre au Caire et à fournir les données biométriques requises. Ils attendent depuis un an ou plus de connaître l'état de leur demande de visa, a-t-elle expliqué.
Ils n'ont pas accès aux soins médicaux en Égypte et leurs enfants ne peuvent pas aller à l'école, a-t-elle ajouté. Ils vivent en grande partie des collectes de fonds d'organismes de bienfaisance et de leurs familles au Canada.
« Nous devons accélérer le traitement des demandes pour les personnes qui se trouvent en Égypte », a-t-elle soutenu, ajoutant qu'elle pense qu'une grande partie du retard est due à l'« étude minutieuse » à laquelle sont soumis les demandeurs de visa. On réclame aux demandeurs de fournir leurs comptes de médias sociaux, des informations sur leurs cicatrices et autres marques corporelles, des informations sur leurs liens de parenté – y compris par mariage – et tous les passeports qu'ils ont possédés.
L'année dernière, La Presse Canadienne a obtenu une lettre envoyée à un demandeur par un agent d'immigration canadien lui demandant s'il avait « déjà prodigué des soins médicaux à des membres blessés du Hamas ». Refuser des soins à une personne blessée dans une zone de guerre constitue une violation de la Convention de Genève pour les professionnels de la santé. Debbie Rachlis a fait remarquer que les familles ont besoin d'informations plus rapidement sur leurs demandes afin de pouvoir prendre des dispositions et se mettre en sécurité.
« Les familles ont besoin de réponses, a-t-elle dit. Elles ont besoin de réponses sur ce qui s'est passé avec ce programme et pourquoi il semble voué à l'échec. »
Avec des informations de l'Associated Press
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