
Syrie : que se passe-t-il à Soueida, où des affrontements ont fait des dizaines de morts ?
Voici ce qu'il faut savoir des affrontements de ces derniers jours dans la région qui ont fait des dizaines de morts.
• Que s'est-il passé à Soueida ?
Les violences ont éclaté dimanche entre des combattants druzes, qui tiennent la ville de Soueida, et des tribus bédouines, aux relations tendues depuis des décennies. L'étincelle, comme le raconte Le Monde, a été l'enlèvement la veille d'un marchand druze par les bédouins. En réponse aux affrontements mortels, le gouvernement syrien a acheminé des renforts dans la région afin, selon eux, de rétablir la sécurité.
Les autorités du pouvoir islamiste, épaulées par d'autres combattants dont des bédouins, ont alors pris le contrôle lundi de plusieurs localités tenues par des druzes aux abords de Soueida dans l'objectif clair d'étendre leur influence, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mardi matin, à la suite de contacts entre les autorités et les notables de Soueida, le ministère de la Défense a proclamé un cessez-le-feu et annoncé l'entrée des troupes dans la ville de 150 000 habitants. Si les trois principaux chefs religieux druzes avaient appelé dans la matinée les combattants à ne pas opposer de résistance et à remettre leurs armes, l'influent cheikh Hikmat al-Hejri a finalement fait volte-face, accusant le gouvernement de ne pas avoir respecté sa promesse d'entrer pacifiquement à Soueida.
De fait, les habitants de la ville, terrorisés, ont rapporté de nombreuses exactions depuis l'entrée des troupes gouvernementales et de leurs alliés : exécutions, pillages et maisons brûlées. Un correspondant de l'AFP, entré à Soueida peu après les forces gouvernementales, a vu des corps gisant au sol alors que des coups de feu résonnaient par intermittence dans la ville déserte, placée sous couvre-feu.
« Je me trouve dans le centre de Soueida », a déclaré au téléphone à l'AFP un habitant terré chez lui, qui n'a pas dévoilé son identité. « Il y a des exécutions, des maisons et des magasins qui sont brûlés, des vols et des pillages ». « Les forces gouvernementales sont entrées dans la ville sous prétexte de rétablir la sécurité (...) mais malheureusement elles se sont livrées à des pratiques sauvages », a affirmé à l'AFP Rayan Maarouf, rédacteur en chef du site local Suwayda 24.
• Quel est le bilan ?
Le bilan des violences à Soueida s'élève à 248 morts depuis dimanche, a indiqué ce mercredi 16 juillet l'OSDH. 64 combattants druzes et 28 civils druzes auraient été tués, « 21 d'entre eux exécutés sommairement » par des membres des forces gouvernementales. En outre, 138 membres des forces de sécurité et 18 combattants bédouins, entrés dans la ville à leurs côtés, ont été tués, a indiqué l'ONG.
• Pourquoi les druzes sont-ils ciblés ?
La province de Soueida abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique issue de l'islam considérée avec méfiance par le courant extrémiste sunnite dont sont issues les nouvelles autorités dirigées par Ahmad al-Chareh. Elle comptait quelque 700 000 membres en Syrie (3 % de la population) avant la guerre civile, et est aussi implantée au Liban et en Israël.
Quand Bachar al-Assad a été renversé, le nouveau régime a exigé la dissolution de tous les groupes armés et leur intégration au sein des forces du ministère de la Défense. Les druzes sont concernés puisque pendant la guerre civile entre 2011 et 2024, cette communauté a formé ses propres groupes armés et tenté de garder leur bastion de Soueida à l'écart des combats.
En janvier, les deux principaux groupes armés (Mouvement des hommes de la dignité et la Brigade de la Montagne) ont accepté de rendre les armes à condition de pouvoir « constituer une entité militaire et sécuritaire formée des fils de Soueida ». Mais au vu des violences avec les bédouins, le pouvoir en place à Damas qui veut reprendre le contrôle de la région a décidé d'intervenir directement, rapporte encore Le Monde.
• Pourquoi Israël est intervenu ?
Israël, pays voisin, veut se placer en protecteur des druzes dont 150 000 membres de ses membres vivent dans l'État hébreu. Son intervention vient aussi du fait qu'il craint le nouveau pouvoir en place en Syrie et ne veut pas de présence militaire dans le sud du pays, à proximité de leur frontière commune. Conséquence, Israël a bombardé les forces gouvernementales après leur entrée à Soueida.
« Nous agissons pour empêcher le régime syrien de leur nuire (aux druzes, NDLR) et pour garantir la démilitarisation de la zone adjacente à notre frontière avec la Syrie », ont justifié conjointement mardi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le ministre de la Défense, Israël Katz. « Nous ne permettrons pas le retour à une situation où un 'second Liban' est établi » dans cette région, a affirmé plus tard Benjamin Netanyahu.
Ce mercredi, Israël Katz a également exigé du pouvoir syrien qu'il « laisse tranquilles » les druzes. « Comme nous l'avons clairement indiqué et averti, Israël n'abandonnera pas les druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation » dans le sud du pays, a insisté le ministre, prévenant que l'armée israélienne « augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris ».

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Parisien
19 hours ago
- Le Parisien
Qu'est-ce que le BM-21 Grad, cette arme de l'ère soviétique que l'armée cambodgienne utilise contre la Thaïlande ?
En d'autres temps, on les appelait les « orgues de Staline ». L'armée thaïlandaise a accusé les forces cambodgiennes d'avoir utilisé de l'artillerie lourde et surtout des lance-roquettes BM-21 de fabrication russe, lors des récents affrontements entre les deux voisins . Bangkok a affirmé avoir répondu par un « appui feu approprié », c'est-à-dire des frappes aériennes. Plusieurs images montraient des soldats cambodgiens debout sur un camion transportant les lance-roquettes BM-21 de fabrication russe et circulant dans une rue de la province d'Oddar Meanchey le 25 juillet 2025. La Thaïlande et le Cambodge s'affrontent dans des combats les plus sanglants depuis plus de dix ans depuis le 24 juillet dernier, avec au moins 33 morts sur le terrain. Les deux camps se battent avec des chars, de l'artillerie et des forces terrestres au sujet d'une zone frontalière contestée. Les zones disputées par les deux nations englobent des temples datant de l'époque d'Angkor. L'un d'eux, le Preah Vihear, centralise les tensions. Ce Haut-Lieu du bouddhisme se trouve du côté cambodgien, au grand dam de la Thaïlande . Le BM-21 Grad est un lance-roquette multiple soviétique de calibre 122 mm développé pendant la guerre froide dans les années 1960. « BM » signifie Boïévaïa machina en russe ( véhicule de combat ) et le surnom Grad signifie « grêle ». Il est équipé d'une nacelle de 40 tubes de lancement disposés en forme rectangulaire. Cette arme descend des célèbres « orgues de Staline », qui ont connu leur heure de gloire pendant la Seconde Guerre mondiale. Mise en service au début des années 1960, elle a connu son premier combat en mars 1969. Dans les pays de l'OTAN, le système (soit le système complet, soit le seul véhicule de lancement) était initialement connu sous le nom de M1964. « Le rôle principal du système BM-21 Grad est d'appuyer la division avec des tirs de suppression pour contrer les missiles antichars, les positions d'artillerie et de mortier, détruire les points forts et éliminer les nœuds de résistance ennemis sur le champ de bataille immédiat », explique un site spécialisé en armement. Des navires peuvent également emporter des paniers de roquettes BM-21. Le système d'arme de lance-roquettes est le plus souvent monté à l'arrière du châssis du camion, d'où sa facilité de déplacement. Le mécanisme de lancement est alimenté par un petit système de générateur à l'intérieur du camion. Il peut tirer des roquettes directement depuis la cabine ou depuis une gâchette à l'extrémité d'un câble à distance. Les roquettes BM-21 peuvent être tirées individuellement ou en salve d'une durée de six secondes, explique le site spécialisé Army Recognition . Après le tir, le véhicule doit être rechargé, ce qui peut prendre environ 10 minutes avec une équipe expérimentée et l'équipement de rechargement approprié. Le BM-21 Grad est le lance-roquette multiple le plus utilisé dans le monde jamais développé. Il a été utilisé en très grandes quantités par les forces soviétiques et certaines forces du Pacte de Varsovie lors des 50 dernières années. De nombreux systèmes ont été exportés vers des alliés du défunt « empire » soviétique en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. En outre, de nombreux pays ont développé leurs propres variantes améliorées. La plupart d'entre elles restent compatibles avec les roquettes « Grad » d'origine, mais elles utilisent également des variantes plus récentes et à plus longue portée.


Le Parisien
a day ago
- Le Parisien
Cambodge-Thaïlande : quatrième jour de combats, malgré la proposition américaine de cessez-le-feu
Après s'être dits prêts à discuter d'un cessez-le-feu, la Thaïlande et le Cambodge ont échangé des tirs d'artillerie pour la quatrième journée consécutive dimanche. Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est sont engagés dans l'épisode le plus meurtrier de leur différend territorial au long cours depuis des années. Les échanges de tirs, bombardements et frappes aériennes ont fait au moins 33 morts et provoqué le déplacement d'environ 200 000 personnes . Des journalistes de l'AFP présents à Samraong, au Cambodge, à une vingtaine de kilomètres de la frontière thaïlandaise, ont entendu à l'aube des bruits d'artillerie. Une porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata, a affirmé que la Thaïlande avait attaqué à 04h50 du matin (21h50 GMT samedi) deux temples contestés de cette région, théâtre des premiers affrontements survenus jeudi matin. Depuis, le conflit s'est répandu sur de multiples fronts, parfois éloignés de plusieurs centaines de kilomètres entre eux, de la province thaïlandaise de Trat sur le golfe de Thaïlande jusqu'à une zone surnommée « le Triangle d'émeraude » pour sa proximité avec le Laos. Le porte-parole adjoint des forces armées thaïlandaises, Ritcha Suksuwanon, a indiqué de son côté que le Cambodge avait lancé dimanche vers 4 heures du matin (21h GMT) des assauts à deux endroits différents. Les relations diplomatiques entre les deux voisins, liés par de riches liens culturels et économiques, sont au plus bas depuis des décennies. L'épisode en cours a fait 20 morts côté thaïlandais, dont sept soldats, alors que le Cambodge a fait état d'un bilan de 13 morts dont cinq militaires. Plus de 138 000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 80 000 Cambodgiens de leur côté de la frontière, d'après Phnom Penh. Les deux pays contestent le tracé de leur frontière commune, définie durant l'Indochine française. Le président américain Donald Trump a annoncé samedi, après avoir échangé avec leurs dirigeants, que les deux pays étaient prêts à se rencontrer pour parvenir à un cessez-le-feu . Donald Trump a salué deux « très bonnes conversations » et dit espérer que les deux voisins « s'entendront pendant encore de nombreuses années », dans un message sur son réseau Truth Social. Bangkok a dit « accepter en principe de mettre en place un cessez-le-feu », tout en attendant de voir si l'intention de Phnom Penh était « sincère ». Le Premier ministre khmer Hun Manet a accueilli de son côté cette « bonne nouvelle pour les soldats, et le peuple des deux pays », et chargé son chef de la diplomatie, Prak Sokhonn, de se coordonner avec son homologue américain Marco Rubio en vue de « mettre fin » au conflit. En parallèle, la Thaïlande et le Cambodge sont en pleines discussions avec la Maison Blanche au sujet des droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1er août. Donald Trump a affirmé qu'il était « inapproprié » de revenir à la table des négociations sur le volet commercial tant que les combats « n'auront pas cessé ». Les Nations unies ont aussi exhorté samedi les deux voisins à conclure « immédiatement » un cessez-le-feu. Le chef de l'ONU Antonio Guterres a dit être « disponible pour contribuer à tout effort visant à un règlement pacifique du conflit », selon son porte-parole adjoint Farhan Haq. Avant les combats actuels, l'épisode le plus violent lié à ce différend remontait à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés. Le tribunal des Nations Unies a donné raison au Cambodge deux fois, en 1962 et en 2013, sur la propriété du temple Preah Vihear, classé au patrimoine mondial par l'Unesco, et d'une zone alentour.


Le Figaro
a day ago
- Le Figaro
Cambodge-Thaïlande: quatrième jour de combats, malgré la proposition américaine de cessez-le-feu
Le ministère cambodgien de la Défense a affirmé que la Thaïlande avait attaqué à 04h50 du matin (21h50 GMT samedi) deux temples contestés à Samraong, théâtre des premiers affrontements survenus jeudi matin. La Thaïlande et le Cambodge ont échangé des tirs d'artillerie pour la quatrième journée consécutive dimanche, tout en se disant prêts à discuter d'un cessez-le-feu dans le cadre d'une médiation américaine. Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est sont engagés dans l'épisode le plus meurtrier de leur différend territorial au long cours depuis des années. Les échanges de tirs, bombardements et frappes aériennes ont fait au moins 33 morts et provoqué le déplacement d'environ 200.000 personnes. Des journalistes de l'AFP présents à Samraong, au Cambodge, à une vingtaine de kilomètres de la frontière thaïlandaise, ont entendu à l'aube des bruits d'artillerie. Une porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata, a affirmé que la Thaïlande avait attaqué à 04h50 du matin (21h50 GMT samedi) deux temples contestés de cette région, théâtre des premiers affrontements survenus jeudi matin. Publicité Depuis, le conflit s'est répandu sur de multiples fronts, parfois éloignés de plusieurs centaines de kilomètres entre eux, de la province thaïlandaise de Trat sur le golfe de Thaïlande jusqu'à une zone surnommée «le Triangle d'émeraude» pour sa proximité avec le Laos. Le porte-parole adjoint des forces armées thaïlandaises, Ritcha Suksuwanon, a indiqué de son côté que le Cambodge avait lancé dimanche vers 04H00 du matin (21H00 GMT) des assauts à deux endroits différents. Appels à la trêve Donald Trump a annoncé samedi, après avoir échangé avec leurs dirigeants, que les deux pays étaient prêts à se rencontrer pour parvenir à un cessez-le-feu. Le président américain a salué deux «très bonnes conversations» et dit espérer que les deux voisins «s'entendront pendant encore de nombreuses années», dans un message sur son réseau Truth Social. Bangkok a dit «accepter en principe de mettre en place un cessez-le-feu», tout en attendant de voir si l'intention de Phnom Penh était «sincère». Le Premier ministre khmer Hun Manet a accueilli cette «bonne nouvelle pour les soldats, et le peuple des deux pays», et chargé son chef de la diplomatie, Prak Sokhonn, de se coordonner avec son homologue américain Marco Rubio en vue de «mettre fin» au conflit. Avant cela, une tentative de médiation sous l'égide de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) dont les deux royaumes sont membres, n'avait pas été suivie d'effet. La Thaïlande et le Cambodge sont en pleines discussions avec la Maison Blanche au sujet des droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1er août. Donald Trump a affirmé qu'il était «inapproprié» de revenir à la table des négociations sur le volet commercial tant que les combats «n'auront pas cessé». Les Nations unies ont aussi exhorté samedi les deux voisins à conclure «immédiatement» un cessez-le-feu. Le chef de l'ONU Antonio Guterres a dit être «disponible pour contribuer à tout effort visant à un règlement pacifique du conflit», selon son porte-parole adjoint Farhan Haq. Les deux pays contestent le tracé de leur frontière commune Les relations diplomatiques entre les deux voisins, liés par de riches liens culturels et économiques, sont au plus bas depuis des décennies. L'épisode en cours a fait 20 morts côté thaïlandais, dont sept soldats, alors que le Cambodge a fait état d'un bilan de 13 morts dont cinq militaires. Plus de 138.000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 80.000 Cambodgiens de leur côté de la frontière, d'après Phnom Penh. Publicité Les deux pays contestent le tracé de leur frontière commune, définie durant l'Indochine française. Avant les combats actuels, l'épisode le plus violent lié à ce différend remontait à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés. Le tribunal des Nations Unies a donné raison au Cambodge deux fois, en 1962 et en 2013, sur la propriété du temple Preah Vihear, classé au patrimoine mondial par l'Unesco, et d'une zone alentour.