Cette année au camping de Paléo Festival, on y est même venu en voilier!
Dalida à fond, beach-volley et canettes! Découvrez notre palmarès des «logements» les plus originaux d'un camping qui s'est assagi, mais où s0uffle toujours un esprit libre. Publié aujourd'hui à 12h00
Pour rendre son camping plus attractif, Paléo a développé tout un programme d'animation et soigne une véritable extension du festival, avec sa scène, ses codes, des bars et même un manège forain…
Chantal Dervey
A-t-il perdu son âme, le célèbre camping du festival Paléo ? Historiquement, c'était un merveilleux foutraque de tentes et de fêtards sans aucun sens de l'horloge durant des années. Plus tard, il a été repris en main par le festival: d'abord avec un plan du site, puis un accès limité aux seuls détenteurs d'un billets. Des tentes cosy à la location ont fait leur apparition, sans parler des efforts faits du côté des douches ou de l'animation… Aujourd'hui, cette véritable petite ville de 8000 âmes au jugé se vit comme «le before et l'after du festival», sourit un bénévole. Huit mille âmes, une seule nuit qui s'étire
Moins subversif, en tout cas plus familial et multigénérationnel. Dans une allée au sol dallé en plastique dur, un fumet de cannabis croise en effet des gamins qui courent dans tous les sens à l'entrée des douches – désormais chaudes. Une «zone chill» est réservée à ceux qui comptent bien dormir et des zones avec des feux tentent de concentrer ceux qui n'en ont pas la moindre intention.
«On voit vraiment le camping comme l'extension du festival, note Amandine Massy, cheffe de projet au département Accueil et Sécurité. On met l'accent sur l'information, que tout le monde se sente bien. Il y a depuis quelques années un gros effort sur le tri , on a du personnel qui circule H24, à disposition s'il se passe quelque chose. La réputation du camping hérité de la fin des années 90 est encore là, mais on essaie d'apporter plus de confort à ceux qui en demandent et de varier les publics.»
Amandine Massy, responsable coordination, accueil et sécurité.
Chantal Dervey
Objectif affiché: que les festivaliers avec des billets sur deux jours ou plus soient tentés de rester sur place plutôt que de multiplier les trajets et d'encombrer les routes et le rail. L'offre est donc amenée à se développer, avec plus de communication.
Cette année, tout un programme d'animation donc – l'autre jour beach – volley, concours de glissade sur bâche mouillée… Une essoreuse sortie d'un parc d'attractions qui se remarque loin à la ronde a fait son apparition. Le Quartier Libre propose, quant à lui, tout un programme et sa propre scène.
Au camping du Paléo, la sécurité a été renforcée ces dernières années, avec une infirmerie, des patrouilles de police en civil, un réseau de bénévoles… mais l'esprit subversif reste.
Chantal Dervey
L'un des enjeux de toutes ces améliorations apportées au site? Y faire cohabiter les différents publics. D'année en année, la part de camping-car grimpe face aux tentes à l'ancienne. Faudra-t-il encore augmenter la surface? «C'est une question qui revient, note Amandine Massy. Mais elle implique de déplacer des parkings et d'ajouter des installations qui sont toutes temporaires. Ça a ses limites!»
Certaines tentes prennent des allures de zone à défendre.
Chantal Dervey
Qu'on se rassure, l'ambiance reste. «C'est très vivant, on rassemble des gens d'autres horizons, toujours dans le respect», résume un festivalier aux allures de zadiste, sous un assemblage de tentes «sprayées» de symboles aussi anarchistes que queer et d'un drapeau palestinien: «C'est aussi un endroit de débat.» À condition de s'entendre! À deux pas, de joyeux lurons ont installé une sono qui balance l'intégrale de Dalida à coin, concurrençant des amateurs de techno, torse nu, à l'heure du beer-pong. Le tout non loin d'un rassemblement de gentils retraités qui se balancent en rythme. Allez. Bamboulé.
La pression des camping-cars se fait de plus en plus forte d'année en année.
Chantal Dervey Les quatre meilleurs campements du Paléo 2025 Un tipi pour se reconnecter avec la nature
Nyon, le 24 juillet 2025. Camping du Paléo. Photo: Chantal Dervey /Tamedia
Chantal Dervey
«C'est ma mère qui l'a fait construire sur mesure: de la toile et du bois spécialement commandés qu'elle a assemblés chez nous, à côté de la maison. Il en est à son 10e Paléo, mais il a sacrément voyagé», sourit Elia Naescher de Vevey. La maman confirme. «Je cherchais quelque chose pour que nos enfants restent connectés à la nature.»
Autour de l'impressionnant tipi, les autres tentes de la tribu et un grand couvert tout aussi artisanal animé par l'aîné au tam-tam… «Ce tipi, on y dort vraiment bien. Il réussit à garder le frais en été donc ça permet de dormir un peu plus longtemps le matin. On l'installe super rapidement, il est facile à transporter… sauf l'an passé quand les perches sont tombées en route, on a dû revenir les chercher!»
Seul hic: la pluie. Là il faut renforcer la toile de bâche et tout cloisonner pour éviter d'avoir les gouttes sur le lit. Il sert de repère aux gens du coin, c'est drôle. Ça l'est juste un peu moins quand tous ceux qui passent ululent pendant la nuit.» Le dernier voyage d'un vieux voilier
Nyon, le 24 juillet 2025. Camping du Paléo. Lucile Perret campe dans son bateau «Pale'Eau». Photo: Chantal Dervey / Tamedia
Chantal Dervey
C'est l'histoire d'une presque épave, un Corsaire, qui ronchissait au chantier naval où travaille Lucile Perret et dont personne ne savait très bien quoi faire. «Alors je l'ai amené ici! Me suis dit que ça me ferait un bon logement, un clin d'œil à mon métier et un bon dernier voyage pour lui. Lundi, il ira s'échouer définitivement dans une déchetterie à Genève.»
Démâté, aménagé pour l'occasion avec de petits sabords pour servir de fenêtres, il est rapidement devenu la vedette du camping. Au point que tout le monde est invité à graffiter la coque de «Pale'Eau»… On lit par exemple à bâbord «Dans le port d'asse-terdam y'a des marins qui boivent». Quant à tribord, autant aller directement voir sur place. «C'est vraiment sympa, les gens sont respectueux globalement, sauf quelques curieux qui toquent sur la coque pendant la nuit, sourit-elle, ou le bruit des feutres qui me réveillent, mais ça fait partie de l'ambiance.»
Autour de l'esquif, une ancre, quelques bières, et un drapeau pour faire la promotion du « 4L trophy », rallye humanitaire pour lequel la festivalière embarquera en février prochain. Paléo en ancien bus postal
Nyon, le 24 juillet 2025. Camping du Paléo. Yoann Roch habite son bus «Velvetblue». Photo: Chantal Dervey / Tamedia
Chantal Dervey
«Un ami me demandait ce qu'il devait prendre pour venir au Paléo. Je lui ai répondu que j'en savais rien: moi j'y viens avec ma maison!» Yoann Roch «en avait marre» depuis longtemps de l'habitat conventionnel et a franchi le pas lors du Covid, en achetant un premier bus, puis celui-ci, dit «V elvetblue », un improbable car postal d'Aarberg entièrement réaménagé et devenu son domicile «fixe» et son bureau.
«J'ai tout fait moi-même un été dans le sud de la France. Tout vider, refaire l'isolation, poser le lambris… Je regrette absolument pas. Au moins ici j'ai tout ce qu'il faut. Maximum 30 °C pendant la canicule, le matériel en cas de pluie… on a notre vaisselle ordinaire, le frigo, la douche, une table pour bosser, les lits au fond. On se retrouve ici avec d'autres adeptes de la vie nomade. Pour nous, c'est un peu le camping toute la saison.» Lui partage la sienne entre Couvet (NE), le Valais et le sud de l'Espagne. Paléo? Une étape de plus en plus incontournable. «On y retrouve vraiment un esprit assez rare en Suisse.» L'incontournable «pizzeria du chevreuil» venu des Franches
Nyon, le 24 juillet 2025. Camping du Paléo. Photo: Chantal Dervey /Tamedia
Chantal Dervey
Le coin le plus vivant, ce sera toujours là où se toisent les Valaisans et les Jurassiens. Et cette année, c'est assurément eux qui gagnent: la tente qui vit – ou survit – à sa 3e édition a encore été augmentée de tout ce que cette joyeuse bande issue des environs du Noirmont arrivait à glaner dans les brocantes d'un peu partout. «Les frigos sont conçus avec des paniers de la Migros d'Yverdon et des glaçons, d'ailleurs, faut en refaire. Le rideau vient du Chant du Gros, la structure en bois a été faite par des amis menuisiers pour que ça tienne. Non, je vous jure, rien n'a été piqué quelque part», répète Emile Boillat, bob vissé sur la tête, avec une telle assurance qu'on a presque envie de le croire.
La tente des Jurassiens, c'est surtout le rassemblement annuel d'une bande de potes, composée de trois familles et de leurs amis. «Évidemment qu'on va aux concerts, mais le vrai festival, c'est ici. On prend les billets avant même de connaître le programme.»
La grande tente a fini par servir de point de ralliement aux apéritifs de quartier qui s'enchaînent, alors que l'équipe tient à participer à toutes les animations quand elle ne fait pas les siennes. Jeudi, c'était tennis improvisé sur l'allée, et il est vivement déconseillé de perturber la partie en traversant le court.
D'autres articles autour de l'édition 2025 du Paléo
Erwan Le Bec écrit pour le quotidien 24heures depuis 2010. Il couvre, entre autres, l'actualité vaudoise. Plus d'infos
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