
La frayeur de Pogačar, l'exploit d'Abrahamsen
Le champion mondial, qui s'est accroché avec un autre coureur en voulant se déporter sur sa gauche, s'est étampé à haute vitesse sur l'asphalte, glissant sur le côté gauche jusqu'à une bordure de ciment. Il s'est heureusement relevé sur-le-champ.
Après un bref instant de panique, durant lequel un mécano du service de dépannage neutre, arrivé à la course, a remis sa chaîne, le Slovène est reparti, tapant sur sa manette droite qui s'était déplacée. Deux coéquipiers de UAE Team Emirates-XRG ont attendu pour aider leur chef de file à rattraper la vingtaine de secondes perdues.
PHOTO BENOIT TESSIER, REUTERS
Tadej Pogačar
Or le peloton des meneurs, dans lequel se trouvait son plus éternel rival Jonas Vingegaard, a temporisé pour laisser Pogačar revenir, démonstration du respect que le grand favori inspire, et surtout de l'esprit sportif particulier au cyclisme professionnel, où coups de Jarnac et hauteur d'âme peuvent se côtoyer.
« Tout va bien, tout va bien, respect au peloton, respect à tout le monde, merci à tous », a indiqué Pogačar dans l'oreillette.
Après avoir traversé la ligne, il a remercié l'Américain Sepp Kuss, l'un des lieutenants de Vingegaard chez Visma-Lease a Bike, et rassuré son coéquipier Nils Politt, qui s'informait de son état. « Je suis OK », a affirmé le tenant du titre, coude gauche et maillot arc-en-ciel râpés.
Cet accident, qui n'est pas dans les habitudes de Pogi, réputé excellent pilote, est survenu au moment où Abrahamsen (Uno-X) et Mauro Schmid (Jayco-AlUla), à l'attaque dès le kilomètre 0, livraient bataille pour empêcher Mathieu Van der Poel, lancé à leur poursuite, de leur ravir la victoire après les 156,8 km de cette boucle autour de la Ville Rose.
Le Néerlandais d'Alpecin, qui avait faussé compagnie à son groupe de cinq contre-attaquants dans le dernier mur à 8 kilomètres de l'arrivée, est venu souffler dans le cou du duo de tête, s'approchant à 8 secondes dans les ultimes hectomètres. Abrahamsen et Schmid n'ont pas chipoté, le Norvégien attendant les 200 m pour démarrer le sprint au bout duquel il a pris la mesure du champion suisse par moins d'une demi-roue.
Heureusement, un hurluberlu qui courait vers la ligne n'a pas réussi à perturber le final, plaqué contre une barrière par un représentant de l'organisation.
PHOTO THIBAULT CAMUS, ASSOCIATED PRESS
Un militant propalestinien est entré sur la piste vers la fin de l'étape.
À sa troisième participation, l'offensif Abrahamsen, maillot à pois de la montagne jusqu'à la 11e étape l'an dernier, a ainsi obtenu son premier succès sur le Tour. Il a également procuré une première victoire à la formation invitée Uno-X Mobility, dirigée par Thor Hushovd, champion mondial et unique Norvégien porteur du jaune (en 2004, 2006, 2011).
La présence d'Abrahamsen au grand départ à Lille était déjà un exploit : il s'est fracturé une clavicule en culbutant lors d'une chute violente au Tour de Belgique, quatre semaines plus tôt.
« Je pleurais à l'hôpital parce que je pensais que je ne courrais pas le Tour de France », a déclaré l'athlète de 29 ans, visiblement ému. « Mais le jour suivant, j'étais sur le simulateur de route et j'espérais pouvoir participer au Tour de France. Chaque jour, j'ai fait tout ce que je pouvais pour revenir, et me voilà ici, au Tour de France. Gagner une étape, c'est incroyable. »
PHOTO THIBAULT CAMUS, ASSOCIATED PRESS
Jonas Abrahamsen célèbre sa victoire.
Abrahamsen a été le premier attaquant de la journée dès l'abaissement du drapeau à la sortie de Toulouse. Il a été suivi par Schmid, Davide Ballerini (XDS Astana) et, 70 kilomètres plus loin, par Fred Wright (Bahrain) et le Français Mathieu Burgaudeau (TotalEnergies). Le solide quintette n'a pas levé le pied de la journée durant cette étape courte menée tambour battant (48 km/h de moyenne), leur avance ne dépassant jamais beaucoup plus qu'une minute.
Des accélérations dans le peloton ont provoqué quelques cassures, dont une qui a temporairement surpris Pogačar. Un peu plus loin, le nouveau maillot jaune Ben Healy (EF EasyPost) s'est même lancé à l'attaque, suivi dans sa manœuvre par nul autre que Vingegaard, ce qui a forcé Pogačar et Remco Evenepoel à réagir.
Quand les choses se sont (un peu) calmées, les Israel-Premier Tech de Guillaume Boivin, qui avaient raté les bons coups, ont été envoyés rouler à l'avant du peloton par le directeur sportif Steve Bauer. Les Groupama ont tenté la même chose par la suite. Double peine perdue.
Dans la dernière montée, un mur de 1 km, le Français Kévin Vauquelin, 6e au général, a allumé un pétard, ce qui a provoqué une sélection. Près de la crête, Matteo Jorgenson (5e) et Vingegaard (4e) ont placé des démarrages à tour de rôle, étouffés chaque fois par Pogačar qui veillait au grain avant son accrochage fortuit avec le Norvégien Tobias Johannesen (Uno-X).
Le travail au corps des Visma-Lease a Bike se poursuit donc. Réservent-ils les crochets et uppercuts pour la première grande étape de montagne, jeudi, avec une arrivée au sommet à Hautacam ? La dernière fois que le Tour y était passé, en 2022, Vingegaard avait devancé Pogačar par une minute, en route vers le premier de ses deux titres. Le Slovène de 26 ans, qui détient toujours une priorité de 77 secondes, n'est cependant plus le même homme. À moins que son accident laisse des traces. Le suspense est relancé… ou presque.
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