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L'héritage complexe de Hulk Hogan

L'héritage complexe de Hulk Hogan

La Presse25-07-2025
La WWF du milieu des années 1980 était un véritable cirque. L'organisation pouvait tenir des spectacles dans deux, parfois trois villes différentes dans la même journée.
« Il y avait le groupe A, le groupe B, le groupe C, se souvient Jacques Rougeau. Quand on recevait nos bookings, on regardait tout de suite si on était sur la même carte que Hulk Hogan, parce qu'on savait qu'on allait faire plus d'argent ! »
PHOTO ULYSSE LEMERISE, ARCHIVES LA PRESSE
Jacques Rougeau
À cette époque, une partie du salaire des lutteurs reposait sur les recettes aux guichets. « Les gars le croisaient dans les corridors, ils disaient : thanks for the house. Merci pour les recettes, confirme Raymond Rougeau, qui luttait alors en équipe avec Jacques. Oui, on générait de bonnes recettes sans lui. Mais quand il était là, ça pouvait donner 50 % de plus sur la paie ! Il donnait aussi une visibilité au milieu de la lutte que personne d'autre n'avait. Et il nous permettait d'aller dans de plus gros stades. »
Les frères Rougeau en savent quelque chose puisqu'ils ont lutté au Silverdome, devant beaucoup, beaucoup de monde (78 000 ou 93 000, selon les sources), à WrestleMania III, en 1987. L'attraction principale : un combat entre Hogan et André the Giant. « Ça a amené la lutte à un autre niveau », estime Jacques Rougeau.
Trois ans plus tard, la WWF remplira un nouveau stade, le Skydome à Toronto, grâce au choc entre Hogan et l'Ultimate Warrior.
L'aura
Vingt-quatre heures après la mort de Hulk Hogan, le téléphone de nos intervenants ne dérougit pas. Jacques Rougeau, encore triste de perdre celui qu'il considérait comme un « proche », estime avoir accordé 25 entrevues.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Raymond Rougeau
Pat Laprade, historien de lutte et descripteur de la WWE à Netflix, n'en finit plus d'énumérer les stations de radio, émissions de télévision et autres médias auxquels il a parlé. Il était justement en route vers BPM Sports quand il a pris l'appel de La Presse.
« Des fois, je me disais : la journée qu'il va mourir, je vais être occupé. Mais ç'a dépassé mes attentes, concède Laprade. Le gars a marqué plus d'une génération. Pour bien des gens qui ne sont pas fans de lutte, c'est un des seuls lutteurs qu'ils reconnaissaient. Il y a peut-être lui et The Rock. »
Les plus cyniques rappelleront que Hogan s'est éteint en plein été, pendant que la LNH est en pause – les tribunaux ne le sont pas, remarquez – avant le tennis, et au moment où le CF Montréal est au plus bas. N'empêche que le battage médiatique témoigne de l'impact qu'a eu Hogan. Impact qui est le résultat de son personnage.
Marc Blondin agissait comme intervieweur à la WWF dans les années 1980.
« Ce n'était pas compliqué. Je commençais : 'Au Forum, le 20 septembre, tu affrontes King Kong Bundy, comment tu vois ça ?' Et il partait son monologue !, se souvient Blondin, maintenant descripteur des spectacles de l'organisation TNA. C'est le seul dont je ne traduisais pas les entrevues. Il finissait et je disais : 'Ça se passe le 20 septembre, soyez-y, mesdames et messieurs.' Tu ne le coupais pas ! »
Blondin a souvenir de « l'aura » autour de lui. « Oui, il y avait Macho Man, André le Géant. Mais l'aura de Hulk, c'était wow. C'était son look, il était plus grand que nature. Il arrivait, il fallait voir la réaction des gens. Tout le monde arrêtait de parler. »
« C'était le plus grand des grands. John Cena, The Rock, Roman Reigns… Ces gars-là ne seraient pas devenus ce qu'ils sont devenus sans Hogan, estime Raymond Rougeau. Même les Fabulous Rougeau Brothers n'auraient pas existé ! Ce sont lui et Vince McMahon qui ont amené la lutte à ce niveau. Vince était le génie de marketing, mais ça lui prenait un superhéros, et c'était Hulk Hogan. »
Une fin moins glorieuse
À 24 ans, Zak Patterson (Zachary Hébert, de son vrai nom) a très peu vu Hogan lutter. Ce champion par équipe de la NSPW, à Québec, champion de l'organisation Sans restriction Chrono, est né bien après Hulkamania et la NWO, dans les périodes phares de Hogan.
Patterson est toutefois bien au fait de son histoire, lui qui est le fils de l'auteur de livres de lutte Bertrand Hébert.
« Hogan, c'est une légende, un pilier. C'est grâce à lui que la lutte est devenue du sports entertainment. On lui doit beaucoup », croit-il.
Patterson a vu de vieux combats de Hogan. Comme bien d'autres l'ont fait depuis 24 heures, il rappelle que si on parle tant de Hogan, ce n'est pas nécessairement en raison de ses capacités athlétiques. « Ce n'était pas mon préféré. Mais l'aspect divertissement, on ne peut pas lui enlever », concède le Bécancourois.
Patterson est aussi bien au fait que la réputation de Hogan a perdu de son éclat dans les dernières années. Propos racistes, divorce acrimonieux, appui à Donald Trump qui n'a pas plu à tous…
(Re)lisez Le lutteur Hulk Hogan est mort à 71 ans
En janvier dernier, à peine deux mois après sa présence sur scène à un rassemblement de Trump, il a été chahuté lors d'un spectacle de la WWE à Los Angeles, dans la très démocrate Californie. Pas chahuté comme un lutteur qui joue les vilains. Chahuté comme un indésirable.
« Il n'aurait pas dû rester plus que 30 secondes !, note Patterson. C'était un cas où la foule n'a pas séparé la personne du lutteur. C'est correct, dans un sens. Tout te suit et si tu prends de mauvaises décisions en dehors du ring, ça te suit dans le ring. »
Hogan a tout de même encore des inconditionnels dans la jeune génération. Karl Jepson (Loïc Racine) a 32 ans, il est aujourd'hui champion par équipe à BATTLEWAR. Le combat qui l'a fait aimer la lutte, c'est celui entre Hogan et André the Giant. « Quand il soulève André, je n'ai jamais vu une foule excitée comme ça ! », lance-t-il.
« En le regardant, j'ai compris que ce ne sont pas les moves qui sont si importants. C'est comment tu fais sentir les fans quand ça arrive, ajoute Jepson. Tu guides les fans vers le résultat que tu veux à la fin. Pour moi, il reste une idole de jeunesse, une icône. »
Marc Blondin garde globalement de bons souvenirs de Hogan, mais aussi quelques épisodes « tristes ». « Dans les années 1980, il m'appelait pee-wee quand on faisait nos entrevues. J'ai voyagé avec lui, Vince et Mean Gene dans un jet privé entre deux villes. J'étais là pour les Saturday Night Main Event. Mais quand je l'ai rencontré au Comiccon il y a quelques années, je lui rappelais ces choses-là et il n'avait aucune idée qui j'étais. Il m'a dit : 'Je suis désolé, brother, je ne me souviens de rien.' »
Blondin n'en conserve toutefois pas de rancune, et a trouvé « surprenant » que Hogan soit hué en janvier, même s'il n'endosse pas le choix de Hogan de s'afficher pour Trump. « La clientèle plus âgée va toujours l'aimer. Les 50 ans et plus sont peut-être plus touchés par sa mort. Les autres, les jeunes, ont plus vu le déclin », croit-il.
« Son image a été entachée, mais ça n'a pas effacé ses exploits, estime Pat Laprade. Les gens qui ont grandi avec Hogan ont un attachement qui est dur à défaire. Pour moi, malgré les controverses, il demeure un des plus grands, un des plus populaires et il a sa place sur le mont Rushmore de la lutte. Mais il n'a pas un dossier parfait. »
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