logo
À Berlin, ils plongent dans la Spree pour défier un siècle d'interdiction

À Berlin, ils plongent dans la Spree pour défier un siècle d'interdiction

24 Heures7 days ago
Des centaines de Berlinois ont participé à une manifestation aquatique au cœur de la capitale allemande. Ils réclament la fin d'une interdiction datant de 1925.
Publié aujourd'hui à 09h25
Des personnes nagent dans la rivière Spree à Berlin pour protester contre l'interdiction de baignade, en vigueur depuis 1925.
AP PHOTO/EBRAHIM NOROOZI
Des centaines de personnes attendent en maillot de bain, à quelques mètres de l'avenue historique de Berlin: ils se sont jetés dans la Spree mardi pour demander la fin d'un siècle d'interdiction de la baignade dans cette rivière.
S'immerger devant l'île aux Musées, classée à l'Unesco, la cathédrale et la tour de télévision en arrière-plan, dans le bras canalisé de la rivière est une expérience «magnifique», affirme Alisan Yasar à l'AFP. Ce juriste âgé de 28 ans, qui avait «dans la tête, en tant que Berlinois, qu'on ne va pas dans la Spree», a voulu ainsi «combattre beaucoup de préjugés».
En cette chaude journée d'été, les baigneurs ont répondu – légalement, la manifestation ayant obtenu une dérogation – à l'appel de l'association Flussbad, qui réclame la fin de l'interdiction de la baignade dans le centre de Berlin. Interdiction centenaire
Si dans sa banlieue, la capitale allemande regorge de lacs et de rivières qui en font un paradis nautique, la Spree en tant que telle reste interdite à la baignade depuis 1925, soit pile un siècle. Mais «il fait de plus en plus chaud» et il faut donc «plus d'endroits publics pour nager gratuitement dans la ville», estime Oskar, un participant qui se dit «jaloux des villes» possédant déjà de tels lieux.
C'est désormais le cas de Paris, depuis l'ouverture début juillet de trois sites de baignade, dont un près de la tour Eiffel, qui ont déjà accueilli plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Les Jeux olympiques de 2024, avec plusieurs épreuves disputées dans la Seine , avaient amené les autorités à redoubler de moyens pour dépolluer le fleuve, avec des travaux de captation des eaux usées pour éviter qu'elles ne s'y déversent. Qualité de l'eau «suffisante» dans la Spree
À Berlin, l'initiative, lancée au début des années 2010, est confrontée à des retards et à des désaccords sur les infrastructures nécessaires. Fermé à la navigation fluviale, le «canal de la Spree» était un lieu de baignade populaire au début du XXe siècle avant que les autorités municipales n'interdisent cette pratique, affirmant que la pollution due à l'expansion de la métropole rendait l'eau trop sale.
«Nous mesurons l'eau» dont la qualité «est bonne», assure Katrin Androschin, une responsable de Flussbad. La qualité de l'eau est insuffisante «seulement quelques jours par an», selon elle.
Ailleurs en Allemagne, certaines parties de la rivière Isar à Munich ont été aménagées pour la baignade, permise une fois les eaux usées de la ville désinfectées au rayonnement UV. Cependant, plusieurs villes de l'ouest de l'Allemagne envisagent d'interdire la baignade dans le Rhin après plusieurs cas de noyades.
Baignade en ville Newsletter
«Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde.
Autres newsletters
AFP
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Unesco: le futur ambassadeur de la Suisse en visite en Lavaux
Unesco: le futur ambassadeur de la Suisse en visite en Lavaux

24 Heures

time6 days ago

  • 24 Heures

Unesco: le futur ambassadeur de la Suisse en visite en Lavaux

La voix suisse à l'Unesco – «On défend d'autant mieux ce que l'on connaît et apprécie» Benedikt Wechsler, futur ambassadeur de la Suisse à l'Unesco, parcourt actuellement le pays. Ce mercredi, il s'est arrêté au cœur des vignobles de Lavaux. Julie Collet Grandvaux, le 13 août 2025. Benedikt Wechsler, futur ambassadeur de la Suisse à l'Unesco, en visite dans les vignobles de Lavaux. Yvain Genevay/Tamedia Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Avant d'entrer en fonction à l'Unesco le 1 er septembre, l'ambassadeur Benedikt Wechsler sillonne la Suisse. septembre, l'ambassadeur Benedikt Wechsler sillonne la Suisse. Le diplomate visite huit sites patrimoniaux pour mieux comprendre les enjeux locaux. La Suisse brigue un siège au Comité du Patrimoine mondial pour 2025-2029. L'éducation et les nouvelles technologies seront prioritaires dans sa mission à Paris. Avant de prendre ses fonctions d'ambassadeur de Suisse à l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) à Paris le 1er septembre, Benedikt Wechsler sillonne les routes du pays, de Saint-Gall à Genève, à bord de sa Microlino, une minuscule voiture électrique d'un rouge pétant. Un road trip insolite qui lui permet de s'imprégner des paysages et du patrimoine helvétiques, qu'il aura pour mission de défendre sur la scène internationale. Ce mercredi 13 août, il faisait halte en Lavaux, accueilli par l'Association Lavaux Patrimoine mondial (LPm). Un programme riche, marqué entre autres par une dégustation au Clos de la République avec le vigneron-encaveur Xavier Fonjallaz, la visite du Musée de la Confrérie des Vignerons et une balade à la Villa «Le Lac», conçue par Le Corbusier. Quel a été votre parcours avant cette nomination? J'ai suivi le parcours classique d'un diplomate. J'ai occupé plusieurs postes à New York auprès de l'ONU, à Bruxelles auprès de l'Union européenne, puis comme ambassadeur au Danemark et comme consul général à San Francisco. Par la suite, j'ai été chef de division pour la numérisation dans la politique étrangère. Le Conseil fédéral m'a aujourd'hui nommé délégué permanent de la Suisse auprès de l'Unesco et de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Pour un Suisse alémanique, c'est un grand honneur. Pourquoi avoir choisi d'entreprendre un tour de Suisse des sites de l'Unesco? On défend d'autant mieux ce que l'on connaît et apprécie et, pour cela, il faut l'avoir vu de ses propres yeux, touché de ses mains et peut-être même goûté. De plus, les entretiens sur le terrain sont très enrichissants pour moi, car ils permettent de comprendre les besoins des gens, leurs visions et leurs perspectives, tout en prenant le temps d'échanger. Ce voyage est aussi un moyen de rendre hommage au fonds de la photographe Ella Maillart, conservé à Photo Elysée et inscrit cette année au Registre Mémoire du monde de l'Unesco. En deux semaines, vous effectuez huit étapes en traversant la Suisse d'est en ouest. Comment avez-vous conçu ce parcours? J'aime à rappeler que l'Unesco ne se limite pas au «c» de culture, il inclut aussi le «e» d'éducation et le «s» de science, des domaines cruciaux pour la Suisse, un pays dont l'une des rares ressources primaires est l'énergie hydraulique. Il faut investir dans les cerveaux. C'est aussi l'objectif de mon voyage, qui consiste à montrer non seulement les beautés du pays, mais aussi ses initiatives scientifiques. C'est pour cela que je me rends, par exemple, à l'Université de Berne, qui travaille en partenariat avec des universités africaines. Les chercheurs collaborent notamment avec des professeurs au Kenya, confrontés aux mêmes défis liés à la disparition des glaciers du mont Kenya et du Kilimandjaro. Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, car ils ont déjà vécu ce qui nous attend dans les trente à cinquante prochaines années. Y a-t-il un lieu qui vous a particulièrement marqué? L'arène tectonique de la Sardona, à la frontière des cantons de Saint-Gall, de Glaris et des Grisons. On se croirait en Patagonie! J'ai également visité le chalet d'Ella Maillart à Chandolin, encore entretenu par des amis proches d'elle, où l'on pouvait découvrir son espace d'écriture. Je n'étais encore jamais venu à Saint-Saphorin et, ce matin, je me suis cru dans le décor d'un beau film… Il faut vraiment gratter pour sentir que c'est vrai. Ce qui m'a aussi surpris, c'est la raideur de Lavaux! Je suis pourtant habitué à faire des cols à vélo. Épesses, le 13 août 2025. La journée comprenait, entre autres, une dégustation au Clos de la République en compagnie du vigneron-encaveur Xavier Fonjallaz. Yvain Genevay/Tamedia À Paris, vous défendrez également la candidature de la Suisse au Comité du Patrimoine mondial de l'Unesco pour 2025-2029, sous le slogan «Un avenir durable». Que nous apportera ce poste? La Suisse souhaite promouvoir son expertise en matière de protection du patrimoine et œuvrer pour un équilibre géographique et typologique des sites inscrits. Elle mettra l'accent sur la conservation et la gestion durable des biens, ainsi que sur la prévention des risques. De plus, elle souhaite renforcer le lien entre le patrimoine culturel et naturel et les politiques inclusives. Aujourd'hui, la Suisse compte treize sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco. Faire partie de ce comité permettrait de proposer de nouveaux sites pour la Suisse, tout en veillant à préserver la haute qualité de tous les biens inscrits sur la liste. Quels sont les nouveaux objets? Le Patrimoine culturel immatériel de l'Unesco pourrait s'enrichir de la tradition suisse de la navigation à voile latine, dont La Vaudoise à Lausanne est un exemple emblématique. Le yodel et la gastronomie alpine pourraient également rejoindre cette liste. En plus de défendre la candidature de la Suisse, quelles seront vos priorités? L'éducation, le «e» de l'Unesco, me tient particulièrement à cœur. Avec la Direction du développement et de la coopération (DDC), organe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) chargé de la coopération internationale, il est essentiel de garantir, même en situation de conflit, de crise humanitaire ou de catastrophe naturelle, un accès minimal à l'éducation pour les jeunes, faute de quoi ils perdraient des perspectives cruciales pour leur avenir. La science et les nouvelles technologies constitueront également une priorité. Il s'agit aussi de renforcer les liens entre la Genève internationale et l'Unesco à Paris, car de nombreux projets se développent conjointement dans les domaines de l'intelligence artificielle, de la physique ou des neurotechnologies. L'Unesco joue un rôle clé pour encadrer ces technologies et veiller à ce qu'elles soient utilisées au bénéfice de l'humanité et de la planète. À l'échelle locale, quels défis attendent Lavaux dans les prochaines années? Le patrimoine doit rester vivant. On ne peut pas se contenter d'en faire un musée car, sinon, il perd sa valeur à long terme. Il s'agit aussi de valoriser le travail de ceux qui s'investissent tant dans ces lieux et ces traditions, d'attirer une clientèle intéressée et engagée, et pas seulement des visiteurs qui prennent une photo puis s'en vont. Enfin, il s'agit aussi d'assurer la transmission de ce patrimoine à la nouvelle génération. Même si les jeunes consomment moins d'alcool – ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi – il reste important de leur faire découvrir la joie de partager un verre de vin ainsi que l'amitié et la convivialité qui accompagnent ce moment. Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Se connecter Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

À Berlin, ils plongent dans la Spree pour défier un siècle d'interdiction
À Berlin, ils plongent dans la Spree pour défier un siècle d'interdiction

24 Heures

time7 days ago

  • 24 Heures

À Berlin, ils plongent dans la Spree pour défier un siècle d'interdiction

Des centaines de Berlinois ont participé à une manifestation aquatique au cœur de la capitale allemande. Ils réclament la fin d'une interdiction datant de 1925. Publié aujourd'hui à 09h25 Des personnes nagent dans la rivière Spree à Berlin pour protester contre l'interdiction de baignade, en vigueur depuis 1925. AP PHOTO/EBRAHIM NOROOZI Des centaines de personnes attendent en maillot de bain, à quelques mètres de l'avenue historique de Berlin: ils se sont jetés dans la Spree mardi pour demander la fin d'un siècle d'interdiction de la baignade dans cette rivière. S'immerger devant l'île aux Musées, classée à l'Unesco, la cathédrale et la tour de télévision en arrière-plan, dans le bras canalisé de la rivière est une expérience «magnifique», affirme Alisan Yasar à l'AFP. Ce juriste âgé de 28 ans, qui avait «dans la tête, en tant que Berlinois, qu'on ne va pas dans la Spree», a voulu ainsi «combattre beaucoup de préjugés». En cette chaude journée d'été, les baigneurs ont répondu – légalement, la manifestation ayant obtenu une dérogation – à l'appel de l'association Flussbad, qui réclame la fin de l'interdiction de la baignade dans le centre de Berlin. Interdiction centenaire Si dans sa banlieue, la capitale allemande regorge de lacs et de rivières qui en font un paradis nautique, la Spree en tant que telle reste interdite à la baignade depuis 1925, soit pile un siècle. Mais «il fait de plus en plus chaud» et il faut donc «plus d'endroits publics pour nager gratuitement dans la ville», estime Oskar, un participant qui se dit «jaloux des villes» possédant déjà de tels lieux. C'est désormais le cas de Paris, depuis l'ouverture début juillet de trois sites de baignade, dont un près de la tour Eiffel, qui ont déjà accueilli plusieurs dizaines de milliers de personnes. Les Jeux olympiques de 2024, avec plusieurs épreuves disputées dans la Seine , avaient amené les autorités à redoubler de moyens pour dépolluer le fleuve, avec des travaux de captation des eaux usées pour éviter qu'elles ne s'y déversent. Qualité de l'eau «suffisante» dans la Spree À Berlin, l'initiative, lancée au début des années 2010, est confrontée à des retards et à des désaccords sur les infrastructures nécessaires. Fermé à la navigation fluviale, le «canal de la Spree» était un lieu de baignade populaire au début du XXe siècle avant que les autorités municipales n'interdisent cette pratique, affirmant que la pollution due à l'expansion de la métropole rendait l'eau trop sale. «Nous mesurons l'eau» dont la qualité «est bonne», assure Katrin Androschin, une responsable de Flussbad. La qualité de l'eau est insuffisante «seulement quelques jours par an», selon elle. Ailleurs en Allemagne, certaines parties de la rivière Isar à Munich ont été aménagées pour la baignade, permise une fois les eaux usées de la ville désinfectées au rayonnement UV. Cependant, plusieurs villes de l'ouest de l'Allemagne envisagent d'interdire la baignade dans le Rhin après plusieurs cas de noyades. Baignade en ville Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Le grand silure, prédateur méconnu qui divise les baigneurs et les pêcheurs
Le grand silure, prédateur méconnu qui divise les baigneurs et les pêcheurs

24 Heures

time12-08-2025

  • 24 Heures

Le grand silure, prédateur méconnu qui divise les baigneurs et les pêcheurs

En Allemagne, un silure de plus de 2 mètres de long a attaqué des baigneurs. Ce poisson se répand également dans les eaux suisses. Faut-il s'en inquiéter? Publié aujourd'hui à 09h25 Bien qu'impressionnant, ce poisson prédateur est normalement craintif. Imago/ Dreamstime En bref: Au lac de Brombach, en Bavière (All), un silure de plus de 2 mètres de long et pesant 90 kilos a attaqué et blessé cinq baigneurs. La nouvelle a fait la une des journaux en Allemagne. Considérant l'animal comme une menace pour la sécurité, la police a d'abord essayé de le chasser. Après plusieurs tentatives infructueuses, un agent a finalement dû l'abattre avec son arme de service. Avec sa taille et sa physionomie, le silure semble tout désigné pour incarner le méchant des eaux. Les médias à sensation ont d'ailleurs parlé d'un poisson monstre. Certains se souviennent encore de «Kuno, le silure tueur», qui avait avalé un jeune teckel tout entier dans un étang allemand, en 2001. Même le t-shirt de Philipp Utiger témoigne de son enthousiasme pour le silure. Jonathan Labusch Mais le silure est-il vraiment si dangereux? «Pas du tout, assure Philipp Utiger. Ce genre d'affirmation vient de personnes qui ne connaissent rien à cet animal.» Selon lui, le silure ne faisait que défendre ses œufs contre les nageurs. Par ailleurs, il ne possède pas de dents, mais plutôt une sorte de râpe, comparable à du papier de verre. Il est donc incapable de déchirer la chair humaine. Philipp Utiger, pêcheur passionné, ne comprend pas que le silure ait été abattu. «Pour n'importe quel autre animal, on aurait immédiatement fermé la plage et pris des mesures de protection, regrette-t-il. Mais les poissons laissent la plupart des gens indifférents.» Un animal vorace Philipp Utiger, 47 ans, originaire de Leibstadt (AG), connaît tout de ce carnassier. Il a accepté de nous emmener pêcher le silure . Nous le retrouvons sur le petit ponton d'Etzgen, en Argovie. Impossible de le rater, il arbore un t-shirt à l'effigie d'un silure. Ce poisson, connu sous le nom de catfish aux États-Unis, est sa prise favorite. À la pêche au silure sur le Rhin. Jonathan Labusch Le bateau de pêche est un simple canot pneumatique équipé d'un moteur et de pagaies, conçu pour accueillir trois adultes. Philipp Utiger nous distribue des gilets de sauvetage. Comme il y a du vent et des vagues, nous les enfilons de bonne grâce. Le temps pourrait être meilleur, note-t-il. «Le silure préfère les grosses chaleurs.» Il prépare un appât conséquent: 200 grammes de plomb, des fils vert fluo agrémentés de perles qui font du bruit sous l'eau et une bonne dose de vers. Avec le silure, il faut voir grand. Il enfile huit gros vers d'élevage, longs et épais, sur l'hameçon. Il y a aussi des vers colorés qui brillent sous l'eau, et d'autres qui dégagent une odeur d'ail. Le silure, doté d'un odorat très développé, y est particulièrement sensible. Philipp Utiger utilise des vers pour appâter le silure. Jonathan Labusch Le silure est un poisson très vorace, capable d'avaler tout ce qui peut entrer dans sa gueule: poissons, vers, escargots, écrevisses. Et plus il grandit, plus son appétit devient féroce. Il s'en prend alors aussi aux grenouilles, aux souris, aux rats et même aux canards. Récemment, Philipp Utiger s'est mesuré à un spécimen particulièrement coriace alors qu'il pêchait avec un équipement léger. Il a toutefois perdu le combat. Le fil a cassé et la canne s'est brisée. Pour capturer un silure, mieux vaut se doter d'une canne particulièrement résistante, car ce prédateur peut dépasser les 100 kilos. Un trophée convoité Le pêcheur est entièrement absorbé par son activité. Le silure mord tout doucement à l'hameçon. Pour ne rater aucune secousse, Philipp Utiger garde toujours sa canne dans la main. Son regard est fixé sur l'échosondeur, qui lui indique à la fois la profondeur de l'eau et la présence de poissons. Lorsqu'il est au repos, le silure reste généralement au fond, enfoui dans la vase. Le silure préfère les endroits chaud et vaseux. Rolf von Riedmatten (Imago/Imagebroker) Nous ne sommes pas les seuls à espérer une prise. C'est aussi le cas de Qiong, sa femme. D'origine chinoise, elle sait particulièrement bien cuisiner le silure. Ils en ont d'ailleurs mangé en soupe à midi, mais les réserves du congélateur commencent à s'épuiser. L'été dernier, après un long combat, il a pêché un spécimen de 1,38 mètre. «On a mis au congélateur un filet de près d'un mètre», nous confie-t-il en souriant. Le silure se trouve rarement sur les étals des poissonneries. «Il faut connaître un pêcheur, un peu comme on doit connaître un chasseur si on veut de la viande de chevreuil suisse.» Philipp Utiger garde toujours la main sur la canne à pêche afin de sentir la moindre secousse. Jonathan Labusch Philipp Utiger est arboriculteur de profession et il dirige sa propre entreprise. Il passe tout son temps libre sur le Rhin. «Ça contrebalance bien avec mon travail, explique-t-il. Juste regarder l'eau, profiter du calme, c'est magnifique.» Mais il aime aussi l'action. Le silure est son poisson préféré, notamment pour les sensations fortes qu'il procure. Le combat entre le poisson et l'homme peut durer longtemps. C'est un véritable défi de sortir ce géant de l'eau et de le ramener sur la berge. C'est aussi ce qui attire une jeune génération de pêcheurs. Sa taille et sa puissance en font un trophée très recherché, surtout sur les réseaux sociaux. En cas de prise, des gants sont à portée de main, ainsi qu'un bâton en bois pour assommer le poisson d'un coup sur la tête avant de lui couper les branchies. Comme le silure n'a pas de dents, Philipp Utiger le saisit par la mâchoire inférieure après l'avoir attrapé. «Je ne ferais jamais ça avec un brochet», précise-t-il. Le silure est sensible au bruit Nous descendons lentement le Rhin. Les peupliers argentés ondulent dans le vent, un héron passe au-dessus de nos têtes. Une heure s'est écoulée, sans le moindre frémissement sur la ligne. Même les tapotements sur l'eau avec le bâton à silure, censés attirer le poisson, sont sans effet. «Le silure est sensible aux bruits et on peut l'attirer ainsi», explique Philipp Utiger. Mais il n'est pas stupide: «Beaucoup d'entre eux ont déjà été attrapés de cette manière, ils savent donc que c'est un piège.» Philipp Utiger tapote l'eau de son bâton pour tenter d'attirer le poisson. Jonathan Labusch Il le décrit comme un poisson nonchalant, doté d'une particularité surprenante. «Le silure grogne comme un cochon.» Il se souvient avoir été très surpris la première fois qu'il en a eu un dans son bateau. «Tous les autres poissons sont silencieux, alors ces grognements sont d'autant plus frappants.» Et d'ajouter: «Ça lui donne de la personnalité. On en vient presque à avoir de la peine pour lui.» Il se reproduit à grande vitesse Une nouvelle demi-heure s'est écoulée et Philipp Utiger est resté silencieux. De temps à autre, il redémarre le moteur lorsque nous dérivons trop du côté allemand du Rhin. C'est ici, raconte-t-il, qu'il a pêché sa dernière truite, il y a deux ans. Les truites et les ombres ont presque disparu du Rhin. Elles souffrent dans les eaux chaudes et pauvres en oxygène, ce qui n'est pas le cas du silure, qui se sent très à l'aise lorsque la température atteint 25 degrés. On dit d'ailleurs que c'est le grand gagnant du changement climatique. Il se reproduit rapidement, que ce soit dans le Rhin, dans l'Aar ou dans la Limmat. Il s'est également établi dans les lacs. Entre mai et juillet, période de frai, les rencontres désagréables avec les baigneurs risquent donc de se multiplier. Le silure prospère dans les eaux particulièrement chaudes. Jonathan Labusch Dans de bonnes conditions, le plus grand poisson d'eau douce d'Europe croît rapidement et peut atteindre près de trois mètres de long. Le record mondial actuel est détenu par un pêcheur italien, qui a attrapé un spécimen de 2,85 mètres dans le fleuve Pô. En Suisse aussi, des silures de cette taille sont de plus en plus courants. Selon Philip Utiger, un géant de 2,60 mètres se trouve dans le barrage situé plus en amont. Un poisson comestible Qui voudrait de ce poisson aux longues moustaches et à la peau visqueuse dans son assiette? Philipp Utiger et ses collègues pêcheurs, eux, sont convaincus des qualités gustatives du silure. Certains affirment toutefois qu'il n'est vraiment bon que s'il mesure moins d'un mètre, car au-delà de cette taille, sa chair aurait un goût particulier. Les poissons plus jeunes sont en revanche excellents. Leur chair est tendre, fibreuse, avec peu d'arêtes. Fumés, ils sont particulièrement savoureux. Le silure du lac de Brombach a d'ailleurs lui aussi fini dans les assiettes. L'auberge Zum Goldenen Lamm en a fait une spécialité estivale. Le géant de 2,05 mètres a permis de préparer 120 portions de filet, servies avec une sauce à l'ail des ours. Les clients se sont régalés, rapporte «Bild». Peu après, de nouvelles attaques de nageurs ont été signalées dans le même lac. Le «monstre de l'été» n'a donc pas fini de faire parler de lui. Un géant tout en douceur Mais que faire si, en nageant, on voit apparaître une ombre de deux mètres au-dessous de soi? Il ne faut pas céder à la panique et continuer à nager, conseille Philipp Utiger. Le silure est un géant paisible. Les attaques sont extrêmement rares et ne surviennent que pendant la période de reproduction. Seuls les petits chiens jouant au bord de l'eau pourraient courir un risque, admet-il, «mais il faudrait vraiment que le hasard fasse mal les choses». Comme en été 2019, lorsque la police du canton d'Argovie avait mis en garde contre un éventuel alligator dans le lac de Hallwil. Un pêcheur affirmait avoir vu un reptile de 1,50 mètre attraper un canard. L'émoi avait été grand, jusqu'à ce qu'un autre pêcheur signale sa propre prise: un silure avec un canard dans l'estomac. Philipp Utiger passe tout son temps libre sur son bateau. Jonathan Labusch Nous dérivons en direction de Laufenburg. Les vers de terre sont toujours accrochés aux hameçons, intacts. Il est temps de se dire au revoir. Philipp Utiger remet le cap vers l'amont, pour profiter encore un peu du calme du Rhin, et peut-être aussi dans l'espoir de rapporter un silure fraîchement pêché à sa femme. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Traduit de l'allemand par Laura Antonietti. Le silure, monstre de nos lacs? Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Chris Winteler est journaliste pour le SonntagsZeitung. Elle aime voyager, en Suisse et à l'étranger et couvrir des événements d'actualité. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store