
Pourquoi la «liste d'Epstein» obsède les partisans de Donald Trump
Alexis Buisson - New York Publié aujourd'hui à 19h10
Washington, vendredi 18 juillet 2025. Un manifestant posté devant la Maison-Blanche brandit une banderole demandant la publication des dossiers relatifs à l'affaire Jeffrey Epstein.
AFP
En bref:
Le fantôme de Jeffrey Epstein n'en finit pas de semer le chaos entre Donald Trump et ses partisans. Dernier rebondissement en date: le président a décidé de poursuivre en justice le «Wall Street Journal», propriété de l'homme d'affaires conservateur Rupert Murdoch, fondateur de la chaîne pro-Trump Fox News. Son crime: avoir révélé, jeudi 17 juillet, une lettre «obscène» de 2003 attribuée au Républicain pour le 50e anniversaire du financier pédophile.
«Elle contient plusieurs lignes de texte dactylographiées encadrées par la silhouette d'une femme nue, qui semble avoir été dessinée à la main au marqueur épais. Deux petits arcs de cercle marquent les seins de la femme, et la signature du futur président est un «Donald» ondulé sous sa taille, imitant des poils pubiens, décrivent les journalistes Khadeeja Safdar et Joe Palazzolo. La lettre se termine ainsi: «Joyeux anniversaire – et que chaque jour soit un autre merveilleux secret.» 10 milliards de dollars pour diffamation
Donald Trump a nié catégoriquement en être l'auteur. «Je n'ai jamais fait de tableau de ma vie. Je ne dessine pas de femmes, a-t-il déclaré au «WSJ». Ce n'est pas mon langage. Ce ne sont pas mes mots.» Vendredi 18 juillet, il en a remis une couche sur réseau, Truth Social. «J'ai hâte d'entendre Rupert Murdoch témoigner dans mon procès contre lui et son journal poubelle . Ce sera une expérience intéressante!»
Le président américain a déposé sa plainte vendredi auprès d'un tribunal fédéral de Miami contre le «Wall Street Journal», son patron, Rupert Murdoch, et les deux journalistes ayant signé l'article. Il réclame au moins 10 milliards de dollars pour diffamation. Les auteurs «ont inventé cette histoire pour ternir la réputation et l'intégrité du président Trump, et le présenter de manière trompeuse sous un jour mensonger», peut-on lire dans la plainte, consultée par l'AFP. «Trahis et trompés»
Donald Trump fait le fier. En réalité, il n'avait pas besoin de ça. Le locataire de la Maison-Blanche n'en finit pas de s'enfoncer dans une crise qui l'oppose à plusieurs figures du mouvement MAGA («Make America Great Again»). La polémique enfle depuis que la procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, a déclaré, le 7 juillet, qu'une liste des complices d'Epstein n'existait pas – une semaine après avoir dit que le document était sur son bureau.
Ces personnalités, comme Charlie Kirk et Steve Bannon et d'autres soutiens de la première heure, comptaient sur lui pour divulguer cette prétendue liste d'individus qui auraient participé aux activités illégales du pédophile Jeffrey Epstein, retrouvé mort dans sa cellule en août 2019.
Palm Beach, Floride, 12 février 2000. Donald Trump, sa future femme, Melania Knauss, le financier Jeffrey Epstein et son amie Ghislaine Maxwell. Epstein a été retrouvé pendu dans sa cellule en 2019, alors qu'il était en attente de son procès pour trafic de mineurs.
GETTY IMAGES
Leur champion a répondu à ses détracteurs en les qualifiant de «faibles» faisant le jeu des Démocrates. «J'ai vu ses partisans exprimer leur déception à son égard, mais jamais à ce point, constate Mike Rothschild, journaliste expert des théories du complot. Nombre d'entre eux se sentent véritablement trahis et trompés, au point de remettre en question leur confiance en lui. D'autres lui restent fidèles quoi qu'il arrive. Avec des histoires comme celle-ci, il parvient généralement à reconquérir ses fidèles en quelques jours. Mais jusqu'à présent, avec Epstein, il n'y est pas parvenu.»
Mike Rothschild est l'auteur d'un livre sur QAnon, une théorie conspirationniste épousée par une grande partie de la base républicaine selon laquelle Donald Trump se bat contre une armée de pédophiles satanistes au sein de «l'État profond» et du Parti démocrate. Pour lui, la «liste d'Epstein» occupe une place particulière dans le large éventail de récits complotistes dont raffole la droite MAGA . Celle-ci était convaincue que sa divulgation était bloquée par des forces obscures qui n'avaient pas intérêt à ce qu'elle sorte: juges, élus puissants… Clinton au centre des rumeurs
Le fait que le nom de Bill Clinton ait été cité dans les documents judiciaires a également fait monter la pression. En effet, les cercles trumpistes nourrissent une véritable obsession pour les Clinton, qui se retrouvent au centre de nombreuses rumeurs et fausses informations qui circulent à droite. «Beaucoup voient dans la révélation de cette liste et des contacts d'Epstein le coup de grâce porté à «l'élite pédophile» qui dirige, selon eux, la société depuis des siècles. Trump était censé les abattre définitivement, et Epstein en était la clé. Ils se sont convaincus que Trump était le sauveur de l'humanité, mais il les a laissés tomber», reprend Mike Rothschild.
Certains voient dans les divisions du camp MAGA un juste retour de bâton pour Donald Trump. Après la mort du financier, il n'a rien fait pour invalider les rumeurs autour de ce prétendu document sulfureux alors que ses supporters faisaient monter la sauce sur leurs podcasts et émissions de télévision. Parmi eux, l'actuel directeur du FBI, Kash Patel, et son adjoint, Dan Bongino. Après avoir alimenté les théories les plus folles sur Epstein, ils se sont retrouvés dans la position embarrassante de reconnaître que cette liste n'existait pas.
Mike Rothschild rappelle que les informations sur les individus qui étaient dans l'orbite de Jeffrey Epstein sont déjà connues. «Nous savons déjà qui étaient ses amis et nous disposons de ses carnets de vol et de ses carnets noirs (ndlr: qui détaillent les personnes dans son réseau) . La liste n'a servi qu'à alimenter des théories du complot.»
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