
Le Kremlin écarte des avancées diplomatiques rapides, nouvelles frappes sur Kyiv
(Kyiv) Le Kremlin a estimé lundi qu'il faudrait « beaucoup de travail » pour obtenir des avancées dans des négociations de paix avec l'Ukraine, après une nouvelle nuit de frappes russes à travers le pays.
Barbara WOJAZER
Agence France-Presse
Ces frappes, qui ont fait au moins un mort et neuf blessés à Kyiv, ont eu lieu quelques heures avant la visite dans la capitale ukrainienne du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.
Lors de son point presse quotidien, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a lui affirmé que les propositions de paix russes et ukrainiennes étaient « diamétralement opposées », plus de trois ans et demi après le début de l'invasion russe de l'Ukraine.
« Il y a donc beaucoup de travail diplomatique à faire », a-t-il ajouté, tout en affirmant que Moscou était prêt à de nouveaux pourparlers, mais que leur date n'avait pas encore été fixée.
PHOTO EFREM LUKATSKY, ASSOCIATED PRESS
Des pompiers travaillent dans un immeuble d'habitation détruit après une attaque russe à Kyiv, le 21 juillet 2025.
Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a proposé à Moscou de tenir, cette semaine, un troisième cycle de discussions pour tenter d'arrêter la guerre après deux rencontres peu fructueuses entre des délégations russes et ukrainiennes en mai et en juin, à Istanbul.
Selon un haut responsable ukrainien interrogé par l'AFP sous couvert d'anonymat, cette nouvelle session peut avoir lieu « entre mardi et jeudi » et « très probablement à Istanbul ».
Les sujets discutés seront la poursuite des échanges de prisonniers et la préparation d'une éventuelle rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, a ajouté cette source.
Jusqu'à présent, les positions des deux camps semblent irréconciliables : la Russie veut que l'Ukraine lui cède quatre régions occupées, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à rejoindre l'OTAN.
Des conditions inacceptables pour l'Ukraine, qui veut le retrait pur et simple des troupes russes de son territoire et des garanties de sécurité occidentales dont la poursuite des livraisons d'armes et le déploiement d'un contingent européen, ce à quoi s'oppose Moscou.
Nouvelles frappes nocturnes
Face à l'enlisement des pourparlers, le président américain Donald Trump, qui avait ouvert le dialogue avec Moscou pour tenter d'obtenir des avancées, a exprimé sa frustration et a posé à la Russie un ultimatum de 50 jours pour parvenir à un accord, sous peine de sanctions sévères.
Sur le terrain, la Russie a lancé au cours de la nuit une nouvelle vague de drones et de missiles sur l'Ukraine.
D'après l'armée de l'air ukrainienne, 426 drones et 24 missiles russes ont été lancés, causant notamment des dégâts dans les régions de Ivano-Frankivsk (Ouest), de Kharkiv (Nord-Est) et à Kyiv. Elle a assuré avoir neutralisé 403 drones et la totalité des missiles.
PHOTO BARBARA WOJAZER, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des personnes passent devant une station de métro endommagée après une attaque russe à Kyiv.
Le maire de la capitale Vitali Klitschko a indiqué que plusieurs incendies avaient éclaté en raison des frappes ou chute de débris de drones interceptés, qui ont touché notamment une école maternelle des immeubles résidentiels, un supermarché et l'entrée d'une station de métro.
Le ministère russe de la Défense a, de son côté, indiqué avoir visé des « entreprises du complexe militaro-industriel ukrainien et des aérodromes militaires » et avoir atteint ses cibles.
L'Ukraine ne communique quasiment jamais sur les dégâts ou pertes infligés à ses infrastructures militaires.
« Guerre contre l'Union européenne »
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a dénoncé des attaques « brutales ». « Nous pouvons mettre fin à cette terreur. Il est nécessaire pour cela que l'Ukraine obtienne des défenses antiaériennes supplémentaires et de capacités [de frappes] longue portée, » a-t-il ajouté sur X.
Son homologue français, Jean-Noël Barrot, en visite de deux jours à Kyiv, s'est rendu à la station de métro Loukianivska, l'un des sites endommagés par les frappes de la nuit et qui, comme d'autres stations, sert habituellement d'abri à la population lors des bombardements les plus intenses.
Il a ensuite évoqué avec le président Volodymyr Zelensky la coopération militaire, dont le soutien en matière de défense antiaérienne, selon les deux hommes.
Jean-Noël Barrot a également dénoncé dans un discours prononcé devant les ambassadeurs ukrainiens réunis à Kyiv une guerre menée par la Russie contre « la liberté », « contre l'Union européenne » et des frappes nocturnes russes visant à « terroriser » la population.
L'armée ukrainienne frappe également quasiment quotidiennement le territoire russe avec des drones, y compris la région de Moscou.
Lundi, l'armée russe a indiqué avoir abattu 107 drones ukrainiens au-dessus de son territoire. Des attaques ont forcé l'aéroport de Vnoukouvo, près de la capitale russe, à interrompre brièvement son fonctionnement.
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Bien entendu, ce sera une discussion très compliquée », avait ainsi indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, répétant que les propositions respectives des belligérants pour arrêter le conflit étaient « diamétralement opposées ». Seule mesure concrète : les négociateurs se sont mis d'accord pour un nouvel échange de 1200 prisonniers de chaque côté, selon Vladimir Medinski, comme cela a déjà été le cas à plusieurs reprises. Moscou a également proposé à Kyiv de lui remettre 3000 corps de soldats ukrainiens, ainsi que des trêves de « 24 à 48 heures » sur le front pour que les deux armées puissent récupérer leurs tués et leurs blessés, a poursuivi M. Medinski. L'Ukraine a de son côté suggéré une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky d'ici la fin du mois d'août, potentiellement en présence des présidents américain et turc, selon le négociateur de Kyiv Roustem Oumerov. « Mémorandums » et échanges de prisonniers En préambule à ces négociations, une source au sein de la délégation envoyée par Kyiv avait dit à l'AFP espérer une « position constructive » de la Russie et qu'elle renonce à « ses ultimatums ». Ces pourparlers directs intervenaient une nouvelle fois à la suite de pressions exercées par le président américain Donald Trump qui a donné à Moscou, mi-juillet, 50 jours pour parvenir à un accord avec l'Ukraine, sous peine de sanctions sévères. Kyiv et ses alliés occidentaux accusent le Kremlin de bloquer les négociations en maintenant des demandes maximalistes, tandis que l'armée russe, plus nombreuse et mieux équipée, poursuit ses attaques sur le front, où elle grignote chaque jour du terrain. Mercredi, le ministère russe de la Défense a ainsi revendiqué la conquête d'un nouveau village, Varatchyné, dans la région ukrainienne de Soumy (nord-est) où, au cours de la nuit, des frappes de drones russes ont entraîné des coupures d'électricité chez plus de 220 000 clients, selon M. Zelensky. Les positions des deux camps semblent actuellement irréconciliables. Comme mercredi soir, les discussions à Istanbul de mai et juin n'avaient débouché que sur des accords d'échanges de prisonniers et de corps de soldats tués. Selon le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, les pourparlers devaient porter principalement sur les « mémorandums » échangés en juin par les deux camps et comprenant leurs propositions de paix. PHOTO EMRAH GUREL, ASSOCIATED PRESS L'ex-ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, arrive au palais de Ciragan pour des pourparlers de paix entre les délégations russe et ukrainienne, à Istanbul, Turquie. 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