
Menacé de prison, Bolsonaro reste combatif
Facundo Fernández Barrio
Agence France-Presse
« Ceux qui m'accusent peuvent avoir beaucoup d'atouts dans leur jeu, mais moi, j'ai trois choses qu'ils n'ont pas de mon côté : Dieu, la liberté et le soutien d'une bonne partie de la population brésilienne », a-t-il scandé face à ses sympathisants vêtus de jaune et de vert sur l'emblématique avenue Paulista.
Plusieurs manifestations ont été organisées depuis le début des déboires judiciaires de Jair Bolsonaro, et l'affluence s'est effritée au cours de ces derniers mois.
Selon les calculs de chercheurs de l'Université de Sao Paulo, environ 12 400 personnes ont participé dimanche au cortège sur l'avenue Paulista, contre 45 000 en avril et 185 000 en février.
Inéligible jusqu'en 2030 pour ses attaques sans preuve sur les urnes électroniques utilisées au Brésil, l'ancien président (2019-2022) a évoqué les élections générales de l'an prochain, mettant notamment l'accent sur les législatives.
« Donnez-moi 50 % des députés et des sénateurs, et je change le destin du Brésil », a-t-il déclaré, vêtu d'une veste de survêtement bleue sur un polo jaune pâle.
Mais cette fois, M. Bolsonaro, 70 ans, ne s'est pas présenté explicitement comme le candidat du camp conservateur à la présidentielle de 2026, contrairement à d'autres occasions, quand il se disait convaincu qu'il parviendrait à faire annuler son inéligibilité.
« Je ne suis pas obsédé par le pouvoir, je suis amoureux de ma patrie […] Je n'ai pas besoin d'être le président [de la République]. Si je reste président d'honneur de mon parti, nous pourrons faire ce que vous souhaitez », a-t-il affirmé.
« Occuper le terrain »
Lors de la manifestation de dimanche, Jair Bolsonaro a reçu le soutien appuyé d'un de ses plus puissants alliés, le gouverneur de Sao Paulo Tarcisio de Freitas, qui l'a qualifié de « plus grand leader de l'histoire » du pays.
« Il va encore faire la différence et contribuer beaucoup au Brésil », a déclaré cet ancien ministre, pressenti comme un présidentiable en puissance en l'absence de M. Bolsonaro.
À gauche, le président Luiz Inacio Lula da Silva, dont la popularité est en berne, n'a toujours pas annoncé s'il briguerait ou non un nouveau mandat.
« Le principal message de ces manifestations, c'est qu'il faut occuper le terrain. Aujourd'hui, on ne parle pas de candidature », a pour sa part affirmé à l'AFP Carlos Bolsonaro, l'un des fils de l'ex-président, conseiller municipal de Sao Paulo.
Même son de cloche pour Valdemar Costa Neto, président du Parti libéral (PL), la formation politique de l'ancien président.
« Bolsonaro doit être présent lors de ce type de manifestation pour montrer au pouvoir judiciaire que le peuple est avec lui. Tant qu'il est président d'honneur du PL, nous faisons tout ce qu'il veut, car les voix lui appartiennent », a affirmé ce dirigeant à l'AFP.
Face aux manifestants, Jair Bolsonaro a à nouveau nié catégoriquement toutes les accusations qui pèsent contre lui, comme il l'avait fait le 10 juin lors de son face-à-face très attendu avec le juge Alexandre de Moraes, puissant magistrat honni de son camp.
Il est accusé d'être le « leader d'une organisation criminelle » ayant conspiré pour son maintien au pouvoir après l'élection présidentielle d'octobre 2022, remportée par Lula.
M. Bolsonaro encourt jusqu'à 40 ans de prison, mais se dit victime d'une « persécution politique » visant à l'empêcher de se présenter à la présidentielle l'an prochain.
« Ils ont fait la même chose avec moi qu'avec Marine Le Pen », a déclaré l'ex-président dimanche à l'AFP, en référence à la dirigeante française d'extrême droite déclarée inéligible fin mars pour détournement de fonds.
« Psychopathe »
« Il y a une justice pour la gauche et un état d'exception pour la droite. Les juges de la Cour suprême n'ont même pas été élus et ils sont en train de prendre le pouvoir au Brésil », dit à l'AFP un manifestant qui se fait appeler « Julinho Cœur de lion ».
Chauve comme le juge Moraes, ce sexagénaire porte une toge noire de magistrat, avec une simple couche en guise de bermuda et de longues chaussettes blanches.
« Alexandre de Moraes est un psychopathe, il a déchiré la Constitution », insiste-t-il.
Mais Jair Bolsonaro ne fait pas l'unanimité dans la plus grande mégalopole d'Amérique latine.
« Cette manif, c'est n'importe quoi. Ce type [Bolsonaro] devrait aller en prison. Je ne sais pas comment des gens peuvent encore venir ici pour le défendre », commente Dionisio Teixeira, vendeur de disques vinyle sur l'avenue Paulista, habituellement transformée le dimanche en grande voie piétonne où les habitants de Sao Paulo viennent se promener.
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La SAQ change sa politique de retour
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Avant d'enchaîner sur une menace d'imposer des droits de douane de 50 % dès le 1er août, justifiés « en partie », écrit-il, par « les attaques insidieuses sur les Élections Libres » et une « censure » des médias sociaux américains au Brésil. Le pays d'Amérique du Sud est l'un des rares à ne pas avoir de déficit commercial avec les États-Unis. « C'est très inquiétant », a réagi Feliciano Guimarães, directeur universitaire du Brazilian Center for International Relations, joint à São Paulo. Non seulement parce que les États-Unis sont le deuxième partenaire commercial du Brésil, mais, surtout, pour la raison mise de l'avant. C'est de l'ingérence dans les élections brésiliennes et dans l'indépendance de notre appareil judiciaire. Feliciano Guimarães, directeur universitaire du Brazilian Center for International Relations Le président Lula a lui aussi dénoncé une « ingérence » et promis d'imposer des droits réciproques si les États-Unis allaient de l'avant. 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