
Ottawa craint que l'interdiction ne soit pas respectée
Le gouvernement fédéral a un gros déficit de crédibilité auprès des propriétaires d'armes à feu. Et il le sait : « [Il] estime peu probable d'être perçu comme le messager le plus digne de confiance auprès des personnes qui possèdent des armes à feu de type armes d'assaut », peut-on lire dans la mise en contexte d'un sondage dont les résultats ont été rendus publics à la fin de juin.
Le sondage confirme d'ailleurs cette perception. Plus des deux tiers des propriétaires d'armes à feu sondés disent se méfier d'Ottawa « lorsqu'il est question de prendre de bonnes décisions dans l'intérêt supérieur du public ». En Alberta, cette méfiance passe à 81 % des répondants, alors qu'elle tombe à 48 % au Québec, ce qui n'est qu'une des nombreuses différences régionales révélées par le sondage.
Programme contesté
Il n'est pas étonnant que le soutien au programme de rachat d'armes d'assaut du gouvernement soit faible. À peine 34 % des répondants ont affirmé l'appuyer. Ici encore, l'Alberta et le Québec sont aux antipodes. Seulement 21 % des propriétaires d'armes albertains soutiennent le programme. Ils sont 49 % au Québec.
Le sondage confirme aussi une crainte du gouvernement que les propriétaires d'armes d'assaut ignorent les interdictions qu'il a décrétées. Il a posé cette question : « Quel pourcentage de propriétaires d'armes à feu visées participeront au programme de rachat ? » Seulement 9 des 1712 répondants ont dit croire que 100 % des propriétaires retourneront leurs armes ! Plus de la moitié pense que moins de 30 % des propriétaires vont collaborer.
Mon gun, mon choix
Ottawa cherchait aussi à sonder les personnes qui possèdent des armes sur la culture et leurs valeurs. Par exemple, les Canadiens estiment-ils que c'est un droit ou un privilège que de détenir une arme à feu ?
À l'échelle du pays, 58 % croient que c'est un privilège. En Alberta, cette proportion tombe à 51 %. Elle atteint 61 % au Québec.
Près de la moitié des répondants indiquent par ailleurs que « posséder une arme à feu est une partie importante de [leur] identité ». C'est le cas de 56 % des propriétaires de l'Alberta qui ont participé au sondage et de 36 % de ceux qui sont situés au Québec.
Le sondage révèle par ailleurs que le quart des répondants ne possède qu'une seule arme à feu, mais 28 % en possèdent plus de cinq. Quand on leur demande pourquoi ils possèdent une arme, une majorité a répondu que c'était pour le tir à la cible. La chasse sportive ou pour se nourrir a été une raison moins souvent évoquée par les répondants pour expliquer qu'il est important pour eux d'être propriétaire d'une arme à feu.
Les répondants jugent également, dans une proportion de 78 %, être « injustement ciblés par les règlements et les politiques sur les armes à feu ». En Saskatchewan, ce sont 88 % des répondants qui sont de cet avis ; une proportion qui tombe à 70 % dans l'Atlantique (contre 72 % au Québec).
La NRA réagit
Le principal lobby des armes à feu aux États-Unis a qualifié les inquiétudes d'Ottawa de « monumental euphémisme ». Dans un billet de blogue publié le 30 juin, la National Rifle Association (NRA) décrit le programme de rachat du fédéral comme une « confiscation des armes » (« gun grab »).
De ce côté-ci de la frontière, GunBlog.ca estime que le sondage est une tentative de sauver un « programme inefficace de criminalisation massive et de confiscation visant les propriétaires d'armes à feu titulaires d'un permis ».
Qu'est-ce que le programme de rachat d'armes d'assaut ?
Il y a eu trois vagues d'interdiction d'armes d'assaut par le gouvernement fédéral : La première, en mai 2020, visait 2000 modèles.
La deuxième, en décembre 2024, en avait ajouté 324.
En mars 2025, 179 modèles, comme la carabine M1, se sont ajoutés.
Les propriétaires de ces armes ont pu profiter de diverses amnisties pour se départir de leurs armes moyennant une indemnisation. Ceux qui sont visés par la troisième vague ont jusqu'au 31 mars 2026.
Les armes d'assaut sont des armes dont « le mécanisme semi-automatique offrant une capacité de tir rapide soutenue (conception tactique/militaire dotée d'un chargeur de grande capacité) […] ne conviennent pas pour la chasse ou le tir sportif et qui ne sont pas sûres pour un usage civil », selon le site web d'information de Sécurité publique Canada.
Il y avait 150 000 armes d'assaut en circulation au Canada en 2020, selon le gouvernement fédéral.
Avec William Leclerc, La Presse
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