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Bande dessinée: cinq romans graphiques à ne pas manquer, Ramuz en tête

Bande dessinée: cinq romans graphiques à ne pas manquer, Ramuz en tête

24 Heures13-07-2025
Une fin du monde caniculaire selon Ramuz, des lapins, un chien, mais aussi l'envers du décor des influenceuses beauté. Nos cinq repérages. Publié aujourd'hui à 16h52
Une planche de «Présence de la mort», le roman de Ramuz adapté par Karen Ichters.
Karen Ichters
En bref:
Dans «Présence de la mort», la canicule incite les habitants à se jeter au lac.
Karen Ichters
Adaptation d'un classique «Présence de la mort» , un Ramuz plutôt méconnu sorti en 1922, imagine que «la terre retombe au soleil». Tandis que la nouvelle se répand, il y a les inquiets, les sceptiques, les indifférents et la grande foule qui va se jeter dans le lac. Puis, lorsque chacun réalise le caractère inéluctable de la situation, le désordre s'installe. Car comment vivre alors que tout va finir?
Ce texte du grand auteur vaudois résonne fortement avec l'époque contemporaine. Réédité cent ans après sa sortie chez Zoé Poche, il vient de trouver une convaincante adaptation en roman graphique par la Lausannoise Karen Ichters.
La graphiste et illustratrice avait déjà collaboré avec l'éditeur Helvetiq pour un voyage en couleurs à travers la Suisse intitulé «Entre rouge et blanc». Cette fois, elle a choisi d'associer le blanc au noir, inspirée par la linogravure et le peintre et illustrateur belge Frans Masereel. Seules exceptions: quatre pages qui font la part belle à un «bleu diurne», représentant aussi bien le ciel que le lac. L'album se démarque ainsi fortement des deux premières adaptations de Ramuz parues dans la maison lausannoise: « Derborence » et « La grande peur dans la montagne ».
L'histoire s'y dévoile en planches graphiques tantôt abstraites, tantôt fourmillant de mille détails de l'époque: habillement, reproduction de vraies affiches ou topographie de la Lausanne d'antan. Si le propos fait écho à ce qui se passe aujourd'hui, le roman de Ramuz ne saurait être tenu comme un récit d'anticipation. Le grand auteur vaudois a bien été inspiré par une canicule, celle de 1921. Mais l'événement était extraordinaire à l'époque. Ce motif, il l'utilise pour observer le comportement humain. Les mots de Ramuz
Avec un tel sujet, n'y a-t-il pas la tentation de le transposer à l'époque contemporaine? D'autant plus que la langue de Ramuz s'avère d'une troublante modernité. «J'avais envie de rester fidèle au roman, pour raconter ce délitement de la société imaginé par Ramuz. L'installer dans le contexte actuel en aurait fait autre chose», motive Karen Ichters. Le texte accompagnant les illustrations est ainsi tiré du roman, et la musicalité des mots de l'écrivain chante au fil des pages. «Il était hors de question de faire de Ramuz juste un scénariste, et ses mots se prêtent bien au jeu entre texte et graphisme.» L'illustratrice encourage d'ailleurs vivement à lire le roman original. «C'est très beau.» Pour elle, la découverte de la langue ramuzienne a été une vraie surprise.
Dans «Présence de la mort», la terre «retombe au soleil».
DR
«Présence de la mort», d'après le roman de C. F. Ramuz, Karen Ichters, helvetiq.com, 104 p. «Watership Down»
La couverture de «Watership Down».
DR
Épopée «Watership Down», classique de la littérature anglaise de Richard Adams sorti en 1972 et vendu à 50 millions d'exemplaires, narre le périple d'un groupe de lapins pour se trouver un foyer, après avoir été forcé de quitter leur garenne. Mais c'est parfois dans les endroits idylliques que se terrent les plus terribles menaces. L'aventure évoque la migration, le vivre-ensemble, le pouvoir, les utopies, les croyances religieuses ou les rapports entre humains et animaux. L'adaptation du best-seller en roman graphique connaît désormais une somptueuse version française, à découvrir dès 12 ans, mais qui plaira aussi aux adultes. Car le trait à la fois naturaliste et expressif de l'illustrateur américain à succès Joe Sutphin excelle à donner vie à cette épopée de lapins, évoquant finalement une destinée très humaine.
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«Watership Down», Richard Adams, James Sturm et Joe Sutphin, Éd. Monsieur Toussaint Louverture, 368 p. «Son odeur après la pluie»
La couverture de «Son odeur après la pluie».
DR
Compagnonnage L'odeur après la pluie, c'est en général ce que l'on aime le moins chez un chien. Pourtant, celle-ci manque cruellement à Cédric, le narrateur, lorsque son bouvier bernois de 13 ans disparaît. Le roman de Cédric Sapin-Defour, dont la version illustrée vient de paraître, raconte ce lien si fort entre le héros et son chien. Lorsqu'il a été question d'une adaptation de son best-seller, l'auteur craignait que les illustrations ne tuent l'imaginaire. Le voilà rassuré: grâce au talent de José Luis Munuera, son histoire gagne une nouvelle dimension, avec un hommage à l'amour, à l'animal, mais aussi à cette nature, montagne en tête, qui explose en doubles pages. Une ode à la vie, simplement.
«Son odeur après la pluie», José Luis Munuera, d'après le roman de Cédric Sapin-Defour, 136 p. «Erika: sur la trace des silences»
La couverture de «Erika: sur la trace des silences».
DR
Émigration La Chilienne Erika a 5 ans le 11 septembre 1979, lorsque Pinochet arrive au pouvoir. Dès lors, sa vie à Santiago change radicalement, pour finalement se poursuivre en Suisse, lorsque ses parents décident de fuir la dictature. La fillette grandit à Genève, encombrée de secrets familiaux. Un père aimant, mais marqué par son emprisonnement au Chili, une mère mystérieuse et inaccessible. Adulte, Erika se souvient de ce parcours chaotique, de son enfance passée dans le réconfort des exilés chiliens de Suisse, puis de son envie de s'émanciper. Fondé sur des témoignages réels issus d'une recherche de Manon Bourguignon à l'Université de Lausanne, ce récit graphique illustré par Helegraph évoque avec finesse et précision le quotidien de ces enfants d'exilés politiques, forcés de grandir trop vite.
«Erika: sur la trace des silences», Manon Bourguignon (scénario) et Hélène Coignet (dessins), 200 p. «Sangliers»
La couverture très «girly» de «Sangliers», livre à la fois humoristique et critique sur le monde des influenceuses beauté.
DR
Satire «Sangliers» n'a rien à voir avec la chasse. Sauf si l'on excepte la chasse aux followers . Car le roman graphique de la Française Lisa Blumen, Prix Utopiales bande dessinée 2023 pour «Astra Nova», met en scène une jeune influenceuse beauté, alias «Nina Makeup», qui distille en ligne des conseils qu'elle juge pertinents, sur des produits dignes d'être recommandés. Mais elle va peu à peu perdre ses illusions. Car qu'importe son avis, ce qui compte, c'est de gagner des abonnés. Derrière la couverture du volume qui évoque l'éclat poudré d'un fond de teint, cette chronique à l'humour mordant utilise le rose à contre-emploi, pour aborder avec un trait acéré et une originalité dans le propos les travers d'un gagne-pain pas si idyllique, une fois la caméra éteinte.
«Sangliers», Lisa Blumen, Éd. L'employé du mois, 208 p.
Encore du roman graphique Caroline Rieder est journaliste à la rubrique culture-société depuis 2013. Elle s'occupe en particulier de la littérature romande, mais se penche aussi avec intérêt sur la littérature jeunesse, et divers sujets culturels et sociétaux. Plus d'infos @caroline_rieder
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