
Derrière les rêves de stade de Christian Constantin, le flou et le risque
Le 27 juin dernier, Christian Constantin présentait sa vision pour le stade aux côtés de Philippe Varone et de Stéphane Ganzer.
KEYSTONE
En bref:
Une arène pharaonique, sans deniers publics. Grand prince, face à la presse, Christian Constantin renonce à une subvention étatique de plusieurs dizaines de millions de francs pour bâtir son projet. C'était le 27 juin dernier.
Le promoteur immobilier juge «inélégant» de solliciter pareille somme à l'État du Valais après l'ensevelissement du village de Blatten et les 320 millions de dégâts causés. Le président du FC Sion , qui réclame plus de 7 millions de francs au Canton dans une affaire d'expropriation de terrains à Riddes, ajoute vouloir s'épargner «les polémiques politiques». Du simple au triple
C'est aussi que l'enveloppe de l'État avait un coût. Celui d'un débat au parlement cantonal – où les élus sont divisés sur le projet – et l'ombre d'un potentiel référendum qui aurait conduit le peuple aux urnes. «Tu as un mec qui sort le fric et qui ne demande rien, tu veux quoi de plus?» commente Christian Constantin. L'argument est audible, jusque dans les rangs du Grand Conseil. «Du moment qu'il paie…» résume un élu.
Face à une facture vertigineuse, l'État prend donc volontiers un pas de retrait. Début 2024, l'ardoise annoncée était de 150 millions et divisée entre le club, la Ville et le Canton. Le coût de l'infrastructure a triplé depuis lors. Sans que les pouvoirs publics puissent l'expliquer. En effet, le détail du projet n'est connu que d'un seul homme, Christian Constantin. «Effectivement», sourit l'intéressé.
Le «Cervin Coliseum» devrait changer de nom une fois sorti de terre. «Si Nestlé met du pognon, je peux l'appeler la Nestlé Arena.»
Christian Constantin SA Un pari sur l'avenir
Reste que ce vaste complexe où se tutoieront, a priori, des commerces, un hôtel, des services et un intérieur équipé pour de l'événementiel n'est pas sans risques. Pour le promoteur, oui, mais aussi pour la collectivité publique. «Que se passera-t-il si Christian Constantin se retire du projet? Qui assumera une infrastructure à 450 millions ou une friche industrielle? La Ville de Sion?» interroge Stéphane Haefliger, chef de groupe du Centre au Législatif de la capitale valaisanne.
L'Exécutif sédunois, qui reste à l'écart de la gouvernance du projet de stade, s'est posé la même question. «Nous demanderons des garanties», promet Philippe Varone, président de la Municipalité. En substance, la Ville veut s'assurer que l'arène soit «financée, entretenue et amortie». Pour quel montant et avec quelles sources de financement? Pour l'heure, l'Exécutif l'ignore. «Le projet est encore flou.»
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.
Si Philippe Varone reconnaît «un risque» face à un tel chantier, il reste, selon lui, mesuré. Et ce, malgré les trois échecs successifs de Christian Constantin dans ses tentatives de construire une nouvelle arène. «À Sion, c'est différent. La Ville reste propriétaire des terrains (ndlr: qu'elle mettra à disposition sous forme de droit de superficie) . Il n'y aura pas de centre commercial à la place d'un stade», ajoute le chef de l'Exécutif, en référence aux enseignes laissées par le promoteur à Martigny et à Riddes.
Face au gigantisme du projet, Christian Constantin reconnaît, lui aussi, une part d'incertitude. «Il y a toujours un risque, mais le club m'appartient. Mon job, c'est donc de faire en sorte que les activités tournent. Je ne me lancerai pas dans cette aventure sans les financements nécessaires.» Le patron du FC Sion l'affirme sans détailler la manière: l'infrastructure sera rentabilisée à son ouverture déjà. L'inauguration est prévue à l'été 2030, selon les projections très optimistes du Valaisan. Le Législatif «court-circuité»?
Le complexe ne devrait pas faire l'objet d'un débat politique. À l'échelon cantonal, c'est désormais acté. Quant au Législatif communal, il pourrait également rester muet. Les parcelles de la Ville frappées d'un droit de superficie ne font d'ordinaire pas l'objet d'un vote. Mais Philippe Varone ne ferme pas la porte à un scrutin. Sans pour autant l'ouvrir. «Le projet sera présenté au Conseil général, et ce dernier pourrait être amené à se prononcer en fonction de ses compétences financières», souligne-t-il.
Stéphane Haefliger, lui, a d'ores et déjà fait le deuil d'un débat politique. Non sans s'en insurger. «On a le sentiment que personne n'a son mot à dire. Les garanties financières ne suffisent pas, il faut avoir la certitude que ce projet verra bel et bien le jour et qu'il puisse être pérennisé.»
Aux yeux du Centriste, «le Législatif a été court-circuité sur tous les points. Quand on voit le débat démocratique et constructif qui s'est déroulé à Sierre en lien avec la nouvelle patinoire, on regrette qu'il fasse défaut à Sion. C'est dommageable pour les élus et pour les citoyens.» Si Stéphane Haefliger n'est pas opposé au principe d'un nouveau stade, il refuse le principe d'un «blanc-seing» pour un projet d'un tel calibre. La révolution Constantin
Christian Constantin «peut entendre» les inquiétudes liées à l'envergure de son arène. Mais il ne s'en formalise pas. Le promoteur en est convaincu, son concept va «révolutionner» le monde du spectacle. C'est même le cœur de son projet avec quelque 200 événements qui, selon lui, devraient jalonner l'année. De ce volet dépend la réussite, ou non, du projet.
Et si le patron du FC Sion est viscéralement convaincu du succès futur de son infrastructure, c'est qu'il s'apprête à offrir «une expérience unique au monde». Il précise: «Quand tu t'installes dans un stade comme le mien, tu es en totale immersion, tu deviens acteur du spectacle.» Et ce, grâce à l'écran géant qui s'étale sur l'entier d'une tribune, inspiré de la célèbre sphère de Las Vegas. «Mais là-bas, ce n'est que des écrans. Moi, en plus, j'aurai une scène intégrée et modulable. J'ai même un gars qui fait des effets spéciaux», s'enthousiasme le sexagénaire. Il s'inscrit donc dans les sillages «des spectacles de demain qui seront audiovisuels».
Pour ses concerts, Christian Constantin veut voir les choses en grand.
Christian Constantin SA
Au-delà de l'artillerie technologique, l'infrastructure est-elle pérenne dans un bassin de population d'environ 370'000 âmes? «C'est une économie basée sur les quatre saisons avec des événements au fil de l'année. En hiver, les touristes affluent en Valais, il faut leur proposer une offre.» Et pour mettre le grappin sur des artistes capables de remplir son stade, Christian Constantin a un plan. «Il faut travailler avec des sociétés d'événementiel dans l'hémisphère Sud. Ceux qui performent là-bas l'été, je les prends chez moi l'hiver.» Par le passé, l'homme a également mentionné le Cirque du Soleil à plusieurs reprises. Des concerts «impossibles à rentabiliser»
Qu'en disent les professionnels de l'événementiel? Michael Drieberg, patron de Live Music Production, ne partage pas l'optimisme de Christian Constantin. «C'est impossible de rentabiliser des concerts ou des spectacles dans un stade en Suisse romande», appuie celui qui est aussi à la tête du festival Sion sous les étoiles . Il réfute au passage la tenue de son événement dans la future arène du FC Sion, contrairement à ce qui a été avancé par le promoteur. «Je n'ai jamais été consulté», dit-il.
Depuis un quart de siècle, seuls trois concerts se sont tenus dans un stade en Suisse romande, dont deux organisés par Michael Drieberg. «Il n'y a pas de marché. À l'inauguration de la Tuilière , à Lausanne, Ineos annonçait 60 concerts par an. Il n'y en a eu aucun, précisément parce que c'est infaisable», relève-t-il. Même constat ou presque pour la Vaudoise aréna, la Maladière de Neuchâtel ou la Praille à Genève . «On ne joue pas dans cette catégorie, encore moins avec une capacité de 30'000 places.»
L'argument technologique (des écrans au plancher modulable) ne nuance pas le verdict. «Ça ne change rien. Personne ne va construire un spectacle juste pour un stade, ça n'existe pas», souligne-t-il. Les artistes ont d'ailleurs tendance à éviter les arènes sportives, sinon de très rares vedettes capables de remplir «des stades de 45'000 à 80'000 places».
Bref, selon Michael Drieberg, «il est simplement irréaliste d'imaginer 60 concerts par année dans un stade et jamais on n'y verra le Cirque du Soleil». Christian Constantin, lui, s'accroche à son rêve: «Aujourd'hui, on peut avoir des états d'âme, demain ce sera une fierté.»
En savoir plus sur Christian Constantin et son projet de stade, c'est ici Newsletter
«La semaine valaisanne» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton du Valais, chaque vendredi dans votre boîte mail.
Autres newsletters Dimitri Mathey est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2025. Correspondant en Valais, il décrypte les enjeux cantonaux pour la Romandie. Auparavant, il était responsable politique pour «Le Nouvelliste». Plus d'infos @DimitriMathey
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


24 Heures
2 hours ago
- 24 Heures
Un autre guérisseur fribourgeois aurait fait quatorze victimes
Après Denis Vipret, qui aurait commis des attouchements, un rebouteux fribourgeois est accusé par quatorze femmes. Cet agriculteur est poursuivi pour une série de viols et de contraintes sexuelles. Publié aujourd'hui à 06h25 L'accusé, qui pratiquait des «massages énergétiques», expliquait à ses victimes que les actes sexuels préconisés étaient exclusivement à but thérapeutique. Manuel Perrin En bref: L'affaire, qui sera jugée ce mercredi par le Tribunal pénal de la Veveyse à Châtel-Saint-Denis, est un nouveau coup dur pour les adeptes des soins énergétiques en Suisse romande. Après les accusations d'attouchements par cinq ex-patientes du célèbre magnétiseur broyard Denis Vipret , révélées récemment par la RTS , un autre guérisseur fribourgeois de 58 ans – que nous nommerons Olivier – est aussi dans le viseur de la justice. Incarcéré depuis trois ans dans l'attente de son procès, cet agriculteur est poursuivi pour une très longue série de viols et de contraintes sexuelles présumés sur quatorze femmes, identifiés en cours d'enquête, durant une quinzaine d'années. Elles avaient entre 20 et 51 ans. Certaines bénéficient toujours d'un suivi thérapeutique. De nombreux abus sexuels Toutes les victimes n'ont pas fait appel à la justice. Huit d'entre elles n'ont pas déposé de plainte pénale, notamment celle avec laquelle le Fribourgeois a entretenu une relation de couple pendant deux ans ou encore une trentenaire qui aurait avorté à la suite d'un «soin thérapeutique». Quatre des six plaignantes seront présentes à l'audience. Elles retrouveront celui qui prétendait pouvoir soigner tous leurs maux grâce à ses dons, et ce, gratuitement. «Deux de mes mandantes ont été dispensées de comparaître: elles n'arrivent tout simplement pas à être confrontées à l'accusé, même en présence d'une paroi de séparation», explique Me Jacy Pillonel. L'avocate ajoute que «l'une d'elles fait des cauchemars avec la voix de l'intéressé depuis l'audition de confrontation au Ministère public .» Pas le premier procès Les faits en cause dans cette affaire concernent les années 2007 à 2022. Au milieu de cette période, en mai 2016, Olivier a déjà été reconnu coupable d'actes sexuels commis sur une personne incapable de discernement ou de résistance, «pour des faits similaires», selon la justice. Le Tribunal de Romont l'avait alors condamné à une peine pécuniaire avec sursis. Ce qui ne l'aurait pas empêché de récidiver, selon les victimes. Dix des nouveaux cas présumés d'agressions par le rebouteux ont eu lieu après sa condamnation. Son risque de récidive serait par ailleurs toujours «moyen à élevé», selon une expertise de la psychiatre et psychothérapeute Deborah Castagnoli. La doctoresse se dit favorable au prononcé d'une mesure thérapeutique ambulatoire pour soigner un trouble de la personnalité «non spécifié». Soi-disant rebouteux L'acte d'accusation de la procureure Catherine Christinaz relève les situations de vulnérabilité dans lesquelles se trouvait chacune de ces quatorze patientes, qui étaient souvent redirigées chez Olivier par des membres de leur famille ou des amis. Comme cette jeune Valaisanne toxicomane victime de deux viols dans son enfance – et dont le père venait de se suicider, qui ressentait fréquemment le besoin de téléphoner au guérisseur fribourgeois. Presque «comme une drogue», selon elle. Ou cette quadragénaire aux idées suicidaires, mobbée à son travail. «L'accusé a été très malin», reprend Me Pillonel. «Il mettait d'abord ces femmes en confiance, en prétendant qu'il a des dons, et en leur disant qu'elles pouvaient lui parler de leurs problèmes auxquels tout le monde doit faire face un jour ou l'autre dans sa vie.» Certaines ont expliqué que le rebouteux autoproclamé les avait rencontrées fortuitement, et qu'il serait parvenu à les convaincre qu'elles souffraient de blocages internes, de kystes ou de maladies graves, comme un cancer du sein ou de l'utérus – alors qu'il n'en était rien. Victimes fragilisées De la même manière, Olivier, qui est aussi père de famille, aurait abusé de la crédulité des plus fragiles en allant jusqu'à leur faire croire qu'il était entré en contact avec certains de leurs proches défunts, lesquels lui auraient indiqué que ces prétendus soins étaient la voie à suivre pour leur guérison. Les séances de soins avaient souvent lieu dans un container attenant au domicile du Fribourgeois, sis sur le domaine agricole familial, et dont la porte aurait été verrouillée dans certains cas. Parfois, le soi-disant guérisseur donnait rendez-vous à ses patientes dans des hôtels. Et certaines acceptaient qu'il se rende chez elles. Soins énergétiques La plupart du temps, il ne devait être question que de massages «énergétiques». L'accusé aurait expliqué à ces femmes que les actes sexuels qu'il préconisait étaient exclusivement à but thérapeutique. Et que si elles refusaient, de coûteuses opérations s'ensuivraient. Voire «un drame». Avec plusieurs, des documents ou messages de consentement aux soins étaient rédigés et/ou signés. Des rapports sexuels complets, la plupart du temps non protégés, auraient ainsi été entretenus pour débloquer un dos, une nuque, un ventre, ou déboucher des tubes utérins. D'autres pratiques extrêmes auraient également été consenties pour soigner des maux imaginaires, pour «libérer» d'anciens traumatismes. Selon l'accusation, le guérisseur tentait de les persuader qu'elles avaient aussi un don, et qu'elles devaient absolument lui soigner d'importantes douleurs urinaires en le masturbant. Magie noire Plusieurs victimes ont indiqué que le quinquagénaire leur parlait de magie noire et qu'il allait jusqu'à affirmer que c'était la cause de leurs maux. Ou à suggérer faussement à une plaignante que des individus jaloux voulaient sa mort et que les soins énergétiques qu'il prodiguait étaient le seul moyen de l'en protéger. «Encore aujourd'hui, l'une de mes mandantes a peur qu'il parvienne à lui faire du mal, à elle et à ses enfants, lâche Me Pillonel. Il disait en outre à ses patientes de ne parler à personne de ses actes, ou de supprimer les messages qu'ils s'échangeaient.» Pour asseoir son emprise, Olivier a assuré à plusieurs d'entre elles qu'il travaillait pour la police – en qualité de gendarme ou de «détective» –, qu'il était envoyé en mission pour l'ONU , ou qu'il était parvenu à soigner l'épouse de son médecin traitant, prétendument atteinte d'un cancer du sein. Pas de commentaire Face aux enquêteurs du canton de Fribourg, le rebouteux déclaré aurait répété que les actes sexuels qu'il préconisait à titre de soin thérapeutique lui auraient été enseignés dans le cadre d'un cours suivi en Thaïlande. Contacté, son défenseur Me Guillaume Hess dit réserver ses déclarations pour le procès à venir à Châtel-Saint-Denis. Les rebouteux accusés d'abus sexuels Newsletter «La semaine fribourgeoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Fribourg, chaque vendredi. Autres newsletters Benjamin Pillard est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2019. Il couvre en particulier les faits divers et l'actualité judiciaire des cantons romands. Auparavant, il a travaillé durant sept ans au sein de la rédaction du «Matin». Plus d'infos @benjaminpillard Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
4 hours ago
- 24 Heures
Villars accélère son tournant vers le tourisme estival
Les remontées mécaniques vaudoises et fribourgeoises ont connu un début d'été plus que réjouissant. Reportage au Grand Chamossaire. Publié aujourd'hui à 05h00 Régis Augerot et sa famille profitent de l'entrée du Grand Bornand (F) dans le giron du Magic Pass pour découvrir d'autres stations. ©Laurent de Senarclens En bref: Le sentier qui gravit le Grand Chamossaire, sur les hauts de Villars, est bien fréquenté, en ce samedi matin. Dans la station, les excellents résultats de ce début de saison annoncés mardi par Remontées mécaniques suisses se confirment. La faîtière de la branche évoque un bond moyen de 24% de sa fréquentation (lire ci-dessous). Au-dessus des marcheurs, les fauteuils du télésiège du Grand Chamossaire sont clairsemés. Manifestement, les randonneurs préfèrent l'effort au confort. «C'est raide, mais mon copain a tenu à ce qu'on monte à pied», lance une jeune femme, essoufflée. Pour la quatrième saison consécutive, la société Télé Villars-Gryon-Diablerets (TVGD) ouvre cette installation durant la période estivale. Nouveauté cette année, après quelques week-ends de test en 2023, le télésiège Lac Noir-Chaux Ronde tourne également. Ces deux liaisons viennent s'ajouter aux trois autres ouvertes habituellement, à savoir les télécabines des Chaux à Barboleuse, du Roc d'Orsay à Villars et du Meilleret aux Diablerets. Télésiège «pratique à la descente» Même ceux qui ont choisi de monter à la force du mollet saluent ce développement. C'est le cas de Bernard et Colette, un couple de retraités français, qui possède un chalet à Gryon. Tous deux sont partis à 8 h de Villars. «Même si nous sommes montés à pied, les remontées mécaniques sont très utiles. Nous les utilisons pour descendre: à notre âge, c'est pénible pour les articulations.» Cathy Augerot, son mari Régis et leurs trois enfants ne sont pas des habitués des remontées mécaniques en été, mais en profitent volontiers: «Elles rendent la montagne bien plus accessible aux familles.» ©Laurent de Senarclens Un peu plus bas, Régis et Cathy Augerot passent le tourniquet du télésiège, accompagnés de leurs enfants, Arthur, Raphaël et Camille. «Jusqu'à récemment, on n'utilisait pas du tout les remontées. Et puis le Magic Pass est arrivé au Grand Bornand (F) , où nous avons un appartement. Les enfants sont encore petits, du coup, les remontées mécaniques sont pratiques, elles rendent la montagne bien plus accessible aux familles, notamment.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. «La randonnée n'est pas réservée à une élite» Au risque de tuer le plaisir de la marche en facilitant un peu trop la vie des touristes? Du côté de Vaud Rando et de Suisse Rando, la réponse est identique: «Ce qui est important, c'est que la population sorte dans la nature, qu'elle marche, réagit Isabelle Chassot, vice-président de l'association nationale. Les remontées mécaniques permettent à des personnes plus habituées à marcher en plaine de parcourir des itinéraires également sur les hauteurs; elles ouvrent des perspectives.» Son homologue de la section vaudoise, Frederic Norberg abonde: «La randonnée, ce n'est pas «marcher, marcher, marcher», c'est avant tout le plaisir. Cette activité ne doit pas être réservée qu'à une élite.» «Notre mission est de rendre la montagne accessible. Ensuite, chacun est libre, selon sa condition physique, de choisir d'utiliser ou non les remontées», ajoute Martin Deburaux, directeur de TVGD. Les autorités cantonales sont d'ailleurs convaincues de la pertinence de ce développement: les aides octroyées pour la construction du télésiège Lac Noir-Chaux Ronde ont notamment été conditionnées à une ouverture estivale. À voir la fréquentation timide de l'installation, l'exploitation est-elle vraiment rentable? «Pour les sociétés de remontées mécaniques, c'est un investissement et un changement d'habitude: nous devons repenser nos plannings de maintenance, avoir un employé de piquet en cas de problème technique…», répond Martin Deburaux. À ce stade, le directeur de TVGD en convient, l'opération n'est pas rentable. «Mais il faut bien commencer quelque part. Les habitudes vont se prendre petit à petit. On constate aussi que le réseau de sentiers, si magnifiques soit-il, ne suffit pas à assurer une rentabilité. Nous devons développer des offres complémentaires, à l'image du sentier des boilles à lait ou de la fresque de l'artiste Saype, en cours de réalisation.» Quid de l'impact énergétique de ces ouvertures estivales? Martin Deburaux souligne que seules cinq des 31 remontées du domaine sont exploitées, «dont deux – le télésiège Lac Noir-Chaux Ronde et la télécabine des Diablerets – uniquement pour la durée des vacances scolaires.» Une belle série de week-ends ensoleillés a dopé la fréquentation des stations, en ce début d'été. La hausse est particulièrement marquée dans les cantons de Vaud et de Fribourg. ©Laurent de Senarclens Les touristes indigènes répondent présent cet été L'association Remontées mécaniques suisses l'a annoncé en début de semaine: la saison estivale a très bien démarré cette année. «Si le mois de mai a encore été variable, juin a été marqué par un temps très ensoleillé, chaud et sec. Dans l'ensemble, les premiers passages ont augmenté de 24% par rapport à l'année dernière.» Cette fréquentation a même bondi de 56% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Après les intempéries de l'année dernière et les nombreux orages , les indigènes ont notamment retrouvé les sommets: «En mai et juin, le nombre de visiteurs suisses dans les montagnes a augmenté de 30% par rapport à l'année dernière. Dans les Grisons, la fréquentation des remontées mécaniques, qui accueillent principalement des hôtes suisses, a même augmenté de 63%.» Les visiteurs étrangers ne sont pas en reste, avec une hausse de 19% par rapport à l'année dernière. Les remontées mécaniques des Alpes vaudoises et fribourgeoises ont enregistré la plus forte croissance avec plus de 50%. Elles sont suivies par la Suisse orientale avec 29%, le Valais et les Grisons avec 26% chacun, la Suisse centrale avec 24% et l'Oberland bernois avec 20%. L'actu à Villars et dans les autres stations Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters David Genillard est journaliste depuis 2007 au sein de la rédaction de 24 heures, chargé plus spécifiquement, depuis 2025, de la couverture du Valais romand. Auparavant, il a travaillé durant plus de 15 ans à la rubrique Vaud & Région, où il a notamment couvert l'actualité du Chablais et des Alpes vaudoises. Il a également participé en 2021 au lancement de l'hebdomadaire Riviera-Chablais Votre Région, partenaire de 24 heures. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
13 hours ago
- 24 Heures
Trois détenus de la prison de Sion ont tenté de s'évader par le toit
La police a été alertée par le personnel, alors que trois détenus se trouvaient sur le toit de l'établissement. Deux d'entre eux, blessés, ont été transportés à l'hôpital. Publié aujourd'hui à 19h55 Mis à jour il y a 1 minute Vers 8 h 20, dans des circonstances qui restent à établir, trois détenus sont parvenus à monter sur le toit de l'établissement, dans le but de tenter une évasion (image d'archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT Trois détenus de la prison de Sion ont tenté de s'évader dimanche matin. La centrale d'engagement de la police cantonale a été alertée par le personnel de la prison, alors que les trois individus étaient parvenus à monter sur le toit de l'établissement, indique la police valaisanne dans un communiqué. Immédiatement, un important dispositif policier a été déployé. L'intervention a duré près de trois heures et demie. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Les trois détenus, qui se trouvaient en détention provisoire depuis plusieurs mois, ont été interpellés. Deux d'entre eux ont été blessés au cours de leur action et ont été conduits à l'Hôpital de Sion par ambulance. La police valaisanne indique que la population n'a, à aucun moment, été mise en danger. Le Ministère public a ouvert une instruction afin de clarifier les circonstances de la tentative d'évasion. Évasions de prisons Newsletter «La semaine valaisanne» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton du Valais, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.