
Un an après la désignation de Lucie Castets, la gauche toujours minée par la division
Désignée candidate du NFP pour Matignon, l'énarque incarnait à elle seule l'union de la gauche, le dénominateur commun de familles politiques qui avaient passé des semaines à se taper dessus durant la campagne des élections européennes. « On avait quand même toutes et tous conscience de l'impasse dans laquelle on était. Je me suis dit 'Bon, si je peux contribuer à ce que ça nous permette collectivement de sortir par le haut, je vais le faire' », se souvient l'intéressée citée par franceinfo, rappelant que la procrastination du chef de l'État après la victoire (étriquée) de la gauche aux élections législatives anticipées et les longues tractations pour tomber d'accord sur un nom.
Pour rappel, il a fallu 16 jours aux forces du NFP pour s'accorder sur un profil. Un temps que le « maître des horloges » et ses soutiens ont judicieusement mis à profit, pour railler l'incapacité présumée de la coalition de gauche à gouverner. À l'antenne, Emmanuel Macron balaiera d'ailleurs cette hypothèse, sans même prononcer le nom de l'intéressée. Mais, un an plus tard, que reste-t-il de cet épisode ? À gauche, tout dépend de là où on se place.
Compétition anticipée
Pour Lucie Castets, la bataille de l'union n'est pas terminée. En compagnie de plusieurs unionistes, elle a lancé une initiative début juillet visant à aboutir à une candidature commune en vue de 2027. Une idée qui a vite trouvé ses limites, puisque ni Raphaël Glucksmann ni Jean-Luc Mélenchon ne veulent être mêlés à ce projet.
Car entre-temps, les forces de gauche ont fait ce qu'elles savent faire de mieux : se diviser. La France insoumise a pris comme un affront que le Parti socialiste refuse de censurer François Bayrou au mois de février, afin que la France se dote d'un budget. Au point que la communication du parti mélenchoniste a jugé pertinent de comparer Olivier Faure à Marine Le Pen. Un prétexte en réalité. Car derrière les noms d'oiseaux échangés, c'est l'hégémonie sur la gauche qui est en jeu. Avec, en ligne de mire, l'élection présidentielle, dont il n'était pourtant nullement question dans le programme du NFP.
Dans cette compétition anticipée, il est hors de question pour LFI de laisser le Parti socialiste exister politiquement, si ce n'est à travers le rôle du traître à la coalition. Comme il est impossible pour le PS (et les autres partis de gauche) de laisser Jean-Luc Mélenchon revenir au premier plan, dans un contexte où les derniers résultats électoraux ne jouent pas en la faveur de la stratégie insoumise. Résultat : la formation mélenchoniste se tient en dehors de toute aventure unioniste. Mieux, l'insoumis en chef (en plus de se moquer du principe) affirme dorénavant, et à l'inverse des discours tenus à l'été 2024, que Lucie Castets n'était finalement qu'un choix par défaut.
Retour à la case division
« La proposition de Lucie Castets fut arrachée en dernière minute sur une liste proposée par Olivier Faure. Personne ne la connaissait ni ne l'avait rencontrée avant cela dans le groupe qui devait décider. Il s'agissait de débloquer la situation avant que Macron ne parle au 20h pour lui couper la possibilité de nous rendre responsable de l'enlisement politique. Les LFI serrèrent les dents et jouèrent le jeu. On voit ce que cela a donné », griffe Jean-Luc Mélenchon dans un billet de blog publié début juillet. Le Parti socialiste n'est pas en reste. Alors que le Congrès a quasi exclusivement tourné sur la relation avec les insoumis, la tension est montée d'un cran lorsque Jérôme Guedj, député PS, a traité Jean-Luc Mélenchon de « salopard antisémite », ouvrant ainsi une nouvelle guerre avec la formation de gauche radicale.
Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure ne veut pourtant éteindre la flamme de l'union, puisqu'il a participé à l'initiative portée par Lucie Castets et l'écologiste Marine Tondelier, au sujet d'une candidature commune en vue de 2027. Ce qui a réveillé des divisions… au sein même du PS. L'opposition au chef des socialistes juge que le cadre de ce « serment de Bagneux » laisse la porte à un retour de LFI dans l'équation. Bis repetita, et retour à la case division pour un parti qui arrive même à s'entre-déchirer sur le terme « islamophobie » dans un contexte où le parti mélenchoniste a fait de la lutte contre les discriminations visant les musulmans l'un des axes majeurs de son combat politique.
En parallèle, et au regard de ce tableau peu réjouissant, plusieurs personnalités prennent leur distance avec l'union de la gauche en vue de 2027. C'est notamment l e cas de l'écologiste Yannick Jadot ou du communiste Fabien Roussel, qui a décliné l'invitation de Lucie Castets. Mais pas de quoi miner la principale intéressée. « La réalité est plus complexe au sein des appareils eux-mêmes. Des élus qui occupent des places importantes dans les directions de partis qui n'ont pas souhaité se rendre à Bagneux, m'ont dit : 'Tu peux compter sur moi'», assure-t-elle auprès de franceinfo.
Pour l'heure, 2027 reste encore (un peu) loin pour les différentes composantes de la gauche. Ces dernières ont d'abord les yeux rivés sur les municipales qui font depuis de longues semaines l'objet de tractations tendues et de chamailleries âpres. Une autre occasion de se déchirer en quelque sortes.

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Parisien
9 minutes ago
- Le Parisien
Profils des victimes, tireur présumé retrouvé sans vie… Ce que l'on sait sur les deux morts par balle en Côte d'Or
Une scène d'horreur s'est jouée sur le parking d'une entreprise de BTP de Bressey-sur-Tille (Côte d'Or), près de Dijon. Les corps de deux hommes, tués par balles, y ont été découverts, dans la nuit de jeudi à vendredi. L'auteur présumé de ce double meurtre a été retrouvé mort, dans l'après-midi de ce vendredi. Une enquête est en cours pour déterminer les causes de ce double assassinat. La macabre découverte a été faite « par un employé ». Ce dernier a trouvé les corps des deux salariés « dans leurs voitures respectives, sur le parking de l'entreprise », précise le procureur de la République adjoint de Dijon, Pascal Labonne-Collin, dans un communiqué diffusé vendredi soir. Les deux victimes ont « été assassinées par arme à feu ». Elles étaient âgées de 42 ans. Le maire de la municipalité, Lionel Sanchez, avait indiqué s'être rendu tôt vendredi dans l'entreprise afin « d'apporter (son) soutien ». « Il y a deux décédés, apparemment des employés », avait-il ajouté, sans être en mesure d'en dire davantage notamment sur les circonstances. Une importante chasse à l'homme a été lancée dès le début de la matinée. Selon la gendarmerie, plus de 160 gendarmes ont été mobilisés, de la région et de l'ensemble de la France, et notamment des unités d'élite du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN). Cette « vaste opération » visait à retrouver « l'auteur présumé du double homicide », « salarié de l'entreprise, qui avait pris la fuite et était armé », a précisé le procureur adjoint dans son communiqué. Finalement, ce dernier a été retrouvé « sans vie, vers 14h30 à Lamarche-sur-Saône » (Côte d'Or), sur une aire de pique-nique. Selon nos informations, le tireur présumé était un homme âgé de 55 ans, il vivait dans la région. Il a été identifié comme étant Laurent L.. Il « s'était manifestement suicidé avec son arme », indique le parquet de Dijon, précisant que l'employé « semblait depuis quelques semaines instable ». Un litige entre le tireur et les deux personnes découvertes mortes dans l'entreprise pourrait être à l'origine des faits. Le procureur adjoint n'a pas donné de détails sur les circonstances du double meurtre, ni les mobiles du tireur présumé. « L'enquête va se poursuivre pour déterminer les causes de ce double assassinat », a déclaré le parquet de Dijon. Contactée par l'AFP, la société de BTP touchée par le drame n'a pas souhaité faire de commentaire. Spécialisée dans le béton, elle est récemment née de la fusion de deux sociétés du BTP, unissant deux grandes familles d'entrepreneurs de Côte d'Or.


Le Parisien
39 minutes ago
- Le Parisien
Narcotrafic à Nîmes : le couvre-feu instauré pour les mineurs reconduit pour deux semaines
Le couvre-feu imposé aux mineurs de moins de 16 ans dans certains quartiers prioritaires de Nîmes est prolongé pour 14 jours supplémentaires, a annoncé la ville de Nîmes vendredi, justifiant cette décision par « des circonstances de dangerosité et d'insécurité qui menacent encore ». Cette mesure en cours depuis le 21 juillet interdit aux mineurs de sortir non accompagnés entre 21 heures et 6 heures dans les quartiers les plus sensibles de la ville. Elle avait été instaurée après une succession de « fusillades, règlements de comptes et tensions entre bandes », avait alors expliqué la municipalité, précisant que la mesure était « renouvelable si nécessaire ». « La situation ne permet malheureusement pas de lever à ce jour le couvre-feu, il est essentiel de prolonger le dispositif afin de protéger au maximum les populations et particulièrement les plus jeunes », indique Jean-Paul Fournier, le maire de Nîmes, dans un communiqué . Le couvre-feu initial, qui devait prendre fin lundi à 6 heures, sera donc prolongé jusqu'au lundi 18 août. Alors que six quartiers prioritaires étaient concernés par le premier arrêté, ils ne seront plus que quatre à compter de lundi : Pissevin, Mas de Mingue, Chemin-bas et Valdegour, qui sont régulièrement le théâtre de fusillades ou d'assassinats liés au trafic de stupéfiants. Depuis quelques années, des villes moyennes comme Nîmes, Avignon ou Béziers sont rattrapées par un niveau de violences jusqu'alors réservé à Marseille, épicentre du narcobanditisme dans le sud de la France. « Nous restons pleinement engagés pour la sécurité des habitants, dans les limites de nos compétences. Nous appelons à des réponses fortes et coordonnées, portées par l'ensemble des acteurs publics, pour lutter activement contre le narcobanditisme qui pollue le quotidien des Nîmois de ces quartiers », souligne dans le communiqué Richard Schieven, l'adjoint au maire en charge de la sécurité. Cet été d'autres villes, de toutes couleurs politiques, ont mis en place des couvre-feux pour mineurs, à l'instar de Carpentras (Vaucluse), Béziers (Hérault), Triel-sur-Seine (Yvelines), Villecresnes (Val-de-Marne) ou encore Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Ces couvre-feux, dont l'efficacité reste difficile à mesurer, sont régulièrement attaqués en justice, notamment par la Ligue des droits de l'homme (LDH). « Les mesures de couvre-feu que peuvent mettre en place les maires, ce sont (normalement) des mesures ponctuelles, exceptionnelles, liées à leur commune. On voit bien que là, à chaque fois, la justification, c'est la délinquance liée au narcotrafic », a relevé auprès de l'AFP Sophie Mazas, avocate au barreau de Montpellier, qui a porté plusieurs contentieux liés à ces mesures. « Ce n'est pas un maire qui va gérer le narcotrafic, (…) on est sur une problématique nationale », a-t-elle ajouté.


Le HuffPost France
an hour ago
- Le HuffPost France
Elon Musk continue d'investir massivement pour le parti républicain, malgré sa brouille avec Donald Trump
ÉTATS-UNIS - Elon Musk n'en voudrait-il finalement pas tant que ça à Donald Trump? Le PDG de Tesla et X a fait un don total de 15 millions de dollars en juin à des Super PAC (Political Action Committees) républicains, ces entités créées avec pour seul but de participer financièrement à une élection, en vue des midterms aux États-Unis l'année prochaine, les élections de mi-mandat. Un investissement qui s'est effectué alors même qu'Elon Musk était en conflit avec le président américain au sujet de la législation fédérale sur les dépenses publiques, et quelques jours seulement avant que l'homme le plus riche du monde n'annonce la création de son propre parti politique. Trois dons de 5 millions de dollars chacun ont été faits en date du 27 juin à MAGA Inc., au Senate Leadership Fund et au Congressional Leadership Fund, selon la presse américaine qui rapporte l'information ce vendredi 1er août, dont CNN et NBC. Par ailleurs, les rapports de campagne de la Commission électorale fédérale montrent qu'Elon Musk a investi cette année plus de 45 millions de dollars de sa poche dans America PAC, le Super PAC qu'il supervise. Cela alors qu'il s'efforçait, sans succès, d'influencer début avril sur le résultat d'une élection à la Cour suprême du Wisconsin. Fâcherie publique et création de parti Au total, Elon Musk a contribué à hauteur de plus de 270 millions de dollars à la campagne de Donald Trump pour la Maison Blanche. Habitué du Bureau ovale, il a aussi piloté la Commission pour l'efficacité gouvernementale (Doge) destinée à réduire drastiquement les dépenses fédérales. Il a quitté Doge en mai pour reprendre en main ses entreprises et, en particulier, Tesla dont l'image et les ventes ont souffert dans le monde du fait de cette collaboration. Peu après, lui et le président ont durement et publiquement commencé à ferrailler au sujet du projet de loi budgétaire de Donald Trump. Fermement opposé à ce texte, dont il dénonce l'impact sur les finances publiques, Elon Musk avait promis de lancer son propre parti politique si le texte était adopté. Ce qu'il a fait au début du mois de juillet avec la création du « parti de l'Amérique » pour dépasser, selon lui, la situation de « parti unique » aux États-Unis. Une initiative jugée... « ridicule » par Donald Trump. Malgré tout, si Elon Musk fait courir un risque aux républicains, les obstacles sont nombreux et les chances de succès de ce parti restent faibles.