
Un contractuel menacé de mort pour une amende – Le procès s'ouvre à Lausanne
À Lausanne, la tâche principale des assistants de sécurité publique est le contrôle du respect des horaires de stationnement des véhicules. L'un d'entre eux, à la rue Saint-Martin à Lausanne, en 2020.
24 HEURES
En bref:
Un procès criminel, mardi à Lausanne, rappelle que le métier de policier est à risque. Les forces spéciales sont en première ligne. Les contractuels sont aussi exposés. À Lausanne, ils portent le nom d' assistant de sécurité publique (ASP). L'un d'entre eux, qui verbalisait un fourgon mal parqué dans le quartier de Prilly-Malley, dit avoir échappé à la mort, à la veille de Noël, en 2023. Un vingtenaire, qui n'était pas titulaire du véhicule, aurait tenté de le poignarder après l'avoir insulté. Il est accusé de tentative d'assassinat.
Contacté, le corps de police nous répond que les agents ASP sont régulièrement confrontés à des incivilités lors des contrôles de stationnement et des interventions dans la rue. Les statistiques montrent que la tendance est même à la hausse ces derniers temps. Une dizaine de plaintes pénales sont déposées en moyenne par année. Principalement pour des injures. Deux tentatives d'assassinat
Les agressions physiques existent, mais restent «marginales», toujours selon la police de Lausanne, qui enregistre deux cas graves depuis quinze ans. Le premier est celui d'une contractuelle blessée par balles en 2011 à Montbenon . Condamné, l'auteur, qui voulait s'en prendre aux forces de l'ordre, l'avait choisie par hasard. Le deuxième cas est plus récent. Il s'agit justement de cette affaire qui vient d'être débattue au Palais de justice de Montbenon, en début de semaine.
L'acte d'accusation relève que, le jour des faits, vers minuit, le prévenu sort de chez lui et tombe sur un agent ASP en train d'amender. Sans raison apparente, le jeune homme l'insulte et le filme de près avec son téléphone portable. La vidéo, qui a été diffusée durant l'audience, est saisissante. «Voilà, le frérot, il met des amendes au quartier», lui adresse-t-il en public avant d'ajouter. «Je vous mets 3000 balles sur lui, 3000 balles, sur la vie de ma mère. Dans cinq minutes, toi, tu te fais éteindre, fils de pute, vas (sic) sur la vie de ma mère quoi.» L'agent ASP est karatéka
La suite des événements se déroule hors caméra. Le fonctionnaire, défendu par Gilles Miauton, raconte devant la Cour que tout s'est passé en quelques secondes. Après l'avoir menacé, l'agresseur sort un couteau à viande d'un sac en papier et tente deux fois de le «planter au niveau de l'abdomen». La victime, champion de karaté , le désarme grâce à un coup de pied latéral. Puis, avec l'aide d'un collègue, il tente de l'immobiliser. Sous la pression d'une foule de curieux qui se regroupe, l'agresseur s'enfuit. Pour être arrêté plus tard.
L'apprenti, qui a grandi à Lausanne, regrette les menaces, mais «son but n'a jamais été de le poignarder». Une position qu'il maintient depuis une année et demie en prison. Il reconnaît avoir montré le manche de la lame par pure provocation, mais il ne l'a jamais exhibée. Le postadolescent dit avoir agi sous l'effet de l'alcool et du cannabis. L'arme blanche qu'il transportait devait servir à couper un gâteau d'anniversaire de sa copine. Au moment de la rencontre, il était en route pour la rejoindre et célébrer. Couteau de 30 cm
Dans cette affaire, il n'y a pas de témoin. C'est parole contre parole. Chaque camp a tenté de soulever les contradictions de l'autre. La procureure Florence Jolliet estime ainsi que la version de l'accusé ne tient pas la route. Ce soir-là, le jeune voulait en découdre. Il y a eu le film, les menaces, l'attaque. Selon elle, personne ne se promène sans raison avec un couteau d'une longueur totale de 30 cm, qui a été retrouvé sur place. Enfin sa version des faits a évolué durant l'instruction.
L'avocat de la défense, Flamur Redzepi, affirme que l'agent assermenté a surréagi, sous le coup de l'émotion. À la vue de l'arme, après avoir été insulté, il a perdu les nerfs et fait usage de la dangereuse «prise de la guillotine» – ce qui est contesté – pour le maîtriser. Se rendant compte de son manque de sang-froid, pour éviter toute réprimande, la victime aurait élaboré la thèse de l'attaque au couteau pour se protéger. Thèse qui serait bourrée de contradictions. «Il reste dangereux»
À l'issue des débats à Lausanne, l'accusé a réitéré ses regrets. Il a rappelé son jeune âge et invité le Tribunal à faire preuve de clémence, au bénéfice du doute. L'agent ASP a maintenu sa position: il estime que l'individu reste «dangereux». Le Parquet a requis 8 ans de prison. Verdict mardi prochain.
Tentative d'assassinat et violences contre la police Newsletter
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Dominique Botti est journaliste à la rubrique vaudoise de 24 Heures, spécialisé dans les enquêtes de terrain, les faits divers et l'actualité judiciaire. Plus d'infos
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