
Il écope de 7 ans de prison pour avoir violé une ado sur une plage du Léman
L'affaire jugée cette semaine à Vevey s'est déroulée en août 2023 à Montreux.
Odile Meylan/Tamedia (archives)
En bref:
Pour que le doute profite à l'accusé, il faut que doute il y ait. Or, la Cour du Tribunal criminel de l'Est vaudois n'a manifestement pas gobé une seconde la version «servie froidement», dixit l'avocat de la victime, par le jeune prévenu de cette sordide affaire de viol sur mineure.
La justice n'a pas non plus retenu les arguments de sa défenseuse d'office, qui réclamait la relaxe de son client. C'est donc une peine privative de liberté ferme qu'elle a signifiée à ce Syrien, aujourd'hui âgé de 21 ans, qui a nié jusqu'au bout les faits sans émettre le moindre regret.
En cela, les quatre juges et la présidente ont suivi à la lettre le réquisitoire de la procureure Myriam Bourquin. Dans l'acte d'accusation, on comprend l'horreur vécue par une adolescente californienne âgée de 13 ans, venue en famille passer quelques jours en Suisse à l'été 2023. Adolescente en fugue
Le soir du 1er août vers minuit, Ginny* fugue de son hôtel montreusien pour rejoindre une amie qu'elle ne trouvera pas. Sa route croise celle de Fayez*, incapable d'expliquer de manière convaincante la raison de sa présence à cet endroit. «Difficile donc de se départir de l'image de quelqu'un qui erre à Montreux en quête d'une proie», lâchera Me Raphaël Jakob, avocat de l'adolescente dispensée de comparution.
Après l'avoir interpellée une première fois, Fayez retrouve l'adolescente et échange quelques mots grâce au traducteur automatique de son téléphone. Décontenancée, puis apeurée et inquiète, Ginny évoque un «petit ami», dit qu'elle est mineure et part, refusant que Fayez la raccompagne. Mais il la rattrape et l'immobilise. Alors qu'elle sort un petit couteau suisse, l'assaillant s'en saisit et la blesse à la cuisse avant de l'emmener sur une petite plage déserte. Une partie du viol filmée
À l'abri des regards, il la contraint à une première fellation, puis la pénètre vaginalement, la force à lui refaire une seconde fellation et quitte les lieux, non sans avoir filmé une partie de ses actes. «Avec sa permission», affirme-t-il…
C'est que dans la version du prévenu, qui se contredit souvent, la relation sexuelle était aussi imprévue que consentie. «Son comportement m'a fait penser qu'elle voulait quelque chose avec moi», a-t-il affirmé lundi en audience.
La procureure le dira dans son réquisitoire, ce funeste soir d'août au bord du Léman, une jeune fille de 13 ans a non seulement été victime d'un viol commis avec cruauté, mais elle a en outre cru qu'on allait la tuer.
Certes, Ginny répond à des passants, inquiets de la voir avec du sang sur une jambe: elle a été violée. Et elle leur désigne son agresseur, qui se tient juste un peu plus loin. Mais elle prend la fuite avant l'arrivée de la police. «C'est une ado qui se sent coupable d'avoir fugué, qui est affolée, honteuse et sûre qu'on ne la croira pas», explique à ce propos la procureure Bourquin. Enquête à distance
De fait, ce n'est que trois semaines plus tard, de retour aux États-Unis, que Ginny s'effondre, parle à sa mère et déclenche un appareil judiciaire qui se heurte aux obstacles engendrés par la distance.
Me Than-My Tran-Nhu saisit du reste cette communication difficile pour tenter de disculper son client: recueillies par vidéoconférence, les versions de la mère et de la fille ne sont pas toujours uniformes. «On décrit mon client comme un prédateur sexuel violent. Comment expliquer dès lors qu'il reste sur les lieux après les faits et qu'il envoie, à la demande de Ginny, les images qu'il a filmées?» reprend l'avocate.
S'appuyant sur les informations extraites du portable de la jeune fille par la police, Me Tran-Nhu s'étonne aussi du caractère sexuel de certaines recherches faites sur internet «par la victime d'un viol quelques heures, puis quelques jours après les faits».
Pas de quoi ébranler la conviction de la Cour qui condamne au final Fayez à 7 ans de réclusion (moins les 511 jours de préventive déjà purgés) pour lésions corporelles graves, actes d'ordre sexuel avec des enfants, contrainte sexuelle avec cruauté, viol avec cruauté et pornographie. Il devra en outre s'acquitter d'un montant de 30'000 francs au titre de réparation pour tort moral.
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Autres newsletters Frédéric Ravussin est journaliste à 24 heures depuis 2005 pour qui il couvre l'actualité régionale du Nord vaudois. Au-delà de ces frontières géographiques, il a un intérêt marqué pour les sujets touchant au monde des animaux (les oiseaux en particulier) et au domaine du sport. Plus d'infos @fredravussin
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