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Le Soudan frappé par la pire épidémie de choléra depuis des années

Le Soudan frappé par la pire épidémie de choléra depuis des années

La Presse9 hours ago
Des proches de patients atteints du choléra attendent au centre d'isolement où les malades sont soignés, dans la ville de Tawila au Darfour, le 14 août 2025.
Le Soudan frappé par la pire épidémie de choléra depuis des années
(Tawila) Au moins 40 personnes sont mortes en une semaine au Darfour, dans l'ouest du Soudan, dans la pire épidémie de choléra que ce pays, en proie à la guerre civile, ait connue depuis des années, a annoncé jeudi Médecins sans Frontières.
Agence France-Presse
Dans la seule région du Darfour, les équipes de MSF ont soigné « plus de 2300 patients et enregistré 40 morts la semaine dernière en raison du choléra », a déclaré l'ONG.
« En plus d'une guerre généralisée, les Soudanais font actuellement face à la pire épidémie de choléra que le pays ait connue depuis des années », a souligné MSF dans un communiqué.
Cette maladie diarrhéique, transmise par l'eau et la nourriture contaminées, peut tuer en quelques heures sans traitement.
Le choléra peut être soigné par une simple réhydratation orale, voire des antibiotiques, mais la guerre qui oppose depuis avril 2023 l'armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) a mis à genoux le système de santé et rend ces traitements souvent inaccessibles.
PHOTO MARWAN ALI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Un agent de santé administre un vaccin oral contre le choléra à une femme lors d'une campagne de vaccination de 10 jours à Khartoum, au Soudan, le 13 août 2025.
Depuis juillet 2024, environ 100 000 cas ont été recensés et la maladie se propage dans tous les États du Soudan, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon l'UNICEF, plus de 2408 morts ont été enregistrées dans 17 des 18 États depuis août 2024.
Selon cette agence de l'ONU, plus de 640 000 enfants de moins de cinq ans sont menacés par la maladie au Darfour-Nord, où les combats font rage autour d'El-Facher, la capitale provinciale, dont les FSR tentent de s'emparer.
Tawila, épicentre de l'épidémie
La situation est la plus critique à Tawila, où des centaines de milliers de Soudanais fuyant les combats autour d'El-Facher ont trouvé refuge après l'attaque en avril du camp voisin de Zamzam par les FSR.
« À Tawila, les habitants survivent avec une moyenne de seulement trois litres d'eau par jour, soit moins de la moitié du seuil minimum d'urgence de 7,5 litres par personne et par jour nécessaire pour boire, cuisiner et assurer l'hygiène, selon les recommandations de l'OMS », a indiqué jeudi MSF.
Privés d'eau potable, de soins et d'hygiène, des centaines de milliers de Soudanais sont livrés à eux-mêmes. « Nous mélangeons du citron dans l'eau […] et nous le buvons comme remède », confiait cette semaine à l'AFP Mona Ibrahim, une femme déplacée à Tawila depuis deux mois. « Nous n'avons pas de toilettes, les enfants défèquent en plein air ».
Selon l'ONU, environ 300 enfants atteints de choléra ont été recensés dans cette ville depuis avril.
« Dans les camps de déplacés, les familles n'ont souvent pas d'autre choix que de boire de l'eau contaminée », a déclaré Sylvain Penicaud, coordinateur de MSF à Tawila. « Il y a deux semaines, un corps a été trouvé dans un puits. Il a été enlevé, mais deux jours après, les gens ont été obligés de boire à nouveau cette eau ».
« La situation est au-delà de l'urgence », a affirmé Tuna Turkmen, chef de mission pour MSF au Soudan. « L'épidémie se propage bien au-delà des camps de déplacés. »
Dans un pays où les combats verrouillent les axes principaux et paralysent la logistique, l'acheminement de l'aide humanitaire est devenu presque impossible.
La saison des pluies, qui s'intensifie en août, pourrait aggraver la crise sanitaire.
À Damazin, la capitale de l'État du Nil Bleu, dans le sud-est du Soudan, MSF observe une combinaison mortelle de choléra et de malnutrition : « Entre le 3 et le 9 août, six patients atteints de choléra morts souffraient également de malnutrition aiguë », selon MSF.
À El-Facher, au moins 63 personnes sont mortes de malnutrition en une semaine, a indiqué dimanche à l'AFP un responsable du ministère de la Santé.
Près de 25 millions de personnes souffrent d'une insécurité alimentaire aiguë au Soudan, où la famine a déjà gagné plusieurs régions. La guerre a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué ce que l'ONU décrit comme « la pire crise humanitaire au monde. »
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