
Violences urbaines : «La République doit comprendre que, si elle est encore en paix, certains lui ont déjà déclaré la guerre»
Ce combat doit engager toutes nos institutions, ajoute-t-elle.
Céline Cléber est haut fonctionnaire. Elle a publié en 2025 Douce France, l'étincelle, aux éditions du Toucan noir. Elle écrit sous pseudonyme.
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À Limoges, Nîmes ou Compiègne, et dans bien d'autres villes, les violences des derniers jours sont en fait constitutives d'une véritable guérilla urbaine.
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Les émeutes de ce type ne sont pas une nouveauté. Les premières commencent dès 1979 à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue de Lyon. Les années 80 et 90 verront l'enracinement du phénomène qui, depuis, n'a cessé de prospérer, même si certaines années sont « meilleures » que d'autres.
À chaque fois, ou presque, le scénario est le même : policiers ou gendarmes tentent d'appréhender des malfaiteurs et une partie de la population du quartier les empêche d'agir. Si un délinquant est blessé ou tué, c'est la déflagration.
La réaction des pouvoirs publics est aussi toujours la même : dans l'urgence, le Gouvernement envoie des forces mobiles, tandis qu'en sous-main on conseille aux policiers et gendarmes de ne pas faire de zèle dans le quartier, «pour calmer le jeu». Il y a rarement un ordre écrit, mais une consigne orale qui vient du cabinet du ministre de l'Intérieur, et que le préfet répercute lors de sa réunion de sécurité régulière avec les chefs des services du département. De leur côté, les maires affichent leur incompréhension et réclament, plus de moyens, plus de prévention…
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Quelques semaines plus tard, tout est oublié et la Justice…ne passe pas, ou pas toujours, ou pas vraiment. Après les émeutes de 2023, à la suite de la mort de Nahel Merzouk, un rapport des inspections générales de la Justice (IGJ) et de l'Administration (IGA) montre que sur 2 519 majeurs poursuivis, 1249 ont été jugés et condamnés. 60 % des condamnés l'ont été à de la prison ferme, dans les deux tiers des cas à une peine inférieure à 12 mois. Dit autrement, cela signifie que seulement 10% des poursuivis ont été condamnés à plus d'un an d'emprisonnement. Cerise sur le gâteau, la durée moyenne des peines aura été de... 8,9 mois, inférieure à celle d'une année « classique », par exemple 9,7 mois, pour l'année 2021, sans compter les très fréquents aménagements de peines. Sur plus long terme, on « rénove », « réhabilite » et « désenclave » des quartiers à coups de centaines de millions d'euros, plus de 120 milliards depuis 2010. Et pourtant rien ne change !
J'entends déjà certains bobos des beaux quartiers sur le thème « puisque cela existe depuis 40 ans, pourquoi s'exciter aujourd'hui ? ». C'est que la situation est devenue très inquiétante parce que se cumulent cinq facteurs de risques qui ont pris une ampleur considérable, comme j'ai voulu l'exposer dans Douce France (Toucan noir, 2025).
Les islamistes partagent avec les dealers les mêmes origines, la même (in)culture, notamment religieuse, les mêmes quartiers, la même haine de la France.
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L'a montée de la drogue est évidente. Tout parent sait que de la drogue est désormais proposée à ses enfants dans la plupart des soirées. Si les vols à l'étalage, de voitures ou les braquages ayant mal tournés étaient fréquemment à l'origine des troubles jusqu'aux années 2000, c'est aujourd'hui le trafic de drogue qui est au cœur des violences. Dès 1992, Julien Dray est contraint de reconnaître, dans un rapport sur la violence des jeunes dans les banlieues, que cette violence est aussi issue des manipulations des caïds et des dealers pour contrarier les interventions des forces de police dans leurs secteurs.
La massification par le nombre des attaquants, rendue possible par l'immigration incontrôlée qui offre aux trafiquants une main-d'œuvre désœuvrée, étrangère à nos valeurs et potentiellement inépuisable, et leur coordination, grâce aux réseaux sociaux et aux smartphones, se traduisent par de véritables opérations d'assaut ou d'embuscades destinées à blesser, voire tuer des agents des forces de l'ordre, illustrées par l'incroyable tentative d'intimidation des attaques de prisons d'avril dernier. Si les moyens de communication modernes facilitent la mobilisation des émeutiers, ils l'encouragent aussi en diffusant des messages banalisant violence et trafics, et très hostiles aux forces de sécurité. (Rapport IGJ-IGA).
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Dans le même temps, l'ultraviolence a connu une explosion en France. La violence est désinhibée pour des voyous qui déshumanisent leurs adversaires, ce qui permet toutes les abjections, comme d'exécuter un concurrent puis de le brûler, le tout filmé et diffusé sur les réseaux (Nîmes). L'ONU y recense, en 2023, 1,34 homicide volontaire par 100 000 habitants. C'est le taux le plus élevé de toute l'Europe de l'Ouest, à comparer au 0,91 allemand ou au 0,69 espagnol. Il y a plus d'homicides en France qu'en…Italie, en dépit de ses mafias, camorra et autres Ndrangheta (taux de 0, 57). Ce pays montre d'ailleurs qu'il n'y a pas de fatalité : il y avait plus de 1000 homicides volontaires dans la botte en 1995, ils sont tombés à 338 en 2023, contre…. 887 en France.
L'islam le plus frustre constitue un trait d'union entre l'immense majorité des voyous et nourrit un sentiment de toute-puissance et d'hostilité à la France mécréante, d'autant plus qu'il s'y mêle un «décolonialisme» simpliste, exploité par certaines forces politiques et que diffuse une partie des médias. Les islamistes partagent avec les dealers les mêmes origines, la même (in)culture, notamment religieuse, les mêmes quartiers, la même haine de la France. Le risque le plus grand est désormais qu'ils se rejoignent sur les objectifs, à savoir mettre l'État à genoux.
La République doit comprendre que, si elle est encore en paix, certains lui ont déjà déclaré la guerre, sur son sol.
Cet État, justement, est faible, divisé entre un ministre de l'Intérieur allant et un Garde des Sceaux, coincé par des magistrats souvent isolés dans leurs certitudes. Un État qui traite tous ces symptômes comme autant d'évènements isolés, alors que c'est à une vague collective de détestation et de rejet qu'il doit faire face. La justice sanctionne, modérément, des «violences aggravées» ou des «destructions ou dégradations de biens», là où elle devrait frapper la « participation active à un attroupement armé », la « rébellion », voire des « mouvements insurrectionnels », avec à la clé des peines beaucoup plus lourdes, quitte à ce que le législateur fasse évoluer le Code pénal.
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Des risques qui constituent autant de fronts : lutter sans pitié contre le trafic de stupéfiants, réduire la pression migratoire sur notre territoire et mieux encadrer les réseaux sociaux, stopper la banalisation de la violence et imposer les valeurs de la culture française, dont fait partie la pacification des mœurs, éradiquer l'islamisme, rendre à l'État son autorité et, osons les mots, sa capacité à faire usage de la force. La République doit comprendre que, si elle est encore en paix, certains lui ont déjà déclaré la guerre, sur son sol. Un ministre de l'Intérieur, en dépit de ses qualités, ne suffira pas pour mener cette guerre-là, qui doit engager toutes nos institutions, chef de l'État, Parlement, Gouvernement, et jusqu'au Conseil constitutionnel, devenu l'un des principaux freins au rétablissement de l'État de droit, le vrai, celui des citoyens honnêtes.
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