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Du lit d'hôpital aux ultramarathons

Du lit d'hôpital aux ultramarathons

La Pressea day ago
Le 20 décembre 2017, aux alentours de midi, Maxime D'Astous a percuté une déneigeuse de plein fouet sur l'autoroute 40. Embardée. Trou noir. Coma artificiel. Diagnostic : deux vertèbres du cou fracturées et traumatisme crânien. Les probabilités qu'il puisse un jour marcher de nouveau étaient infimes. Et pourtant. Ce samedi matin, il sera sur la ligne de départ du Québec Méga Trail 80 km, à Charlevoix.
Quand il est sorti du coma, quelques jours après son accident, Maxime D'Astous avait été opéré. Une opération délicate dont il aurait pu ressortir quadriplégique, nous dit-il au téléphone Ses vertèbres du cou et de la tête avaient été « fusionnées », soudées. « J'ai beaucoup de chance juste de bouger en ce moment. »
À son réveil, Maxime avait été attaché afin d'éviter qu'il ne fasse une chute. Il ignorait qui il était et ne reconnaissait ni ses parents ni sa copine de l'époque. Le côté droit de son corps était paralysé. Il faisait du strabisme, ce qui l'empêchait de voir clair. « Je pensais que j'étais dans les années 1980 et je ne suis même pas né dans les années 1980 ! », raconte-t-il.
PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS
Maxime D'Astous a été plongé dans un coma artificiel après un accident en 2017.
Ce n'est que plusieurs jours plus tard que les choses ont commencé à se clarifier. Quand les médecins lui ont retiré son masque laryngé, Maxime a regardé son père. « Mon rêve, c'est de marcher à nouveau », lui a-t-il soufflé. Ce père, qui venait d'apprendre que les probabilités de voir son fils marcher, voire se tenir debout avec un déambulateur ou avec une canne, étaient « infimes » …
Mais Maxime vient d'une famille « hyper positive ». Il y croyait, et son père aussi. « Quand il t'arrive une épreuve dans la vie, y croire, c'est déjà une bonne étape », rappelle le natif de Sayabec, dans la Matapédia.
« Un soir, quatre personnes du personnel de soutien m'ont levé pour que j'essaie de me tenir debout. J'étais mou comme de la guenille. Je n'ai même pas marché, ce sont eux qui m'ont soutenu. Sauf que mon cerveau a enregistré que j'étais capable d'avancer un peu. »
Dans les semaines qui ont suivi, Maxime vivait comme un chat : il dormait plus de 20 heures par jour et ne se réveillait que pour manger de la purée.
Puis, il a commencé à progresser.
PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS
Maxime D'Astous avec son déambulateur
Il y a d'abord eu la « marche en marchette ». Puis la « marche en chambranlant », suivie de la marche « un peu plus correcte ». « Toutes les fois que je rentrais dans un cabinet de médecins, je voyais leur face. […] Je voyais qu'ils étaient vraiment stupéfaits de me voir arriver en marchant. »
Quelque six mois après son accident, il prenait part à une course de 1 km à Rimouski. « C'était tellement dur, juste m'entraîner pour 1 km ! se souvient-il. Je n'en reviens pas que j'ai réussi. »
Marathonien toute sa vie
Concrètement, Maxime D'Astous a passé deux ou trois ans en « réadaptation intensive ». « Ç'a pris du temps avant que j'accepte que j'avais le cou soudé, que mon côté droit était plus faible. Il l'est encore à ce jour. »
En 2020, trois ans après son accident, l'homme aujourd'hui âgé de 34 ans a acheté une fourgonnette, ce qui lui a permis de commencer à voyager. Et deux ans plus tard, en 2022, il a vendu sa maison afin d'y vivre à temps plein. « Le van m'apportait juste un plus grand bonheur. J'ouvre la porte et je découvre chaque matin un paysage nouveau. »
PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS
En 2022, Maxime D'Astous a vendu sa maison pour vivre à temps plein dans sa fourgonnette.
Maxime a commencé à courir plus sérieusement il y a un an et demi, en 2023. Il revenait d'un voyage de deux mois en Europe. « Je n'étais pas en forme, pas en santé, et je me suis dit : c'est assez. J'ai eu une première chance, je ne veux pas me maganer la vie non plus. »
Il a couru 10 kilomètres, puis 11, puis 15. En avril 2024, il a fait son premier demi-marathon. En septembre 2024, son premier marathon, à Rimouski.
« C'est le plus bel accomplissement de ma vie. Sans contredit. […] Le marathon, pour moi, c'était un mur infranchissable. »
« Je suis conscient que je peux mourir demain, que les soudures dans mon cou peuvent lâcher. J'en suis conscient chaque jour. J'ai des douleurs et j'ai un suivi chaque année pour voir s'il n'y a rien de détaché. Je me dis que ce marathon-là, peu importe ce qui m'arrive après, on ne pourra jamais me l'enlever. Je vais être marathonien toute ma vie. »
PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS
Maxime D'Astous lors d'un marathon
Son histoire ne s'arrête pas là.
Il y a quelques semaines à peine, Maxime a participé à l'Ultra Trail Gaspésia 55. Une expérience qu'il a adorée. Ce samedi, ce sera le Québec Méga Trail. Il courra 80 km dans les sentiers de Charlevoix. Depuis des mois, il se prépare en parcourant de 100 à 150 km par semaine.
« Je me sens quand même stressé, mais fébrile en même temps. […] Je m'en vais dans un univers que je ne connais pas, mais qui me remplit. Courir dans la boue, éviter les obstacles à chaque pas, c'est de la pleine conscience, mais à un niveau supérieur. Les odeurs, le vent… Tout ça est condensé dans la course en trail. »
« C'était qui, Maxime D'Astous ? »
Aujourd'hui, Maxime D'Astous perçoit son accident à la fois comme la pire et la meilleure chose qui pouvait lui arriver. La pire, parce qu'il vit avec de nombreuses limitations – trous de mémoire, difficultés d'organisation, incapacité à bouger sa tête de gauche à droite. La meilleure, parce qu'elle lui a permis de voir la vie autrement.
Il se souvient, dans les semaines qui ont suivi le 20 décembre 2017, avoir longtemps cherché qui il était. Lui qui avait été un chansonnier de carrière – il faisait 200 spectacles par année à travers le Québec –, et qui soudainement, se retrouvait cloué à un lit d'hôpital.
« Si je n'étais plus un chansonnier qui buvait, qui faisait le tour du Québec, j'étais qui ? Sans musique, c'était qui, Maxime D'Astous ? »
PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS
Depuis des mois, Maxime D'Astous se prépare pour le Québec Méga Trail en parcourant de 100 à 150 km par semaine.
Il a acheté des plantes, parcouru les friperies, à la recherche d'une passion. « Je me disais : non, ce n'est pas ça qui me rend heureux. J'ai creusé plus profond. Je ne dirais pas que je suis un maître du bonheur ; tous les jours, j'en apprends sur moi. Mais oui, j'ai le bonheur facile. »
Maxime a une « urgence de vivre ». Il donne des conférences. Il publiera bientôt une nouvelle chanson. Il profite de l'instant présent comme jamais auparavant. Il s'arrête pour cueillir des fleurs et ramasser des plumes d'oiseaux, pour enregistrer des sons dans la nature. « Le vivant, il est partout maintenant. »
Longtemps, la musique a été pour lui une raison de vivre. Aujourd'hui, c'est la course qui le rend « le plus heureux au monde », même s'il la perçoit surtout comme « un pont pour ce qui va s'en venir plus tard ».
« J'ai vraiment l'impression que je suis capable d'accomplir de grandes choses. Je ne suis pas en train de dire que je suis un être distinct, zéro, mais je pense que si, hier, j'étais incapable de marcher et qu'aujourd'hui, je cours des marathons et des ultramarathons, sky is the limit. Il n'y a rien d'impossible. »
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