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L'appel unanime à un sursaut européen

L'appel unanime à un sursaut européen

La Pressea day ago
(Aix-en-Provence) Un appel à un sursaut européen : aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence dans le sud de la France, chefs d'entreprises et responsables politiques défendent une Union européenne émancipée et forte face aux États-Unis et à la Chine, mais déplorent des efforts insuffisants pour la sortir de son « déclassement ».
Martine PAUWELS
Agence France-Presse
« Trump, c'est évidemment quelque chose de très adverse pour l'économie mondiale, américaine, européenne, mais c'est le réveil pour nous », a assuré vendredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
« Il faut transposer ce que nous avons réussi en termes de la souveraineté monétaire, il y a 25 ans, avec l'euro, vers la souveraineté économique et la souveraineté financière », a-t-il insisté.
Pour appuyer son propos, il a coiffé une casquette verte portant le message « Make Europe Great Again », clin d'œil au couvre-chef rouge souvent arboré par Donald Trump et libellé de son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).
Politique industrielle fragmentée, coûts élevés de l'énergie, lourdeurs bureaucratiques, retard dans les technologies numériques… le Vieux Continent décroche face aux États-Unis et à la Chine en matière de croissance, de compétitivité et d'innovation.
Il est aujourd'hui confronté au défi supplémentaire d'assurer sa propre sécurité en raison du repli isolationniste de Washington.
« Les problèmes que vit l'Europe, ce n'est pas à cause de Trump », estime Ilham Kadri, directrice générale de l'industriel belge Syensqo, pointant des difficultés structurelles.
« Casse » industrielle
Dans un rapport, l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi estime nécessaire d'investir 800 milliards d'euros annuels – publics et privés – dans l'innovation numérique, la transition verte et les industries de défense.
Mais la santé économique déjà fragile de l'UE a pris un nouveau coup au printemps, quand l'impact des hausses de taxes douanières américaines a conduit à réviser en baisse les prévisions de croissance pour 2025 (0,9 %) et 2026 (1,4 %) en zone euro.
« Le déclassement, il est là », constate Jacques Aschenbroich, le président du groupe de télécommunications français Orange.
Des initiatives perçues comme positives ont été présentées par la Commission européenne dans le cadre de son plan de bataille pour la compétitivité des pays de l'UE : baisse du coût de l'énergie, allègement du fardeau administratif des entreprises, soutien à la décarbonation de l'industrie.
Mais le besoin est pressant de concrétiser ces efforts, estiment de nombreux intervenants à Aix-en-Provence.
Concernant « les rapports Draghi et Letta (sur le marché unique), il ne suffit pas de faire une génuflexion, il faut les mettre en œuvre. Cela fait maintenant un an qu'ils ont été rendus et il ne se passe pas grand-chose », alerte l'économiste français Jean Pisani-Ferry.
Garder l'épargne européenne
À titre d'exemple, Jacques-Philippe Gunther, associé au cabinet d'avocats Latham & Watkins, dénonce le contrôle complexe des fusions d'entreprises par Bruxelles, qui débouchent souvent sur des cessions d'actifs pouvant engendrer « une casse » industrielle. « Ironie de l'histoire, les actifs sont souvent achetés par des Américains ou des Chinois. »
L'OCDE estime, dans une étude, « indispensable de réduire la charge de la réglementation et de lever les obstacles sur le marché intérieur ».
Le ministre français de l'Industrie et de l'Énergie Marc Ferracci appelle lui à mettre en place une préférence européenne dans les aides et marchés publics.
Autre levier de croissance identifié, l'union de l'épargne et de l'investissement qui peine à se mettre en place mais permettrait de mobiliser en faveur des entreprises européennes l'épargne privée, une manne de plus de 35 000 milliards d'euros.
« L'Europe n'arrivera pas à se moderniser si elle ne garde pas son épargne et si elle n'arrête pas d'en envoyer 400 milliards d'euros par an aux États-Unis », argumente l'économiste Patrick Artus.
D'autant que les bouleversements géopolitiques fragilisent davantage les finances de pays européens qui, face à la guerre en Ukraine et la volonté d'aboutir rapidement à un accord commercial avec Washington, se sont engagés fin juin, au sein de l'OTAN, à investir 5 % de leur richesse nationale en faveur de la défense et de la sécurité en 2035.
« Les journalistes, taquins, ont vu dans le sommet de l'OTAN essentiellement la parade du président Trump. Moi, ce que j'ai vu, ce sont des pays européens qui, enfin, ont pris la mesure des menaces qui se sont constituées autour d'(eux) et qui ont décidé de prendre en main leur sécurité », soutient le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.
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(Aix-en-Provence) Un appel à un sursaut européen : aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence dans le sud de la France, chefs d'entreprises et responsables politiques défendent une Union européenne émancipée et forte face aux États-Unis et à la Chine, mais déplorent des efforts insuffisants pour la sortir de son « déclassement ». Martine PAUWELS Agence France-Presse « Trump, c'est évidemment quelque chose de très adverse pour l'économie mondiale, américaine, européenne, mais c'est le réveil pour nous », a assuré vendredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. « Il faut transposer ce que nous avons réussi en termes de la souveraineté monétaire, il y a 25 ans, avec l'euro, vers la souveraineté économique et la souveraineté financière », a-t-il insisté. Pour appuyer son propos, il a coiffé une casquette verte portant le message « Make Europe Great Again », clin d'œil au couvre-chef rouge souvent arboré par Donald Trump et libellé de son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »). Politique industrielle fragmentée, coûts élevés de l'énergie, lourdeurs bureaucratiques, retard dans les technologies numériques… le Vieux Continent décroche face aux États-Unis et à la Chine en matière de croissance, de compétitivité et d'innovation. Il est aujourd'hui confronté au défi supplémentaire d'assurer sa propre sécurité en raison du repli isolationniste de Washington. « Les problèmes que vit l'Europe, ce n'est pas à cause de Trump », estime Ilham Kadri, directrice générale de l'industriel belge Syensqo, pointant des difficultés structurelles. « Casse » industrielle Dans un rapport, l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi estime nécessaire d'investir 800 milliards d'euros annuels – publics et privés – dans l'innovation numérique, la transition verte et les industries de défense. Mais la santé économique déjà fragile de l'UE a pris un nouveau coup au printemps, quand l'impact des hausses de taxes douanières américaines a conduit à réviser en baisse les prévisions de croissance pour 2025 (0,9 %) et 2026 (1,4 %) en zone euro. « Le déclassement, il est là », constate Jacques Aschenbroich, le président du groupe de télécommunications français Orange. Des initiatives perçues comme positives ont été présentées par la Commission européenne dans le cadre de son plan de bataille pour la compétitivité des pays de l'UE : baisse du coût de l'énergie, allègement du fardeau administratif des entreprises, soutien à la décarbonation de l'industrie. Mais le besoin est pressant de concrétiser ces efforts, estiment de nombreux intervenants à Aix-en-Provence. Concernant « les rapports Draghi et Letta (sur le marché unique), il ne suffit pas de faire une génuflexion, il faut les mettre en œuvre. Cela fait maintenant un an qu'ils ont été rendus et il ne se passe pas grand-chose », alerte l'économiste français Jean Pisani-Ferry. Garder l'épargne européenne À titre d'exemple, Jacques-Philippe Gunther, associé au cabinet d'avocats Latham & Watkins, dénonce le contrôle complexe des fusions d'entreprises par Bruxelles, qui débouchent souvent sur des cessions d'actifs pouvant engendrer « une casse » industrielle. « Ironie de l'histoire, les actifs sont souvent achetés par des Américains ou des Chinois. » L'OCDE estime, dans une étude, « indispensable de réduire la charge de la réglementation et de lever les obstacles sur le marché intérieur ». Le ministre français de l'Industrie et de l'Énergie Marc Ferracci appelle lui à mettre en place une préférence européenne dans les aides et marchés publics. Autre levier de croissance identifié, l'union de l'épargne et de l'investissement qui peine à se mettre en place mais permettrait de mobiliser en faveur des entreprises européennes l'épargne privée, une manne de plus de 35 000 milliards d'euros. « L'Europe n'arrivera pas à se moderniser si elle ne garde pas son épargne et si elle n'arrête pas d'en envoyer 400 milliards d'euros par an aux États-Unis », argumente l'économiste Patrick Artus. D'autant que les bouleversements géopolitiques fragilisent davantage les finances de pays européens qui, face à la guerre en Ukraine et la volonté d'aboutir rapidement à un accord commercial avec Washington, se sont engagés fin juin, au sein de l'OTAN, à investir 5 % de leur richesse nationale en faveur de la défense et de la sécurité en 2035. « Les journalistes, taquins, ont vu dans le sommet de l'OTAN essentiellement la parade du président Trump. Moi, ce que j'ai vu, ce sont des pays européens qui, enfin, ont pris la mesure des menaces qui se sont constituées autour d'(eux) et qui ont décidé de prendre en main leur sécurité », soutient le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.

L'explosion d'une station-service fait une quarantaine de blessés
L'explosion d'une station-service fait une quarantaine de blessés

La Presse

timea day ago

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L'explosion d'une station-service fait une quarantaine de blessés

Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. (Rome) Quarante-cinq personnes ont été blessées vendredi dans l'explosion d'une station-service à Rome, entendue à travers toute la ville et due a priori à une fuite de gaz au moment où un camion-citerne ravitaillait la station. Lisa Duso et Piera ROCCO DI TORREPADULA Agence France-Presse L'explosion, survenue en début de matinée, a fait trembler les fenêtres de nombreux immeubles de la capitale italienne. « J'ai vu les effets dévastateurs d'une explosion très puissante qui a causé des dégâts très importants non seulement dans la station-service, mais aussi tout autour, faisant exploser des vitres… endommageant même une école située à proximité », a déclaré sur place le maire de Rome, Roberto Gualtieri. « Selon les pompiers, tout est parti d'une fuite de gaz », a-t-il ajouté. L'incendie a été déclenché a priori par la fuite de gaz au moment où un camion-citerne ravitaillait la station-service. « C'est comme si une bombe avait explosé », a décrit à l'AFP Ennio Acquilino, directeur régional des pompiers. PHOTO ANDREAS SOLARO, AGENCE FRANCE-PRESSE Douze membres des forces de l'ordre figurent parmi les blessés. Alors que la station-service était ravitaillée en gaz de pétrole liquéfié (GPL), le carburant a subi une « Bleve » (de l'anglais « boiling liquid expanding vapor explosion »), c'est-à-dire une transformation rapide de l'état liquide à l'état gazeux, entraînant l'explosion, a précisé M. Acquilino. Le parquet de Rome et les pompiers doivent cependant encore mener une enquête pour établir avec précision les causes de l'accident. Brûlures et fumée Les forces de l'ordre ont extrait une personne d'une voiture en feu, a déclaré à l'AFP le commandant de la gendarmerie Andrea Quattrocchi. Et le toit d'une ambulance a volé sur plusieurs mètres suite à l'explosion, d'après des témoignages recueillis sur place. Parmi les blessés figurent 24 personnes civiles de la zone ainsi que 21 parmi les secouristes, dont 12 membres des forces de l'ordre et six pompiers. Deux personnes ont été hospitalisés pour brûlures et inhalation de fumée. Leur pronostic vital est engagé, a rapporté l'agence italienne AGI. De nombreuses vidéos circulant sur l'internet montrent de grandes flammes sur fond de détonations à la pompe à essence et une colonne de fumée noire et épaisse s'élever dans le ciel au-dessus de la périphérie est de la ville. PHOTO MATTEO MINNELLA, REUTERS Un véhicule incendié sur les lieux de l'explosion « J'ai d'abord pensé à un attentat », a décrit à l'AFP Antonio Palomba qui a senti la pression de la détonation sur les vitres de son fourgon, à proximité de la station. « L'explosion a été vraiment très forte, j'ai senti ma peau brûler », a déclaré à l'AFP Michele Secu, 23 ans, qui travaille dans un centre sportif situé à proximité du lieu de l'explosion. Fabio Balzani, le directeur de ce centre, qui a dû être évacué, a déclaré que si l'incendie s'était produit quelques minutes plus tard, les conséquences auraient pu être désastreuses. « S'il s'était déclaré à 8 h 30 ou plus tard, cela aurait été un massacre, une catastrophe », a-t-il déclaré à l'AFP, précisant qu'une soixantaine d'enfants étaient attendus pour un camp d'été dans le centre et qu'environ 120 personnes avaient réservé la piscine ce matin-là. Les larmes aux yeux, il a décrit la zone touchée, dont son centre sportif, comme un « champ de bataille ». La police a bouclé le quartier pour permettre aux pompiers de travailler et elle a également évacué deux bâtiments qui étaient les plus proches de l'explosion. « Je suis avec attention les conséquences de l'explosion de ce matin », a écrit sur X la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, assurant être en contact avec toutes les autorités impliquées, dont le maire de Rome.

Trump dit vouloir informer ses partenaires par lettre
Trump dit vouloir informer ses partenaires par lettre

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time2 days ago

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Trump dit vouloir informer ses partenaires par lettre

(Washington) Donald Trump a dit qu'il envisageait d'envoyer, dès vendredi, aux partenaires commerciaux des États-Unis des lettres les informant de l'imposition de droits de douane punitifs, alors que les négociations sur le sujet entrent dans leur dernière ligne droite. Agence France-Presse « Je penche pour envoyer une lettre pour indiquer les droits de douane qu'ils devront payer », a-t-il déclaré à la presse jeudi. « C'est beaucoup plus facile. » « Nous allons envoyer des lettres, probablement dès demain », a-t-il encore dit. Cette déclaration intervient à quelques jours du retour, prévu le 9 juillet, de droits de douane punitifs, et différenciés, concernant des dizaines de pays, allant de Taïwan à l'Union européenne. Début avril, le président américain a provoqué une onde de choc en annonçant une hausse drastique des droits de douane à l'encontre du reste du monde : une surtaxe minimale de 10 %, qui peut aller jusqu'à 50 % pour les pays exportant plus vers les États-Unis qu'ils n'importent de produits américains. Le président a ensuite suspendu ces taxes douanières, laissant la voie à des négociations commerciales avec chacun des partenaires. Des responsables américains ont fait savoir qu'une série d'accords commerciaux pourraient être annoncés dans les prochains jours. Pour l'heure, l'administration de Donald Trump n'a dévoilé que des accords avec le Royaume-Uni et le Vietnam, tandis que Washington et Pékin ont convenu de réduire temporairement leurs taxes réciproques. A l'approche de la date du 9 juillet, Donald Trump a répété à plusieurs reprises son intention d'informer les pays des tarifs douaniers américains par lettre.

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