
Délestée de son vélo, une avocate dénonce la passivité de la police
Sarah roule à vélo depuis plusieurs années à Genève. Son ancien véhicule a été volé à la fin du mois de mai.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
En bref:
Avocate à Genève, Sarah a envoyé le 3 juillet un courrier irrité à la commandante de la police Monica Bonfanti. L'auteure de la lettre que nous avons consultée explique avoir été victime du vol de son vélo électrique à la fin du mois de mai au centre-ville.
«Je voulais prendre mon véhicule, qui avait été cadenassé à une barre de vélo, nous raconte Sarah. C'était un samedi aux Eaux-Vives, il n'y était plus. Vu qu'il était équipé d'un AirTag (système de détection) et que je voyais clairement sa localisation à Valence en France , j'ai téléphoné à la police genevoise, mais on m'a d'emblée dit de laisser tomber, qu'il n'y avait que très peu de chances de le retrouver.» Un jeu d'enfant?
Lors du dépôt de plainte, le fonctionnaire chargé d'enregistrer le document a été informé que l'objet dérobé (valant environ 3000 fr) avait été localisé à une adresse précise en France, déclare Sarah. Un jeu d'enfant pour récupérer le vélo? Pas vraiment.
Selon le courrier envoyé à la cheffe de la police, l'agent a répondu qu'aucune demande d'entraide ne serait adressée à ses collègues français, qu'il ne fallait en aucun cas penser que le vélo pourrait être retrouvé et qu'il convenait de se limiter à utiliser la plainte pour effectuer la déclaration à son assurance ménage afin d'obtenir un remboursement. «Nous avons dû insister pour que l'adresse soit mentionnée dans la plainte», ajoute Sarah. Refus d'instruire
D'après l'avocate, «la police a refusé d'instruire le dossier alors qu'elle était en possession du lieu exact du vélo qui venait d'être dérobé».
Qu'à cela ne tienne, la Genevoise, tenace et soucieuse de ses droits, décide d'informer les forces de l'ordre de Valence de ce vol et de la localisation du véhicule: «La police française s'est montrée collaborante, rapide et efficace: le lendemain de la plainte, soit le lundi 26 mai, elle est intervenue sur les lieux et a récupéré non seulement mon vélo, mais aussi plusieurs autres véhicules électriques manifestement volés en même temps que le mien.»
Les agents locaux ont interpellé le voleur et, «selon mes informations, ont pu remonter la chaîne en interpellant son commanditaire». L'objet dérobé vient d'être acheminé en Suisse, ajoute Sarah.
Sur le principe, elle s'étonne d'avoir dû faire ces démarches: «On sait très bien qu'à Genève, des voleurs débarquent avec une camionnette et volent des véhicules. Je ne comprends pas cette passivité de la police genevoise, ce d'autant plus au vu de la collaboration des autorités françaises.» «Incompréhensible»
Et de conclure dans sa lettre: «Il est incompréhensible que les forces de l'ordre refusent d'agir pour retrouver les auteurs de ces infractions pénales, et qu'elles se limitent à renvoyer les plaignants vers leur assurance civile, ce d'autant plus au vu de la constante augmentation des vols de vélos électriques dans notre canton.» «Attention particulière»
La police genevoise assure prêter une attention particulière aux infractions en lien avec cette thématique, «qui font d'ailleurs partie des axes identifiés et suivis dans le cadre des statistiques policières de la criminalité». «S'agissant des objets localisés à l'étranger, une demande d'entraide judiciaire est envisageable, explique la porte-parole Léna Keller. Cette procédure passe par les autorités judiciaires et implique des délais qui peuvent être conséquents. Dans le cas d'un vélo, ces délais rendent incertaines les chances de succès: le véhicule peut avoir été déplacé avant que les autorités du pays concerné ne puissent intervenir.»
À Genève, les patrouilles interviennent régulièrement lorsque les faits sont constatés ou signalés en flagrant délit. «À de nombreuses reprises, lors de vols d'objets connectés, un appel immédiat au 117 de la part de la victime a permis d'appréhender le voleur qui se trouvait dans notre canton et de récupérer le bien dérobé par géolocalisation.»
Tant la réactivité du plaignant au moment de l'annonce que celle des services de police lors de l'intervention ont contribué à l'issue favorable de ces affaires, poursuit Léna Keller. «En effet, plus l'annonce du vol est tardive, plus la récupération de l'objet et l'appréhension du ou des voleurs, si ces derniers se trouvent à l'étranger, est complexifiée par les modalités de l'entraide judiciaire internationale.»
Pour la police, «les recherches peuvent se heurter à des obstacles lorsque le système de détection se trouve dans un immeuble. Il n'est alors pas possible de déterminer dans quel appartement, cave ou garage se trouve l'objet volé.» Danger pour la victime
Enfin, les forces de l'ordre tiennent à souligner qu'elles déconseillent vivement à toute personne victime de vol d'intervenir directement pour récupérer son bien, notamment à l'étranger: une telle démarche peut représenter un risque pour sa sécurité, en cas de confrontation avec le voleur. Alors que faire? «Il est fortement conseillé d'appeler la Centrale d'engagement, de coordination et d'alarme (Cecal) et de donner un maximum d'informations (position, direction, signalement).»
Détecter à distance l'objet volé: un atout ou un danger? Newsletter
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Autres newsletters Fedele Mendicino est journaliste à la rubrique genevoise depuis 2002. Il couvre en particulier les faits divers et l'actualité judiciaire. Plus d'infos @MendicinoF
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