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Le Venezuela dénonce des « tortures » sur ses ressortissants

Le Venezuela dénonce des « tortures » sur ses ressortissants

La Presse22-07-2025
Le centre de confinement du terrorisme (Cecot), prison de haute sécurité du Salvador
Le Venezuela dénonce des « tortures » sur ses ressortissants
(Caracas) Violences sexuelles, passages à tabac, nourriture avariée : le Venezuela a dénoncé lundi les « tortures » infligées à ses ressortissants expulsés par les États-Unis vers une prison pour membres de gangs au Salvador.
Javier TOVAR, avec Margioni BERMUDEZ à Maracaibo
Agence France-Presse
Après quatre mois d'incarcération au Centre de confinement du terrorisme (Cecot), prison de haute sécurité du Salvador, ces 252 Vénézuéliens ont été rapatriés vendredi dans le cadre d'un accord entre Washington et Caracas, qui en échange a libéré dix citoyens et résidents américains détenus au Venezuela.
« Nous avons décidé d'ouvrir une enquête officielle », a déclaré le procureur général vénézuélien Tarek William Saab lors d'une conférence de presse à Caracas lundi. Elle vise le président salvadorien Nayib Bukele et d'autres membres de son gouvernement, accusés par le Venezuela de crimes contre l'humanité.
« J'appelle la Cour pénale internationale, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, les organismes correspondants tant en Amérique qu'à travers le monde, à faire de même, à faire leur part », a ajouté le procureur.
PHOTO PEDRO MATTEY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Le procureur général vénézuélien Tarek William Saab
Selon M. Saab, 80 fonctionnaires du ministère public ont interrogé les migrants à leur retour au pays.
« Sortis de l'enfer »
Andry Hernandez Romero, un coiffeur et maquilleur de 32 ans qui s'est retrouvé au Cecot, déclare dans l'une de ces vidéos avoir subi des violences sexuelles.
« Nous avons subi des tortures, des agressions physiques et psychologiques », dit-il. « J'ai été abusé sexuellement par les autorités salvadoriennes elles-mêmes », affirme-t-il, ajoutant : « Nous pensions que nous ne reverrions jamais nos proches ».
Le procureur vénézuélien a également évoqué « l'isolement dans des cellules inhumaines […] sans contact avec la lumière du soleil, sans ventilation » et « les attaques systématiques » avec des balles en caoutchouc.
De la nourriture avariée et de l'eau non potable étaient servies aux détenus, qui n'ont à aucun moment pu parler à un avocat ou à un membre de leur famille.
PHOTO PRÉSIDENCE DU SALVADOR, FOURNIE PAR REUTERS
Des détenus vénézuéliens sont renvoyés chez eux, à l'aéroport international du Salvador, à San Luis Talpa, le 18 juillet 2025.
Erkia Palencia, mère d'Andry Palencia, un autre des Vénézuéliens emprisonnés, a entendu son fils lui raconter les agressions subies par lui et ses compatriotes. Désormais, « ils sont sortis de cet enfer », dit-elle, soulagée.
Le Venezuela fait lui-même l'objet d'une enquête pour crimes contre l'humanité par de la Cour pénale internationale. L'opposition au gouvernement Maduro dénonce régulièrement les tortures dans les prisons vénézuéliennes et l'interdiction pour les détenus de recourir à un avocat de leur choix.
Négociation
Les migrants rapatriés font l'objet d'examens médicaux et n'ont pas encore retrouvé leurs familles.
L'ONG Amnistie internationale a souligné que « beaucoup » d'entre eux « avaient obtenu de l'aide ou avaient déposé une demande d'asile » lors de leur migration, et « (risquaient) maintenant d'être arrêtés arbitrairement », selon un communiqué.
Mercedes Yamarte a préparé une fête pour accueillir son fils Mervin dans le quartier de Los Pescadores, à Maracaibo (ouest). Ballons, banderoles et nourriture sont prêts, mais elle ignore quand il arrivera.
Mervin lui a téléphoné. « Cela faisait quatre mois et sept jours que je n'avais pas entendu la voix de mon fils, l'entendre a été une joie que je ne peux pas décrire », a déclaré Mme Yamarte à l'AFP.
Invoquant une loi de 1798 sur les ennemis de l'étranger rarement utilisée, les États-Unis avaient expulsé en mars, sans procès, ces 252 Vénézuéliens, accusés d'appartenir au Tren de Aragua, un gang criminel que Washington qualifie d'« organisation terroriste ».
PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Le président du Salvador, Nayib Bukele
Leur libération du Cecot a été le résultat d'une négociation avec les États-Unis. L'accord a été finalisé quelques heures à peine avant l'échange effectif vendredi, selon le gouvernement vénézuélien.
« Les négociations ont été uniquement avec les États-Unis, avec le gouvernement des États-Unis », a assuré dimanche le négociateur et président du Parlement vénézuélien, Jorge Rodriguez, à la chaîne officielle Telesur.
« Il ne nous est jamais venu à l'esprit de parler au clown », a-t-il ajouté, faisant référence au président salvadorien, Nayib Bukele. Ce dernier « était le messager de ceux qui avaient organisé la présence de Vénézuéliens dans ce camp de concentration ».
L'échange a inclus la libération de 80 autres Vénézuéliens détenus au Venezuela, considérés comme « prisonniers politiques » par les opposants au gouvernement de Nicolas Maduro.
M. Rodriguez a toutefois assuré que cette mesure coïncidait avec un processus de négociation interne parallèle.
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