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Sortez nos caisses de retraite de « l'économie du génocide »

Sortez nos caisses de retraite de « l'économie du génocide »

La Presse21 hours ago
Scène de destruction dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 10 juillet
Un collectif de 125 cosignataires demande que la Caisse de dépôt et placement du Québec se libère de tout actif contribuant à la situation actuelle à Gaza
Rafaëlle Sinave
Enseignante en techniques de travail social, membre du Syndicat des professeures et professeurs du cégep du Vieux Montréal (SPCVM), déléguée au CCMM-CSN, l'autrice signe au nom d'un collectif de 125 cosignataires*
Nous, enseignants, syndicalistes, étudiants et citoyens de tout horizon sommes consternés que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) engage la population québécoise dans les crimes commis en Palestine par l'investissement de ses principaux fonds de retraite dans des entreprises ayant des activités liées à la colonisation et au génocide palestinien.
Un préposé d'un hôpital de Rouyn-Noranda épargne chaque mois pour sa retraite, sans savoir que cet argent pourrait financer le bombardement d'hôpitaux à Gaza. Une enseignante de maternelle à Montréal cotise pour ses vieux jours, sans imaginer que son argent pourrait contribuer à détruire des écoles palestiniennes.
Chaque Québécois de 65 ans et plus touchera des prestations de retraite du Régime de rentes du Québec (RRQ), le plus gros client de la CDPQ (125,9 milliards de dollars).
Comme des millions de Québécois, ces deux travailleurs contribuent également au Régime de retraite du personnel employé du gouvernement et des organismes publics (RREGOP), troisième client en importance (91,4 milliards) de la CDPQ.
Le mur du silence est maintenant rompu. Le fracassant rapport de la rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca Albanese, révélait le 30 juin dernier la complicité de sociétés d'État et d'entreprises mondiales bénéficiant « d'un système économique du génocide » en Palestine… La CDPQ figure parmi les institutions montrées du doigt dans le rapport.
Rappelons que la CDPQ est un héritage de la Révolution tranquille, un modèle qui fait l'envie du monde entier. Une société d'État qui veille à la bonne santé financière du bas de laine de la société québécoise. Nous savons maintenant que la CDPQ engage les Québécois et les Québécoises dans un système de complicité bien malgré eux.
À Gaza, selon l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, on compte aujourd'hui le plus grand nombre d'enfants amputés par habitant dans le monde. Selon un rapport d'avril 2025 du Bureau central palestinien des statistiques⁠1, 39 384 enfants ont perdu un de leurs parents ou les deux depuis octobre 2023.
Ces chiffres ne sont pas abstraits. Ce sont les conséquences concrètes de bombes, de drones, d'armes, fabriquées par Lockheed Martin, Boeing ou General Dynamics – des entreprises dans lesquelles la CDPQ investit.
La valeur de ses investissements dans 24 entreprises du secteur militaire impliquées dans des violations du droit international en Palestine est passée de 2 milliards à 3,4 milliards entre 2023 et 2024.
La CDPQ tire profit des bombes qui explosent sur Gaza, et avec elle, tous les Québécois et toutes les Québécoises deviennent complices du génocide, de l'occupation et de la colonisation de la Palestine. Nous refusons de participer à ce que Francesca Albanese qualifie de « l'un des génocides les plus cruels de l'histoire moderne ».
Alors que le monde s'enfonce dans une ère d'instabilité géopolitique, les pays occidentaux – dont le Canada – prennent un virage militariste inquiétant. Le Québec ne fait pas bande à part, avec sa volonté de se tailler une place dans la lucrative industrie militaire⁠2. La Chambre de commerce du Montréal métropolitain et la CDPQ ont, quant à elles, déjà affirmé y voir une intéressante occasion d'affaires en soulignant l'opportunité pour la société québécoise d'y investir.
Face à cette offensive assumée, un contre-discours s'impose. Rappelons-nous que derrière chaque promesse de rendement dans le secteur militaire se cache une réalité sanglante. L'industrie de la mort ne peut et ne doit pas être le socle de notre avenir collectif.
Pas en notre nom
Nous refusons que nos retraites soient bâties sur la souffrance du peuple palestinien qui lutte depuis plus de 77 ans pour sa liberté, ni celle d'aucun autre peuple. En mars 2024, le lancement de la campagne Sortons la Caisse des crimes en Palestine⁠3, chapeautée par la Coalition Québec URGENCE Palestine, a permis le déploiement d'une mobilisation à l'échelle de la province pour exiger que la CDPQ désinvestisse immédiatement dans des entreprises liées à l'occupation, à la colonisation et aux violations du droit international.
Indignées et indignés d'apprendre que la CDPQ investit 27,4 milliards dans 76 entreprises complices, plusieurs syndicats locaux et nationaux (FAE, FNEEQ-CSN, CCMM-CSN) ont déjà adopté une résolution commune pour exiger le désinvestissement4.
Partout au Québec, des syndicats, des groupes communautaires, des étudiantes et étudiants, des élues et des élus se lèvent. La mobilisation s'amplifie.
La CDPQ a les moyens d'agir autrement. Elle a déjà retiré ses investissements de l'industrie du tabac et de la production de pétrole. Charles Emond, PDG de la CDPQ, a lui-même déclaré devant la Commission des finances publiques de l'Assemblée nationale le 6 mai dernier que la Caisse n'a pas d'investissement dans des entreprises qui arment la Russie. Pourquoi persiste-t-elle alors à investir dans des crimes de guerre en Palestine ?
Si l'État québécois a désigné la CDPQ comme gestionnaire de notre portefeuille collectif, celle-ci a l'obligation de faire preuve d'une transparence exemplaire et de rendre des comptes à la population québécoise.
* Ces personnes ont signé la lettre aux côtés de plus de 100 autres cosignataires : Safa Chebbi, porte-parole du Collectif Désinvestir pour la Palestine (D4P) et étudiante à la maîtrise en sociologie de l'UQAM ; Gérald Larose, professeur associé à l'École de travail social de l'UQAM, président de la CSN 1983-1999 ; Martine Delvaux, écrivaine ; Luc Picard, auteur et réalisateur ; Amir Khadir, médecin et ancien député de l'Assemblée nationale du Québec ; Amélie Nguyen, coordonnatrice du Centre international de solidarité ouvrière (CISO) ; Michel Seymour, professeur honoraire du département de philosophie, membre du Syndicat général des professeurs et professeures de l'Université de Montréal (SGPUM) ; Mireille Tawfik, enseignante en francisation à la formation générale aux adultes, membre de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal (APPM – FAE) ; Ricardo Peñafiel, professeur associé, département de science politique, membre du Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l'UQAM (SPPEUQAM/FNEEQ-CSN) ; Maude Ménard-Dunn, enseignante en techniques de travail social, membre du Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke (SPECS-CSN) ; Jonathan Durand Folco, professeur à l'Université Saint-Paul ; François Saillant, militant pour le droit au logement et auteur ; Paul Eid, professeur, département de sociologie, UQAM ; Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes immigrantes et réfugiées (TCRI) ; Rachad Antonius, professeur associé, UQAM
* Consultez la liste complète des cosignataires de la lettre
1. Consultez la page du Bureau central de statistiques de l'Autorité palestinienne
2. Lisez l'article « Québec mise sur le secteur de la défense »
3. Consultez la page de la coalition « Sortons la Caisse des crimes en Palestine »
4. Consultez le rapport d'analyse de la Coalition
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