
Les rappels de voiture Citroën mettent en galère de nombreux Suisses
Un mécanicien retire d'une voiture un module d'airbag fabriqué par le fabricant japonais Takata
AFP
En bref:
La marque Citroën est dans la tourmente. Depuis le mois de juin, le constructeur automobile a immobilisé des dizaines de milliers de ses véhicules à travers l'Europe. En cause? Un défaut des airbags Takata sur les modèles C3 et DS3. En début d'année, un premier rappel avait déjà été lancé.
En Suisse, ce sont environ 10'000 voitures qui ont été rappelées par la marque, un «stop drive» dans le jargon. Et ce n'est pas sans conséquences pour leurs propriétaires, qui voient parfois leur quotidien chamboulé par ces immobilisations. Entre les garages débordés, les appels sans fin et les difficultés pour se rendre au travail, trois habitants nous racontent leurs galères sans voiture. Coincée à la maison
Irène* habite dans la campagne vaudoise et est obligée d'aller au travail en voiture. Mais l'immobilisation des Citroën a chamboulé son quotidien. «Je suis rentrée de vacances le 29 juin. Lorsque j'ai ouvert la boîte aux lettres, il y avait une lettre recommandée du fabricant, qui m'indiquait que je ne devais plus du tout utiliser mon véhicule», se souvient-elle. Petit problème: Irène travaille le lendemain.
«Je l'ai quand même pris. Mais mardi, un collègue m'a indiqué que c'était vraiment dangereux, souffle-t-elle. Depuis, je n'ose plus l'utiliser.» Heureusement, elle ne travaille qu'à mi-temps. «Mais pour la semaine prochaine, je ne sais pas du tout comment je vais faire. Et pour l'instant, je suis coincée chez moi», soupire Irène. Entre-temps, elle est partie à la recherche d'un garagiste pour changer son airbag. Manque de chance, tous sont débordés. «Le seul rendez-vous que j'ai pu obtenir est le 10 juillet. Comment vais-je faire en attendant?»
Un airbag Takata, objet du rappel de certains véhicules Citroën.
AFP
Elle a bien tenté de contacter Citroën pour négocier un véhicule de remplacement. «Après des allers-retours, ils m'ont informée par courrier que ce n'était pas possible. Ils ne prennent en charge que le remplacement de l'airbag. C'est un peu dur à avaler.» «Je me suis sentie piégée»
Tout comme elle, Anna* a eu une très mauvaise surprise lorsqu'elle a ouvert la lettre de Citroën lui indiquant qu'elle ne pouvait plus conduire sa voiture. «Je pense qu'ils veulent surtout se protéger juridiquement, estime-t-elle. Comme ça, si quelqu'un prend la route quand même, ils n'auront pas de conséquences. Mais je me demande si c'est bien légal…»
D'autant plus que quelques mois avant, Anna avait reçu un courrier lui recommandant simplement de faire une réparation. «Pourquoi les immobiliser seulement maintenant, alors que le problème était visiblement déjà connu? La France et d'autres pays ont été bien plus rapides que la Suisse. Pourquoi donc?» s'interroge-t-elle.
En attendant, comme Irène, elle risque de devoir tout de même utiliser sa voiture. «J'ai un week-end prévu en Valais, dans une vallée inaccessible en transports publics, explique-t-elle. Et de toute façon, je dois aussi me déplacer pour le travail.»
Les deux femmes estiment que la communication de Citroën autour de cette affaire est très anxiogène. «Non seulement je me suis sentie piégée, mais je trouve que c'est aussi angoissant de se dire qu'on a circulé pendant des mois avec un airbag pouvant exploser à tout moment…» relève Anna. Coincés en vacances
Pour rappel, les airbags Takata risquent notamment d'exploser en cas de temps chaud et humide. «Avec la canicule de ces dernières semaines, je me dis qu'on est pile dans ce cas-là, souligne Irène. Je réalise a posteriori tous les risques que j'ai pris, ça m'effraie…»
Anna, elle, est plus en colère qu'effrayée: «C'est bien pratique pour eux, s'exclame-t-elle. Avec ce courrier, ils se protègent de toute conséquence juridique, mais ne nous proposent aucune alternative. Tous les garages sont sursollicités!»
Pour certains, le problème s'est produit en pleines vacances. David*, un Genevois de 28 ans, était dans le sud de la France avec sa compagne lorsqu'il a appris que sa voiture était défectueuse et qu'il ne fallait surtout pas prendre la route avec. «Il n'y avait aucun garage agréé de libre dans le coin, Citroën nous a indiqué qu'il fallait ramener le véhicule en Suisse… mais sans nous payer le transport. On nous a même conseillé de le conduire jusqu'à Genève, c'était lunaire!»
Heureusement, sa petite amie n'a pas lâché l'affaire. «Après des heures au téléphone, elle a obtenu qu'une assurance liée à la marque rapatrie notre voiture. Mais ça nous a pris des heures», soupire-t-il. Pas de véhicules de remplacement
Contactée, la section suisse de Citroën se défend de tout retard concernant le rappel de ses véhicules. «Les organisations nationales de Stellantis (ndlr: la maison mère de la marque), dont la France, ont annoncé le 19 juin l'immobilisation des véhicules, rappelle Dusan Radic, porte-parole. Les informations complémentaires destinées aux clients concernés ont été envoyées dans la semaine du 23 juin dans toute l'Europe (y compris la Suisse). Donc, tous les clients concernés ont été informés en même temps.»
Il ajoute qu'un premier courrier a été envoyé il y a plusieurs mois et priait déjà les propriétaires des véhicules de faire une réparation. Confrontée à ce fait, Anna soupire: «J'avais contacté un garage à ce moment-là, mais ils ne m'ont jamais rappelée!»
Dusan Radic indique que, depuis la mise à l'arrêt des véhicules défectueux, plus de la moitié ont déjà été réparés. Quid des clients qui n'ont pas encore pu déposer leur voiture au garage? Ont-ils droit à un véhicule de remplacement? Non, répond l'entreprise. «L'intervention en atelier ne nécessite qu'une immobilisation d'une courte durée, assure le porte-parole. Tant que celle-ci n'est pas réalisée, l'instruction d'arrêter de conduire le véhicule reste valable.»
*Noms connus de la rédaction
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Autres newsletters Emilien Ghidoni est journaliste à la Tribune de Genève depuis août 2022. Il couvre en particulier les questions de mobilité et la commune de Vernier. Il est titulaire d'un Master en journalisme à l'Académie du journalisme et des médias à l'Université de Neuchâtel et d'un Bachelor en relations internationales. Il a suivi une formation complémentaire sur les mouvements politiques radicaux. Plus d'infos @emilien_ghidoni
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