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100 jours dominés par les affaires étrangères

100 jours dominés par les affaires étrangères

La Presse10 hours ago
(Ottawa) Après 100 jours de mandat, Mark Carney comptait bien se reposer un peu. C'était sans compter sur les turbulences déclenchées par la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, en prévision de laquelle il s'est notamment entretenu avec Volodymyr Zelensky. Une semaine à l'image des premiers mois du mandat du premier ministre.
Ses proches collaborateurs ont avisé les médias dimanche soir que le premier ministre aurait un horaire allégé cette semaine afin de prendre quelques jours de vacances dans la région de la capitale fédérale.
Mais ils prenaient soin de préciser que le premier ministre ne serait jamais bien loin de son téléphone. Les dossiers liés à la sécurité et à l'économie pourraient nécessiter son attention.
À peine 24 heures après l'envoi de ce message, Mark Carney s'est entretenu avec le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, afin de faire le point sur la guerre que mène la Russie sur le territoire ukrainien depuis plus de trois ans en prévision du sommet entre le président des États-Unis, Donald Trump, et son homologue russe, Vladimir Poutine, vendredi en Alaska.
Le premier ministre a profité de l'occasion pour réitérer l'appui indéfectible du Canada à l'Ukraine dans ce conflit, et réaffirmé que les décisions concernant l'avenir de l'Ukraine doivent être prises par le peuple ukrainien, que les frontières internationales ne peuvent être modifiées par la force, que les moyens de pression doivent être maintenus sur la Russie pour qu'elle mette fin à son agression.
Cet appel illustre bien les 100 premiers jours du gouvernement de Mark Carney depuis les élections fédérales du 28 avril – une étape importante dans la vie de tout gouvernement qui a été franchie la semaine dernière. Les dossiers liés aux affaires étrangères ont dominé ce début de mandat comme on l'a rarement vu pour un nouveau premier ministre.
À leurs débuts, les premiers ministres Jean Chrétien, Paul Martin, Stephen Harper et Justin Trudeau n'ont pas connu pareil bouillonnement sur le front des affaires étrangères.
Dans le cas de Mark Carney, son début de mandat hors norme s'explique en grande partie par la présence de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le président des États-Unis mène une guerre commerciale tous azimuts contre le Canada et la majorité des pays de la planète. Pis encore, il a affirmé à plus d'une reprise caresser le rêve d'annexer le Canada.
Ces multiples salves visant le Canada ont donné le ton à la dernière campagne électorale, dont le thème dominant a été l'avenir des relations canado-américaines. Les électeurs ont jeté leur dévolu sur Mark Carney pour tenir tête à Donald Trump.
Dès son arrivée au pouvoir, après avoir remporté la course à la direction du Parti libéral du Canada, Mark Carney a consciemment donné une teinte internationale à sa gestion des affaires de l'État en effectuant rapidement un voyage stratégique en France et en Grande-Bretagne.
Le but était d'effectuer un rapprochement économique et militaire avec les pays du Vieux Continent tandis que les États-Unis tournent le dos au multilatéralisme construit depuis la Seconde Guerre mondiale.
Cette teinte internationale s'est aussi imposée quand les travaux de la session parlementaire ont été lancés par un discours du Trône qui a été lu au Sénat par le roi Charles III à la fin de mai.
PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Le premier ministre du Canada, Mark Carney, accompagné du président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, lors du Sommet du G7 en juin, à Kananaskis, en Alberta
Trois semaines plus tard, elle s'est accentuée quand Mark Carney a été l'hôte du Sommet du G7 en juin à Kananaskis, en Alberta. En plus d'accueillir ses homologues du G7 (États-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon), M. Carney a invité la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, et le premier ministre de l'Inde, Narendra Modi, entre autres.
Également en juin, le premier ministre s'est rendu à La Haye, aux Pays-Bas, afin de participer au sommet de l'OTAN. En prévision de ce sommet, il avait annoncé que le Canada allait atteindre la cible de l'OTAN de consacrer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense et à la sécurité, entraînant du coup des dépenses supplémentaires de 9 milliards de dollars dès cette année. À La Haye, il a accepté la nouvelle cible de 5 % de l'OTAN d'ici 2035, cible qui forcera le Canada à tripler ses dépenses militaires durant la prochaine décennie.
Mark Carney a aussi été appelé à condamner à plusieurs reprises le gouvernement de Benyamin Nétanyahou pour la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza et la catastrophe humanitaire qu'il provoque. Encore la semaine dernière, il a dénoncé la décision du gouvernement d'Israël de prendre le contrôle de la ville de Gaza, joignant ainsi sa voix au concert de critiques à l'échelle internationale.
Le mois dernier, M. Carney a causé une surprise en annonçant que le Canada entend reconnaître l'État de Palestine en septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies, sous certaines conditions, emboîtant ainsi le pas à des pays alliés comme la France et le Royaume-Uni.
De quoi auront l'air les 100 prochains jours ? L'ordre économique mondial étant bouleversé par Donald Trump, les affaires étrangères continueront d'occuper une place importante dans les grands dossiers qui se retrouvent sur le bureau du premier ministre.
Mais tôt ou tard, les enjeux tels que la crise du logement, la hausse du coût de la vie, la lutte contre les changements climatiques, la réconciliation avec les Premières Nations et peut-être même l'unité nationale reviendront en force.
Il ne fait aucun doute que le contexte politique a été favorable aux libéraux de Mark Carney jusqu'ici. Les premiers ministres des provinces rament dans la même direction que lui en raison des effets délétères des droits de douane sur l'économie canadienne.
PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre
En outre, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, qui est reconnu pour ses attaques cinglantes, n'a pas de siège à la Chambre des communes.
Mais la dynamique risque de changer à compter de septembre. En principe, Pierre Poilievre sera de retour au Parlement s'il remporte, comme prévu, l'élection partielle de lundi prochain dans la circonscription albertaine de Battle River– Crowfoot.
En outre, le gouvernement Carney doit déposer son premier budget en octobre – un budget qui imposera des compressions budgétaires au cours des trois prochaines années. Des programmes pourraient être abolis. Des fonctionnaires pourraient perdre leur emploi.
Enfin, le cabinet fédéral doit commencer à approuver les grands projets d'intérêt national au cours des prochains mois. Les attentes des provinces sont élevées, notamment de la part de l'Alberta, de l'Ontario et du Québec. Il pourrait être impossible de répondre aux desiderata de tout le monde.
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