
De Villepin dénonce une Europe «à genoux» face à Trump et revient dans l'arène
Dominique de Villepin, 71 ans, gaulliste.
Joel Saget/AFP
En bref:
Il arrive à l'heure, 11 h 30 précises. Dominique de Villepin sort nonchalamment de l'arrière de la voiture, déployant sa silhouette longue et mince. À 71 ans, il continue de faire son jogging tous les deux jours. Costume sombre, chemise blanche ouverte. Le garde du corps inspecte les environs d'un coup d'œil: une brasserie près de l'Arc de Triomphe, dans le XVIe arrondissement. Seuls trois clients sont installés dans la véranda, cinq autres à l'extérieur sous le store rouge. Le temps est frais, pluvieux. Les passants portent des vestes.
«Il fait bon, non?» dit l'homme politique en souriant, tenant dans sa main gauche un carnet noir et son téléphone portable dans un étui en cuir. Comme s'il voulait dire: c'est Paris, après tout. Ancien ministre des Affaires étrangères puis premier ministre dans les années 2000, Dominique de Villepin a tant voyagé, il pense le monde en si grand, que même Paris, pourtant majestueux, lui paraît sans doute étroit. Accueilli en habitué
En ce moment, il connaît un regain de popularité, car le monde est devenu complexe, et lui sait l'expliquer avec clarté. Régulièrement invité sur les plateaux télé, il décrypte les grandes tensions: les États-Unis, la Chine, Gaza, l'Ukraine, Poutine, Trump, la place de l'Europe, parfois l'Afrique ou l'Amérique latine. Il suffit d'un mot, et Dominique de Villepin déroule, avec des phrases brèves, rythmées et accessibles. Autrefois, il paraissait plus distant, plus élitiste. Aujourd'hui, un sondage le place en tête des personnalités politiques préférées des Français, peut-être justement parce qu'il ne correspond pas à l'image classique du politicien.
En 2027, il veut devenir président de la République – car tout Français qui se respecte nourrit cette ambition – et cette fois, ses chances pourraient bien être réelles. Pour y parvenir, il a fondé le parti de La France humaniste et publié un nouveau livre qui lui sert de tremplin, intitulé «Le pouvoir de dire non». Presque tous les Français savent ce qu'il veut dire par là, et à quel geste il fait référence.
Les serveurs de la brasserie forment un léger cordon à l'entrée, adressant un salut discret à Villepin, les têtes légèrement inclinées vers l'avant. Il connaît bien cet endroit, puisqu'il habite juste à côté, avenue Foch. Au fond de l'établissement, une table ronde l'attend, débarrassée des couverts du déjeuner. Il commande de l'eau plate.
Il se considère aussi un peu comme un fils du Sud global. Villepin est né à Rabat et a grandi au Venezuela.
AFP
Dominique Marie François René Galouzeau de Villepin, de son nom complet, descend d'une famille de la noblesse de robe. Son père était ingénieur dans une grande entreprise internationale, sa mère magistrate. Né à Rabat et ayant grandi au Venezuela, il se considère comme un cosmopolite, un homme flottant au-dessus des mondes, et, en raison de sa biographie, un peu comme un enfant du Sud global.
Comme beaucoup de Français, il est convaincu que son pays occupe une place particulière sur cette planète. Un rang lumineux et indépendant, garanti non seulement par la puissance stratégique et nucléaire, mais aussi par l'histoire, les principes et les valeurs. Ces Français estiment que la France doit conserver éternellement cette place, comme le disait le général de Gaulle: «Tenir le rang.» Dominique de Villepin incarne parfaitement cette vision et reste profondément gaulliste, parfois même dans ses envolées rhétoriques les plus grandioses. Dire «non», un art français
À l'étranger, cette posture est souvent perçue comme de l'arrogance et un étalage pompeux. On reproche à la France de se mettre en scène en «grande nation». Cette critique vise particulièrement Emmanuel Macron, surtout depuis son appel à reconnaître la Palestine, motivé par les souffrances à Gaza , dans l'espoir de débloquer ou au moins d'apaiser la crise politique au Moyen-Orient. Cet acte est-il naïf, audacieux, prétentieux? Ou bien a-t-il saisi le moment opportun, guidé par un impératif profond?
Que serait le monde sans les Français, sans leur bel esprit, leurs brillants discours, sans leur fierté de savoir parfois dire «non». «Le rôle de la diplomatie française est de rappeler sans cesse au monde le droit international, la justice, l'ordre international, affirme Dominique de Villepin. C'est ce qui doit nous définir et cela doit toujours rester non négociable.»
Villepin lors de son discours au Conseil de sécurité de l'ONU le 14 février 2003.
AFP
Le 14 février 2003, Dominique de Villepin est devenu célèbre dans le monde entier grâce à son intervention au Conseil de sécurité de l'ONU , où il s'est opposé à l'invasion de l'Irak menée par George W. Bush. Ce discours compte parmi les grandes allocutions diplomatiques de ces dernières décennies, bien qu'il n'ait finalement pas empêché le conflit. «Je me souviens de l'atmosphère chargée, d'un mur de caméras qui nous barrait le passage à l'entrée de la salle, des flashs, du bruit, c'était tout émotionnel, très intense», raconte-t-il.
Le discours de Dominique de Villepin a duré quinze minutes, pauses rhétoriques comprises. De nombreux Français ne se contentent pas de parler avec conviction, de «porter» un discours, ils l'incarnent pleinement. Ils maîtrisent aussi admirablement l'art de la pause, qui fait monter la tension. «Dans la salle, le silence était total.»
L'ancien premier ministre avait mis en garde, d'un ton grave, contre les conséquences qu'une invasion de l'Irak aurait sur toute la région. Selon lui, une telle intervention aurait en réalité accru le danger terroriste qu'elle prétendait réduire. Il avait alors expliqué qu'une guerre était vite déclenchée, mais que la paix était d'autant plus difficile à trouver ensuite. «Ils voulaient nous faire chanter»
Cela importait peu à George W. Bush. Après les attentats du 11 septembre 2001, il a classé l'Irak de Saddam Hussein dans «l'axe du mal». Ceux qui s'opposaient ou mettaient en garde étaient perçus par les néoconservateurs de Washington comme des complices du mal. Ce fut notamment le cas de la France et de l'Allemagne. Le secrétaire à la Défense du président américain, Donald Rumsfeld, parlait d'une «ancienne Europe», avec une connotation méprisante. «Ils voulaient nous faire chanter», déclare l'ex-premier ministre français.
Les Américains ont construit un discours fondé sur des demi-vérités et des mensonges à propos des prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein. Sur cette base fragile, ils ont ensuite attaqué l'Irak. Le dirigeant américain était persuadé que trois jours suffiraient à instaurer la paix dans tout le Proche-Orient, jusqu'à Jérusalem.
George W. Bush et son secrétaire d'État Colin Powell en février 2003 à la Maison-Blanche.
AFP
«C'était un rêve puéril de George W. Bush», affirme Dominique de Villepin. Une remarque qui résonne avec certains propos que l'on entend de nouveau aujourd'hui à la Maison-Blanche sous Donald Trump.
La suite appartient à l'histoire. La guerre, censée durer trois jours, s'est prolongée durant des années. En Irak, le pouvoir est tombé aux mains d'alliés de l'Iran, l'organisation terroriste État islamique s'est développée. Deux ennemis déclarés des États-Unis. Tout n'était pas prévisible, mais beaucoup l'était.
«J'ai écrit le dernier passage du discours dans le Concorde, entre Paris et New York, raconte l'homme politique. Je ne l'ai pas transmis à la presse à l'avance, car je voulais attendre que Jacques Chirac l'ait lu.» Jacques Chirac, président de 1995 à 2007, était son mentor politique. Gaulliste comme lui, il entretenait des liens étroits avec le monde arabe, à l'instar de tous les chefs d'État français de la Ve République depuis 1958. Il s'en est fallu de peu: l'appel de Chirac depuis Paris est arrivé quelques minutes seulement avant l'intervention. Les applaudissements ont fusé
Le passage que Dominique de Villepin rédigea dans l'avion est celle qui a marqué les esprits. «Et c'est un vieux pays, la France, un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'Occupation, la barbarie. Un pays qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus d'Amérique et d'ailleurs. Et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à l'histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur.»
Vieille France, vieille Europe. Des applaudissements ont fusé dans cette salle où l'on n'applaudit que rarement. D'abord modérés, venant des rangs des ambassadeurs, ils se sont amplifiés. Les caméras se sont tournées vers Joschka Fischer, ministre allemand des Affaires étrangères qui présidait la séance. Un doux sourire aux lèvres, il gardait les yeux baissés.
Villepin avec Joschka Fischer (à droite), alors ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne, et avec Jacques Chirac (à gauche), président français et mentor.
Photo: AFP
«Joschka et moi étions très proches, proches sur le plan humain», dit l'ancien premier ministre. «Entre nous, il y avait aussi une alchimie intellectuelle, un goût pour les idées, pour l'histoire.»
Dans ce discours, il cherchait à toucher une part du raisonnement américain qui échappe à l'influence de l'histoire. «Nous autres Français avons constamment en tête tous les événements historiques importants lorsque nous pensons en termes de contexte.» Il énumère alors rapidement quelques exemples qui lui viennent à l'esprit: Napoléon, la campagne d'Espagne de 1808, la campagne de Russie, puis la guerre d'indépendance de l'Algérie.
La vieille France, veut-il dire, n'agit pas de manière puérile et n'oublie jamais l'histoire. «L'Europe risque de devenir un acteur secondaire des affaires mondiales»
Et comment vivez-vous, M. de Villepin, le fait que les grands responsables politiques européens s'inclinent aujourd'hui devant Trump, le flattent, pour ne surtout pas le brusquer? «Cette cour est insupportable, répond le diplomate français. Moi, ça me fait vraiment mal.»
Selon l'ancien premier ministre, les Européens sont paralysés face à Trump , découragés et prisonniers de leur dépendance. «Au lieu de parler d'une seule voix, au nom de l'Europe, Ursula von der Leyen parle, Emmanuel Macron parle, Friedrich Merz parle.» Il devrait pourtant être évident que l'Europe n'est forte que lorsqu'elle se présente unie.
Mark Rutte, secrétaire général de l'OTAN, avec Donald Trump dans le bureau ovale.
AFP
Mark Rutte, chef de l'OTAN, a érigé la flatterie envers Trump en véritable art: «On affirme aujourd'hui que Mark Rutte a bien réussi, que cela a marché. N'est-il pas évident que cela ne fait que conforter les Américains, Trump, J. D. Vance et les autres, dans leur comportement envers nous?» Et dans leur humiliation.
«Si ça continue ainsi, prévient Dominique de Villepin, l'Europe risque de devenir un acteur secondaire des affaires mondiales . Elle se retrouverait alors réduite au rôle de simple zone tampon dans l'affrontement entre les États-Unis et la Chine, avec un risque élevé d'être broyée. Partout, elle se laisse distancer.»
Il élève la voix quand il s'emballe, puis il tape du poing sur la table en bois à chaque nouvel argument. Même si Dominique de Villepin reste critique, Emmanuel Macron remonte dans son estime
Dominique de Villepin portait jusqu'à présent un jugement sévère sur la diplomatie du président de la République , lui reprochant un manque de constance et de cohérence en politique étrangère. Pourtant, Emmanuel Macron avait commencé dans l'esprit de Charles de Gaulle et François Mitterrand, avec beaucoup de prudence quant à la vieille politique d'équilibre française, ce rôle traditionnel d'intermédiaire entre le monde arabe et l'Occident.
«Son discours à la Sorbonne portant sur la souveraineté et l'autonomie stratégique de l'Europe respectait le schéma de notre diplomatie, affirme Dominique de Villepin. Toutefois, Emmanuel Macron a par la suite dévié de cette voie et succombé à la tentation de personnaliser les relations, notamment avec Donald Trump et Vladimir Poutine. Ce n'a pas donné des résultats probants.»
La décision de chef d'État de reconnaître la Palestine comme État, faisant de la France le premier pays du G7 à le faire, est qualifiée par Dominique de Villepin d'«historique et courageuse». Il ajoute: «Cette décision honore nos valeurs universelles.» Le «nos» renvoie ici à son pays d'origine, la France, et ce vieux continent qu'est l'Europe. Il est de retour sur la scène politique et n'hésite pas à évaluer les positions des dirigeants actuels.
Villepin lors d'une apparition télévisée en 2011.
AFP
Il avait disparu depuis 2007, s'évanouissant du jour au lendemain après sa défaite politique face à Nicolas Sarkozy. Ce dernier était devenu président, tandis que Dominique de Villepin s'était tourné vers des conférences grassement rémunérées aux quatre coins du monde. Il avait aussi exercé comme avocat d'affaires et conseiller d'entreprise, le parcours classique des puissants en préretraite. Entre-temps, il a aussi aidé son fils à ouvrir une galerie d'art à Hong Kong.
En France, l'enrichissement soudain de Dominique de Villepin soulève désormais des questions. L'ancien premier ministre n'a pourtant pas hérité de grand-chose. Son appartement de deux étages, d'une surface de 380 m2 sur l'avenue Foch, a coûté six millions d'euros. Il a simplement balayé ces rumeurs d'un sourire. «Bien sûr!» qu'il veut être président
Il a failli entrer dans l'histoire comme un one hit wonder politique: un grand discours, puis plus rien. La guerre à Gaza est venue changer la donne. Il a fait son retour en force dans les médias avec son style bien à lui — ce «débit passionné» que «Le Monde» décrit comme «agaçant ou électrisant, au choix». Très tôt, il s'est fait le défenseur des Palestiniens, récoltant les applaudissements à gauche. Son propre camp bourgeois lui reprochait d'être trop dur avec Israël. Un monde à l'envers.
Il demeure pourtant ce qu'il a toujours été: un gaulliste dans la plus pure tradition. Un équilibriste sur le fil entre l'Occident et le Sud, évoluant constamment dans une sphère morale que le reste du paysage politique ne semble pas atteindre.
«Évidemment, je me prépare pour 2027, affirme Dominique de Villepin. Bien sûr, je souhaite devenir président.» Selon lui, tout reste ouvert, tout est possible. «Le drame de la France, c'est que nombreux sont ceux qui imaginent comment accéder au pouvoir, mais rares sont ceux capables de l'exercer.» Et il connaît quelqu'un en qui il a confiance pour relever ce défi.
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