
Affaire Epstein : pourquoi Bill et Hillary Clinton sont-ils convoqués devant le Congrès pour s'expliquer?
Les fantômes du passé rattrapent les Clinton. Mardi 5 août, James Comer, président républicain de la puissante commission de supervision du Congrès, a convoqué Bill et Hillary Clinton pour qu'ils s'expliquent sur leurs relations avec Jeffrey Epstein, le financier retrouvé pendu dans sa cellule new-yorkaise en août 2019. L'ancien président doit comparaître le 14 octobre, son épouse et ex-secrétaire d'État le 9 octobre. Six anciens ministres de la Justice et deux ex-directeurs du FBI sont également assignés à témoigner sur le déroulé de l'enquête judiciaire.
Au cœur des accusations : les multiples voyages de Bill Clinton à bord du jet privé du notoire délinquant sexuel Jeffrey Epstein. «De votre propre aveu, vous avez voyagé à bord de l'avion privé de Jeffrey Epstein à quatre reprises en 2002 et 2003», écrit James Comer dans sa lettre d'assignation. Un chiffre qui semble bien en deçà de la réalité. Si l'on en croit le média américain The Cut, les carnets de vol du «Lolita Express» - surnom donné à l'appareil qui faisait régulièrement des allers-retours vers Little Saint James («l'île de la Pédophilie située dans les îles Vierges) pour y amener de jeunes femmes - verraient en effet le nom de l'ancien président apparaître au moins douze fois.
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Pour Hillary Clinton, la commission s'interroge sur les liens de sa famille avec le duo criminel. «Votre famille semble avoir eu des liens proches avec à la fois Jeffrey Epstein et sa complice Ghislaine Maxwell», affirme l'élu républicain. Sollicités par l'AFP, les services de l'ancien président démocrate de 78 ans n'ont pas répondu dans l'immédiat. Idem pour l'ancienne candidate à la présidentielle de 2016.
Bill Clinton sur l'île du scandale ?
Plus troublant encore, le témoignage de Virginia Giuffre, une des victimes présumées d'Epstein et Maxwell. Dans la transcription d'une conversation que la jeune femme a eue avec ses avocats en 2011, citée par le New York Magazine en juillet 2020, elle assure avoir vu Bill Clinton séjourner sur Little Saint James, l'île privée où se déroulaient les orgies sexuelles avec des mineures. La fois où Virginia Giuffre rencontre l'ancien président des États-Unis, il est accompagné de Ghislaine Maxwell et de «deux jeunes filles» venues de New York. «Je me souviens avoir demandé à Jeffrey ce que Bill Clinton faisait ici, ce genre de chose. Il a ri et m'a répondu qu'il me devait une faveur», raconte-t-elle alors. «Il ne m'a jamais dit de quoi il s'agissait. Je ne l'ai jamais su. Je ne savais pas s'il était sérieux ou si c'était juste une blague.»
Des révélations qui contredisent les déclarations du porte-parole de Bill Clinton en 2019 : «Le président Clinton ne sait rien sur les terribles crimes pour lesquels Jeffrey Epstein a plaidé coupable en Floride, il y a quelques années, ou ceux dont il a été récemment accusé à New York.»
Un message embarrassant pour les 50 ans d'Epstein
Pour couronner le tout, le Wall Street Journal (WSJ) a récemment ajouté une pièce dans la machine. Le 24 juillet, le quotidien affirme que Bill Clinton aurait écrit un message dans le livre d'or des 50 ans du pédocriminel en 2003. «C'est rassurant, n'est-ce pas, d'avoir duré aussi longtemps, à travers toutes ces années d'apprentissage et de connaissance, d'aventures [...] et aussi d'avoir conservé votre curiosité d'enfant, votre volonté de faire la différence et le réconfort de vos amis», aurait écrit l'ancien président dans la section «Amis» du recueil.
Ce registre, initiative de Ghislaine Maxwell, contenait également une lettre «de caractère salace» au nom de Donald Trump, que le WSJ indique avoir vue. Elle comporterait plusieurs lignes de texte dactylographié entourées des contours d'une femme nue, apparemment tracés au marqueur. La signature gribouillée du futur président apparaîtrait sous la taille de la femme, évoquant une toison pubienne. Dans ce livre d'or, figureraient aussi les signatures du milliardaire Leon Black, du patron de médias Mortimer Zuckerman et de l'ancien directeur de Victoria's Secret Leslie Wexner.
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Trump aussi dans la tourmente
L'assignation des Clinton intervient alors que Donald Trump subit lui-même un retour de flamme dans cette affaire. Le président républicain, qui avait promis des «révélations fracassantes» sur le dossier Epstein pendant sa campagne, a fait face à la colère de sa base après que son administration a annoncé début juillet n'avoir découvert aucun élément nouveau justifiant la publication de documents supplémentaires.
À lire aussi Donald Trump dans le piège de l'affaire Epstein
Depuis, la Maison Blanche tente d'éteindre la polémique. Le numéro deux du ministère de la Justice, Todd Blanche, ancien avocat personnel de Donald Trump, s'est notamment rendu fin juillet dans la prison de Floride où était incarcérée Ghislaine Maxwell afin de l'interroger pendant une journée et demie. L'ancienne mondaine new-yorkaise a ensuite été transférée dans une prison aux conditions de détention moins strictes au Texas, une décision condamnée par les démocrates qui ont accusé l'administration Trump d'accorder des faveurs à celle qui a été condamnée pour exploitation sexuelle.
Trump a lui-même relancé le débat en fournissant une nouvelle version de sa rupture avec Epstein. Il affirme désormais que le litige portait sur des employées de son club Mar-a-Lago qu'Epstein aurait «prises». La Maison Blanche soutenait jusqu'alors que Trump avait chassé le financier de son club pour s'être «comporté comme un tordu».
Il n'est pas encore certain que les Clinton se plient à cette assignation, hautement inhabituelle aux États-Unis. Parmi les autres personnalités convoquées figure James Comey, ancien chef du FBI devenu la bête noire de Trump pour son rôle dans l'enquête sur l'ingérence russe. Ghislaine Maxwell, qui devait être interrogée le 11 août, a quant à elle vu son audition reportée sine die.
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