Tour de France 2025 : Malgré les éclaircies Kévin Vauquelin et Lenny Martinez, les Français désarmés sur la première semaine
La statistique tracasse, forcément : depuis le top départ du Tour de France, aucun Tricolore n'est grimpé sur un podium d'étape. On peut même en rajouter des couches, rappeler que l'année dernière, avant le premier jour de repos, les Bleus avaient déjà gagné trois fois ; ou ressasser la série en cours des 26 années d'affilée - soit depuis 1999 - avec au moins une victoire française par édition.
Tout tristoune soit-il, ce constat est un peu décalé par rapport à la réalité. Parce que les Français ont débarqué dans un état conforme à leurs attentes et capacités, qu'ils n'ont pas lésiné sur leurs efforts, mais leurs velléités ont simplement été éteintes par des forces de la nature qui punissent sur n'importe quel terrain.
Kévin Vauquelin est l'un de ceux qui surnagent, avec fraîcheur et légèreté, dans une nouvelle peau de postulant aux bouquets depuis ses deuxièmes places sur le Tour de Suisse, la Flèche Wallonne et sa victoire sur la 2e étape l'an dernier. Sauf que sa position est réversible, avec côté face de plus en plus de groupies - « J'ai vu une montgolfière avec ma gueule dessus, vous vous rendez compte ? » - mais côté pile un étiquetage encombrant. Dans le final onduleux de la 2e étape, le Normand de 24 ans a échoué dans ses quatre offensives. Trop intrépide, parfois mal placé, mais surtout bridé : « C'est normal que je sois marqué après ce que j'ai fait, on m'a beaucoup vu. »
Les puncheurs en second rideau
Trois fois dans le top 10, Vauquelin s'est réconforté avec le maillot blanc et une place sur le podium du général, désormais sous la coupe de Remco Evenepoel. Ses compatriotes puncheurs sont eux aussi charpentés, et leur audace décomplexée leur offre des résultats au rang de ceux ambitionnés, mais plus eût tenu d'une prouesse. « Ce sont des rock stars devant », nous a concédé Marc Madiot. Romain Grégoire (4e dans le Pas-de-Calais, 5e à Rouen), Aurélien Paret-Peintre ou Julian Alaphilippe (5e et 7e à Boulogne-sur-Mer) flottent avec les moyens du bord.
Côté animation, les baroudeurs français se sont payé le plaisir de quelques bouffées d'air frais à l'avant, sans prétention - les copains de TotalEnergies Mattéo Vercher et Mathieu Burgaudeau sur la 8e étape ou Ewen Costiou en terre bretonne la veille - mais ont laissé passer, puisqu'il y en a eu, les vrais bons coups. Quand Ben Healy a triomphé au prix d'une longue cavalcade en solo vers Vire Normandie, s'extirpant de l'échappée à 42 km du bout, aucun Français n'est parvenu à s'insérer parmi les fuyards, réunis dans la côte de la Rançonnière après deux heures de bagarre.
Deux jours plus tard, Lenny Martinez, avec Alex Baudin (EF Education - Easy Post) et Valentin Paret-Peintre (Soudal - Quick Step), s'immisçait cette fois dans le groupe de fugue gagnant. La possibilité d'un succès s'est effilochée avant le final au Mont-Dore pour le Cannois - il dira que « les coureurs devant étaient trop forts pour moi » - qui a, par contre, enfilé le maillot à pois, 47 ans après son grand-père Mariano, le jour du 14 juillet. Le petit modèle de Bahrain-Victorious (22 ans), trois fois vainqueur en WorldTour cette saison, a décelé la bonne brèche pour éclaircir son début de Tour ombrageux.
Les sprinteurs neutralisés
L'autre embellie bleue, et c'est plus inhabituel, est venue du contre-la-montre à Caen, avec la 4e place du champion de France Bruno Armirail (Décathlon-AG2R), à deux secondes du podium, et la 5e de Kévin Vauquelin, déchaîné par un public en pâmoison dans « sa » Normandie.
Rayon sprints massifs, c'est niet. Même si les gros calibres français n'ont pas été vernis : sur la chaotique 3e étape vers Dunkerque, Émilien Jeannière (TotalEnergies) - qui jettera l'éponge le lendemain -, Bryan Coquard (Cofidis) et Paul Penhoët (Gropama-FDJ) se sont heurtés au bitume à l'entrée de la dernière ligne droite. Le Breton de 23 ans, une des seules jeunes pousses du sprint bleu blanc rouge, n'a pas été gâté par la chance, en crevant samedi à Laval à dix kilomètres de l'arrivée. Il se rattrapera avec un top 5 à Châteauroux. Quant au vétéran Coquard, il s'est fait piéger par le vent sur la 1re étape, avant d'être mêlé à deux incidents, dont un qui a mené bien malgré lui à l'abandon de Jasper Philispen (Alpecin-Deceuninck).
« Je vais courir pour gagner une étape »
Kévin Vauquelin
Si des arguments, dont cette mauvaise fortune, se valent pour justifier cette défaillance - génération fantôme, fossé physique face aux mastodontes, effectif sous-dimensionné à l'heure où le pur sprinteur est en voie de disparition - Arnaud Démare, hors du coup cette année (13e au mieux à Châteauroux), reste le dernier Français vainqueur d'une arrivée massive sur la Grande Boucle (2018).
Mais Paris est encore loin. Kévin Vauquelin, délesté du poids du podium - il est déjà redescendu à la 6e place après la première escapade en montagne - pourra remettre les watts sans retenue. « Je vais courir pour gagner une étape et on verra ce que ça donnera », a-t-il promis en point presse ce mardi.
De toutes les façons, les Bleus risquent - et ça n'étonnera personne - de repartir sans honneur au général : Guillaume Martin-Guyonnet, 13e l'an dernier et toujours à l'affût d'un accessit au classement final, est 16e à plus de 10 minutes après avoir souffert au Mont-Dore (25e). Aussi, la meilleure situation est-elle celle de Jordan Jegat (TotalEnergies), le discret Morbihannais qui, pour son deuxième Tour de France, est 14e (+ 1'30''), à l'orée de la haute montagne pyrénéenne qui lui sied bien.
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