
Ils vivent à 4 dans ce studio insalubre du 16e arrondissement de Paris pour 650 euros de loyer mensuel
Lorsque l'on pénètre dans cet immeuble, en plein cœur du 16e arrondissement de Paris, on ne s'attend pas à trouver, au détour d'un couloir, au 7e étage sans ascenseur, un appartement non décent, même insalubre par endroits. Depuis la rue se distingue une façade typique de l'architecture haussmannienne, avec une belle porte cochère. Un élégant tapis rouge recouvre le sol, dans le hall.
Et pourtant, une fois les 7 étages sans ascenseurs gravis, non sans peine, nous tombons nez à nez avec 17 chambres de service qui s'étendent sur un même étage. Nous poussons la porte d'un de ces logements : des canalisations sont apparentes, des fils électriques dépassent et des murs gondolent, rongés par l'humidité. Le contraste entre l'intérieur de cet appartement et l'extérieur de l'immeuble est saisissant. Une odeur de renfermé, due à l'humidité, imprègne les lieux. Une senteur persistante qui ne nous quittera pas avant que l'on parte du logement.
Les fils électriques dépassent et sont visibles.
Crédit Photo : Me Marcia Mouquinho
Face à nous, deux enfants et deux adultes s'entassent dans ce studio de 16 m² (d'après le bail, mais la superficie semble plus réduite). Les enfants dans un lit superposé et les parents par terre sur un matelas en mousse pliable. Un peu plus loin, sur le palier, se trouvent les toilettes. Marie* et Ben* versent chaque mois 650 euros de loyer depuis 11 ans. « Le propriétaire était d'accord pour faire des travaux lorsque l'on a emménagé mais il ne les a jamais effectués. Il a annulé tous les rendez-vous que l'on avait pris », regrette Ben.
Une non-intervention du préfet
Le 29 septembre 2022, Marie et Ben ont pourtant été reconnus prioritaires pour l'obtention d'un logement social et devant être relogés en urgence par la commission de médiation de Paris et le 20 octobre 2023, une ordonnance enjoint au préfet de les reloger, sous astreinte de 450 euros par mois. Le préfet n'a pas mis en exécution cette ordonnance. « Depuis octobre 2023, le préfet a même été enjoint à reloger les locataires sous peine de 450 euros par mois de retard », fait remarquer Me Marcia Mouquinho, avocate en droit public qui représente les locataires.
Le sol est cassé par endroits.
Crédit Photo : Me Marcia Mouquinho
Un pédiatre a délivré une attestation dans laquelle il stipule que l'état de santé de la petite fille de 5 ans « nécessite un aménagement de l'environnement, moins d'humidité et de moisissures », en novembre 2024. Ben a même écrit un courrier au défenseur des droits qui a répondu qu'« un courrier sera prochainement adressé au préfet de Paris et d'Île-de-France [...] afin de les interroger sur votre situation locative et sur l'avancement de votre demande de relogement ». Deux recours ont été introduits dont une requête en injonction dans laquelle il est demandé d'enjoindre au préfet de la région Île-de-France et de Paris d'assurer leur relogement car aucune offre n'a été formulée depuis la décision du 29 septembre 2022 et l'ordonnance d'octobre 2023.
« D'un côté se trouve le droit au logement opposable (Dalo) et de l'autre côté, des investisseurs qui mettent en location des logements. Il existe un minimum de conditions. On ne peut pas louer un logement insalubre ou indécent. Le prix au mètre carré est ici excessif par rapport à l'état du logement », souligne Me Marcia Mouquinho. En attendant d'être relogée, la petite fille « prie pour avoir une belle chambre à elle qu'elle pourra décorer ».
*Les prénoms ont été changés
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