
Avec son budget invendable, François Bayrou joue-t-il au poker menteur ?
Mais pas de quoi former un pack solide autour de cet amateur de rugby. Au contraire. Puisque certains de ses soutiens de droite se désolidarisent de sa feuille de route. « Un effort de près de 44 milliards d'euros est nécessaire mais la seule façon d'emporter l'adhésion des Français, c'est avec de la justice et du bon sens. Deux principes cruellement absents de ce plan », a grondé le président LR de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.
Il faut dire que, sur le contenu, l'esquisse de budget dessiné par François Bayrou a tout pour s'attirer les foudres. Année blanche comprenant le gel des pensions de retraite, fin de l'abattement fiscal des retraités, non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois, gel de toutes les prestations sociales au niveau de 2025 (sans tenir compte de l'inflation), coup de rabot sur les affections longue durée, doublement du plafond annuel des franchises médicales, suppression de deux jours fériés…
Dramatisation excessive
Le régime d'économies proposé par le Premier ministre est particulièrement sévère. Et il n'est pas garanti que la dramatisation excessive et les comparaisons hasardeuses (entre la gestion du budget de l'État et celui d'un foyer par exemple) suffisent à faciliter son acceptation. D'autant que François Bayrou a cité comme idée l'hypothèse de s'en prendre à deux jours fériés chargés d'histoire, le lundi de Pâques et le 8-Mai.
Ce qui, outre le coût social d'une telle mesure (conduisant de fait à une baisse du salaire de base), déplace le débat sur son caractère symbolique. Et particulièrement s'agissant du 8-Mai, jour de la commémoration de la victoire sur les nazis. « C'est extrêmement grave », a immédiatement réagi la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, citée par l'AFP, alors que cette perspective enflamme la classe politique, du RN à la France insoumise. Sur le fond comme sur la forme donc, les oppositions goûtent peu la potion amère servie par le Béarnais.
« Non seulement François Bayrou n'a rien à proposer à part faire les poches des Français, mais il commet la grave erreur de prendre les Français pour des imbéciles en prétendant qu'il n'y a pas de hausse d'impôts ! Ils proposent en réalité 20 milliards d'impôts et de spoliations ! », s'enflamme dans un tweet le député RN Jean-Philippe Tanguy. Président du groupe socialiste à l'Assemblée, Boris Vallaud tance un « un budget brutal et inacceptable ». Or, sans la mansuétude du PS ou du RN à l'automne, le Premier ministre semble voué à préparer ses valises pour retourner à Pau.
Marges de manœuvre
À moins qu'il s'agisse pour l'intéressé de présenter un objectif maximal qu'il sait lui-même inatteignable, afin d'atteindre un seuil qu'il jugerait acceptable au bout des négociations. Sur le sujet des jours fériés par exemple, François Bayrou s'est dit « prêt à accepter d'autres idées », laissant ainsi aux oppositions le soin de débattre de la pertinence des dates choisies et faisant ainsi progresser l'idée qu'au bout du compte, un jour au moins devra être sacrifié. Il en va de même pour le chiffrage des économies à réaliser. Alors que le gouvernement tablait sur 40 milliards, le Premier ministre a chargé la barque, en annonçant une trajectoire à 43,8 milliards d'euros.
Une façon pratique (et pas forcément subtile) de se ménager une marge de manœuvre pour, à la fin, atterrir sur le chiffre initialement évoqué par l'exécutif (et qui par ailleurs s'avère contestable sur le fond). Le tout, en donnant l'impression d'avoir lâché du lest et d'avoir fait un pas vers les oppositions. « On peut dialoguer mais on ne peut pas reculer sur les objectifs fixés », a d'ailleurs prévenu François Bayrou, renvoyant ainsi aux oppositions la responsabilité de faire des propositions pour atteindre la trajectoire qu'il a décidée.
Elles auront tout l'été pour y réfléchir, et le Premier ministre semble miser pour que son « moment de vérité » infuse dans l'opinion, au point qu'une copie un peu moins rude finisse par paraître acceptable. Quitte à mettre sa censure en jeu avec une première version intolérable pour les oppositions. « Qu'importe le risque », a-t-il conclu, bravache. À la manière d'un joueur de poker qui ferait tapis avec une paire mineure et dépareillée.
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