
Un homme « narcissique » et « dangereux pour les femmes » condamné à la prison à vie
Une sœur jumelle. Une fille adorée. Une femme libre. Une artiste sensible. Romane Bonnier était tout ça. Mais à 24 ans, elle a été assassinée par son ex-copain qui n'a pas accepté leur rupture. Un homme « dangereux pour les femmes et pour la société », a asséné le juge en le condamnant lundi à la prison à vie.
« [François] Pelletier a [voulu présenter] une défense de nécessité. Il a dit que le monde serait privé de sa propre excellence, s'il était mort au lieu de [Romane]. Ses propos 'scandaleux' démontrent qu'il est une personne profondément narcissique et sans empathie », a lancé le juge François Dadour lundi matin au palais de justice de Montréal.
Au terme des témoignages émouvants des proches de la victime et d'une ultime provocation de François Pelletier, l'assassin a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Il a toutefois porté en appel le verdict de meurtre au premier au degré.
LINKEDIN DE FRANÇOIS PELLETIER
François Pelletier a été condamné à la prison à vie pour le meurtre de son ex-copine Romane Bonnier en 2021.
Son procès devant jury, François Pelletier, s'en est servi comme une tribune pour justifier ses actes abjects. Dès le début de son témoignage de six jours, il a admis avoir poignardé une vingtaine de fois son ex-copine Romane Bonnier, le 19 octobre 2021, au centre-ville de Montréal. Une opération d'assassinat qu'il surnommait « l'opération Colère du ciel ».
Au procès, François Pelletier a soulevé plusieurs explications ésotériques pour justifier son crime. Dans une requête, il a même expliqué avoir tué le « double » de Romane. Une personne « alternative » surnommée « enamoR », soit le prénom de la victime à l'envers. « Cet autre Romane était 'l'ennemi de l'amour' », disait-il.
Or, le juge Dadour est implacable : François Pelletier a tué Romane, car elle l'a quitté. Tout simplement.
Sa défense de troubles mentaux présentée sans aucun rapport d'expert a d'ailleurs été rejetée par le jury.
PHOTO TIRÉE D'UNE VIDÉO DÉPOSÉE EN PREUVE
Sur cette image, on peut voir François Pelletier, alors qu'il s'apprête à tuer Romane Bonnier dans les prochaines secondes. Il tient des fleurs de la main gauche et un couteau dans la main droite.
En « guerre » contre la société
Le juge Dadour a essentiellement décrit l'assassin comme un « incel » (célibataire involontaire) lundi, sans toutefois utiliser ce terme. Car François Pelletier reprochait à la société de ne pas lui avoir « fourni l'amour de femme » et d'avoir mené une « guerre » contre lui ». Il s'offusquait que les femmes ne respectent pas sa vision « politique » de l'amour. Des positions « ridicules », selon le juge.
Même s'il a témoigné pendant une semaine, on en sait bien peu sur François Pelletier. Le juge a toutefois mentionné lundi qu'il avait déjà passé des mois en prison aux États-Unis pour une affaire de drogue, et qu'il avait récemment poignardé deux codétenus en prison.
« Guerre spirituelle », « tempête parfaite », « vrais faits de la vie ». Pour sa dernière prise de parole publique, François Pelletier a été fidèle à lui-même en livrant un monologue déroutant pour justifier ses gestes.
« Vos propos sont complètement cryptiques. Je n'ai rien noté de tout cela. M. Pelletier, votre procès est terminé », lui a sèchement répondu le juge François Dadour.
François Pelletier a ensuite sorti un énième lapin de son chapeau en demandant de déposer en preuve un « livre » de 150 pages intitulé « The book of wisdom » (Le livre de la sagesse). Une demande rejetée par le juge.
PHOTO TIRÉE D'UNE VIDÉO DÉPOSÉE EN PREUVE
Sur cette image, on peut voir François Pelletier (en rouge) suivre Romane Bonnier (en noir) au centre-ville de Montréal, quelques minutes avant le meurtre.
Une vie « innocente »
Avant d'entendre le charabia de l'assassin, les proches de Romane Bonnier ont partagé au Tribunal toute l'ampleur de leur souffrance.
« Je l'ai accouchée, allaitée, bercée, consolée, écoutée, encouragée, respectée. Plus de 24 ans de bonheur. Il n'aura fallu que quelques secondes pour tuer ce bonheur. Pour tuer ma fille. La vie ne sera plus jamais la même. Je ne suis plus la même. Ma fille me manque, c'est viscéral », a témoigné sa mère Jocelyne Legault.
« Elle aimait rire, lire, voyager, voir ses amis. Romane était une grande romantique. Romane était sensible, elle ne comprenait pas la méchanceté. Romane aimait sa liberté », a poursuivi sa mère.
Dans une lettre crève-cœur, la sœur jumelle de Romane a évoqué le « vide profond » qu'elle vivait maintenant. « Le 19 octobre 2021, une partie de moi est décédée, et bientôt 4 ans plus tard, j'essaie encore d'apprendre à vivre avec ce vide », a-t-elle écrit.
« La somme du mal que tu as engendré est difficilement quantifiable », a lancé Lancelot Bonnier. Dans un témoignage poétique, le frère de la victime s'est adressé directement à l'assassin à qui il a reproché d'avoir fauché une « vie innocente ».
« Tu as décidé de prendre une vie qui chantait, dansait, vibrait, riait, jouait, gigotait sans cesse. Tu as choisi de prendre Romane », a témoigné son frère.
Le juge Dadour a terminé sa décision en vantant le travail colossal accompli par les deux avocats « amis de la cour », Me Hovsep Dadaghalian et Me Christopher Mediati qui ont assisté François Pelletier au procès. L'accusé se défendait seul.
Me Marianna Ferraro et Me Louis Bouthillier ont représenté le ministère public.
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