
Dépouillée de près de 100 000 $ à 84 ans
Une nouvelle variante de fraude bancaire impliquant un faux policier fait de plus en plus de victimes au Québec et en Ontario. Michèle Toso Saint-Denis, 84 ans, a perdu près de 100 000 $ en tombant dans le piège. Son fils déplore la lenteur de sa banque à détecter les transactions anormales.
Michèle Toso Saint-Denis a honte.
Le 15 mai dernier, un homme « calme et posé, qui ne parlait pas beaucoup », l'a appelée en se faisant passer pour l'enquêteur Martin Leblanc, du Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL).
La police, disait-il, suspectait un employé de la Banque de Montréal d'être en train de la frauder. Mme Toso Saint-Denis devait l'aider à arrêter le voleur rapidement.
La dame de 84 ans, souffrant d'un cancer qui la force à prendre plusieurs médicaments chaque jour, y a cru à fond.
Investie à 100 %
« J'étais dans un autre monde, complètement. J'étais investie à 100 % dans l'histoire du voleur qu'il fallait arrêter, dit-elle. J'étais obsédée par ça. »
PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Michèle Toso Saint-Denis est avec son fils Iann. Elle a cru à fond l'histoire des fraudeurs.
À la demande du faux enquêteur, elle a pris un taxi, s'est rendue à la succursale longueuilloise de la BMO, où elle a vidé son coffret de sécurité de tout ce qui s'y trouvait.
En revenant à la maison, elle a rappelé le faux inspecteur, qui lui a dit de tout mettre dans une enveloppe blanche, y compris ses cartes bancaires avec les NIP correspondants, et surtout, de n'en faire mention à personne pour ne pas nuire à l'enquête.
J'ai eu un temps d'arrêt quand il m'a demandé de donner mes NIP, mais le type m'a juste dit : 'Ben là… je suis policier, madame'.
Michèle Toso Saint-Denis
Un autre homme, un complice portant un gilet jaune fluorescent, a ensuite sonné à sa porte pour récupérer l'enveloppe. Les caméras de surveillance du complexe de condos où habite Mme Toso Saint-Denis ont capté son arrivée. Les images ont été transmises aux vrais policiers du SPAL après que l'arnaque a été découverte.
En l'espace de quelques jours, les fraudeurs ont vidé son compte courant, qui contenait un peu plus de 20 000 $.
Ils ont aussi porté pour 30 000 $ de dépenses sur sa carte de crédit à coups de retraits de 1500 $ dans des guichets automatiques de Laval, d'achats de 2500 $ chez Costco à Sainte-Foy et Pointe-Claire, et de paiements de 2400 $ à un service de limousine de Saint-Léonard. Quand la carte de crédit a été pleine, les fraudeurs l'ont renflouée en déposant une série de chèques personnels portant l'en-tête d'une autre institution financière, prétextant que Mme Toso Saint-Denis venait d'acheter deux nouvelles voitures et de louer un chalet.
Les voleurs ont poussé le larcin jusqu'à un total de près de 100 000 $, selon la famille de Mme Toso Saint-Denis.
La banque « dort au gaz »
Son fils, Iann, affirme que la banque a initialement refusé d'absorber la perte, reprochant à sa cliente d'avoir fourni aux voleurs ses NIP et des codes de vérification à double facteur.
La BMO a ensuite offert d'éponger 42 000 $ « à titre de geste de bonne volonté », après un examen du dossier fait par le Bureau de résolution des plaintes de la haute direction de l'institution financière.
La famille n'a pas encore décidé si elle accepterait ou non cette offre.
« Oui, ma mère a donné ses NIP. Oui, elle a commis une erreur, reconnaît Iann Saint-Denis. Mais je m'explique mal que la banque n'ait pas été en mesure de détecter qu'une cliente de 84 ans, qui a de la misère à marcher et se déplace normalement dans un rayon de deux kilomètres carrés, se met à dépenser des 7000 $, 8000 $, 12 000 $ pour des commandes chez Costco et un service de limousine. »
PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Iann Saint-Denis déplore le manque de mesures de sécurité adoptée par la banque pour protéger les clients comme sa mère.
« Leurs algorithmes, c'est vraiment n'importe quoi. La banque dort au gaz », déplore-t-il.
« Ma mère a toute sa tête, mais elle se sent rapidement dépassée. Les technologies de vérification à double facteur, les NIP, les codes de sécurité, c'est super, mais les personnes comme elle ne les maîtrisent pas », plaide-t-il.
À partir d'un certain âge, la banque devrait mettre des limites de transactions de 1000 $ ou 2000 $ par jour, et si ces clients-là veulent vraiment acheter une nouvelle auto ou louer un chalet, ils peuvent appeler ; ils ont des téléphones.
Ian Saint-Denis, le fils de la victime
La Banque de Montréal, sans donner de détails pour des raisons de confidentialité, dit travailler à résoudre la situation dans le cadre de son processus habituel. Elle souligne que les codes d'accès à usage unique transmis par la banque dans le cadre de ses processus de sécurité sont accompagnés de messages rappelant aux clients de ne jamais les divulguer à quiconque.
« Notez que la BMO ne vous contactera jamais par courriel, texto ou appel téléphonique non sollicité pour vous demander des informations sensibles, des mots de passe, des codes PIN ou des codes de vérification [à usage unique] », insiste l'institution.
Une variante en forte croissance
Cette variante de la fraude du faux représentant, où un escroc se prétend policier, est en forte croissance depuis quelques mois. Le SPAL a rapporté 51 cas depuis le début de l'année sur son territoire, alors qu'il en avait compté 38 en 2024 et seulement 6 en 2023.
Le 13 juillet, des policiers de la Sûreté du Québec ont arrêté deux jeunes hommes de 18 et 20 ans qui venaient de frauder une victime de façon similaire en se faisant passer pour un policier à La Tuque, en Mauricie. Ils auraient également demandé à leur cible de mettre ses NIP dans une enveloppe blanche scellée.
Le Service de police d'Ottawa a aussi rapporté une série de cas semblables impliquant un faux policier de son service.
« Les personnes âgées de 65 ans et plus, notamment les femmes (66 %), restent les cibles préférées des fraudeurs, et leur victimisation ne cesse d'augmenter depuis les dernières années », indique l'agente Mélanie Mercille, du SPAL. En 2024, près de 42 % des victimes faisaient partie de ce groupe d'âge, alors qu'elles représentaient 23 % en 2022 et 34 % en 2023.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
5 hours ago
- La Presse
iA Groupe financier sauve 31 millions
iA Groupe financier a dévoilé un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 327 millions, en hausse de 53 %, par rapport à 214 millions à la même période l'an dernier. (Montréal) Moins de morts, moins de maladies et moins de sinistres : iA Groupe financier a dévoilé des résultats meilleurs que prévu, tandis que le malheur a moins côtoyé ses clients ce printemps. Stéphane Rolland La Presse Canadienne iA Groupe financier a dévoilé des résultats meilleurs que prévu tandis que le taux de mortalité, les maladies et les sinistres étaient inférieurs aux prévisions. L'assureur de Québec a mentionné qu'il a réalisé un gain d'expérience de 31 millions, ce qui veut dire que les réclamations ont été moins élevées que ses hypothèses. Le chef des finances, Éric Jobin, a expliqué, mercredi, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes, que l'assurance-vie, l'assurance collective et l'assurance dommages ont toutes réalisé de petits gains d'expérience qui se sont accumulés. L'entreprise, qui portait anciennement le nom d'Industrielle Alliance, a annoncé, en même temps, une augmentation de son dividende trimestriel de 10 % à 0,99 $. iA Groupe financier a dévoilé un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 327 millions, en hausse de 53 %, par rapport à 214 millions à la même période l'an dernier. Le bénéfice ajusté par action a bondi à 3,49 $, en hausse de 27 %. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 3,09 $, selon la firme de données financières Refinitiv. L'action gagnait 0,54 $, ou 0,39 %, à 138,99 $ à la Bourse de Toronto en après-midi.


La Presse
5 hours ago
- La Presse
Les cas d'insolvabilité chez les consommateurs sont en hausse
LACPIR souligne dans un communiqué qu'un Canadien a déposé un dossier d'insolvabilité toutes les quatre minutes environ. (Montréal) Les cas d'insolvabilité chez les consommateurs ont légèrement augmenté au deuxième trimestre, selon les dernières statistiques du Bureau du surintendant des faillites publiées mercredi, tandis que ceux d'entreprise ont un peu reculé. La Presse Canadienne Un total de 36 392 dossiers d'insolvabilité en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité (LFI) ont été déposés au deuxième trimestre de 2025. Parmi eux, 35 114 concernent des particuliers et 1278 des entreprises. Pour l'Association canadienne des professionnels de l'insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR), cette hausse pour les consommateurs de 2,6 % par rapport au trimestre précédent – mais de 0,1 % en glissement annuel – reflète les tensions financières au pays. L'association souligne dans un communiqué qu'un Canadien a déposé un dossier d'insolvabilité toutes les quatre minutes environ. Selon l'ACPIR, le volume trimestriel d'insolvabilités des consommateurs demeure supérieur de 4,9 % aux valeurs d'avant la pandémie pour le deuxième trimestre, ce qui confirme le niveau élevé de détresse financière que continuent de vivre des ménages. Le président du conseil d'administration de l'ACPIR, le syndic autorisé en insolvabilité André Bolduc soutient que la hausse du coût des produits de première nécessité, les paiements hypothécaires de plus en plus élevés et l'augmentation des dépenses courantes des ménages représentent un fardeau pour les consommateurs. Au Québec, le nombre de dossiers d'insolvabilité déposés par des consommateurs a reculé de 2,6 % au deuxième trimestre, comparativement à la même période l'an dernier, pour totaliser 8 372. L'Ontario a enregistré le plus grand nombre de cas, soit 13 292, un chiffre qui demeure stable par rapport au deuxième trimestre de 2024. Terre-Neuve-et-Labrador, la Colombie-Britannique et le Manitoba ont enregistré d'importantes hausses en glissement annuel, respectivement de 20,2 %, de 7,0 % et de 5,3 %. Du côté des entreprises, le nombre de dossiers d'insolvabilité a reculé de 17,1 % au deuxième trimestre comparativement à l'an dernier. L'ACPIR souligne néanmoins que les volumes de dépôts restent supérieurs de 33,4 % à la moyenne du deuxième trimestre avant la pandémie, ce qui constitue un reflet des difficultés persistantes dans le milieu des affaires. Les industries les plus touchées, en nombre de dossiers déposés, sont la construction, les services d'hébergement et de restauration ainsi que le commerce de détail. Cependant, les dossiers d'insolvabilité déposés dans le secteur de l'agriculture, foresterie, pêche et chasse ont grimpé de 29,2 % en glissement annuel. L'ACPIR rappelle que les insolvabilités dans ces secteurs peuvent avoir d'importantes conséquences sur de petites communautés.


La Presse
14 hours ago
- La Presse
La Cour devra se pencher sur les assurances étudiantes
La Cour supérieure du Québec devra se pencher sur ces questions, a tranché la juge Florence Lucas le 31 juillet dernier. Une demande d'action collective concernant potentiellement des centaines de milliers d'étudiants et ex-étudiants vient d'être autorisée par le tribunal. Est-il légal de faire en sorte que les étudiants soient automatiquement inscrits à un régime d'assurance maladie, médical ou dentaire, dont les primes sont prélevées à même leurs droits de scolarité ? L'option de se retirer de ce régime d'assurance, à condition de respecter une plage horaire bien précise, est-elle actuellement bien communiquée ? Est-elle même légale ? La Cour supérieure du Québec devra se pencher sur ces questions, a tranché la juge Florence Lucas le 31 juillet dernier. Une demande d'action collective à ce sujet avait d'abord été déposée en juin 2023 par un étudiant de l'Université de Montréal, mais elle a été modifiée depuis – ce sont maintenant deux demanderesses ayant étudié à Concordia et à McGill qui représentent le groupe. Celles-ci se sont retrouvées automatiquement assurées par Desjardins, par l'entremise d'un cabinet montréalais nommé l'Alliance pour la santé étudiante au Québec (ASEQ), une procédure classique dans les établissements d'enseignement au Québec. Elles soutiennent essentiellement que l'adhésion automatique à un tel régime est illégale, qu'elles n'ont pas été informées des options de retrait et que le délai pour ce faire, d'une durée de quelques semaines, est trop court, peut-on lire dans les documents judiciaires. Elles demandent pour tous les étudiants dans la même situation qu'elles l'arrêt de cette procédure de style « opt-out » (de laquelle on doit se désinscrire plutôt que d'avoir à s'y inscrire), le remboursement des primes payées ainsi que des montants compensatoires, notamment pour le partage d'informations personnelles à l'assureur ainsi qu'en dommages punitifs. Entités mises en cause L'avocat des demanderesses, Me Joey Zukran, du cabinet LPC Avocats, a mentionné à La Presse qu'il espère réussir à s'entendre avec Desjardins et l'ASEQ au cours des deux prochains mois pour éviter d'impliquer toutes les institutions d'enseignement une par une dans un processus judiciaire. Les entités mises en cause pour le moment sont Desjardins sécurité financière et l'ASEQ ainsi que les universités Concordia et McGill, étant donné qu'il s'agit des établissements d'enseignement auxquels les demanderesses sont liées. Un nouveau document a été déposé lundi pour demander d'ajouter à l'action collective les étudiants de 32 autres établissements d'enseignement postsecondaire qui se trouvent dans une situation similaire. Selon le document, plus de 400 000 étudiants seraient couverts par l'ASEQ dans une année donnée et pourraient donc être concernés par l'affaire. Comme tous les contrats d'assurance qui ont été conclus après le 19 décembre 2019 sont visés par l'action collective, le nombre de personnes faisant partie du groupe est encore plus élevé. L'enjeu des assurances pour étudiants a fait couler de l'encre dans les dernières années. Des parents ont déploré le fait d'avoir eu à payer ces primes alors que leurs enfants étaient déjà couverts par leurs propres assurances collectives. De leur côté, les associations étudiantes mentionnent que c'est ce système d'« opt-out » qui leur permet d'offrir des assurances à aussi bas prix à des étudiants qui, pour certains, pourraient avoir de la difficulté à se faire assurer. L'Autorité des marchés financiers (AMF) s'était penchée sur le dossier et avait d'abord interdit en 2022 la procédure d'« opt-out ». Desjardins avait alors annoncé qu'elle n'offrirait plus ces assurances aux étudiants. La mobilisation des associations étudiantes qui déploraient l'ingérence de l'AMF dans leurs affaires avait poussé l'organisation à revoir sa position, et les assurances avaient pu continuer de fonctionner avec l'« opt-out ». Lisez « Les étudiants assurés en bloc » Lisez « Les étudiants partent en guerre contre l'AMF »