
Minuit moins une à la Mine urbaine
(Laval) Mine urbaine, un organisme à but non lucratif (OBNL) de Laval spécialisé dans la revalorisation de meubles et autres encombrants, doit fermer boutique mercredi par manque de fonds.
« Défaire le travail qu'on a fait dans la dernière année, ça fait mal au cœur », soupire Geneviève Dagneau, directrice et cofondatrice de Mine urbaine.
Dans les vastes locaux de l'organisme, près de l'autoroute 440 à Laval, chaises, tables, commodes, buffets, lampes et autres articles des décennies antérieures attendent la clientèle. Tout est propre, remis à neuf ou en voie de l'être, comme ces imposantes chaises en attente de recouvrement. Les prix, déjà raisonnables, sont réduits de 80 %.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Geneviève Dagneau, directrice et cofondatrice de Mine urbaine.
On doit quitter les lieux, donc on essaie que ce qu'on a dévié de l'enfouissement depuis un an, pas loin de 600 tonnes, puisse trouver preneur.
Geneviève Dagneau, directrice et cofondatrice de Mine urbaine.
À la mi-juin, Mine urbaine soulignait son premier anniversaire avec enthousiasme sur les réseaux sociaux. Mais moins de trois semaines plus tard, le 3 juillet, l'OBNL y annonçait devoir fermer ses portes « rapidement ».
L'espace de plus de 12 000 pieds carrés, qui abrite aussi un entrepôt de matériaux et des ateliers, doit être libéré « maximum mercredi soir », dit la cofondatrice, rencontrée à Laval lundi.
L'organisme avait des difficultés financières depuis mars dernier, mais Mme Dagneau avait « un beau repreneur qui est arrivé », relate-t-elle. Ce repreneur, qui ne peut être nommé en raison d'une « clause de confidentialité », s'est toutefois désisté « le 30 juin ».
Tenue à bout de bras par des bénévoles, dont sa directrice, Mine urbaine avait déjà licencié ses six employés en mars. Elle n'a plus les moyens de payer son loyer.
Différents mandats
L'organisme, qui mène plusieurs autres activités (formations, contrats, projets d'écodesign), avait pourtant reçu un soutien enthousiaste à son démarrage. Le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (219 736 $), le Fonds Grand Mouvement Desjardins (190 000 $) et le Service du développement économique de la Ville de Laval (110 000 $) ont notamment participé à son financement. Le projet a aussi récolté plus de 70 000 $ en sociofinancement.
Laval a également accordé deux mandats de service à Mine urbaine, totalisant 30 250 $, dont le plus récent s'est terminé en juin. « La Ville était d'ailleurs sur le point de finaliser une nouvelle entente pour le reste de l'année lors de l'annonce de la fermeture de l'organisme », a indiqué une porte-parole de la Ville par courriel, Carolanne L. Gagnon.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Mine urbaine récupère aussi des matériaux, comme ces anciens globes de lampadaires de Montréal, dont elle possède environ 200 exemplaires.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Des chaises en attente d'un recouvrement
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Vaisselle, meubles, décorations… Les objets sont plus variés les uns que les autres.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Certains articles sont à donner.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Mine urbaine récupère aussi des matériaux, comme ces anciens globes de lampadaires de Montréal, dont elle possède environ 200 exemplaires.
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Le premier mandat, une étude de caractérisation des encombrants réalisée en 2022, a montré que « près de 75 % des encombrants déposés en bordure de rue présentent un potentiel valorisable ».
L'autre mandat faisait partie d'un projet pilote de collecte sur appel chez les citoyens, dont les meubles en bon état étaient amenés à Mine urbaine plutôt qu'à l'écocentre.
La Ville est évidemment très attristée par la fermeture de Mine urbaine. Cet organisme portait une mission à forte valeur environnementale et sociale, qui rejoignait les objectifs de Laval en matière de gestion durable des matières résiduelles.
Carolanne L. Gagnon, porte-parole de la Ville de Laval
Cependant, les programmes de financement du Service du développement économique « ne nous permettent pas de soutenir le redressement d'une entreprise ».
Une partie des sommes annoncées par d'autres bailleurs de fonds n'a pas encore été déboursée, car leur versement était prévu sur plusieurs années.
« Je suis encore en train d'attendre une subvention pour laquelle j'ai donné mes états financiers vérifiés [au début] de mai », ajoute Mme Dagneau.
Depuis l'audience publique du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) de 2021 sur la gestion des résidus ultimes, « on dit que le réemploi, c'est la solution. On est en 2025 et il n'y a pas de vrai programme pour nous appuyer », déplore la cofondatrice de Mine urbaine.
Lisez « Celles qui donnent de l'amour aux meubles usagés »
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4 hours ago
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Nano One, une histoire de recette
Jasmin Dufour est le directeur de l'usine de Nano One à Candiac. On les voit souvent le long des autoroutes ou dans les parcs industriels. Le commun des mortels n'y a pas accès, mais cet été, l'équipe de La Presse Affaires s'est fait ouvrir les portes d'usines qui font partie du paysage. Nano One Siège social : Vancouver Installations : un centre d'innovation en Colombie-Britannique et une usine de production à Candiac Fondateur et président-directeur général : Dan Blondal Nombre d'employés : plus de 100 – une cinquantaine au Québec Ce sont des matériaux de batteries, mais au fond, c'est une histoire de recette. L'intérieur de l'usine de Nano One, sur la Rive-Sud, a des allures de grande cuisine, mais avec des équipements industriels dans lesquels on mélange des ingrédients chimiques. Des cathodes, pôle positif d'une batterie lithium-ion. Combien de fois l'avez-vous entendu depuis l'offensive du gouvernement québécois dans ce créneau ? À Candiac, dans un grand bâtiment bleu que l'on peut apercevoir à la jonction de l'autoroute 15 et de la route 132, on en fabrique pourtant depuis belle lurette (l'usine a eu plusieurs propriétaires depuis le début des années 2000) et le procédé est probablement bien différent de ce que vous avez en tête. Le directeur de l'usine de Nano One, Jasmin Dufour, est habitué à l'étonnement que cela suscite. « Tout le monde, quand on dit que l'on fabrique des matériaux de cathodes, s'attend à une chaîne de montage, lâche-t-il, en laissant échapper un rire. Mais ce sont des procédés chimiques, c'est ça que l'on fait. » PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Les différents ingrédients nécessaires à la fabrication des matériaux de cathodes sont stockés à un endroit bien précis dans l'usine. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Les ingrédients sont mélangés dans des réacteurs industriels. PHOTO FOURNIE PAR NANO ONE Un exemple de ce qui est mélangé dans les réacteurs industriels. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Tout est automatisé dans l'usine. Dans une salle de contrôle, un chef d'orchestre surveille tout ce qui se passe pour s'assurer que rien ne cloche. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE À différentes étapes dans le processus, Nano One peut effectuer des tests en laboratoire pour s'assurer de la qualité des matériaux produits. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Au terme d'un long parcours, c'est dans un four industriel que la dernière réaction chimique s'effectue. 1 /6 Facile de s'en rendre compte aussitôt que l'on met les pieds à l'intérieur du complexe – où, sans surprise, le port du casque, de lunettes de protection, d'une longue blouse blanche et de chaussures à embout d'acier est obligatoire. Mieux vaut aussi porter des bouchons d'oreilles, gracieuseté du bruit ambiant de la machinerie. Réservoirs pour accueillir des produits chimiques, réacteurs industriels, séchoir et four… Difficile de faire le lien avec les batteries au premier abord. Mais c'est à travers les différentes étapes de la recette que la magie opère. Sans ce long procédé, impossible de fabriquer cette sorte de poudre qui est du matériel de cathodes pour les batteries LFP (lithium-fer-phosphate). À part l'équipement industriel à plusieurs étages, on ne voit pas grand-chose à l'intérieur de l'usine de Nano One. Et cela est voulu. Il y a trois grands ennemis pour un fabricant de matériaux de cathodes : l'air libre, l'humidité et les contaminants extérieurs. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE L'usine de Nano One, à Candiac, sur la Rive-Sud Effectivement, on ne voit pas grand-chose à part les équipements et c'est parce qu'on ne veut pas que le procédé soit exposé à des impuretés. C'est du mélange de précision. Jasmin Dufour, directeur de l'usine de Nano One « C'est super important de s'assurer qu'il n'y a pas de contaminants, comme des particules métalliques, qui entrent dans le processus et qui peuvent provoquer des courts-circuits. » L'automatisation est omniprésente. Normal, l'entreprise veut limiter les contacts. C'est surtout dans la salle de contrôle que l'action se passe, où un responsable – un chef d'orchestre – a les yeux sur sept écrans qui lui indiquent en temps réel tout ce qui se passe dans l'usine. « Il y a environ quatre opérateurs de plancher par quart de travail, souligne M. Dufour. À notre échelle, c'est suffisant. On tente de limiter les contacts. » La recette Les procédés sont souvent propres à chaque fabricant. Nano One, par exemple, a mis au point une recette qui permet de consommer moins d'énergie et d'eau en plus de limiter les rejets. Les particularités sont nombreuses et le procédé est complexe. Nano One s'approche de l'étape de la commercialisation. Pour l'exercice, concentrons-nous sur les principales étapes : le mélange, la réaction, le séchage par atomisation et la cuisson. Chez Nano One, les ingrédients (magnétite, acide phosphorique, carbonate de lithium…) sont mélangés dans un réacteur industriel, une étape dans laquelle on retrouve de l'eau. « Qu'est-ce qui va sortir d'ici ? Une espèce de mélange qui contient tous les précurseurs, explique le directeur de l'usine. Ça ressemble à une boue assez liquide. C'est une des deux grosses étapes. Il faut la réussir pour obtenir un produit de qualité. » Vient ensuite le temps d'écarter l'eau. C'est ici que s'effectue le séchage par atomisation. Essentiellement, c'est ici qu'un produit à l'état liquide devient solide (en poudre). PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE Les matériaux de cathodes fabriqués chez Nano One sont expédiés chez des clients dans des sacs. Le parcours tire à sa fin. Reste l'étape de la cuisson, un arrêt obligatoire de quelques heures dans un four industriel. C'est ici que la réaction chimique se produit pour permettre au matériel de devenir « actif », donc capable de transmettre de l'énergie à l'intérieur d'une batterie. « Il y a deux endroits où la magie se produit, dans le réacteur et ici, avec le four », souligne M. Dufour. Avant d'être livrée, la « poudre active » est emballée dans des sacs avec une doublure intérieure en aluminium, question de ne pas laisser l'air et l'humidité pénétrer. « Un peu comme un sac de croustilles », illustre le directeur d'usine de Nano One. De la cuisine, à l'échelle industrielle.


La Presse
5 hours ago
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Des rapports d'inspection gardés secrets
Une trentaine de courtiers immobiliers ont caché des rapports d'inspection défavorables lors de la vente de propriétés, révèlent les décisions rendues par le tribunal de cette profession depuis la pandémie que La Presse a répertoriées. La dernière décision en date est celle au sujet de Pascal Charland chez Re/Max de Francheville à Shawinigan. Le comité de discipline de l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) l'a condamné à payer 4000 $ d'amende pour avoir caché un rapport d'inspection défavorable à des acheteurs. Le rapport d'inspection préachat indiquait la présence de pourriture sur l'ossature de la maison, de chauves-souris et d'infiltration d'eau, si bien que les premiers acheteurs intéressés par la propriété avaient annulé leur promesse d'achat en septembre 2019. À la suite de ce rapport catastrophique, le courtier n'a fait aucune modification dans la déclaration du vendeur de la propriété vendue sans garantie légale. En mai 2020, Pascal Charland va même jusqu'à écrire par courriel à de nouveaux acheteurs que la propriété n'a que « 'quelques petits travaux à faire, rien de majeur', et ce, bien qu'un rapport d'inspection préachat antérieur ait mené à l'annulation de la promesse d'achat », mentionne la décision du comité disciplinaire. Le résumé des évènements qu'on peut lire dans la décision relate que Pascal Charland a aussi découragé la nouvelle acheteuse de retenir les services de l'inspecteur qui avait rédigé le premier rapport accablant. Elle a suivi sa recommandation d'en engager un autre, a acheté la maison, puis elle a croisé par hasard la première acheteuse qui s'était désistée. Cette dernière lui a tout révélé, mais il était trop tard. Des travaux de 104 201 $ étaient à faire pour décontaminer l'immeuble. Tous les rapports d'inspection doivent être révélés Lorsqu'un rapport d'inspection préachat révèle des faits néfastes qui rendront la propriété plus difficile à vendre, il est interdit de le cacher. Le Règlement sur les conditions d'exercice d'une opération de courtage, sur la déontologie des courtiers et sur la publicité est sans équivoque. Les courtiers immobiliers doivent dévoiler tous les rapports d'inspection existants sur les propriétés qu'ils vendent. « Les informations pertinentes concernant les inspections antérieures doivent être communiquées par le vendeur ou son courtier immobilier dans le cadre du processus de vente, explique à La Presse Sandra Barrette, directrice, Info OACIQ et Pratiques professionnelles. Le vendeur a la responsabilité de divulguer les rapports antérieurs et le courtier immobilier a le devoir de s'assurer que l'information est disponible pour le consommateur, de vérifier si des problématiques y sont relevées et d'en informer les parties à la transaction. » Cependant, il n'y a aucun moyen pour le consommateur de savoir s'il existe des rapports d'inspection outre présumer de la bonne foi du courtier immobilier qui vend la maison. Sans l'intervention d'un courtier immobilier, il n'existe pas de moyen standardisé ou direct pour un acheteur potentiel d'accéder à ces informations de manière indépendante. L'Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) n'a pas souhaité répondre à nos questions. « Considérant votre relance, j'ai tout de même [joint] l'APCIQ pour vous. Ils confirment que c'est l'OACIQ qui est responsable de la question des obligations de divulgation des courtiers, ce seront donc les meilleurs intervenants à joindre pour répondre à vos questions », indique par courriel la responsable des communications pour l'APCIQ Marie-Rose Desautels chez Morin RP. Une trentaine de décisions récentes font état de rapports d'inspection dissimulés La Presse a répertorié 30 cas de courtiers immobiliers reconnus coupables par le comité de discipline de l'OACIQ depuis le 1er janvier 2020 de ne pas avoir informé des promettants acheteurs de l'existence de rapports d'inspection défavorables au sujet de la propriété qu'ils voulaient acheter. Une recherche sur le site Soquij au sujet des décisions de l'OACIQ avec les mots « rapport d'inspection » donne comme résultats 193 décisions que La Presse a toutes lues. Trente décisions entre le 1er janvier 2020 et le 25 juillet 2025 concernent des rapports d'inspection intentionnellement dissimulés. En juin dernier, par exemple, Simon Lafrenière, de Via Capitale à Québec, a écopé de 75 000 $ d'amende et de 30 jours de suspension. Il avait lui aussi caché des rapports d'inspection défavorables révélant « des problèmes de fondation endommagée » et de « poutre de structure endommagée ». Lorsqu'un acheteur s'est questionné sur la nécessité de faire inspecter la maison qu'il vendait, Simon Lafrenière ne lui a pas recommandé d'engager un expert alors qu'il savait qu'un rapport défavorable avait mené à l'annulation de l'achat deux mois plus tôt. L'acheteur en question aura d'ailleurs toute une surprise le jour même où il prendra possession de la maison, en découvrant par hasard le rapport défavorable dans une armoire de cuisine. À peine un mois après avoir reçu sa sanction, Simon Lafrenière annonçait sur Facebook qu'il venait de recevoir le Méritas Double Diamant, une récompense pour les courtiers ayant atteint des commissions de 500 000 $ et plus. « Chaque projet que vous me confiez est bien plus qu'une simple transaction – c'est une histoire de collaboration, de confiance et d'accompagnement », écrivait-il le 4 juillet dernier. Sirivanh Malichanh et Myriam Marouani, du Groupe Sutton sur l'île, ont elles aussi été reconnues coupables en mai dernier d'avoir caché un rapport d'inspection accablant lors de la vente d'une propriété à Brossard, comme l'avait révélé La Presse. Elles attendent de connaître leur sanction. Les décisions rendues par le chien de garde de la profession racontent très souvent la même histoire, montre la recension effectuée par La Presse. En janvier dernier, Alexandre Gagné, de Via Capitale à Saint-Jérôme, a dû payer 14 000 $ d'amende, parce qu'il ne s'était pas assuré que tout acheteur potentiel soit informé de l'existence de deux rapports d'inspection faisant état de facteurs défavorables sur une propriété à Prévost. Toujours en janvier, Guillaume Tremblay, de Proprio Direct dans les Laurentides, a écopé de 4000 $ d'amende et de 15 jours de suspension de permis. Il n'avait pas informé des acheteurs qu'une promesse d'achat antérieure avait été annulée à la suite d'un rapport défavorable sur la qualité de l'eau potable. La Loi sur le courtage immobilier a été modifiée le 4 juin dernier par l'Assemblée nationale du Québec, mais il n'y a rien de nouveau au sujet des rapports d'inspection. « Le projet de loi no 92, Loi modifiant diverses dispositions principalement dans le secteur financier, a pour effet d'augmenter le montant des amendes en cas d'infraction. Toutefois, il ne touche pas directement les rapports d'inspection », indique à La Presse Charles-Étienne Bélisle, relationniste de presse au ministère des Finances.


La Presse
2 days ago
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Des intervenants forcés de répondre aux enquêteurs
La commission chargée de se pencher sur le fiasco SAAQclic a forcé des intervenants récalcitrants, comme les entreprises LGS et SAP, à répondre à huis clos aux questions d'enquêteurs devant le commissaire. Convoqué lui aussi, l'ancien responsable de la transformation numérique à la SAAQ, Karl Malenfant, demande que son intervention soit publique afin de rectifier des faits et de laver sa réputation. Jusqu'à six intervenants liés au Carrefour des services d'affaires (CASA) – dont faisait partie SAAQclic – ont été assignés à témoigner par le commissaire Denis Gallant, lors d'audiences à huis clos, pour répondre aux questions d'enquêteurs, a indiqué la porte-parole, Joanne Marceau, sans toutefois les nommer. Le commissaire a dû utiliser son « pouvoir d'interrogatoire sous contrainte », qui lui permet de convoquer des témoins à une audience dans le cadre de l'enquête. Des représentants des firmes SAP et LGS impliqués dans le programme ont été convoqués dans les dernières semaines, a pu confirmer La Presse. Ne sont présents au cours de telles audiences que les intervenants, leurs avocats, les enquêteurs et le commissaire Denis Gallant. Refusant de commenter ces cas en particulier, Mme Marceau explique que la Commission a dû agir de la sorte parce que des intervenants ont été réticents dans les derniers mois à rencontrer les enquêteurs, ou voulaient s'assurer du respect de leurs droits. « La première fois qu'on a dû l'utiliser, c'est parce que certains ne comprenaient pas le sérieux de la démarche et qu'ils refusaient de répondre. Et ils sont tenus de répondre », explique-t-elle. Pouvoir de contrainte ARTICLE 59 : « La Commission peut utiliser ses pouvoirs de contrainte pour convoquer les témoins à une audience à huis clos dans la phase préliminaire de l'enquête publique. Si des éléments du témoignage sont pertinents, les témoins seront appelés à témoigner lors d'une audience publique. Uniquement le témoignage fait dans le cadre de l'audience publique sera considéré pour les fins du rapport. » Source : Règles de fonctionnement, de procédure et de conduite de la commission Gallant Malenfant ne veut pas d'un huis clos L'avocat de Karl Malenfant, Me Jean-François Bertrand, a confirmé que son client a lui aussi reçu une citation à comparaître pour répondre aux questions d'enquêteurs, devant le commissaire, le 5 août prochain, « sur tout ce qu'il sait dans le cadre d'une audition à huis clos ». M. Malenfant a rencontré des enquêteurs une première fois en avril. Me Bertrand dénonce le fait que cette rencontre se déroule à huis clos et demande qu'elle soit publique. « On n'est plus dans la phase préliminaire. La Commission a commencé depuis le mois d'avril », dit-il. PHOTO TIRÉE DE LINKEDIN L'ex-patron du projet SAAQclic, Karl Malenfant Karl Malenfant veut qu'on lui accorde l'occasion de « rectifier des faits » avancés en commission, qui ont entaché sa réputation, mais aussi écorché des employés qui travaillaient dans son équipe, dit son avocat. « Le seul témoin qui peut exposer de A à Z l'histoire [de SAAQclic] depuis 2013, c'est lui », souligne-t-il. J'ai cinq jours avant le 5 août, selon leur règle de fonctionnement, pour signifier une requête écrite. J'entends envoyer une demande formelle de contestation au cours de la semaine prochaine. Me Jean-François Bertrand, avocat de Karl Malenfant C'est la deuxième rebuffade pour Karl Malenfant en moins d'un mois. Début juillet, la Commission lui a refusé le statut de participant. L'ex-dirigeant ne pourra aller à la barre qu'à titre de témoin, un statut qui ne lui permet pas de contre-interroger d'autres témoins. La Commission assure pour sa part que M. Malenfant aura l'occasion de s'exprimer publiquement l'automne prochain à titre de témoin : il sera entendu entre le 15 septembre et le 3 octobre.