
Du Rhône au toit de l'Europe, à bord du Mont-Blanc Express
Le train passe sur les hauts de Vernayaz, sur la ligne ferroviaire du Mont-Blanc Express.
CHANTAL DERVEY
En bref:
«Mon bureau est juste génial!» Face au panorama qui s'offre à notre vue depuis la cabine de l'automotrice, on ne saurait donner tort à Martial Gay-des-Combes. Alors que le Mont-Blanc Express débouche du tunnel de Lachat, entre Le Trétien et Finhaut, le massif des Aiguilles rouges apparaît et, à ses pieds, la vallée du Trient dans toute sa beauté sauvage.
Le petit train attaque ce tronçon vertigineux, comme suspendu au-dessus du précipice: «Il y a près de 400 m en dessous de nous, précise le Martignerain. Lorsqu'ils ont creusé ce tunnel, les ouvriers sont littéralement ressortis au-dessus du vide. Ce qu'ils ont réussi à faire à l'époque est dingue: il a suffi de quatre ans, entre 1902 et 1906, pour construire cette ligne (ndlr: la section située sur le versant valaisan) . Ce serait inimaginable aujourd'hui.»
Des coins spectaculaires tels que celui-ci, le mécanicien en voit tous les jours en veux-tu en voilà, tout au long du parcours de 52 km qui relie Martigny à Saint-Gervais-les-Bains-Le Fayet (F) et exploité par la société valaisanne TMR jusqu'à la frontière et la SNCF côté France. «Ça fait 2vingt-huit ans que je conduis sur cette ligne et je ne m'en lasse pas! Et chaque saison a son charme.»
Pour le Martignerain originaire de la vallée du Trient, ce boulot était un rêve de gosse. «L'été, on montait pour les vacances avec le train.» Le rêve est devenu réalité le 1er mai 1997.
Originaire de la vallée du Trient, Martial Gay-des-Combes rêvait depuis l'enfance de piloter les trains du Mont-Blanc Express. Il le fait désormais depuis vingt-huit ans.
CHANTAL DERVEY Des habitants et des touristes à bord
Au fil des années, le mécanicien a noué des liens avec les habitués. Les horaires ayant été étendus avec une première liaison au départ de Finhaut à 5 h 15 et un retour possible jusqu'à 23 h 14, de nombreux habitants de la vallée empruntent le Mont-Blanc Express pour rejoindre la plaine. D'autant que, depuis Finhaut, ce mode de transport concurrence la voiture, puisque les temps de trajet sont équivalents.
Le train est aussi très prisé des hôtes de passage: «On a la chance d'avoir une ligne très pittoresque et impressionnante que les touristes apprécient, confirme Martial Gay-des-Combes. Depuis quelques années, des tour-opérateurs ont inclus le Mont-Blanc Express à leur offre.»
Dans cette vallée, les attractions ne manquent pas, à commencer par le zoo des Marécottes. Un peu plus haut, la gare du Châtelard offre une connexion directe avec VerticAlp, vertigineux funiculaire, qui emmène les passagers jusqu'au barrage d'Émosson et ses traces de dinosaures. Et pour peu que l'on pousse au-delà de la frontière, on peut aller admirer le Mont-Blanc et la Mer de Glace depuis Chamonix.
Les amateurs de randonnée sont aussi aux anges dans la région: depuis la gare Vernayaz, on peut accéder aux gorges du Trient et rejoindre Salvan en les gravissant. De là, on peut pousser plus loin et pénétrer dans les gorges du Dailley et atteindre le barrage de Salanfe. Sans oublier celles du Triège, au départ de la halte du Trétien (lire encadré). Ce riche éventail explique largement le succès du Mont-Blanc Express qui emmène à son bord chaque année 444'000 passagers.
Depuis la gare du Trétien, les marcheurs peuvent rejoindre les gorges du Triège. La boucle s'effectue en moins d'une heure, ce qui laisse le temps d'attraper le train suivant, à la montée comme à la descente.
CHANTAL DERVEY Modernité et cachet préservé
En ce mardi matin, pour atteindre Chamonix, il faut changer de train à Vallorcine (F). L'arrivée de nouvelles rames, actuellement en test par TMR, devrait renforcer la liaison entre la Suisse et la France. «Le but, à terme, est de pouvoir emmener les voyageurs de Martigny au terminus, sans changement, ce qui n'est pas le cas de toutes les correspondances actuellement», précise Martial Gay-des-Combes.
Ce matériel roulant issu des ateliers de l'entreprise thurgovienne Stadler est unique au monde. Et pour cause: «Toutes les rames qui circulent sur cette ligne doivent pouvoir être alimentées par la caténaire et par un troisième rail – à la manière d'un métro -, selon les tronçons. Elles doivent être équipées d'une crémaillère et pouvoir s'adapter aux systèmes de sécurité suisse et français.»
Avant de les prendre en main, tous les mécaniciens devront se former à leur conduite à l'aide d'un simulateur. Ce changement témoigne de l'évolution considérable qu'a vécu la ligne depuis son ouverture. Mais son charme reste intact: «Les gares de Salvan, de Finhaut, du Trétien et de Châtelard-Frontière sont d'époque», signale l'employé de TMR.
Et on ne changera pas non plus la topographie impressionnante du tracé. Avant de revenir à Martigny depuis Salvan, on peut admirer une bonne partie de la plaine du Rhône sur une pente vertigineuse: «Depuis le départ de la crémaillère sur un tronçon à 42‰ , en aval de Salvan, le Mont-Blanc Express attaque une pente de 115‰ avant de plonger soudainement à 200‰!» signale le mécanicien. Trois incontournables
La balade En débarquant à la gare du Trétien, suivre les escaliers en direction du hameau, puis remonter la route jusqu'au pont enjambant le Triège. Là, un portail permet d'accéder aux gorges du Triège: les passerelles qui enjambent le torrent offrent une promenade spectaculaire, mais de difficulté modérée. La boucle s'effectue en une petite heure, ce qui laisse le temps de rejoindre la gare pour prendre le train suivant, en direction de Chamonix ou de Martigny.
Les passerelles qui enjambent les gorges du Triège offrent un spectacle époustouflant.
CHANTAL DERVEY
La visite culturelle À Salvan, la TSF a vécu une avancée considérable en 1895: secondé par Maurice Gay-Balmaz, un jeune Salvanin d'une dizaine d'années, Guglielmo Marconi parvient à transmettre un message à plus de 1,5 km du point d'émission, réalisant l'une des premières liaisons de télégraphie sans fil au monde. Le musée de la radio rend hommage au chercheur et souligne le rôle de son invention, qui permit de sauver 700 passagers du Titanic. On y découvre également la trajectoire d'Alexis Bochatay, cuisinier sur le paquebot et disparu au large de Terre-Neuve lors du naufrage.
À Salvan, le musée de la radio retrace la fabuleuse aventure de Guglielmo Marconi et de son invention.
Q. Décaillet, Fondation Marconi
La pause gourmande On ne trouve pas que des plats savoyards typiques à Chamonix. À la rue des Moulins 116, Cool Cats propose des hot-dogs artisanaux tout à fait succulents, déclinés sur des modes new-yorkais, mexicains ou encore asiatiques, à un prix correct: compter environ 15 euros pour une préparation plutôt généreuse. La traditionnelle saucisse de Francfort figure au menu, mais elle peut être remplacée selon les envies par du porc à l'effilochée, du poulet, du diot (une saucisse fumée locale) ou une saucisse végétale.
La version «mexicaine» des hot-dogs de Cool Cats.
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David Genillard est journaliste depuis 2007 au sein de la rédaction de 24 heures, chargé plus spécifiquement, depuis 2025, de la couverture du Valais romand. Auparavant, il a travaillé durant plus de 15 ans à la rubrique Vaud & Région, où il a notamment couvert l'actualité du Chablais et des Alpes vaudoises. Il a également participé en 2021 au lancement de l'hebdomadaire Riviera-Chablais Votre Région, partenaire de 24 heures. Plus d'infos
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