
Pourquoi les pêcheurs du Lac Léman demandent de l'aide
François Liani et Michel Perrissol, pêcheurs professionnels, basés à la Maison de la pêche.
DR
En bref:
«2022 a été une bonne année, 2023, une année normale, mais en juin 2024, les prises se sont effondrées , et elles ne sont jamais revenues à la n0rmale», déplore François Liani.
À la maison de la pêche, qui abrite quatre pêcheurs professionnels au bord du lac, le moral vole bas. En cause, la disparition des perches, LE poisson du petit lac, dont chacun raffole même si le lac compte bien d'autres espèces gustativement intéressantes . «Une bonne année, on récoltait quatre tonnes de perche, ce qui donne 1,5 de filets. Aujourd'hui, on pêche 10% de ce total.» Causes de la crise
Les raisons de cette baisse des prises sont difficiles à cerner: c'est un ensemble, probablement lié à la montée de température de l'eau, la concurrence des cormorans, des silures, la prolifération des moules quagga, qui filtrent l'eau de ses aliments, etc. Bref, le cycle de reproduction et de croissance de la perche est perturbé. Le poisson aurait aussi changé de comportements en descendant plus profond.
Michel Perrissol, pêcheur.
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Le lac au large de Versoix. Un pêcheur de retour avec son héron cendré. Photo: Laurent Guiraud.
TDG
Pour tenir, les petits indépendants disent avoir brûlé leurs réserves financières, emprunté à leur famille, coupé dans les frais. Mais on arrive au bout. «J'ai bouffé mes 52 ans d'économie», souffle Michel Perrissol, un des pêcheurs concernés, qui souligne n'avoir pas de deuxième pilier.
Pour s'en sortir, les professionnels ont adressé le 20 février une lettre au Département du territoire (DT). S'appuyant sur une chute des prises de 60% entre 2023 et 2024, ils réclament une exemption de loyer pour le premier semestre. La demande est urgente, le ton pressant, mais la réponse du Département n'arrive que… le 26 juin. Le patron du Département, Antonio Hodgers, ouvre tout de même la porte à l'aide. Il demande aux professionnels de prendre contact avec la cheffe du service de gérance de l'Office des bâtiments, en vue, nuance, d'un «arrangement de payement des loyers». «À voir si ce n'est pas un simple report des loyers, d'une année sur l'autre. Parce que ça ne servirait à rien», soupire François Liani.
François Liani, pêcheur professionnel, à la Maison de la pêche.
DR
Élément favorable, le DT semble considérer que les problèmes sont durables puisqu'il évoque un arrangement pour cinq ans. Le patron du Département suggère aussi de s'adresser au Département de l'économie et de l'emploi pour explorer la piste des réductions d'horaire de travail, ce qui peut surprendre, puisque les pêcheurs sont des indépendants, et n'ont pas d'employés. Une solution se dessinerait
Les professionnels avaient aussi pensé au Département de l'économie. Le 12 juin, ils lui ont écrit et contact a été pris. Quel est le résultat de toutes ces démarches? Une aide qui concernerait les treize pêcheurs professionnels enregistrés à Genève serait envisagée. Le dossier est dans les mains du DT. À ce stade, rien n'est sûr: «On nous dit qu'il faudra présenter sa feuille d'impôt, pour démontrer ses pertes de revenus, mais c'est toujours ça», espère François Liani.
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24 Heures
5 hours ago
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Deux mois de perturbations pour retaper un axe central du BAM
La circulation sur la voie de chemin de fer entre Morges et Bière sera entravée et parfois stoppée jusqu'à début septembre. Sarah Rempe Publié aujourd'hui à 17h37 Durant deux mois, le trafic ferroviaire sera perturbé entre Bière et Morges, en raison de travaux au départ de Bussy-Chardonney (ci-dessus). Les trains vont même rester en gare du 23 juillet au 17 août et seront remplacés par des bus. JOURNALDEMORGES/JEREMEY HOFSTETTER En bref: Les habitués du «petit» train BAM , entre Bière et Morges, devront être attentifs aux horaires cet été: la ligne sera bouleversée pendant deux mois. Depuis dimanche dernier et jusqu'au 17 août, des travaux conséquents sont menés sur la voie entre Bussy-Chardonney et Yens, deux sites qui ont déjà fait l'objet de récentes rénovations XXL . La première phase de ce chantier court jusqu'au 23 juillet et ne comprend que des travaux nocturnes visant à installer un système de drainage le long des voies sur environ 1,3 km, afin d'assurer une meilleure évacuation de l'eau de pluie, en plus de la stabilité et la durabilité de la voie. Les trains sont remplacés par des bus toutes les nuits dès 21 h 30 (21 h 14 même pour le train qui part d'Apples). Un chantier essentiel pour les MBC Dès le 23 juillet, le chantier prendra une autre ampleur: la voie vivra une réfection complète sur 1,5 km, ce qui est régulièrement le cas l'été . Du ballast à la ligne électrique, en passant par le renouvellement des aiguillages et des rails, tout sera remis à jour. Les trois passages à niveau (Etraz, Landi et Bussy) seront rénovés pour «assurer un franchissement sécurisé et confortable», expliquent les MBC. Il y a pile un an, à l'été 2024, la gare de Yens avait fait l'objet d'une rénovation complète de ses infrastructures. C'est désormais la portion entre cette gare et celle de Bussy-Chardonney qui fait l'objet d'une intervention lourde. Patrick Martin/24HEURES «Ce chantier fait partie des travaux réguliers d'entretien et de modernisation du réseau. Il est nécessaire pour garantir la sécurité, le confort et la fiabilité des circulations futures», ajoute la compagnie. Si les travaux ne concernent qu'un petit tronçon, c'est bien toute la ligne qui sera affectée. «Afin de réaliser ces interventions en toute sécurité, il est indispensable de déclencher l'alimentation électrique des lignes concernées», précisent les MBC. Voie ferrée sans électricité L'ensemble du réseau est en effet alimenté depuis Morges, selon un système en antenne. «Cela signifie que l'électricité circule depuis Morges vers Bière et L'Isle, sans point d'alimentation intermédiaire. Lorsqu'on doit couper l'alimentation sur la portion Morges-Apples pour des raisons de sécurité, cela peut entraîner l'interruption de toutes les lignes.» Ces mesures «indispensables pour garantir une sécurité maximale aux équipes sur le terrain» affecteront donc les usagers de la ligne. Si les travaux courent jusqu'en septembre, la dernière tranche (du 18 août au 4 septembre) n'entraînera des perturbations que pour les trains de nuit en semaine. Les MBC dans l'actualité Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
a day ago
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Alors que Trump surtaxe l'Europe à 30%, la Suisse retient son souffle
Bruxelles doit retourner à la table des négociations. Berne serait en train de finaliser un accord. Mais tout dépend de Donald Trump. Pierre-Alexandre Sallier , Publié aujourd'hui à 20h01 Le président Donald Trump mène les négociations avec ses partenaires comme bon lui semble. L'Union européenne et le Mexique viennent d'en faire les frais. En bref: Le président américain Donald Trump a annoncé samedi après-midi l'imposition de droits de douane de 30% pour l'Union européenne, ainsi que pour le Mexique, faisant à nouveau grimper les tensions commerciales. Ces droits de douane entreront en vigueur le 1er août. Cette annonce intervient alors que la Suisse est suspendue au résultat des négociations d'un accord commercial avec l'administration américaine. «Tout le monde est dans l'attente après cette annonce concernant l'Union européenne et spécule sur le sort de la Suisse, tout simplement parce que… tout dépend de la Maison-Blanche», réagit ce samedi après-midi Rahul Sahgal, directeur de la Swiss-American Chamber of Commerce (Swiss-AmCham). Négociations jusqu'au 1er août Début avril, le chef de l'État américain avait menacé l'UE d'infliger 20% de droits de douane aux produits européens arrivant aux États-Unis. Fin mai, frustré par le manque d'avancées dans les négociations, il avait d'abord relevé ce taux à 50%, avant de déclarer un moratoire sur sa mise en œuvre. Donald Trump a prévenu samedi qu'en cas de mesures de rétorsion européennes surtaxant les produits américains, des pénalités équivalentes seraient ajoutées aux 30% annoncés. Selon des sources diplomatiques citées par l'AFP, les discussions menées jusqu'ici se faisaient sur des droits de douane de 10%, avec plusieurs exceptions. «Si vous êtes prêts à ouvrir aux États-Unis votre marché fermé, à éliminer vos droits de douane, vos mesures protectionnistes et les obstacles aux échanges, nous envisagerons, éventuellement, des ajustements», écrit Donald Trump dans sa lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le ministre allemand de l'Économie a appelé samedi Bruxelles à négocier de «manière pragmatique» avec les États-Unis. Emmanuel Macron a exprimé la «très vive désapprobation» de la France. Le président français invite la Commission européenne à «accélérer la préparation de contre-mesures crédibles, par la mobilisation de l'ensemble des instruments à sa disposition, si aucun accord n'était trouvé d'ici au 1er août». Finalisation d'un accord avec la Suisse? Interrogé après cette annonce de Washington, le directeur de la Swiss-AmCham dit toujours croire qu'une issue «à l'anglaise» soit la plus probable pour la Suisse. Il fait référence à l'accord commercial détaillé, le Prosperity Deal, signé avec le Royaume-Uni en juin dernier. Et qui a permis à Londres de s'assurer des droits de douane américains limités à 10%. Depuis mercredi, plusieurs sources à Berne ont fait état de négociations bien avancées, avec un texte d'accord déjà rédigé. Selon ces sources, le Conseil fédéral aurait approuvé une déclaration d'intention – un accord «non juridiquement contraignant». Le représentant des entreprises américaines en Suisse veut rester optimiste, «tout simplement parce que Berne est réellement entré dans des négociations concrètes, détaillées avec l'administration américaine». Comme il le rappelle, «la Suisse a offert tout ce qu'elle pouvait – un exemple, ses droits de douane sont déjà à 0% sur la plupart des produits industriels américains». À l'inverse, ce dernier remarque que les différends entre l'Europe et les États-Unis sont «bien plus accentués». Washington «attend bien davantage de concessions de Bruxelles», note Rahul Sahgal. La pharma en ligne de mire Depuis la date butoir de mercredi dernier, les milieux d'affaires suisses sont suspendus à une possible confirmation, par la Maison-Blanche, des surtaxes douanières frappant les produits helvétiques. Toutes les interrogations entourent le sort qui sera réservé aux produits pharmaceutiques. La filière génère, à elle seule, la moitié des recettes des entreprises suisses aux États-Unis. Mardi, Donald Trump a indiqué que son administration allait «annoncer quelque chose très bientôt» sur les médicaments importés, qui seraient taxés «à un taux très élevé, genre 200%», dans «un an, un an et demi». Sauf que l'agence d'information Bloomberg avait mentionné auparavant un « draft » d'accord commercial prévu avec Berne, montrant «un traitement préférentiel pour éviter les taxes douanières sur les exports de la pharma». La Suisse suspendue aux annonces de Trump Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Pierre-Alexandre Sallier est journaliste à la rubrique Économie depuis 2014. Auparavant il a travaillé pour Le Temps , ainsi que pour le quotidien La Tribune , à Paris. Plus d'infos Patrick Monay est rédacteur en chef du Matin Dimanche et membre de la rédaction en chef romande de Tamedia. Il a dirigé la rubrique Suisse de 2018 à 2023, après avoir couvert l'actualité des cantons romands dès 2012. Plus d'infos @PatrickMonay Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
2 days ago
- 24 Heures
Pourquoi les employés de Sun Chemical à Morges se battent avant la fermeture
Les 43 employés du site de production d'encres pour textiles ont cessé le travail jeudi et vendredi. La multinationale se dit «surprise». Publié aujourd'hui à 19h07 Vendredi était le deuxième jour de grève pour le personnel de Sun Chemical, à Morges. Alors que 43 salariés vont perdre leur poste de travail, le syndicat Unia estime que l'entreprise n'a pas bougé dans les négociations en vue d'un meilleur plan social. Marie-Lou Dumauthioz En bref: Certains drapeaux des Jeux olympiques de Paris ont été imprimés avec de l'encre fabriquée à Morges. Dans la zone industrielle de Riond-Bosson, plus exactement, par l'entreprise Sun Chemical . Bientôt, une telle commande ne sera plus possible. Le site vaudois de la multinationale ferme à la fin de l'année. L'annonce a été faite ce printemps aux 43 employés, qui seront licenciés. Depuis, avec le syndicat Unia , ces derniers luttent pour améliorer le «très insuffisant» plan social de Sun Chemical. Jeudi, le débrayage voté est devenu une grève, reconduite vendredi matin, puis suspendue dans l'après-midi, l'Office de conciliation ayant été saisi par l'employeur. Sun Chemical bénéficiaire Pour ce deuxième jour de grève, 25 employés rassemblés devant l'entreprise font face aux médias. Les plus âgés craignent de ne pas retrouver du travail. «L'année passée, ils ont fait des immenses bénéfices, raconte Joaquim Enrique, 56 ans, habitant de Ballens. Ils pouvaient faire un geste, nous aider un tout petit peu. On a toujours été corrects. Eux, ils ne sont pas corrects.» Nicole Vassalli, responsable du secteur industrie à Unia Vaud, détaille les revendications: «Les licenciés devraient être libérés pour chercher et reprendre un emploi, alors que l'employeur veut les garder jusqu'au dernier jour. Il faudrait aussi une préretraite pour les cinq travailleurs de 58 ans et plus, mais l'employeur s'en tient à 61 ans avec deux ans couverts. Enfin, les indemnités pour ancienneté doivent être renforcées.» Fierté à Morges André* aura 61 ans en septembre, dix-sept ans d'ancienneté dans la boîte, quarante ans dans la branche. À la tête d'une petite équipe, ce chimiste compare son savoir-faire à de la haute horlogerie: «C'est comme des montres. Tous les produits doivent s'imbriquer parfaitement pour avoir une qualité d'impression excellente.» Malgré cette fierté, il espère une fin de carrière: «Le mieux pour moi serait une préretraite, vu que je suis très spécialisé et que les entreprises de ce type sont en difficulté.» Ce frontalier a participé à des scénarios de sauvegarde: «Garder tout le personnel, seulement une partie, ou encore – scénario minime — uniquement la partie technologie.» Dominique, droguiste de formation, 62 ans, porte une blouse blanche émaillée de taches de couleurs et ne veut pas montrer son visage. Cette habitante de Bière vit «assez mal» la situation, après deux décennies dans l'entreprise. Marie-Lou Dumauthioz Dominique, droguiste de formation, 62 ans, porte une blouse blanche émaillée de taches de couleurs: «Une encre doit répondre à un cahier des charges avec des critères bien particuliers et une exigence de grande stabilité.» Cette habitante de Bière vit «assez mal» la situation, après deux décennies dans l'entreprise: «Les belles années, on nous demandait de travailler parfois dès 5 heures du matin, parfois jusqu'à 21 heures ou encore le samedi. Aujourd'hui, on nous fait macérer. Si le plan social n'est pas amélioré, j'aurais des soucis financiers pour mes vieux jours.» Pierre-Yves Maillard soutient la grève Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse (USS), est venu apporter son soutien aux grévistes: «Une multinationale de ce type devrait appliquer un plan social optimal, et pas au bas de l'échelle, estime le sénateur socialiste. Ce pays et ce canton sont très accueillants, avec des outils fiscaux et la réduction de l'horaire de travail, mais en retour on attend un respect du personnel et de la collectivité.» Le président de l'USS, Pierre-Yves Maillard, a pris la parole pour soutenir les grévistes. Marie-Lou Dumauthioz Depuis Bath (Royaume-Uni), Peter Saunders, dirigeant de Sun Chemical ( groupe DIC ), assure: «La décision d'interrompre le travail nous a pris par surprise, car les négociations sur les termes d'un plan social sont en cours. Nous regrettons que nos employés aient été amenés à croire qu'une grève était nécessaire, mais nous sommes néanmoins confiants dans la possibilité de parvenir à un accord.» Le site vaudois de la multinationale a-t-il bénéficié d'une exonération fiscale pour son implantation, il y a un quart de siècle? «Malheureusement, je ne suis pas en mesure de répondre à cette question, mais cela n'a pas été pris en compte dans la décision de restructurer notre site de Morges.» Peter Saunders invoque «la baisse continue de la demande pour nos produits, qui entraîne de lourdes pertes pour notre site de Morges», «la concurrence asiatique» et «le fait que la demande perdue ne reviendra pas». Morges, le vendredi 11 juillet 2025. Vingt-cinq des employés font face aux médias vendredi matin, au matin du deuxième jour de grève. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia La grève et l'industrie Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.