
L'énigme (et le gros problème) des voitures abandonnées
Sur le banc de ce Jeep Compass, une bouteille de moutarde jaune contraste au milieu des détritus, des livres d'enfants, des couvertures. Toute une vie condensée. Abandonnée dans les rues de Montréal. Jamais réclamée. Pourquoi ? Mystère.
L'énigme intéresse moins le propriétaire de Remorquage Météor, Serge Landry, que le problème que causent ces véhicules délaissés. Des tas de ferraille, de moteurs, parfois en excellent état, parfois à moitié démantibulés, qui traînent des mois dans sa fourrière. Sans rapporter un sou.
« On est en grande partie la poubelle de la ville », dénonce-t-il.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Serge Landry, propriétaire de Remorquage Météor, à côté d'une Smart électrique abandonnée depuis plus de deux ans.
Ledit Jeep Compass a déjà passé 142 jours dans la cour de Remorquage Météor, entreprise située à l'angle des boulevards Saint-Michel et Industriel, dans le nord de Montréal. Tout près trône une Tesla en excellente condition (!), sur place depuis 156 jours.
À quelques pas, une Kia Soul en bon état, une bouteille d'eau à moitié pleine dans le porte-gobelet, des écouteurs sur le banc et des souliers Toms sur le siège arrière. Là, une Nissan au pare-brise couvert de contraventions. Ici, une Hyundai dépouillée de ses roues.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE L'intérieur de ce Jeep Compass a servi de poubelle, mais témoigne aussi d'une vie chambardée.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Les contraventions accumulées peuvent indiquer aux policiers que le véhicule a été abandonné.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Il n'y a pas que les voitures qui sont laissées dans l'espace public. Des camions accidentés sont aussi non réclamés.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Remorquage Météor fait partie des cinq entreprises de remorquage ayant des ententes exclusives avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
PHOTO LILA DUSSAULT, LA PRESSE Une petite promenade sous l'autoroute Métropolitaine a permis à La Presse d'observer cette voiture cabossée aux pneus dégonflés, couverte de poussière et éclaboussée de rouille. Impossible de savoir si elle a été abandonnée, par contre.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
L'intérieur de ce Jeep Compass a servi de poubelle, mais témoigne aussi d'une vie chambardée.
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Décès ? Expulsion du pays ? Emprisonnement ? Pourquoi des gens abandonnent-ils ainsi leur voiture, qui vaut dans certains cas plusieurs dizaines de milliers de dollars ? Ou, à tout le moins, quelques centaines chez le ferrailleur ? Impossible de le savoir, répond M. Landry, qui mise plutôt sur la « négligence » de certains. Étant donné que ces propriétaires ne donnent jamais signe de vie, le mystère reste entier.
Voitures, camions, semi-remorques
Le nombre de véhicules abandonnés dans la province est en hausse, soutient Réjean Breton, PDG de l'Association des professionnels du dépannage du Québec (APDQ). En 2019, ses membres avaient recensé 17 000 véhicules à l'abandon. Un nombre qui est passé à 18 800 en 2022, puis à 21 000 cette année, affirme-t-il en se basant sur des sondages menés à l'interne. L'APDQ représente 82 % des entreprises de remorquage de la province.
Selon M. Breton, de nombreux Québécois ont acquis de nouveaux véhicules pendant la pandémie, car ils avaient des revenus plus importants. Depuis, la réalité économique en a rattrapé plusieurs, qui préfèrent se libérer de leurs problèmes (réparations trop coûteuses, auto non assurée, etc.), analyse-t-il.
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À droite, ce camion a été trouvé ainsi dans l'est de Montréal : sans lumières, sans grille, sans réservoir à carburant et sans marchepieds.
De plus, il n'y a pas que des voitures qui accaparent ainsi l'espace dans les fourrières de la province. L'hiver dernier, Remorquage Météor s'est occupé de 14 camions de déménagement éparpillés dans les rues autour de Jean-Talon et Viau, dans le quartier Saint-Léonard. « C'était le bordel », se souvient Gabriel, l'un des remorqueurs qui ont participé à l'opération.
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Gabriel (à droite) a participé à récupérer 14 camions de déménagement abandonnés à Montréal, en plein hiver.
Sans les clés, les employés doivent faire des manœuvres additionnelles pour réussir à bouger ces véhicules, explique Serge Landry. Par exemple, l'arbre à transmission doit être débarqué et les freins, désamorcés, détaille-t-il. « Couché dans la neige, c'est pas facile », relève Gabriel.
« L'été aussi, quand l'asphalte est à 40 degrés, que les pièces mécaniques sont à 200, t'as l'impression d'être dans un four », renchérit M. Landry.
Parfois, les abandons ont lieu après des accidents. Remorquage Météor, qui a l'exclusivité d'une partie des autoroutes de la métropole, en fait les frais. Dans sa cour traîne une remorque de 53 pieds, dont les freins ont pris feu. « C'est une perte totale, et le camionneur de l'Alberta l'a abandonnée sans rien dire, et sans payer ! », s'exclame M. Landry.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Des voitures de luxe se retrouvent aussi à la fourrière. Elles sont souvent récupérées, mais sont parfois abandonnées.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE On a trouvé dans cette Kia Soul récente avec une bouteille d'eau à moitié pleine dans le porte-gobelet, des écouteurs sur le banc et des souliers Toms sur le siège arrière.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Cette vieille Hyundai a été retrouvée sans ses roues…
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Des voitures de luxe se retrouvent aussi à la fourrière. Elles sont souvent récupérées, mais sont parfois abandonnées.
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Tout près, un semi-remorque de l'entreprise Tung Air a aussi été délaissé après avoir subi une mise en portefeuille sur l'autoroute 25, à la hauteur du boulevard Armand-Bombardier, pointe Serge Landry. « Il est passé à travers un garde-fou, le réservoir à carburant a déchiré », décrit-il. Résultat : en plus du remorquage, l'entreprise a dû nettoyer l'essence et prévenir la contamination. Des manœuvres pour lesquelles elle risque de ne jamais être payée.
Un fléau pour les entreprises
Partout dans la province, quand une carcasse est signalée à la police, une entreprise de remorquage exclusive au territoire a l'obligation de la retirer de l'espace public. Cette entreprise doit ensuite respecter une procédure légale d'un minimum de 180 jours avant de pouvoir se débarrasser du véhicule. En raison de délais administratifs, ça prend en général autour de 200 jours, voire plus, affirme Serge Landry.
« Des compagnies de remorquage au Québec ont des centaines et des centaines de véhicules non réclamés qui polluent leur terrain, et ce sont eux qui ont l'odieux de demander des frais aux propriétaires », signale Réjean Breton. La situation est telle que ces entreprises envisagent de ne pas renouveler leur entente d'exclusivité avec les corps policiers cet automne, ajoute-t-il.
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La fourrière de Remorquage Météor
L'APDQ a entamé des négociations avec le ministère des Transports pour trouver une solution. Elle souhaite que les entreprises de remorquage soient indemnisées pour les véhicules non réclamés. Les frais seraient ensuite portés sur les comptes des propriétaires fautifs, sous forme de contravention.
Selon lui, « il faut vraiment que le gouvernement prenne les choses en main pour responsabiliser les propriétaires de véhicules ».
Qu'est-ce qu'un véhicule abandonné ?
Un véhicule est considéré comme abandonné lorsqu'une des situations suivantes est constatée, indique le SPVM : Il est dans un état vétuste.
Il est impossible de relier le véhicule à un propriétaire.
Le propriétaire est connu, mais injoignable, et le véhicule est laissé sur place depuis au moins trois jours.
Le propriétaire déclare explicitement abandonner son véhicule.
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De nombreux habitants prêts à évacuer en raison d'un nouvel incendie près de St. John's
De nombreux habitants prêts à évacuer en raison d'un nouvel incendie près de St. John's (Halifax) Les habitants vivant près de la plus grande ville de Terre-Neuve-et-Labrador ont reçu l'ordre de fuir un incendie de forêt mardi, tandis que des milliers d'autres personnes à travers la province risquaient de devoir quitter leur domicile ou de le perdre à cause des flammes. Michael MacDonald La Presse Canadienne Les autorités ont ordonné l'évacuation de certains secteurs de Paradise, une banlieue de la capitale, St. John's. La nouvelle est tombée à peine une heure après que le premier ministre John Hogan a annoncé qu'un incendie s'était déclaré à Spaniard's Bay, à Terre-Neuve-et-Labrador, s'ajoutant à une série apparemment incessante d'incendies de forêt qui éclatent dans un contexte de chaleur sèche et étouffante. De nouvelles alertes ont été lancées mardi pour Galway et Southlands, deux quartiers situés à l'ouest de la ville portuaire. Sharlene Johnson, une mère célibataire de 48 ans, vivant à Conception Bay South, a dit que la situation des incendies dans la province est sans précédent. Sa maison faisait l'objet d'une alerte d'évacuation généralisée annoncée lundi, qui s'est étendue à environ 20 000 personnes mardi après-midi. « Je suis une cible facile en ce moment, j'attends de voir et de lire les nouvelles », a-t-elle déclaré lors d'une entrevue mardi. Je m'inquiète de devoir partir ou de voir ma maison brûler. C'est une réalité désormais bien réelle et terrifiante. » Une grande partie du Canada atlantique a été frappée par un temps exceptionnellement chaud et sec cet été, ce qui a augmenté les risques d'incendies de forêt. Au moins quatre incendies incontrôlés faisaient rage à Terre-Neuve-et-Labrador mardi, dont un près de Kingston, le long de la rive nord-est de la baie de la Conception, qui couvrait une superficie de 64 kilomètres carrés. PHOTO FOURNIR PAR ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE La fumée d'un incendie de forêt voisin est visible sur cette photo distribuée, prise à Signal Hill, à St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador, le 11 août 2025. Lundi, l'incendie de Kingston a forcé l'évacuation d'environ 3000 personnes et détruit un nombre indéterminé de maisons, en date de lundi. L'incendie qui a provoqué les évacuations à Paradise s'est déclaré lundi après-midi, à environ 15 kilomètres au sud de St. John's, près de Paddy's Pond. Il mesurait environ deux kilomètres carrés lundi soir. Le nouvel incendie de forêt a éclaté lundi près de Paddy's Pond, à environ 15 kilomètres au sud du centre-ville de St. John's. L'incendie s'est rapidement propagé et mesure environ deux kilomètres carrés. Les bombardiers d'eau lutteront contre les incendies de Kingston et de Paddy's Pond, séparés par 100 kilomètres, a expliqué le premier ministre Hogan aux journalistes mardi après-midi, et quatre hélicoptères supplémentaires étaient en route, dont deux Blackhawk de l'Utah pour participer aux opérations de nuit, a-t-il précisé. Peu de temps après, M. Hogan a confirmé qu'un incendie s'était déclaré à Spaniard's Bay. Ce dernier brûlait à environ 25 kilomètres au sud-ouest du violent incendie de Kingston. « Les équipes interviennent, a écrit M. Hogan dans une publication sur les réseaux sociaux. Si vous êtes dans le secteur, veuillez surveiller les canaux officiels et rester en sécurité. » « Les équipes interviennent, a écrit M. Hogan dans une publication sur les réseaux sociaux. Si vous êtes dans le secteur, veuillez surveiller les canaux officiels et rester en sécurité. » PHOTO LIAM RICHARDS, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, John Hogan Dans une autre publication Facebook, la ville de Spaniard's Bay a émis une alerte urgente implorant les résidants d'une route boisée d'évacuer. Ailleurs en Atlantique Pendant ce temps, en Nouvelle-Écosse, des équipes ont été appelées sur un incendie qui s'est déclaré dans une zone boisée à l'ouest d'Halifax mardi après-midi, non loin du parc d'activités de Bayers Lake. Les autorités locales ont indiqué qu'une clinique externe de Santé Nouvelle-Écosse, ainsi qu'un bâtiment commercial à proximité, étaient en cours d'évacuation. Au Nouveau-Brunswick, deux incendies de forêt hors de contrôle faisaient rage mardi. Les résidants au nord de Moncton ont reçu l'ordre de se préparer à l'évacuation. 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La grande séduction (difficile) des jeunes
C'est un tout petit pourcentage, enfoui sous des centaines d'autres dans l'Enquête québécoise sur les loisirs culturels et le divertissement, mise en ligne lundi par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). Un petit chiffre qui m'ébranlerait, si j'étais patron de RDS, de TVA Sports, ou même du Canadien, des Alouettes, du CF Montréal ou de la Victoire. Vous le trouverez à la page 40. Tableau 2,1. Deuxième colonne. Deuxième rangée. 9,9 %. Ça représente quoi ? La proportion de Québécois de 15 à 29 ans qui regardent un match ou une émission de sports « tous les jours, ou presque ». Pas juste à la télévision. Sur toutes les plateformes vidéo. C'est peu. Le plus bas pourcentage, tous groupes d'âge confondus. Étonnant ? Et comment ! Lorsque j'étais adolescent, les jeunes de mon âge étaient ceux qui regardaient le plus fidèlement les émissions sportives, révèlent les sondages de l'époque. Entre 1999 et 2014, quatre grandes études réalisées par le gouvernement québécois démontraient toutes un attachement important des jeunes pour le contenu sportif télévisé. Que s'est-il passé dans la dernière décennie ? « Il y a eu une transformation profonde des habitudes de consommation, influencée par les technologies numériques », répond le chargé de projet responsable de la plus récente enquête, Pascal Genêt. Il n'a pas voulu comparer les chiffres de 2024 à ceux des études précédentes. Question de méthodologie. Ce ne sont pas exactement les mêmes groupes d'âge, les mêmes choix de réponses et la même composition de l'échantillon. N'empêche, la vague de fond est bien réelle. Elle ne frappe pas que le Québec. Aux États-Unis et en Angleterre, on enregistre aussi des variations importantes de l'intérêt des jeunes pour les émissions sportives, notamment pour les matchs en direct. « Si les sports traditionnels n'évoluent pas, le déclin des assistances et de l'auditoire s'accélérera avec la génération Z », prévenait la firme Nielsen dès 2019. « Les Z ont des attentes élevées en matière de divertissement, notait-elle. C'est une erreur de croire que les Z vont automatiquement aimer les mêmes sports que leurs parents et leurs grands-parents. Non seulement leurs goûts en matière de sports sont différents, mais ils les consomment d'une autre façon que les générations précédentes. » Un exemple concret : les parties diffusées en direct. Pour les Z, habitués à la vidéo sur demande, ça peut être contre-intuitif. Seulement le quart des Z américains trouvent « important » de regarder un match à heure fixe. Proportionnellement, c'est presque deux fois moins que dans les autres groupes d'âge (Morning Consult, 2020). Sans surprise, les jeunes préfèrent les formats courts. Je ne parle pas ici d'un match de baseball de deux heures et demie plutôt que trois. Pensez plutôt à des compilations, des jeux spectaculaires, des déclarations percutantes. L'ISQ le confirme : les jeunes sont friands des courtes vidéos, comme les reels sur Instagram. Pour les détenteurs de droits, comme RDS et TVA Sports, c'est un cauchemar. Les jeunes adultes représentent une cible de choix pour les annonceurs : première carte de crédit, première voiture, premier appartement, première épicerie solo, premier frigo… Sauf que si les jeunes ne regardent que quelques secondes d'une partie, plutôt que les trois heures, comment verront-ils les publicités ? Si l'érosion des cotes d'écoute se poursuit, les annonceurs investiront-ils toujours autant ? Les ligues et les clubs sont aussi à risque. Mettez-vous dans les souliers des patrons de TVA Sports et de RDS. Ce 9,9 % modérerait-il vos envies de surenchérir pour les droits des matchs du Canadien ? Je serais nerveux. D'autres réseaux ont déjà pris un pas de recul. L'hiver dernier, ESPN a demandé au baseball majeur de réviser à la baisse les droits qu'il payait. Le commissaire a refusé. Les deux parties ont convenu de cesser leur collaboration après cette saison. Autre fracture générationnelle : l'abondance. Quand j'étais ado, je consommais beaucoup de télévision. Lance et compte, Omerta, Scoop, Les filles de Caleb, La petite vie, Un gars, une fille, Friends, etc. Plus les matchs du Canadien. Plus ceux des Expos. Plus les Grands Prix de F1. Pourquoi ? Parce que les mardis soir et les dimanches matin, il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire en banlieue. Aujourd'hui ? Il y a TikTok. Instagram. YouTube. Netflix. Crave. Disney+. X. La télé. L'internet au grand complet. Les jeunes ne sont plus captifs des choix des directeurs de programmation. Ils sont inondés d'options. D'ailleurs, les trois-quarts des jeunes Québécois vivent dans un ménage abonné à au moins deux plateformes payantes. C'est plus que les autres groupes d'âge. Ça laisse aussi entrevoir qu'il y a des jeunes prêts à payer pour du contenu de qualité. « Les Z sont moins susceptibles de payer un loyer ou une hypothèque, car ils vivent encore souvent chez leurs parents, avait noté Nielsen. Ce groupe dispose d'un revenu qu'il peut consacrer à l'achat d'accessoires de luxe. Les jeunes coupent souvent le cordon du câble, mais ils sont prêts à payer pour des contenus sportifs de qualité. Ils sont plus sélectifs [que les autres générations], et veulent choisir les évènements sportifs qu'ils souhaitent voir. » Leurs préférences ? L'ISQ n'ayant pas posé la question, nous n'avons pas les données pour le Québec. En France et aux États-Unis, les sondages démontrent que les jeunes sont particulièrement attirés par les sports rapides, comme le basketball et les arts martiaux mixtes. En revanche, ils ont moins d'intérêt pour des sports lents, comme le golf, le cyclisme et le baseball. Selon Nielsen, « cette génération préfère les contenus courts et faciles à consommer, plutôt que les matchs entiers avec de longs moments entre deux changements au pointage ». Les conclusions de la firme Arcom pour le marché français sont semblables. Les moins de 35 ans apprécient les compilations et les courtes entrevues sur les réseaux sociaux. Un créneau difficile à monétiser pour les détenteurs de droits. À l'opposé, les jeunes Français sont moins emballés par les émissions de débats. Des diffuseurs commencent à réagir. Apple m'envoie des alertes pour m'informer des fins de parties enlevantes dans la MLS. DAZN offre RedZone, qui permet de voir l'essentiel de chaque partie de la NFL en direct. Pour accrocher les jeunes, les diffuseurs et les ligues n'ont plus le choix. Ils sont condamnés à réduire les temps morts. À morceler les parties. À personnaliser les contenus. À innover. C'est à eux de s'adapter – et non aux Z.


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3 hours ago
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Le Canada ne serait pas en mesure de lutter contre la criminalité transfrontalière
Le commissaire Thomas Carrique estime que la police aurait été mieux placée pour perturber la criminalité transnationale si le gouvernement fédéral avait écouté son groupe en 2001, lors de sa dernière proposition de tels changements. Le Canada ne serait pas en mesure de lutter contre la criminalité transfrontalière (Victoria) Le président de l'Association canadienne des chefs de police (ACCP) affirme que ces derniers sont guidés par des lois désuètes et inadéquates qui n'ont jamais été conçues pour s'attaquer au paysage criminel actuel, qui ne respecte plus les frontières internationales. Wolfgang Depner La Presse Canadienne Le commissaire Thomas Carrique estime que la police aurait été mieux placée pour perturber la criminalité transnationale si le gouvernement fédéral avait écouté son groupe en 2001, lors de sa dernière proposition de tels changements. Selon lui, « l'instabilité géopolitique et l'agitation sociale sont à l'origine d'une nouvelle vague de menaces pour la sécurité publique », a-t-il écrit dans un communiqué de presse publié mardi, alors que la police canadienne est confrontée au crime organisé transnational, à l'extrémisme, au trafic de drogue et à l'exploitation par internet. Il affirme que la loi actuelle visant à renforcer la sécurité aux frontières proposée par le gouvernement fédéral donne à la police de nombreux outils, mais pas tous ceux nécessaires, pour lutter contre la criminalité mondialisée. Le gouvernement affirme que le projet de loi C-2 aiderait les autorités à lutter contre le crime organisé transnational, à enrayer la circulation du fentanyl, à lutter contre le blanchiment d'argent et à renforcer la réponse policière aux réseaux criminels. Thomas Carrique, commissaire de la Police provinciale de l'Ontario, affirme que la loi s'harmonise étroitement avec plusieurs résolutions adoptées par l'ACCP lors de sa conférence annuelle, qui se tient cette semaine à Victoria, mais qu'il existe un certain nombre de lacunes qui doivent être comblées pour refléter les réalités de la criminalité du 21e siècle.