
Maëva Squiban remporte la 6e étape
Agence France-Presse
Troisième de l'étape, la Mauricienne Kim Le Court, qui a réglé le sprint d'un groupe où figuraient les favorites pour le classement général, a conservé le maillot jaune.
D'autres détails suivront.
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La Presse
7 hours ago
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Le vélo, c'est beau quand ça monte
Cette chronique a été publiée le mercredi 11 juillet 2001, en page S9. Nous la republions sans altérer les mots que l'auteur a utilisés à l'époque. Seraing, Belgique — Je peux changer d'idée ? Je ne suis plus aussi certain de la victoire de l'Américain Lance Armstrong dans ce Tour de France. Non, non, il n'a montré aucun signe de faiblesse hier. Mais je l'ai trouvé bien seul dans cette bataille des Ardennes menée tambour battant par le train rose des neuf Telekom. Je peux changer d'idée ? Jan Ullrich n'est pas le gros bébé geignard, plein de pâtisseries et de choucroute que je vous décrivais dans mon premier papier. Je l'ai trouvé drôlement affûté dans la côte des Forges, à 35 kilomètres de l'arrivée, quand Armstrong s'est soudain porté en tête, provoquant aussitôt une cassure. La première passe d'armes du Tour. Si Armstrong voulait savoir, il sait. Non seulement Ullrich n'a pas cédé un pouce, mais il a fait donner la garde aussitôt : un, deux, trois, cinq, neuf Telekom en tête du peloton. Armstrong n'avait même pas son ombre pour l'accompagner. Le fidèle Hamilton, diminué par une blessure. était en queue de peloton. Invisibles aussi Heras et Rubeira, engagés à prix d'or pour accompagner l'Américain quand ça monte. Et ça monte les Ardennes. Pas longtemps, mais assez sauvagement. Demandez à Marc Wauters, le maillot jaune qui s'est pris six minutes et demie dans les dents. Tout comme Casagrande. En même pas 30 kilomètres, des gros dégâts. Bien sûr, un coup lancés, les Telekom se sont dit, allez hop, on y va jusqu'au bout, pour Zabel. C'est comme ça qu'Erik Zabel a remporté sa seconde étape en trois jours. En restant bien assis sur le porte-bagages d'Ullrich et compagnie. Il a giclé à 200 mètres de l'arrivée. Un doigt dans le nez, l'autre en l'air pour dire qu'il avait gagné, comme si on l'avait pas vu. La semaine qui a précédé le Tour, la presse européenne a fait grand cas d'une bouderie de Zabel mécontent qu'on l'ait privé, pour ce Tour, des services de son poisson-pilote, l'Italien Fagnini. Un poisson-pilote, c'est un coureur qui, dans les trois derniers kilomètres, fraie un passage au sprinter vedette et lance le sprint. Fagnini est le meilleur au monde pour ce travail. « Sans Fagnini, je ne gagnerai pas une seule étape dans ce Tour », ronchonnait Zabel. Il en a déjà gagné deux sur trois. C'est juste pour vous dire qu'il n'y a pas que les journalistes qui disent n'importe quoi. Bref, une belle étape qui nous a appris plein de choses. Qu'Ullrich est affûté. Qu'Armstrong est peut-être mal entouré. Qu'il faudra compter avec Christophe Moreau, très à l'aise hier… Avec Beloki, et avec un autre qu'on a un peu oublié, le leader de la Kelme, Santiago Botero, très en vue aussi, hier. Cette étape nous a appris aussi que les Italiens se foutent carrément du monde. Il n'y en aura pas un dans les trente premiers à Paris. On a appris que les gros baroudeurs comme Museeuw, Boogerd, Dekker, et le champion du monde Vainsteins, qui ont brillé ce printemps dans les classiques courues sur ces mêmes routes, dans ces mêmes côtes, sont en cure de désintoxication en queue de peloton. On a appris, mais on s'en doutait depuis la veille, que le public belge est complètement fou de vélo. Au sommet de la côte du Mont-Theux, la foule avait envahi la chaussée comme dans les grands cols alpins, ne laissant qu'un étroit passage aux coureurs. On a appris enfin, mais ça je le sais depuis toujours, que le vélo, c'est bien plus beau quand ça monte. Roue libre LE MONDE EST PETIT – À Anvers, j'ai fait quatre fois le tour de la ville avant de trouver une chambre à l'hôtel Campanile, près de l'aéroport. L'hôtel était plein de suiveurs du Tour, gens de la caravane, motards qui ouvrent la route, confrères journalistes et une équipe de coureurs : ceux de la Lampre. Me voilà dans l'ascenseur, tout encombré de mes bagages, il est dix heures du soir, je n'ai pas soupé et je dis au jeune homme qui est dans cet ascenseur avec moi – je devine que c'est un coureur même si je ne sais pas lequel – je dis : « Finalement, le Tour de France, c'est bien moins dur en vélo ». Il rit. Francéze ? il me demande. Non, Canadien. Ah Canadien. Z'ai oune ami au Canada. À Montréal. Il fabrique des vélos. Pas Marinoni ? Si ! Marinoni ! Aspetta… Vous connaissez Giuseppe Marinoni de Rovetta ? Et d'ajouter en italien : C'est quand même incroyable, dans un ascenseur ! Vous connaissez Marinoni ? Ben oui, c'est mon ami aussi. Je l'ai revu au petit déjeuner, hier matin. Il avait une poche de glace sur le genou. Il s'appelle Marco Serpellini, dossard 171. Son père courait avec Marinoni en Italie. Quand Marinoni est venu au Canada, il a essayé d'amener Serpellini avec lui. Ça n'a pas marché. Serpellini a eu trois fils. Ils ont été tous les trois champions d'Italie. Marco, celui qui est en ce moment dans le Tour de France, a aussi été champion du monde junior. Il en est à son quatrième Tour de France. Il a bien mal commencé celui-ci. Tombé dans la première étape. Tombé dans la seconde. Assez durement touché au genou et à la hanche. Il est déjà à 22 minutes. Il va essayer de gagner une étape. Ils disent tous ça… La Lampre n'a pas amené une grosse équipe. Ils viennent de gagner le Tour d'Italie avec Simoni, leur année est faite, sont surtout contents d'être passés miraculeusement à travers le scandale qui a marqué le fin du Giro. M'étonnerait qu'ils fassent des grosses vagues au Tour de France. Les coureurs ont dû être avertis de bien rincer leur bidon. Non non, je n'ai pas parlé de ça avec le petit Marco. Le fils d'un ami d'un ami, vous me prenez pour qui ? Je sais vivre quand même. À L'INSU DE LEUR PLEIN GRÉ – La question la plus populaire chez les suiveurs du Tour en ce moment n'est pas : qui gagnera le Tour ? La question est : où les flics vont-ils faire leur descente ? J'ai une idée. À Sarran. Sarran est une toute petite ville de Corrèze de 2500 habitants où le Tour fait étape cette année pour la seule et unique raison que Monsieur et Madame Chirac y tiennent château. Même que madame Chirac est la mairesse de Sarran. Le Tour est chiraquien dans son essence et dans ses accointances, son directeur, Jean-Marie Leblanc, étant un familier du couple présidentiel. Comme vous le savez, si le président des Français est à droite, le gouvernement de Lionel Jospin est socialiste. Même que la ministre des Sports, Marie-George Buffet, qui mène vigoureusement la lutte contre le dopage en France, est carrément communiste. Si j'étais à sa place… si elle avait pour deux sous de malice, elle enverrait les flics dans la cour du château. Comme vous le ne savez peut-être pas, il y aura des élections présidentielles au début de l'an prochain en France. M. Chirac brigue un second septennat. Il ouvre sa campagne en recevant le Tour au château… Je le trouve bien intrépide. AUJOURD'HUI – Huy-Verdun, 215 km, une première moitié raboteuse, mais les coureurs auront en tête l'exercice (haï de tous) du lendemain : le contre-la-montre par équipes. Bref, une étape au rabais, pour les équipes qui n'ont pas de leader à mener en carrosse le lendemain. La Lampre, pourquoi pas ? Allez Marco. Marinoni part justement pour l'Italie demain. Il va rencontrer ton père à Rovetta. Ça leur ferait de quoi parler.


La Presse
7 hours ago
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« Je n'ai même pas pleuré »
Cette chronique a été publiée le mardi 5 octobre 1999, en page S2. Nous la republions sans altérer les mots que l'auteur a utilisés à l'époque. C'était hier vers midi, dans Trévise ensoleillée. Une foule avertie se pressait aux barrières. Geneviève Jeanson s'est arrachée de l'auvent de départ. Une moto lui ouvrait le chemin dans le dédale des ruelles médiévales… « Je redoutais beaucoup la première courbe à droite mais après, tout s'est passé comme dans un rêve. Je ne comprenais rien de ce que disait André (André Aubut, son entraîneur) dans mon petit récepteur qui grichait trop, mais vers la fin j'ai presque rattrapé une des favorites, la Hollandaise qui était partie une minute avant moi, et j'ai compris que j'avais roulé très vite. Les spectateurs, plusieurs avec un chrono à la main, me faisaient signe de pousser plus fort encore, j'étais à bloc, j'avais des super jambes, quand j'ai franchi la ligne d'arrivée j'ai regardé le cadran, yé ! » En un peu moins d'un quart d'heure, à plus de 45 kilomètres heure, Geneviève Jeanson, une gamine de 17 ans de Lachine, est devenue hier championne du monde junior du contre-la-montre, première médaille d'or canadienne de l'histoire du cyclisme sur route. Même Steve Bauer n'a jamais été champion du monde. – « Contente ? – Je n'ai même pas pleuré ! J'ai rêvé souvent ces derniers temps que je serais championne du monde, je me voyais sur le podium en train de pleurer, mais je n'ai même pas pleuré. Mon entraîneur pleurait. Ma mère aussi. Mon père sautait partout… Dites-moi, M. Foglia pensez-vous qu'on parlera de ma victoire dans le journal de demain ? » Elle était de retour à son hôtel de Vicenza quand on s'est parlé. La voix enjouée d'une gamine de 17 ans qui avait déjà passé à autre chose : « Si vous faites un article, pouvez-vous, s'il vous plaît, saluer mon amie Geneviève Goulet ? – Promis. Mais parle-moi de toi un peu. Qu'est-ce tu vas faire aujourd'hui ? – Là là tout de suite ? Je m'en vais rouler. – Tu viens de gagner le championnat du monde et tu t'en vas rouler ? T'es comme les Russes au hockey des années 70, ils venaient de planter les Canadiens et ils allaient jogger. Tu fêtes pas ? – Si, si, je fête ce soir. Un souper avec mes parents, mon entraîneur et sa femme. Peut-être un peu de champagne. Comment avez-vous su que j'avais gagné ? Internet ? – Non. Par Simone Marinoni à la première heure ce matin. Avant tout le monde. Ton entraîneur a téléphoné à M. Bedwani qui dirige ton club à Laval (les Espoirs de Laval), ce bon monsieur Bed comme vous l'appelez a téléphoné chez Marinoni, mais il était tellement ému qu'il ne pouvait pas parler, il est parti à pleurer et Simone Marinoni lui disait : faut pas pleurer comme ça M. Bedwani, qui c'est qu'est mort donc ? Tu vois, tu fais brailler tout le monde. T'as eu des fleurs ? – Superbes. J'ai eu aussi une magnifique montre Tissot en argent. Et bien sûr le maillot arc-en-ciel de championne du monde. C'est mon plus beau cadeau, ce maillot, et en même temps la seule petite ombre à mon bonheur parce que je ne peux pas le mettre pour aller rouler. – Trop petit ? – Non, il est à manches longues. Il fait bien trop chaud ici pour rouler en manches longues. – Comment te sens-tu pour la course sur route de vendredi ? – Confiante aussi, mais ce n'est pas pareil. C'est une loterie, la route. Contre la montre, il n'y a pas de hasard. » Onze secondes, c'est le mince écart qui sépare Geneviève de la deuxième, la Française Juliette Vandekerkove, déjà championne du monde de poursuite sur piste qui se vantait la semaine dernière qu'elle allait tout rafler à Trévise. Onze secondes, une par kilomètre. Rien à voir avec la chance. Méticuleusement entraînée par André Aubut, ex-athlète et entraîneur de canoë-kayak, très porté sur la musculation et l'entraînement fractionné (intervalles), Geneviève Jeanson était venue reconnaître le parcours dès l'an dernier, connaissait les onze tournants par cœur, s'entraîne depuis deux semaines en Italie. Bref, ces onze secondes ne doivent absolument rien au hasard. 17 ans, étudiante au cégep André-Laurendeau, têtue, super organisée, bien entourée, bien entraînée (en marge du milieu du cyclisme et c'est peut-être mieux comme ça), Geneviève est désignée aujourd'hui même, sur le site de Velonews, par un des meilleurs journalistes de vélo (John Wilcokson), comme la nouvelle Jeannie Longo. Eh bien ! j'espère bien que non, mon vieux. Jeannie Longo a sans doute été une grande championne, mais elle a été aussi une des plus formidables têtes de vache de l'histoire du sport, et si la petite Jeanson devait devenir une autre Longo, fini le vélo pour moi, je me convertis à la nage synchronisée. Aujourd'hui La course – Contre-la-montre filles élite. Une boucle de 25,85 km. Parcours plat et très technique. Les Canadiennes – Lyne Bessette, 24 ans, de Knowlton. Coureuse professionnelle pour l'équipe américaine Saturn. De loin la meilleure cycliste canadienne. Fructueuse et longue saison. Spectaculaires progrès dans le contre-la-montre cette année. Sur un parcours plus sélectif que celui d'aujourd'hui, sans doute une des cinq meilleures au monde. Clara Hughes, 27 ans, de Winnipeg, deux médailles de bronze à Atlanta, dont celle du contre-la-montre ; médaille d'argent aux Mondiaux en 95 en Colombie ; en assez bonne forme pour une fille qui revient à la compétition après deux ans d'interruption (blessée à un talon) ; le parcours, très plat, l'avantage contrairement à Bessette. La menace – La Lithuanienne Diana Ziliute, actuellement la meilleure cycliste au monde sur tous les terrains. Les spécialistes du contre-la-montre l'Allemande Kupfernagel, la Russe Zabirova. La Hollandaise Van Moorsel, et toujours, et encore l'indestructible Jeannie Longo qui vient de fêter ses 83 ans. Pronostics – Lyne Bessette dans les cinq premières. Clara Hughes dans les dix premières. Hier – Inscrit de dernière minute pour le contre-la-montre des Espoirs (coureurs de moins de 23 ans), Charles Dionne, de Saint-Rédempteur, a terminé 45e à un peu plus de trois minutes du vainqueur, l'Espagnol José Gutierrez. Demain – Contre-la-montre élite hommes. Le titre est promis d'avance ou presque à Jan Ullrich, récent vainqueur du Tour d'Espagne. Un seul Canadien dans cette épreuve, le vieux (35 ans) Eric Wohlberg.


La Presse
7 hours ago
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Jeanson et moi
Cette chronique a été publiée le samedi 29 septembre 2007, en page A7. Nous la republions sans altérer les mots que l'auteur a utilisés à l'époque. Au tout début, c'est elle qui a dit publiquement quelque chose comme : la passion du vélo m'est venue en lisant les articles de Foglia dans La Presse sur le Tour de France. Mets-en, que ça m'a fait plaisir. Si les compliments m'embarrassent, la reconnaissance me fait fondre. Juste me dire merci, je capote. Elle avait ses deux médailles d'or des championnats du monde junior au cou, je ne la connaissais pas du tout. À l'époque, je trippais Bessette, qui venait de gagner le tour de l'Aude. Je pourrais écrire un livre sur comment ces deux-là se sont débrouillées pour ne jamais se rencontrer vraiment. Anyway. Ce n'était pas possible de tripper les deux en même temps, il fallait choisir son camp – les Capulet ou les Montaigu. J'ai fait un grand papier sur Bessette, j'en ai fait un autre sur Jeanson, j'ai choisi le camp de celle qui m'a dit merci. LA FOIS QUE J'AI ÉTÉ TELLEMENT, MAIS TELLEMENT CON ! – Jean Lessard, ex-coureur, était l'organisateur d'une course à laquelle Jeanson avait refusé de participer. Il en était très fâché et m'avait lâché au téléphone : de toute façon, ta petite crisse de Jeanson, elle n'en a plus pour longtemps, elle a la GRC au cul. C'était en août 2002, avant que ne commencent toutes les affaires. Jeanson était alors au pinacle de sa gloire. Personne, dans les médias, le public, ne se doutait de rien. Je vérifie et découvre que ce n'est pas la GRC, mais le comité de discipline du Collège des médecins qui accuse le Dr Maurice Duquette d'avoir prescrit de l'EPO à des patients, dont la cycliste Geneviève Jeanson. Je débarque chez le bon Dr Duquette, dans son sous-sol du Vieux-Montréal, et je le brasse. Pas physiquement, mais pas loin. Il me raconte une histoire à dormir debout, que j'avale, bien entendu. Puis j'appelle Geneviève. Comme je ne voulais pas la troubler avec mes infâmes soupçons – la pauvre petite était alors en pleine préparation des championnats du monde – je lui dis : passez-moi Aubut. Elle me le passe. André ? Tu raccroches tout de suite et tu me rappelles d'une cabine téléphonique parce que ta ligne est probablement tapée ! Je vous jure. J'en ris aujourd'hui, mais faut être con pas à peu près. Il me rappelle deux minutes après. Tu connais le Dr Duquette, André ? Euh, non. Voyons ! T'es allé le consulter pour l'anémie de Geneviève. Elle fait de l'anémie ? Je viens de voir son dossier… Ah, lui ! Je ne savais même pas son nom ! J'avale ça aussi. (Une petite recherche m'aurait pourtant permis de retrouver l'article dans lequel, trois ans plus tôt, Aubut déclarait : Le docteur Duquette fait partie de notre équipe depuis le début ! Il fait passer des tests sanguins à Geneviève régulièrement, pas question de prendre des risques [sic !]… Elle est drôle, non ?) Pour finir j'ai appelé le père de Geneviève, que j'ai réussi à convaincre de retenir les services d'un avocat (ce fut Me Barrette), lequel s'est dépêché d'obtenir une ordonnance de non-divulgation ! Vous m'avez sauvé la vie, m'écrira Geneviève dans un courriel que j'ai gardé. Je comprends aujourd'hui combien mon irruption a dû les tétaniser toute la gang. Combien ils ont dû avoir peur que j'écrive quelque chose. Non seulement je n'ai rien écrit, mais je leur ai donné l'idée d'une ordonnance de non-publication ! Je ris encore, mais moins fort. Comme le dit le vieux chanteur qui me ressemble : quand j'aime une fois, j'aime pour toujours. PARLANT D'AMOUR – Évidemment, toutes ces années à défendre Geneviève m'ont valu nombre de taquineries qui allaient du « on sait ben, ta petite Geneviève » à des allusions un peu plus olé-olé, voire carrément déplacées ; je pourrais citer des noms. Je me suis tanné le jour où, dans un courriel, une athlète que j'estime beaucoup m'a glissé sans malice : Vous aimez tellement Geneviève (et l'amour peut rendre aveugle) que… Holà ! Je trouve utile de vous faire profiter de ma réponse : « Pour ce qui est du cul, madame, sachez que je ne trippe pas du tout petite blonde ; je tripperais plutôt secrétaire, infirmière, journaliste, réceptionniste ou coiffeuse dans la quarantaine, rousse de préférence, mariée cela ne dérange pas, un peu salope et qui connaît la vie. Si vous voulez d'autres précisions vous m'en demandez, mais vous arrêtez de dire des conneries. Je vous en remercie d'avance. » MADAME AYOTTE – C'est finalement par Mme Ayotte (qui en a parlé à Frosi en promenant son chien, je vous jure) que toute l'histoire du bon Dr Duquette est sortie dans les médias quelques mois plus tard. Mme Ayotte et moi n'avons pas le même avis sur le dopage, essentiellement parce que je n'ai pas d'avis sur le dopage, même pas, comme c'est la grande mode ces jours-ci, l'avis qu'il faudrait le tolérer en partie sous strict contrôle médical. Tolérer un peu le dopage ne changerait rien à rien. Le tolérer un peu n'empêcherait personne d'en prendre beaucoup et on reviendrait à la case départ. Là-dessus, du moins, Mme Ayotte et moi, on s'entend très bien. Dommage qu'elle ne soit pas coiffeuse. Je ne pense pas qu'elle soit rousse non plus. PARLONS SPORT – Si elle n'avait pas pris d'EPO, aurait-elle remporté toutes ces victoires ? C'est tout de même moi qui m'entraînais le plus fort, laisse-t-elle échapper dans le reportage de Gravel. Au fin fond d'elle, c'est ce qu'elle pense : EPO ou pas, je les aurais toutes clenchées. Pas sûr du tout. L'EPO fait une énorme différence. Dans l'histoire du dopage, c'est la première dope qui fait autant de différence. Des études en labo avancent que l'EPO améliore la performance de 20 à 30 %. Dans l'élite de n'importe quel sport, la différence entre les 30 premiers joue sur des marges infimes. Un avantage de 20 à 30 %, c'est presque de la magie. Sans EPO, Geneviève aurait couru dans l'ombre de Bessette, alors que c'est le contraire qui est arrivé. Sans EPO, elle n'aurait pas eu la commandite de Rona, n'aurait pas gagné un million. Il se trouve de plus en plus de gens pour dire qu'il faut sanctionner le portefeuille des athlètes dopés. Je n'ai pas d'opinion là-dessus. LE MONSTRE CANDIDE – Avant-hier, j'ai appelé le monstre dans son restaurant de Phoenix. Il était en train de servir le déjeuner. Hey, André, rappelle-moi d'une cabine téléphonique. Non, c'est pas vrai ! André, j'te laisse mon numéro à la maison, si tu te décides à parler, gêne-toi pas. Je peux aussi aller te rencontrer à Phoenix, si tu veux. Non, non, non, ne viens surtout pas… et presque sans transition : mais si tu viens, apporte ton vélo, on ira rouler. On ira rouler ! Du Aubut tout craché : innocent. Je n'ai jamais réussi à le trouver aussi sulfureux qu'on le dit dans le milieu. Je continue à le croire candide dans sa monstruosité. Si jamais des plaintes sont retenues contre lui et qu'il me prend pour avocat, je plaiderai un truc qui n'est pas encore dans le code criminel : l'aliénation aérobique ou aliénation VO2 max. Je prouverai scientifiquement que, chez les sujets qui en sont atteints, l'oxygène ne se rend pas au cerveau. UNE GRANDE TRISTESSE – Je vous ai trouvée émouvante, mademoiselle, quand vous avez dit, je cite de mémoire : À 15 ans, j'étais vive, intelligente, curieuse de tout. Vous l'étiez encore à 18, quand je vous ai croisée. Aujourd'hui ? Bof, allez, vous n'êtes pas si pire. Dans la moyenne des athlètes, ce qui n'est pas une grande consolation, mais bon… UNE GRANDE TRISTESSE (bis) – J'ai un message pour vous, Mlle Jeanson, de mon complice en naïveté Pierre Hamel. Il fait dire que si vous venez à le croiser, il ne changera pas de trottoir. Il vous invite aussi sur ses terres. Moi non. Ce n'est pas par fâcherie. C'est juste que je n'aurais rien à vous dire. J'ai été très triste de vous voir comme ça à la télé, tout enfargée dans ce que vous ne vouliez pas dire, qui est votre nouvelle façon de mentir, et votre ancienne aussi quand vous nous avez glissé que vous n'étiez pas sous EPO au tour de Toona. Presque personne ne l'a relevé. Votre culot est pourtant énorme. Comme ça, on vous a pris une fois en 10 ans, une seule fois qui a mis fin à votre carrière, et vous venez nous dire que cette unique fois-là, non, vous n'aviez rien pris ! Ainsi vous n'êtes pas totalement revenue de votre déni, pas revenue de ces bêtises de protéines dans vos urines que le test antidopage confondrait avec une prise d'EPO. Vous profitez de vos aveux pour régler un dernier compte avec l'USADA, avec ces tests jamais fiables selon vous. Deux heures de télé pour nous dire que vous nous avez menti pendant 10 ans et vous terminez par un mensonge. Il faut vous donner ça : vous n'avez jamais manqué de tempérament.