Chutes, victoire au sprint, maillot à pois abandonné : le Tour de France se joue parfois sur des détails
D'un rien peuvent naître beaucoup de choses, de la quiétude peut surgir le chaos, c'est une des ficelles préférées de ce coquin de Tour de France, dont on prend ce qu'il nous donne, en l'occurrence lundi les moments de répit salutaires qui permettent de digérer la dernière fricadelle-frites avant de quitter le Nord ce mardi matin, comme les coups de foudre qui frappent sans sommation pour nous sortir de la torpeur.
Le peloton avait décidé de musarder en route vers Dunkerque, sur une étape dont le dénivelé total, le plus faible de ce Tour de France, équivalait à la somme des dos d'âne franchis, plus le mont Cassel, et où le vent de face a découragé toutes les aventures sans lendemain, même celles des équipes plus fragiles qui auraient pu se payer un peu de visibilité à moindres frais.
Mais il faut croire que plus personne n'a un coup de pédale à gaspiller dans le Tour de France, ni les troufions, ni les officiers, tout se joue au millimètre, sur des détails, du moindre point pour un classement annexe à la lutte pour le maillot jaune et il n'y avait qu'à voir les UAE profiter du calme pour envoyer Tim Wellens planter le drapeau en haut du mont Cassel. Le champion de Belgique avait pour mission d'y récupérer un misérable point pour revêtir la tunique blanche à pois rouges à la place de Tadej Pogacar, et l'on remercie d'ailleurs Wellens car cela nous évitera pour une deuxième journée l'outrage visuel de la combinaison champignon du Slovène, surtout quand on sait qu'il va pouvoir ressortir le maillot arc-en-ciel de l'armoire.
Tout ce tralala, en tout cas, pour économiser au triple vainqueur du Tour de France la cérémonie protocolaire d'un classement qui ne l'intéresse pas, gagner un peu de temps de récupération, le signe de l'état d'esprit méticuleux de la formation émirienne mais aussi la preuve que son leader a commis une erreur en prenant les points dans l'étape de Boulogne-sur-Mer dimanche. C'est également pour une histoire de petits points, avec grande conséquence, que Jasper Philipsen a quitté la route du Tour.
Philipsen fauché par un jeu de ricochet
Le Belge s'était élancé dans le sprint intermédiaire d'Isbergues, à 60 km de l'arrivée, pour consolider son maillot vert maisil fut fauché par un jeu de ricochet entre Bryan Coquard et Laurenz Rex. Une clavicule et au moins une côte brisées, un coup d'arrêt net et la fin du début du Tour de France sur un lit de roses de l'équipe Alpecin, qui avait glané deux victoires et deux Maillots Jaunes entre Philipsen et Mathieu Van der Poel lors du premier week-end. Bryan Coquard s'était lui-même bien amoché dans l'accrochage, le corps râpé et le moral en miettes d'avoir envoyé involontairement un cador à la maison.
Le sprinteur de Cofidis n'était pas au bout de ses peines, un soleil l'attendait à 500 m de la ligne, dans un gadin où furent également pris Paul Penhoët, Davide Ballerini ou Émilien Jeannière, qui passa la ligne la bouche abîmée, au terme d'un final très chahuté où une première chute, à 3 km de la ligne, avait envoyé à terre Jordi Meeus, Geraint Thomas ou encore Remco Evenepoel. Le Belge est reparti sans problème, mais cela a dû lui causer un petit traumatisme de se sentir une nouvelle fois basculer, et Primoz Roglic, un autre tombeur multirécidiviste, est venu lui donner une petite tape de compassion.
Merlier, actuellement le meilleur sprinteur du monde
Ces diverses gamelles sont malheureusement souvent le lot pour un premier sprint massif dans le Tour, un autre classique du genre, un phénomène cette fois amplifié par cette étape tranquille qui n'avait puisé dans les réserves de personne et par ce vent de face qui désorganisait l'essaim.
Un joli bazar, sans train pour vertébrer le paquet, en dehors de celui des Lidl-Trek, mais Tim Merlier n'avait besoin de personne pour s'y frayer un chemin. Le Belge a remporté la première bataille royale face à Jonathan Milan, et d'une manière qui a dû marquer l'Italien. Seul donc, Merlier est parvenu à remonter dans la roue de son rival, de s'y réfugier quelques secondes, et la carcasse de golgoth de Milan est un abri de choix, pour ensuite réussir à le déboîter et à le sauter sur la ligne, d'un cheveu, encore un détail. Dans cette démonstration, le bolide de Soudal-Quick Step a pu bénéficier de sa puissance en bout de sprint plus élevée et aussi de sa position plus aérodynamique, qui l'a forcément favorisé dans le vent contraire.
Onze victoires depuis le début de la saison, le premier round du Tour de France : Tim Merlier est bien le meilleur sprinteur du monde actuellement, même s'il faudra attendre samedi, à Laval, pour une confirmation. Jonathan Milan se console pour l'instant avec le maillot vert, mais l'abandon de Philipsen a rebattu les cartes dans la catégorie, de nouveaux appétits vont s'ouvrir, d'autant que l'Italien ne semble pas forcément le mieux taillé pour le garder très loin. Dès mardi, il va souffrir dans les premiers reliefs de la Normandie, vers Rouen. Cinq côtes dans les 50 derniers kilomètres, plus de 2 000 m de dénivelé, un nouveau jardin pour Mathieu Van der Poel, qui aura l'occasion de remettre son équipe dans le bon chemin. Et surtout, gagner une étape avec le Maillot Jaune, qu'il devrait perdre mercredi dans le chrono, est une opportunité qui ne se refuse pas.
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