
Les 4 raisons de dire non à l'abolition de la valeur locative le 28 septembre
Deux comités, un de droite et un de gauche. Mais un seul but: couler le projet de suppression de la valeur locative.
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En bref:
L' abolition de la valeur locative , une lubie du camp bourgeois? Pas tout à fait. Certains élus de droite la rejettent catégoriquement. À l'image de Pascal Broulis (PLR/VD). Le sénateur est même coprésident du comité «Non à l'arrêt des rénovations». Il a présenté, mardi, devant les médias, les raisons de son opposition à la réforme soumise au peuple le 28 septembre aux côtés de deux représentants de l'économie et d'un comité de gauche cette fois-ci, représenté par les présidents des Verts Lisa Mazzone et du PS Cédric Wermuth. Voici leurs quatre arguments phares. Hausse d'impôts pour la classe moyenne
La valeur locative est un impôt. Elle rapporte donc de l'argent à la Confédération et aux cantons. Si on la supprimait, on creuserait un trou dans les caisses publiques. Les pertes fiscales s'élèveraient à environ deux milliards de francs par an avec un taux d'intérêt de 1,5%, ont martelé plusieurs orateurs. «Et il est plus qu'incertain que les pertes des cantons touristiques puissent être compensées par les recettes provenant du nouvel impôt sur les résidences secondaires», assène Pascal Broulis.
Pour compenser ces pertes, plusieurs cantons ont déjà annoncé qu'ils devront augmenter les impôts, souligne Cédric Wermuth. «Le Tessin table sur une hausse de 7,5%, celui de Zurich d'environ 3%. Pour la population, cela signifie en moyenne 500 francs d'impôts en plus par ménage et par an.» Les plus lésés seront la classe moyenne, selon lui. À savoir: les familles qui encaissent hausse des primes sur augmentation de loyer, les retraités aux revenus modestes ou encore les parents seuls. Les locataires, dindons de la farce
Le fossé entre propriétaires et locataires se creusera encore un peu plus avec l'abolition de la valeur locative. Aucun avantage n'est prévu pour les locataires. «Ils devront juste payer plus d'impôts», insiste le coprésident du PS. Les propriétaires seront en revanche privilégiés, surtout quand ils auront remboursé leur hypothèque. Ils n'auront plus de valeur locative à payer à l'État. Ni de dettes à rembourser aux banques. Et toujours pas de loyer. Ainsi, «2,3 millions de ménages locataires financeront les allégements fiscaux accordés à 1,4 million de propriétaires, dont les plus riches seront les principaux bénéficiaires». Plus le logement a de la valeur, plus la valeur locative est élevée. Et donc plus la ristourne sur les impôts sera importante. Encouragement du travail au noir
La réforme prévoit la suppression de la valeur locative, mais également de presque toutes les déductions possibles. Actuellement, les propriétaires peuvent déduire leur dette hypothécaire ou encore les coûts des travaux de rénovation de leur revenu imposable. Ce ne sera plus possible à l'avenir. Et ça, ça inquiète les milieux économiques, en particulier le domaine de la construction et des rénovations énergétiques.
L'incitatif à refaire sa cuisine ou isoler sa maison tombera. «Les propriétaires hésiteront entre rembourser leur hypothèque ou investir dans des rénovations. Ça impliquera moins de travail pour notre branche», relève Christina Schaffner, directrice de Constructionsuisse, qui rappelle que son secteur est le plus gros moteur économique de la Suisse. «On représente 12% du PIB. Et on propose 20% des apprentissages.»
Le secteur de la construction craint une baisse des commandes.
© J-P GUINNARD
Parallèlement, le travail au noir fleurirait. «Aujourd'hui, les propriétaires immobiliers ont intérêt à ce que les décomptes soient clairs en raison de la possibilité de déduction, estime Pascal Broulis. Si les coûts ne peuvent plus être déduits, certains propriétaires pourraient être tentés d'accepter davantage de paiements sous la table. L'économie souterraine augmenterait d'environ un demi-milliard de francs par an, selon les experts.» Frein au tournant énergétique
Qui dit moins de rénovations, dit tournant énergétique ralenti. «Le parc immobilier représente un quart des émissions de CO₂ et 40% de la consommation énergétique, pointe Lisa Mazzone. Si on isole l'enveloppe des bâtiments et qu'on remplace les chauffages fossiles par des pompes à chaleur, le gain en électricité correspondrait quasi au manque hivernal.» Sans la possibilité de déduire les coûts des travaux et avec les mesures d'économie en vue sur les programmes d'assainissement des bâtiments, les propriétaires tarderont à mener ces travaux. Voire les abandonneront.
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Delphine Gasche est correspondante parlementaire à Berne depuis mai 2023. Spécialisée en politique, elle couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, elle a travaillé pendant sept ans pour l'agence de presse nationale (Keystone-ATS) au sein des rubriques internationale, nationale et politique. Plus d'infos
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«On pourrait supprimer complètement l'AVS»
La génération des baby-boomers part à la retraite et le débat sur l'équité intergénérationnelle s'intensifie. Le sociologue François Höpflinger a une proposition radicale. Publié aujourd'hui à 19h36 La génération des boomers, née entre 1946 et 1964, est au centre du débat politique sur les retraites. KEYSTONE L'«équité intergénérationnelle» fait actuellement débat. François Höpflinger , professeur émérite de sociologie à l'Université de Zurich et spécialiste des questions liées au vieillissement et aux générations, observe une injustice sociale plus marquée ailleurs. Monsieur Höpflinger, les baby-boomers partent progressivement à la retraite, et la question de l'«équité intergénérationnelle» suscite de vifs débats. En Allemagne, on parle d'instaurer un «impôt boomer» au secours des retraites, L'approche basée sur l'«équité intergénérationnelle» est-elle pertinente? Les promesses de retraite faites jadis aux personnes aujourd'hui à la retraite étaient trop généreuses. L' allongement de l'espérance de vie et la diminution du nombre de cotisants créent un déficit que les personnes actives doivent compenser. Ce bilan générationnel présente certes des défis sociopolitiques, mais le réduire à cette seule dimension serait trop réducteur. Que proposez-vous? Le problème est temporaire et devrait se résoudre avec la disparition de la génération du baby-boom . Un pays riche comme la Suisse peut sans problème faire face à cette phase d'environ deux décennies. L'AVS est bien armée. Dresser des scénarios catastrophe relève avant tout d'une instrumentalisation politique et d'une stratégie du secteur financier. Et ce, depuis les années 1990. Qu'entendez-vous par «instrumentalisation politique»? Ce prétendu bilan générationnel reste très théorique et détourne l'attention d'un phénomène autrement important: l'oligarchisation de la société génère bien davantage d'inégalités. 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Les carrières ne doivent plus être considérées comme des sprints courts, mais plutôt comme des marathons non linéaires. On reste un apprenant permanent, mais on délègue aussi certaines responsabilités avec le temps: formation continue et délestage sont les maîtres mots. Je trouverais également judicieux d'introduire un congé sabbatique régulier à l'âge de 50 ou 55 ans. Les gens peuvent ainsi se réorienter. L'être humain a besoin de phases de régénération. On observe que ceux qui en ont les moyens prennent souvent ce temps au début de la cinquantaine pour repartir ensuite à zéro. D'autant plus que le monde du travail s'apprête à vivre de profondes transformations. Il faudra probablement trouver des voies plus épanouissantes et moins exigeantes en termes de charge de travail. Vous parlez de l'IA? Exactement. Aux États-Unis, de nombreux postes non spécialisés ont déjà disparu, notamment dans le secteur bancaire. Il faut une formation continue et un changement fondamental de mentalité. Notre démocratie libérale et directe présente de nombreux avantages, mais face à de telles situations, elle montre ses limites et peine à évoluer. De plus, l'économie locale n'accorde pas assez d'attention aux seniors à mon goût, et l'État ne fait rien contre cette guillotine que représente l'âge. J'ai une proposition radicale. «L'AVS est bien armée. Dresser des scénarios catastrophe relève avant tout d'une instrumentalisation politique et d'une stratégie du secteur financier», explique François Höpflinger. URS JAUDAS/TAMEDIA Une proposition radicale? On pourrait supprimer complètement l'AVS et les prestations en cas de chômage, l' allocation de maternité , la compensation salariale pour le service militaire et ainsi de suite. Tout serait remplacé par une couverture de base, non pas un revenu de base inconditionnel, mais une assurance de base. Toute personne en âge de travailler reçoit une allocation générale pour perte de gain lorsqu'elle ne peut pas exercer d'activité professionnelle, que ce soit en raison d'études, de maternité, de chômage, d'accident ou de maladie. L'âge seul ne justifie pas l'arrêt de l'activité professionnelle. Une personne peut rester active, ne serait-ce qu'en effectuant quelques heures de travail communautaire par semaine dans son quartier. Le reste serait couvert par l'allocation pour perte de gain. C'est effrayant. Quel est l'avantage? Travailler jusqu'à un âge avancé et se former tout au long de la vie deviendraient naturels, avec l'encouragement de l'État. Personne n'appartiendrait au passé et tout le monde serait protégé. En quoi cela pose-t-il problème? Si une personne ne peut pas travailler, l' assurance chômage prend le relais, peu importe la raison de cette incapacité. Toute une bureaucratie administrative deviendrait superflue. Il faudrait toutefois examiner chaque cas individuellement. Une attitude positive envers l'intégration des personnes âgées est un atout évident. Mais l'obligation théorique de travailler, même à 80 ans, paraît contre-intuitive, et le financement reste flou. Je n'y échapperai pas. Je ne m'en sortirai pas mieux que les autres (rires). Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan À propos de l'AVS Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Alexandra Kedves travaille comme journaliste culturelle. Elle écrit principalement sur le théâtre et sur des sujets de politique sociale et éducative. Elle a étudié la philologie allemande, la philologie anglaise et la philosophie à Constance, Oxford et Fribourg-en-Brisgau. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Surcoût des F-35, Rösti et les voitures électriques: l'essentiel du jeudi 21 août
Accueil | L'essentiel du jour | Les États-Unis confirment un surcoût d'environ 610 millions pour les F-35 La «fascination morbide» des internautes face au calvaire de Jean Pormanove Albert Rösti veut taxer les voitures électriques dès 2030 Publié aujourd'hui à 17h38 Le Ministère américain de la défense a finalement révélé un surcoût de 610 millions de dollars pour l'acquisition des avions de combat F-35 par la Suisse. Cette augmentation des coûts est attribuée à l'inflation et aux droits de douane de Donald Trump sur l'aluminium. Le prix définitif ne sera connu qu'en 2027, mais le Pentagone a d'ores et déjà insisté sur le fait que la Suisse doit assumer ces surcoûts. Cette situation pourrait encore faire grimper la facture de 1,35 milliard de francs pour la Suisse. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Albert Rösti veut taxer les voitures électriques dès 2030 Le conseiller fédéral Albert Rösti propose d'introduire une taxe sur les voitures électriques en Suisse à partir de 2030. Cette initiative vise à combler le déficit du Fonds pour les routes nationales et le trafic d'agglomération (Forta). Toutefois, cette mesure pourrait nuire à la progression fragile du marché des véhicules électriques, qui ne représente actuellement qu'un tiers des nouvelles immatriculations en Suisse. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Les tensions douanières avec les États-Unis font chuter les taux hypothécaires Paradoxalement, les droits de douane imposés à la Suisse ont un effet positif sur l'immobilier helvétique. Les investisseurs se tournent vers des placements sûrs, faisant baisser les rendements des obligations et, par ricochet, les taux hypothécaires. Les hypothèques à dix ans atteignent leur niveau le plus bas depuis juin à 1,73% en moyenne. Cette tendance s'explique par la recherche de sécurité des investisseurs face aux mesures douanières américaines contre la Suisse. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. La «fascination morbide» des internautes devant le calvaire de Jean Pormanove Jean Pormanove, streamer français, a été victime de maltraitances en direct sur la plateforme Kick, sous l'œil de milliers de spectateurs. Sa mort a mis en lumière la modération permissive de Kick, qui autorisait la diffusion de ces abus. La situation suscite de nombreuses interrogations sur l'attrait morbide pour ce type de contenu, malgré les avertissements et les tentatives de stopper ces diffusions. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Foot: les supporters de Besiktas vont défiler dans Lausanne ce jeudi soir Les supporters de Besiktas se préparent à défiler dans les rues de la capitale vaudoise en marge du match contre le Lausanne-Sport. Le cortège partira de la place du Tunnel jusqu'au stade de la Tuilière. Bien que la police soit prête à gérer les éventuelles perturbations, le grand nombre attendu de fans turcs pourrait rendre l'atmosphère tendue. Pour en savoir plus sur le sujet: lisez l'article détaillé. Aussi dans l'actu Insecte invasif: un premier foyer de scarabées japonais dans le canton de Genève L'essentiel des jours précédents Leonardo Pescante est rédacteur en chef adjoint de 24heures depuis 2011. Après des études à l'Université de Lausanne en mathématiques et des cours supérieurs de management au CRPM, il a travaillé près de 15 ans à Radio Suisse internationale. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
10 hours ago
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Un paradoxe menace la réforme de la valeur locative
Alors que le gouvernement promet plus de stabilité financière, les spécialistes identifient un effet pervers potentiel: l'achat deviendrait encore plus attractif que la location, poussant les prix immobiliers vers de nouveaux sommets. Publié aujourd'hui à 17h02 Les biens immobiliers suisses sont grevés de dettes, mais également très précieux. KEYSTONE En bref: Supprimer la valeur locative améliorerait la stabilité financière. Voilà l'un des principaux arguments du Conseil fédéral pour défendre un oui à la réforme de l'imposition de la propriété du logement, soumise au vote le 28 septembre. Selon le gouvernement, les propriétaires se désendetteraient plus rapidement, puisqu'ils ne pourraient plus déduire les intérêts hypothécaires de leurs impôts. Cette mesure aurait à son tour un effet bénéfique sur la stabilité du système financier. Cette conclusion semble plausible et n'a guère été remise en question jusqu'à présent. Pourtant, en y regardant de plus près, quelques points d'interrogation apparaissent. Un effet contraire pourrait même orienter le marché immobilier dans une direction indésirable. Peu de propriétaires, beaucoup de dettes hypothécaires Les dettes immobilières sont perçues comme des dettes à risque. Cette perception s'est renforcée depuis 2008, quand l'effondrement du marché immobilier américain avait fragilisé les banques mondiales et déclenché une crise économique planétaire. La Suisse a particulièrement pris conscience du problème. Aucun autre pays n'affiche un endettement hypothécaire aussi élevé par rapport à l'ensemble de son économie. Paradoxalement, peu de pays au monde comptent aussi peu de propriétaires de leur logement. Il paraît donc logique de viser une réduction des dettes hypothécaires. Par le passé, le Fonds monétaire international (FMI) a déjà formulé des recommandations en ce sens à la Suisse. Les spécialistes s'interrogent toutefois sur la nécessité d'intervenir. Les dettes hypothécaires des ménages privés atteignent 950 milliards de francs en Suisse, un montant considérable. Mais ces dettes sont largement couvertes par un patrimoine immobilier colossal. Selon les chiffres de la Banque nationale, la valeur des biens immobiliers sur sol helvétique s'élève à près de 2800 milliards de francs. En comparant ces deux chiffres, on observe une évolution positive: le taux d'endettement pour l'accession à la propriété n'a cessé de baisser ces vingt dernières années. Cette tendance s'explique par un durcissement de la réglementation sur l'octroi d'hypothèques et par la hausse de la valeur immobilière. Dans ce contexte, Lukas Vogt, directeur du courtier en hypothèques MoneyPark, estime que le marché immobilier suisse est solide. «Même dans un scénario de stress extrême, où les prix de l'immobilier chuteraient de moitié, les coûts de défaillance de crédit pour les banques resteraient limités», affirme-t-il. Ainsi, l'amélioration de la stabilité financière dans le domaine hypothécaire, que le Conseil fédéral espère obtenir avec cette réforme, n'est peut-être pas nécessaire. Investir est plus rentable qu'amortir Selon les spécialistes, il n'est pas certain que la réforme de la valeur locative conduise à une augmentation des remboursements hypothécaires par les propriétaires de logements. C'est ce qu'illustre l'examen des deux groupes de propriétaires concernés: Une partie des propriétaires – souvent des personnes actives avec une famille – ont acquis leur logement récemment. Ces propriétaires doivent d'ores et déjà respecter une contrainte: amortir leur hypothèque aux deux tiers de la valeur de nantissement en quinze ans maximum. Cette autorégulation du secteur existe depuis 2012. «Il est peu probable que ces ménages remboursent leur hypothèque encore plus rapidement pour des raisons fiscales si la réforme est adoptée», estime Ursina Kubli, responsable de la recherche immobilière à la Banque cantonale zurichoise. «Souvent, ils n'ont tout simplement pas les moyens de le faire.» Une autre partie des propriétaires – typiquement des personnes proches de la retraite ou retraitées – possède son logement depuis longtemps. Ces propriétaires disposent certes souvent de davantage de liquidités, mais ils ont déjà remboursé une grande partie de leur hypothèque. Leur dette reste faible par rapport à la valeur du bien immobilier, d'autant plus que cette dernière a augmenté depuis l'achat. «Du point de vue de ces propriétaires, il est souvent plus judicieux, indépendamment des impôts, de conserver un coussin financier – par exemple, pour des rénovations – plutôt que de rembourser entièrement l'hypothèque», explique Sacha Marienberg, responsable de l'Investment Office à la Banque Migros. D'un point de vue financier, l'amortissement s'avère rarement rentable. Certes, rembourser une hypothèque permet d'économiser sur les intérêts. Mais cela prive aussi d'autres opportunités d'investissement. Les rendements obtenus avec un portefeuille d'actions et d'obligations suisses dépassent largement, en moyenne historique, les économies réalisées sur les intérêts hypothécaires. La suppression de la déduction fiscale pour les intérêts hypothécaires ne modifierait pas fondamentalement ce calcul. «Actuellement, cette déduction réduit les frais d'intérêts des débiteurs hypothécaires d'un quart à un tiers selon la situation fiscale», explique Sacha Marienberg. «Même si cet avantage devait disparaître, les placements sur le marché des capitaux resteraient plus intéressants dans de nombreux cas.» La Suisse conserverait donc probablement son titre de championne du monde des hypothèques. C'est ce que révèle une estimation de MoneyPark . Selon les spécialistes de cette plateforme, la réforme pourrait certes réduire le volume des hypothèques de 50 à 150 milliards de francs. Mais le taux d'endettement des propriétaires ne baisserait que de 2% à 5%. Si cette estimation s'avère correcte, l'argument du Conseil fédéral garde une certaine validité – même si l'effet reste marginal, souligne Marius Brülhart, professeur d'économie à l'Université de Lausanne. Et d'ajouter: «La réforme de l'imposition de la propriété du logement ne devrait guère réduire de manière significative la probabilité d'une crise hypothécaire.» Acheter encore plus avantageux que louer Un autre effet secondaire pourrait toutefois s'avérer problématique pour la stabilité financière, bien que le gouvernement n'en parle pas du tout: l'évolution des prix de l'immobilier. En vingt ans, l e coût des maisons et des appartements a considérablement grimpé . Pourtant, malgré cette flambée, acheter reste souvent plus avantageux que louer dans de nombreuses régions. Cette situation s'explique notamment par les taux d'intérêt hypothécaires, maintenus à un niveau bas depuis des années . La réforme de la valeur locative rendrait l'achat d'un bien immobilier encore plus avantageux. Les propriétaires paieraient en effet moins d'impôts qu'aujourd'hui. Les acheteurs potentiels disposeraient ainsi d'un budget plus important pour couvrir les frais courants de leur propriété. Leur capacité d'achat s'en trouverait donc renforcée. Claudio Saputelli, spécialiste de l'immobilier chez UBS, a établi un exemple de calcul pour illustrer cette situation: un futur propriétaire qui économiserait environ 1500 francs d'impôts par an grâce à la réforme pourrait utiliser ce montant pour financer les intérêts d'une hypothèque plus élevée, concrètement, d'environ 100'000 francs. Le prix d'achat qu'il pourrait se permettre pour son logement augmenterait en conséquence, passant de 1 à 1,1 million de francs. Claudio Saputelli précise que ce calcul reste théorique, les banques n'accordant pas de crédits sans limite dans la réalité. Il permet toutefois de mesurer l'ampleur de l'impact et explique pourquoi, selon lui, il faudrait s'attendre à une «hausse des prix non négligeable». Thomas Walter, chef du prestataire de services immobiliers CSL Immobilien, s'attend lui aussi à une «poussée modérée des prix». Selon lui, les biens neufs seraient particulièrement touchés. À l'inverse, l'immobilier nécessitant des rénovations perdrait plutôt de la valeur. La raison: après la réforme de la valeur locative, les frais de rénovation ne seraient plus déductibles fiscalement. Les experts ignorent également ce qui se passera exactement sur le marché immobilier. Mais au final, ce n'est pas tant l'endettement qui préoccupe que la perspective de prix immobiliers encore plus élevés. Traduit de l'allemand par Olivia Beuchat. Immobilier en Suisse Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Simon Schmid est journaliste à la rubrique économique. Il a étudié la sociologie et l'économie et enseigne le journalisme de données à l'école de journalisme MAZ, de Lucerne, et à la FHNW. Bluesky: @ Plus d'infos @schmid_simon Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.