
La construction de l'« Alcatraz des alligators » pourrait être freinée
(Miami) La construction d'un centre de détention improvisé pour immigrants dans les Everglades de Floride, baptisé l'« Alcatraz des alligators », pourrait être suspendue indéfiniment. Une juge fédérale a examiné mercredi si ce projet précipité dans une zone humide sensible enfreignait les lois environnementales.
David Fischer
Associated Press
La semaine dernière, la juge fédérale Kathleen Williams a ordonné une suspension de deux semaines des travaux supplémentaires sur le site, le temps que des témoins soient entendus.
Cette ordonnance temporaire ne prévoit aucune restriction concernant les activités des forces de l'ordre ou des services d'immigration.
La première phase de l'« Alcatraz des alligators » a ouvert en juillet sur le site d'un aéroport d'entraînement à piste unique peu fréquenté. Moins de 1000 détenus y étaient incarcérés la semaine dernière, et le centre est conçu pour accueillir jusqu'à 3000 personnes à terme.
Le président Donald Trump a visité le centre le mois dernier et a suggéré qu'il pourrait servir de modèle pour les futurs centres de détention à l'échelle nationale, alors que son administration s'efforce de développer les infrastructures nécessaires à l'augmentation des expulsions.
À l'intérieur des grandes tentes blanches du complexe, des rangées de lits superposés sont entourées de cages grillagées. Les personnes détenues affirment que des vers se retrouvent dans la nourriture, que les chasses d'eau des toilettes sont bloquées et que les sols sont inondés de matières fécales, tandis que les moustiques et d'autres insectes sont omniprésents.
Parfois, les climatiseurs s'arrêtent brusquement sous la chaleur étouffante. Les détenus passeraient des jours sans se doucher ni obtenir de médicaments, et ne pourraient parler à leurs avocats et à leurs proches que par téléphone.
Le gouverneur Ron DeSantis a indiqué que l'emplacement dans les Everglades, un lieu accidenté et isolé, visait à dissuader les évasions, à l'instar de la prison insulaire en Californie qui a inspiré les républicains.
Le coût annuel du centre de détention est estimé à 450 millions US, selon une base de données publique.
Des plantes et des animaux protégés menacés, selon les plaignants
Les avocats de l'État et du gouvernement fédéral affirment que, bien que le centre de détention accueille des détenus fédéraux, sa construction et son exploitation relèvent entièrement de la compétence de l'État de Floride, ce qui signifie qu'une évaluation environnementale fédérale ne s'appliquerait pas.
Cependant, la plainte déposée par des groupes environnementaux et la tribu Miccosukee affirme que le fait que la Floride ait construit le centre n'a aucune importance, puisque les agences fédérales ont compétence en matière d'immigration.
La juge Williams a déclaré la semaine dernière que le centre de détention était, au minimum, un partenariat entre l'État et le gouvernement fédéral.
Les plaignants ont présenté des témoins mercredi et jeudi, qui ont affirmé que le centre viole la loi nationale sur la politique environnementale, qui oblige les agences fédérales à évaluer les effets environnementaux des grands projets de construction.
La plainte demande à la juge d'émettre une injonction préliminaire pour suspendre les opérations et la poursuite des travaux de construction, qui, selon les plaignants, menacent des zones humides écologiquement sensibles abritant des plantes et des animaux protégés et qui anéantiraient des milliards de dollars de travaux de restauration environnementale.
Des témoins des groupes environnementaux ont affirmé qu'au moins huit hectares d'asphalte avaient été ajoutés au site depuis le début des travaux de construction par la Division de la gestion des urgences de Floride. Ils ont soutenu que des travaux supplémentaires pourraient entraîner une augmentation du ruissellement des eaux vers les zones humides adjacentes, répandre des produits chimiques nocifs dans les Everglades et réduire l'habitat des panthères de Floride, une espèce menacée.
Marcel Bozas, directeur du département de la pêche et de la faune de la tribu Miccosukee, a indiqué que les membres de la tribu chassent et pêchent pour des raisons de subsistance et culturelles.
David Kerner, directeur du département de la sécurité routière et des véhicules motorisés de l'État, a témoigné que l'« Alcatraz des alligators » est un établissement géré par l'État et a soutenu que Washington ne dicte pas à la Floride où placer les immigrants. Il a ajouté que ce centre de détention était nécessaire pour désengorger les autres prisons.
L'audience a eu lieu alors que l'administration DeSantis s'apprêtait apparemment à construire un deuxième centre de détention pour migrants dans un centre d'entraînement de la Garde nationale de Floride.
Une deuxième plainte allègue que les droits constitutionnels des détenus sont violés : ils n'ont pas le droit de rencontrer un avocat, sont détenus sans inculpation et un tribunal fédéral de l'immigration a annulé les audiences de mise en liberté sous caution.
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Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit Donald Trump et Vladimir Poutine poursuivent vendredi leur discussion en Alaska, pour peut-être sceller le sort de l'Ukraine voire dessiner l'avenir diplomatique et sécuritaire de l'Europe toute entière. Aurélia END Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir Le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se rencontrent vendredi après-midi en Alaska ; M. Trump a indiqué jeudi qu'une rencontre trilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky serait nécessaire avant tout accord sur la fin de la guerre ; Pour mettre fin à la guerre, la Russie réclame des parties du territoire ukrainien, la fin des livraisons d'armes occidentales dans le pays et que Kyiv renonce à une possible adhésion à l'OTAN. 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Si sa première rencontre en personne depuis 2019 avec le maître du Kremlin se passe bien, Donald Trump, qui se rêve en lauréat du prix Nobel de la paix, a assuré que « cette rencontre (ouvrirait) la voie à une autre », à trois, avec Volodymyr Zelensky. « Œuvrer pour la paix » Le choix de l'Alaska est truffé de symboles. Ce vaste territoire a été cédé par la Russie aux États-Unis au XIXe siècle. Il a ensuite été un avant-poste de la Guerre froide, quand l'Amérique et l'Union soviétique se toisaient de part et d'autre du détroit de Béring. Le président ukrainien et les dirigeants européens devront attendre que l'imprévisible président américain, comme il s'est engagé, les informe de la teneur de son entrevue. Vladimir Poutine « a aujourd'hui l'occasion d'accepter un cessez-le-feu » en Ukraine, a souligné le chancelier allemand Friedrich Merz. La première réunion sera suivie par un repas de travail, avec davantage de ministres et conseillers. 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