« Là, c'est all in ! » Le podium et les minima ou la retraite : les derniers obstacles de Pascal Martinot-Lagarde
C'est l'un des plus grands CV de l'athlétisme bleu, avec pas moins de douze médailles internationales glanées sur les haies, en salle ou en plein air, qui risque de faire ses adieux. Recordman de France du 110 m haies depuis 2014 (12''95), Pascal Martinot-Lagarde pourrait en effet vivre ce week-end ses dernières heures à haut niveau, à 33 ans.
L'équation est simple : soit il termine ce dimanche à Talence sur le podium des Championnats de France tout en réussissant les minima (13''22) pour les Mondiaux de Tokyo (13-21 septembre) - à condition de passer en séries ce samedi et en demi-finales ce dimanche -, soit le champion d'Europe 2018 mettra fin à sa carrière. Un double objectif ambitieux, tant au vu de la concurrence (Sasha Zhoya, Just Kwaou-Mathey, Wilhem Belocian notamment, tous trois ayant déjà réussi les minima) que de la forme incertaine de PML ces dernières semaines.
Le Francilien a couru deux fois à Montgeron le 27 juin, en 13''68 puis 13''47, puis à Nancy le 4 juillet, en 13''36. Et puis ? C'est tout. « J'ai eu une alerte au mollet avant le meeting de Zagreb fin mai, explique Martinot-Lagarde, puis une autre aux adducteurs après ma sortie à Nancy. J'ai décidé de refaire une préparation pour Talence. Tout est réparé, cela fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi en jambes. Et là, c'est all in ! Le podium et les minima ? C'est jouable, mais je sais aussi que tout peut être fini dans quelques heures... En tout cas, je mise sur l'envie, je veux finir en beauté, et c'est un luxe énorme, que tout le monde n'a pas eu, de pouvoir choisir sa sortie. »
« Le podium, c'est faisable, même si je ne mettrais pas ma main à couper. Si ça passe, on prolonge le plaisir jusqu'à Tokyo »
Benjamin Crouzet, entraîneur de Pascal Martinot-Lagarde
Personnage attachant, PML a reçu de nombreuses marques d'affection ces dernières semaines, dont celles du meeting de Montgeron, son club, qui a baptisé à son nom la piste il y a quelques semaines. « Je ne m'y attendais pas, mais j'ai été très agréablement surpris, reconnaît-il, ému. J'ai fait pas mal de médailles dans ma carrière, mais pas LE grand titre qui reste. »
À ses côtés depuis 2014, son entraîneur Benjamin Crouzet est satisfait du travail fourni ces dernières semaines. « Je le sens mobilisé, Pascal est bon sous pression, même si ce n'est pas le même qu'il y a quelques années quand il était favori. Les adducteurs, ce n'était pas grand-chose. Le podium, c'est faisable, même si je ne mettrais pas ma main à couper. Si ça passe, on prolonge le plaisir jusqu'à Tokyo. Si ça ne passe pas ? J'ai prévu de partir dans le sud dix jours après Talence, Pascal viendra peut-être aussi (rires) ».
Ce week-end ou au plus tard fin septembre au Japon, Pascal Martinot-Lagarde pourra se retourner avec satisfaction sur une décennie au plus haut niveau. « Je suis fier de ce que j'ai fait, mais pour moi c'est à peu près normal, plaide-t-il. Jour après jour, brique après brique, la maison est construite. Je ne me regarde pas dans un miroir en faisant des bisous. En tout cas il va y avoir de l'émotion à Talence, que je sois dans les trois avec les minima ou pas. »
Le triple médaillé d'argent mondial sur 60 m haies tient à ne pas oublier Benjamin Crouzet au moment de tirer un bilan, certes peut-être encore provisoire, de sa vie d'athlète. « Benji, c'est ma plus grande chance, depuis plus de dix ans, souligne PML. Il a été non seulement un coach d'athlé mais aussi de vie, et notre longévité le prouve. On ne peut pas être juste un cheval de course sans évoluer aussi comme homme. »
Romain Barras, directeur du haut niveau à la FFA, veut aussi rendre hommage à la paire entraîné-entraîneur. « Pascal est un athlète emblématique de l'équipe de France, rappelle-t-il, qui a marqué sa discipline. Il a aussi formé un duo très fort avec Benjamin Crouzet, sportivement comme humainement. Pascal a toujours eu des rapports exemplaires avec la Fédération, et on aura toujours plaisir à le retrouver, en utilisant pourquoi pas son expérience, auprès des jeunes. »
Médaillé de bronze aux Mondiaux 2019, 4e des JO 2016 puis 5e en 2021, PML aurait-il pu faire encore mieux ? « Mon plus gros regret c'est Rio 2016, glisse Crouzet. Je n'avais alors pas encore toute sa confiance ni la capacité de pilotage psychologique pour qu'il soit dans les meilleures dispositions en finale pour aller chercher mieux. Il en a mis un peu partout, de l'intensité mal maîtrisée. En 2018, aux Championnats d'Europe de Berlin, il est au sommet de son art dans la gestion émotionnelle et empoche l'or. Je suis fier de l'avoir accompagné toutes ces années. On est complètement opposé, niveau caractère ou fonctionnement, mais on doit bien se compléter ! Je suis fier aussi de la construction de l'homme, père de famille et entrepreneur. Il a construit son projet professionnel, s'est investi. Il ne va pas s'ennuyer ! »
Depuis deux ans, PML s'est en effet lancé dans la location courte durée de logements dans la région de Reims, où il s'entraîne. « Mon entreprise est en pleine croissance ! J'ai aussi ce luxe, celui de ne pas me retrouver sans rien après l'athlé, explique-t-il, d'être face à un quotidien vide. Ce métier me passionne, et maintenant dès que je me rends dans un hôtel, je prends conscience de l'importance de l'accueil, de la propreté, du moindre détail. »
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


L'Équipe
3 minutes ago
- L'Équipe
Le triomphe de Pauline Ferrand-Prévôt, vainqueure du Tour de France femmes et intraitable sur la dernière étape
Invulnérable même isolée de ses coéquipières, Pauline Ferrand-Prévôt a maîtrisé et remporté la dernière étape, ce dimanche, pour s'offrir le Tour de France femmes avec Zwift dès sa première participation. Un an lui aura suffi pour réaliser ce défi complètement fou. Championne olympique de VTT l'été dernier, Pauline Ferrand-Prévôt a remporté ce dimanche le Tour de France femmes avec Zwift qu'elle découvrait à l'occasion de sa première saison sur route depuis 2018. Malgré les écarts creusés la veille dans la Madeleine, cette ultime journée ne fut pas un long fleuve tranquille. Prise dans une cassure en début d'étape, la Française de 33 ans dut sacrifier toutes ses équipières de Visma-Lease a Bike pour revenir sur le peloton puis maîtriser à elle seule toutes les favorites pendant près de 100 km, avant de les déposer à 6 km de l'arrivée pour s'imposer à Châtel (Haute-Savoie) et s'offrir un doublé d'étapes. Les batailles autour d'elle pour le podium auront fait le jeu de Ferrand-Prévôt. Demi Vollering (FDJ-Suez), qui a réussi à piéger Sarah Gigante (AG Insurance-Soudal) en descente, prend la deuxième place de ce Tour 2025. Vainqueure l'an dernier, Katarzyna Niewiadoma (Canyon//Sram zondacrypto) termine 3e. Plus d'informations à suivre.


Le Figaro
3 minutes ago
- Le Figaro
Discret et déterminé, comment Léon Marchand est «resté le même» après Paris 2024
Réservé aux abonnés DÉCRYPTAGE - Parfaitement entouré, toujours en quête de tranquillité et de simplicité, le Toulousain de 23 ans n'a pas eu la tête qui a tourné après son fabuleux quadruplé olympique. Pour vivre heureux, vivons cachés. Cette citation célèbre pourrait être la devise de la famille Marchand. Ainsi, quand il est interrogé sur la première impression qu'il eut de Léon, Nicolas Castel, son entraîneur de toujours à Toulouse, n'hésite pas une seconde : « C'était un gamin introverti, comme l'étaient ses parents d'ailleurs. » Une opinion immédiatement corroborée par Michel Coloma, le directeur général des Dauphins du TOEC, le club de la Ville rose qui a vu le futur quadruple champion olympique de Paris 2024 faire ses premiers pas dans la natation. « Je me souviens d'un enfant joyeux, mais réservé. Il a dû hériter ce trait de caractère de ses parents, qui sont tous les deux très calmes, très posés. » De Xavier Marchand – vice-champion du monde du 200 m 4 nages à Perth en 1998 - et de Céline Bonnet – multiple championne de France en 4 nages et en dos -, Léon Marchand a aussi hérité de cet amour de la nage. Même si le coup de foudre n'a pas été immédiat, comme se souvient…


L'Équipe
3 minutes ago
- L'Équipe
Mercato : le latéral droit saoudien Saud Abdulhamid rejoint officiellement le RC Lens
Comme annoncé ces derniers jours, Saud Abdulhamid a officiellement rejoint le RC Lens ce dimanche. Le latéral droit saoudien est prêté pour une saison par l'AS Rome avec option d'achat. Saud Abdulhamid est Lensois. Un temps pressenti du côté de Toulouse, le latéral droit a, comme nous l'évoquions jeudi, rejoint le RC Lens ce dimanche pour une saison sous la forme d'un prêt avec option d'achat, non obligatoire. L'international saoudien (38 sélections) arrive de l'AS Rome, actant la deuxième transaction entre le club transalpin et celui de l'Artois, qui avaient conclu le transfert de Neil el-Aynaoui vers Rome courant juillet. Abdulhamid (26 ans) a découvert l'Europe la saison dernière, lorsqu'il a rejoint les Giallorossi après un début de carrière exclusivement dans son pays, en Arabie saoudite. Il a assez peu joué en 2024-2025 (8 matches toutes compétitions confondues, 4 en Serie A et 4 en Ligue Europa) et tentera de se relancer à Lens, en vue notamment de la Coupe du monde 2026, qu'il pourrait disputer avec la sélection saoudienne d'Hervé Renard.