
Émeutes en Espagne : cinq minutes pour comprendre les troubles anti-immigrations dans le sud du pays
la ville de Torre-Pacheco
, dans la région de Murcie, au sud-est de l'Espagne, fait face à une flambée de violences inédite. Certains redoutent que ces mouvements se propagent à tout le pays, sur fond de percée de l'extrême droite.
Le mercredi 9 juillet, un retraité de 68 ans, Domingo, est violemment agressé, sans motif apparent, dans la ville de Torre-Pacheco, 40 000 habitants, par des agresseurs supposés être d'origine nord-africaine, selon des témoins. Deux « immigrés » n'habitant pas à Torre Pacheco ont été arrêtés dans le cadre de cette agression, ont indiqué lundi les autorités.
Postée sur les réseaux sociaux, la vidéo de l'agression de Domingo fait réagir notamment
les responsables du parti politique Vox
. Le parti d'extrême droite dénonce une forme de « terrorisme nord-africain ». « C'est pour des raisons politiques qu'ils font cela, c'est de la récupération politique », estime auprès du Parisien Carole Vinals, maître de conférences en civilisation de l'Espagne contemporaine à l'Université de Lille.
Cette agression s'inscrit dans un contexte déjà tendu en Murcie. « 40 % de la population de Torre-Pacheco est issue de l'immigration. Cette population provoque des ressentiments », affirme Albert Borras Rius, docteur en géopolitique.
Dans le reste de
l'Espagne
, la progression de Vox permet également d'imposer ce débat dans la société. « Le principal pilier du discours de l'extrême droite, c'est le discours anti-immigration. Ce genre d'incident permet à l'extrême droite de jeter de l'huile sur le feu », souligne Carole Vinals.
De nombreux mouvements
d'ultra-droite
échaudés par ces discours se sont organisés sur les réseaux sociaux, comme Télégram. Et ont appelé à mener des chasses anti-migrants et incendier des commerces tenus par des magrébins. Le tout ponctué de propos haineux.
Les premières tensions ont éclaté lors d'un rassemblement pacifique « organisé » le vendredi 11 juillet. Des groupes d'
extrême droite
se sont infiltrés et ont scandé des slogans racistes. Puis de nombreuses confrontations entre des habitants de Torre-Pacheco, pour la plupart d'origine marocaine, et des groupes extrémistes, souvent étrangers à la ville et motivés par les appels xénophobes diffusés sur
les réseaux sociaux
, ont eu lieu.
Le quotidien
L'Opinion de Murcia
fait ainsi état « de bagarres à coups de pierres et de bouteilles, de coups de couteau et de dommages aux véhicules ». Plusieurs groupes de personnes auraient également parcouru les rues de la commune munies de bâtons, à la recherche de personnes d'origine étrangère. Des scènes qui se sont reproduites samedi et dimanche soir.
Les autorités appellent
au retour au calme
.
«
Les habitants de Torre-Pacheco veulent vivre en paix et ils veulent vivre ensemble comme ils l'ont fait jusqu'à présent
»,
a clamé le président conservateur de la région Fernando Lopez Miras.
Le gouvernement
, de son côté, a réagi par la voix de la ministre de la jeunesse Sira Rego : « Nous condamnons fermement les persécutions racistes contre les migrants à Torre-Pacheco. L'extrême droite et la droite signent et leurs escadrons agissent. »
Une opération de surveillance spéciale a d'ailleurs été lancée avec le déploiement de 50 agents de police supplémentaire.
Quatre jours après le début de ces émeutes, cinq personnes ont été blessées. Neuf personnes
ont été arrêtées
, a indiqué lundi la déléguée du gouvernement central dans la région de Murcie, Mariola Guevara. Deux parmi elles ont été arrêtées dans le cadre de l'agression du sexagénaire. Les sept autres, un citoyen marocain et six espagnols, ont été interpellés pour leur participation aux affrontements qui ont suivi.
Malgré l'appel au calme, la tension persiste. De nouvelles « chasses aux migrants » sont prévues par le groupe d'extrême droite « Deport them now » dans les prochains jours.
Albert Borras Rius, auprès du Parisien, craint que
les mobilisations anti-immigrés
dépassent le cadre de la Murcie : « Ce cas de Torre-Pacheco peut provoquer des cas similaires dans d'autres villes. L'extrême droite a créé dans certaines villes des brigades pour surveiller et persécuter des migrants. »
L'été dernier, le Royaume-Uni
avait également été secoué par d'importantes émeutes
, sur fond de sentiments anti-immigration et islamophobe. L'élément déclencheur avait été une attaque au couteau, dans le nord de l'Angleterre, dans laquelle trois petites filles avaient été tuées. La propagation de fausses informations au sujet du suspect, notamment par l'extrême droite, avait encouragé ces violences.
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