« Aujourd'hui, je ne m'en veux plus » : Maxime Grousset, les confidences d'un revanchard devenu double champion du monde
Deux heures après la fin des Mondiaux, Maxime Grousset s'est posé pour évoquer sa folle semaine et sa capacité de rebond après sa déception des JO (pas de médaille individuelle). Le triple champion du monde qui a réalisé le doublé 50 et 100 papillon est fatigué mais heureux avec ses quatre médailles autour du cou. Il ne réalise pas encore la portée de sa performance. Le lendemain, il a pris l'avion pour Bali avec sa compagne Zoé avant de retrouver ses parents en Nouvelle-Calédonie pour une pause d'un mois.
« Que représentent ces quatre médailles autour de votre cou ?Je me suis prouvé des choses. C'est un rebond derrière les Jeux que je voulais. Maintenant, il fallait le faire. C'est aussi le travail. J'ai beaucoup, beaucoup travaillé les trois dernières années et c'est grâce à ça que je suis capable de faire une semaine comme ça et de finir en beauté sur la dernière course (médaille d'argent sur le relais 4x100 m 4 nages).
Ces médailles ne sont-elles pas nées aux Jeux ? Vous avez appris beaucoup de choses de cet échec ?Je pense que j'ai beaucoup appris aux Jeux. Malheureusement et heureusement. J'aurais bien aimé être à ce niveau pour les Jeux. On se dit : "dommage, c'est ballot". Mais ça fait partie de mon histoire, ces Jeux loupés à 50 % parce qu'on fait quand même une belle médaille (bronze en relais 4x100 m 4 nages). Comparé à deux médailles d'or sur ces Championnats du monde, on peut se dire que je mérite mieux sur les JO.
Maxime Grousset, roi du papillon
Avez-vous douté de ne plus savoir gagner ?C'est bizarre parce que j'ai douté après le titre du 50 pap. Je ne sais pas pourquoi je me suis mis la pression en demi-finales du 100 pap. Je n'ai pas paniqué mais j'ai eu un petit moment de stress, je ne sentais pas une énergie positive. Je me suis dit : "mince, qu'est-ce qui se passe ?" Ce sont des choses qui peuvent arriver mais qui ne m'étaient jamais arrivées.
« Aux Jeux, je ne l'ai pas vu venir, je me sentais un peu vide, je ne sentais pas mes énergies »
Même aux Jeux ?Aux Jeux, je ne l'ai pas vu venir, je me sentais un peu vide, je ne sentais pas mes énergies. Alors que là, j'ai vécu pleinement même si j'ai un peu stressé. Je me suis recentré.
Votre entraîneur Michel Chrétien dit qu'il vous a retrouvé.Oui, un joueur, quelqu'un qui a envie de gagner, tout simplement. Un truc de gamin. En fait, on fait ça parce qu'on aime ça. On ne fait pas ça pour des résultats ou des choses externes. On fait ça pour soi. Je me suis fait plaisir. J'ai besoin de ce plaisir. La veille d'une course, si j'ai envie de me faire plaisir sur de la nourriture, je me fais plaisir, je ne culpabilise pas.
Vous avez parlé de votre introspection. Êtes-vous dur avec vous-même ?Je pense que je suis plus dur avec moi-même qu'avec toute autre personne. Vraiment plus (sourire). Je m'en suis beaucoup voulu. Surtout quand je sens que je suis capable de le faire et au final, je n'y arrive pas parce qu'il y a un blocage. C'est très frustrant. Aujourd'hui, je ne m'en veux plus.
À quel moment, avez-vous senti que c'était reparti ?Je ne sais pas. Pendant les vacances (après les JO), j'étais tout seul avec ma chérie, j'ai beaucoup réfléchi sur moi, je me suis posé et j'ai senti quelque chose. Derrière, j'ai eu envie de reprendre l'entraînement. C'est venu de moi.
Maxime Grousset, le champion qui vient du bout du monde
Quand on voit vos prestations en papillon, est-ce que ça ne rebat pas les cartes ?Cette insouciance du papillon m'aide beaucoup. Toute l'année, j'en fais très peu. Je dois faire 20 % de papillon et 80 % de crawl. C'est ce qui fait que je suis aussi fort aujourd'hui parce que je n'ai pas de pression sur le papillon. Il faut que je continue à kiffer sur du papillon et que je ne mette pas une pression inutile toute l'année. C'est pour ça que j'en fais aussi peu mais on va voir comment progresser encore sur du papillon sans en faire trop.
« Au moment où je touche, oui, ça explose. Je vibre vraiment. J'avais besoin d'hurler pour vivre ce moment. Je me suis épaté »
Avez-vous ressenti des trucs que vous n'aviez jamais ressentis lors de votre victoire sur le 100 m papillon en 49" 62 ?Dans la course, ce sont des choses comme la vitesse, la fluidité, que j'ai déjà ressenties sauf que là, j'ai réussi à les mettre bout à bout. Au moment où je touche, oui, ça explose. Je vibre vraiment. J'avais besoin d'hurler pour vivre ce moment. Je me suis épaté. Je pensais être capable de nager 49", j'étais assez proche. Casser des barrières comme ça, je ne pensais pas que j'en étais capable. Ça rebat les cartes.
Avez-vous vu le regard de vos adversaires changer ?Oui, on m'a beaucoup félicité et tout le monde m'a dit que j'étais vraiment un monstre. Le regard a changé. Maintenant, on me demande un peu plus souvent mon bonnet (rires). J'étais trop content parce que (Kyle) Chalmers (champion olympique du 100 m en 2016 et sextuple champion du monde) m'a demandé mon bonnet, on a fait un petit échange.
Piscine, promenade avec le chien, dodo : les journées millimétrées de Maxime Grousset
Est-ce que vous ne sacralisez pas trop le 100 m nage libre qui est votre rêve d'enfant ?Peut-être que je le sacralise un peu trop. Je me crispe en finale alors que je fais une très belle demi-finale. La troisième place était atteignable mais je n'ai pas réussi à le faire. Je prends les choses comme ça. J'étais un peu abattu pendant trente minutes mais je n'étais pas au bout du rouleau. Après, c'est reparti.
« A chaque fois que je prends le vélo, parfois j'y vais cool, mais souvent je bombarde. Un matin, j'étais en retard à l'entraînement et je me suis dit : "Record maison/Insep !" Je suis arrivé, je bavais de lactique »
Quand vous voyez David Popovici qui descend deux fois en trois courses sous les 47", ça fait mal ?Non, ça ne fait pas mal. Quand on regarde ce que je suis capable de faire sur des coups de bras, sur les parties non nagées, je ne suis pas à des années-lumière de ces mecs-là, c'est juste qu'il y a des moments où je me crispe. Je pense que je peux être à ce niveau de 46".
Est-ce que vous préférez toujours le crawl au papillon ?Non, je ressens plus de légèreté sur le pap. À la fin d'un 100 papillon, je récupère beaucoup plus vite. C'est affolant. Derrière un 100 crawl, c'est plus dur, j'ai plus mal. Grâce à ma puissance dans les bras, le pap est plus naturel pour moi. Il y a un temps d'arrêt sur les bras, j'ai le temps de glisser et d'utiliser toute ma puissance sur chaque coup de bras alors que le crawl, c'est de bras à bras et les jambes, on se fatigue plus vite.
Il paraît que vous vous êtes mis au vélo. Est-ce pour travailler les jambes ?C'est récent. C'est juste parce que j'avais envie de kiffer et de prendre l'air. Ce n'est pas dans le but de la natation mais je pense que ça m'a fait progresser. En plus, à chaque fois que je prends le vélo, parfois j'y vais cool, mais souvent je bombarde (rires). Un matin, j'étais en retard à l'entraînement et je me suis dit : "Record maison/Insep !" Je suis arrivé, je bavais de lactique, c'était un des efforts les plus durs que je n'avais jamais fait (rires). Il faut que je me canalise de temps en temps.
« Quand je dis quelque chose, il (Michel Chrétien) m'écoute et prend en compte tout ce que je lui dis. On a une relation fusionnelle. C'est aussi grâce à lui si je suis à ce niveau-là »
Est-ce que ce côté gamin, vous l'avez retrouvé avec les jeunes dans l'équipe ?Il y a une nouvelle ère. Après une olympiade, il y a beaucoup d'anciens qui arrêtent, c'est normal. On a vu beaucoup de qualifiés et de jeunes aux Championnats de France. J'ai senti cette fraîcheur dans l'équipe, une super énergie, une super ambiance pendant le stage de prépa (à Jakarta). Ça fait partie de la réussite.
Avec votre entraîneur Michel Chrétien, vous avez une relation très forte. Est-ce la pièce maîtresse de votre carrière ?Tous mes entraîneurs m'ont apporté beaucoup de choses, même très jeune. Mais c'est vrai que Michel a fait en sorte que je brille le plus possible. Il a poli la pierre. On a une énorme confiance mutuelle. Quand je dis quelque chose, il m'écoute et prend en compte tout ce que je lui dis. On a une relation fusionnelle. C'est aussi grâce à lui si je suis à ce niveau-là.
Est-ce que vous vous projetez déjà sur les Championnats d'Europe en France l'an prochain ?Malheureusement, j'y pense déjà. Mais je vais vraiment faire un break physique et psychologique. J'ai besoin de prendre conscience de tout ce qui s'est passé et de me ressourcer, d'aller à la plage, de rentrer chez moi, de voir mes parents, de rester avec ma copine, de faire du surf. Après, je verrai. C'est vrai que j'y pense. Là, j'ai l'impression que lundi, je renage. Je suis dans l'énergie. »
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