
« Il a une telle capacité de résistance » : le destin doré de Ben Healy, rouleur infatigable et Maillot jaune
Tadej Pogacar
perd sa tunique, Ben Healy est le nouveau leader du
Tour de France
.
Au même moment, dans la vallée, les cris de joie résonnent dans le car d'EF Education. « Champagne ce soir ! », « Fucking Legend ! »… Les membres du staff de l'équipe américaine n'en reviennent pas. Leur petit Irlandais a encore réalisé une performance de géant.
Impressionnant déjà jeudi vers Vire, où il a gagné son étape après un raid solitaire de plus de 40 km, Ben Healy a cette fois assuré un train d'enfer dans l'échappée fleuve du jour sur les magnifiques routes du Puy-de-Dôme. Si la victoire est finalement revenue à
Simon Yates
(Visma Lease a bike), l'Irlandais de 24 ans, arrivé 3e au Mont-Dore, décroche le maillot jaune avec 29 secondes d'avance sur le champion du monde slovène, arrivé plus de 4 minutes après lui.
« Mon premier rêve, c'était la victoire d'étape sur le Tour. Et là, le maillot jaune, c'est du bonus ! Il est très beau, je suis très content de l'avoir. Et être le premier Irlandais à le porter depuis si longtemps (Stephen Roche en 1987), c'est encore plus incroyable », s'émerveille le héros du jour, qui a tenu à saluer le travail de toute son équipe.
Avec 4 coureurs dans l'échappée, EF était l'équipe la plus représentée en tête. Au départ en quête d'une nouvelle victoire d'étape, ils ont finalement roulé pour offrir le maillot jaune à leur coéquipier, à mesure que l'écart se creusait sur les favoris. « On s'est tous mis au travail pour lui. Ben, c'est quelqu'un de très simple, très discret, et de très appliqué dans son travail », apprécie Alex Baudin, son coéquipier français qui a effectué les derniers gros relais dans les cols pour son leader.
Mais ensuite, sa tunique dorée au Mont-Dore, Healy est allé se la chercher tout seul, dans son style caractéristique, celui d'un rouleur infatigable et atypique. « Oui, il roule un peu comme ça, penché…, sourit Jonathan Vaughters, manager d'EF Education. Mais il est très efficace, très aérodynamique. Sur l'étape de Vire,
Quinn Simmons
(échappé avec Healy) a développé plus de puissance, 395 watts contre 330 à Ben. Mais la différence, c'est l'aérodynamisme. »
Et aussi, une incroyable capacité de résistance et une volonté de tout donner. « Dans la voiture, on lui disait d'abord
take it easy
…, raconte Vaughters. Mais Ben, ce n'est pas vraiment un mec
chill
, il veut toujours y aller. C'est vrai qu'il roule parfois trop. J'ai reçu beaucoup de messages aujourd'hui pour me le dire ! »
Mais dans cette configuration de course, avec déjà une étape dans la poche, il n'avait plus qu'à gagner le maximum de temps, sans s'économiser. Ça tombe bien, Healy adore y aller. « Il a une telle capacité de résistance, admire Vaughters. Ce qu'il réussit, d'une certaine manière, il n'y a que lui qui peut le faire. Il est exceptionnel. »
Un talent original que son équipe a su dénicher, alors que Ben Healy était passé sous les radars du haut niveau britannique. « Chez les jeunes, Ben, ce n'était pas un coureur exceptionnel, ce n'était pas un Pogacar ou un Remco qui gagne tout, poursuit Jonathan Vaughters. Mais il a toujours su gagner des courses, une étape du Tour de l'Avenir, une du Baby Giro… Parce qu'il est bon tactiquement. Quand il est dans une échappée, il joue toujours la gagne. »
Plus que son style peu orthodoxe, c'est cette intelligence de course qui a tapé dans l'œil de Vaughters en 2022. « Je me suis dit qu'il allait gagner des choses. Nous n'avons pas le budget d'UAE ou Visma, il faut être malin. Comme lui doit l'être pour gagner. Il est à l'image de notre équipe », résume le manager, en posant une bouteille de champagne à l'avant du car. A la santé du maillot jaune !
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