
Accord commercial États-Unis/UE : la réponse ferme de la France qui ne veut pas être « le dindon de la farce »
« L'accord commercial négocié par la Commission européenne avec les États-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l'escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré », a écrit sur X Benjamin Haddad, qui a mis en garde contre le risque d'un « décrochage » des Européens si ces derniers « ne se réveillent pas ».
Le ministre chargé de l'Europe s'est félicité que l'accord exempte « des secteurs clés pour l'économie française (aéronautique, spiritueux, médicaments) », exclut « toute concession pour (les) filières agricoles sensibles » et « préserve (la) réglementation européenne sur des sujets comme le numérique ou le sanitaire ».
« Mais soyons lucides : l'état de fait n'est pas satisfaisant et ne peut pas être durable », a estimé le ministre, en observant que les États-Unis « font le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l'OMC ».
« Nous devons en tirer vite les conséquences ou risquer l'effacement », a-t-il écrit, avertissant : « Si les Européens ne se réveillent pas, les difficultés des autres paraîtront toutes relatives face à notre décrochage ».
Un accord in extremis trouvé en Écosse
Benjamin Haddad veut que l'UE « se batte pour continuer de rechercher l'équilibre commercial avec les États-Unis » et regrette notamment que les services numériques américains « bénéfi(cient) de passe droit fiscal en Europe ». Il appelle aussi à « (réduire) massivement les normes et régulations qui continuent de peser sur la compétitivité des entreprises européennes ». « On ne peut pas être les derniers dindons de la farce de règles que plus personne ne respecte », insiste le ministre.
« Pourquoi ne pas lancer un plan d'investissement massif financé par de la dette européenne, un Projet Manhattan de l'IA, du quantique, du spatial, du Green pour soutenir nos entreprises et innovateurs ? », s'interroge-t-il encore, assurant que « la messe n'est pas dite ».
L'accord entre les États-Unis et l'UE a été annoncé lors d'une rencontre entre Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ce dimanche en Écosse, alors que le président américain avait du 1er août une deadline après laquelle des tarifs exorbitants seraient mis en place en l'absence d'arrangement.
Il prévoit des droits de douane de 15 % sur les produits européens importés d'une part, tandis que l'UE s'engage à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie - visant notamment à remplacer le gaz russe - et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux États-Unis d'autre part.
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