«Il fallait connaître ces 178 noms, films et lieux» : auriez-vous pu décrocher un poste au Vogue américain dans les années 90 ?
Au milieu des années 1990, quand des étudiants planchaient sur le concours de Sciences Po, d'autres se creusaient tout autant les méninges dans les bureaux du groupe Condé Nast, à Manhattan. Selon un article du New York Times paru le 16 juillet, les candidats qui postulaient au poste d'assistant d'Anna Wintour au magazine Vogue étaient soumis à un examen musclé : pas moins de quatre pages de 178 noms de célébrités, lieux et films qu'il fallait être en mesure d'identifier sur-le-champ.
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Parmi les noms de célébrités qu'il fallait connaître, la liste comptait de nombreuses pointures du monde du cinéma, de Pedro Almodóvar à Leonardo DiCaprio, en passant par Sandra Bernhard, Jean-Luc Godard ou encore Charlotte Rampling. Mais aussi des références du milieu de la mode, des arts et des lettres - souvent des proches de la rédactrice en chef -, à l'image du créateur Azzedine Alaïa, du top model Kate Moss, de la photographe Annie Leibovitz, de l'écrivaine Marguerite Duras et même de l'artiste féministe Karen Finley, connue pour ses performances anti-patriarcales très provocatrices.
Cette liste était à la fois un test de culture générale élitiste et une déclaration de ce qui comptait pour le magazine Vogue Michael M. Grynbaum, journaliste
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«Remodeler la notion américaine de prestige»
Puisqu'il était impensable pour Anna Wintour d'embaucher un assistant dépourvu de culture cinématographique et littéraire, un candidat digne de ce nom devait être capable d'identifier et de connaître certains films à l'instar d'American Psycho (2000), Even Cowgirls Get the Blues (1993), Le Septième Sceau (1957), Jules et Jim (1962), et plusieurs romans tels que La Montagne magique de Thomas Mann (1924) et Le Bon Soldat de Ford Madox Ford (1915).
D'autres références, largement plus aléatoires, devaient aussi être connues sur le bout des doigts. Comme savoir que la citation «Longtemps, je me suis couché de bonne heure» est l'incipit de l'œuvre Du côté de chez Swann (1913) de Marcel Proust, que Special K est une marque de céréales américaine, ou que la Place des Vosges se situe à Paris. «Élaborée par deux des principaux rédacteurs d'Anna Wintour, William Norwich et Charles Gandee, cette liste était à la fois un test de culture générale élitiste et une déclaration de ce qui comptait pour le magazine Vogue», écrit le journaliste Michael M. Grynbaum dans l'article du New York Times.
Anna Wintour au défilé printemps 1995 de Giorgio Armani.
Penske Media / Penske Media via Getty Images
Par ailleurs, Michael M. Grynbaum vient tout juste de publier le livre Empire of the Elite (2025), qui se concentre sur l'apogée de Condé Nast au cours des années 1980 jusqu'aux années 2000. «Un empire dont les publications ont remodelé la notion américaine de prestige, dont les rédacteurs en chef sont devenus des célébrités, et dont le déclin offre un récit édifiant sur les classes sociales, l'orgueil et les changements technologiques», peut-on lire au sujet du groupe de presse américain dans le résumé du livre. Une sorte de relique d'une Amérique ultra-ambitieuse, imaginée et construite autour d'une élite culturelle, qui explique mieux cet examen d'entrée au magazine Vogue.
La liste complète des 178 références à connaître pour être embauché chez Vogue US au cours des années 1990 :
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