
« Dans ma tête, c'était très confus » : Rini Wagtmans, Maillot Jaune le plus bref de l'histoire du Tour de France qui a fâché Eddy Merckx
L'expérience n'aura duré que trois heures mais ce jour restera pour toujours gravé dans sa mémoire intacte. « Ce fut un des plus beaux moments de ma vie, même s'il y a aussi de la tristesse, un vrai déchirement. Depuis que j'étais enfant, j'en rêvais. J'arrive alors à profiter de l'instant mais pas à cent pour cent, parce que je pense à Merckx et à la suite. Dans ma tête, c'était très confus », se souvient Rini Wagtmans, 78 ans, plus bref Maillot Jaune de l'histoire qui retrace son étonnant destin dans « Un jour en jaune », long format de L'Équipe explore consacré aux coureurs n'ayant porté la prestigieuse tunique que le temps d'une journée.
En 1971, le Néerlandais est un des équipiers de l'armada Molteni régentée par Eddy Merckx. Le Belge, qui a déjà gagné deux fois le Tour de France, part en quête d'un triplé. Maillot Jaune après le contre-la-montre par équipes inaugural, il a prévenu ses troupes qu'il comptait bien le conserver jusqu'à l'arrivée à Paris. Mais la deuxième étape est tronçonnée en trois parties.
La première, entre Mulhouse et Bâle, se termine par un sprint massif. Wagtmans est 20e, Merckx 49e. Selon le règlement du Tour, que personne ne connaît chez Molteni, c'est donc Wagtmans qui devient le nouveau Maillot Jaune. Et le reçoit des mains d'Albert Bouvet, alors adjoint de Félix Lévitan, le patron de la course.
Merckx remportera son troisième Tour de France
Mais, comme le détaille « Un jour en jaune », Merckx ne l'accepte pas et Wagtmans fera le choix, lors de la deuxième étape du jour qui mène le peloton à Fribourg (Allemagne), de lever le pied et de perdre le Maillot Jaune, qu'il n'aura donc gardé que trois heures. Dans notre long format L'Équipe explore, Rini Wagtmans revient sur les raisons de ce choix et sur sa relation avec Merckx - « on a beaucoup reparlé de ce moment-là », dit-il aujourd'hui - qui remportera le Tour cette année-là à la suite de l'abandon de son rival espagnol Luis Ocana.
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