
Tapis rouge, flatteries, accord de paix direct… comment Vladimir Poutine a mis Donald Trump dans sa poche ?
En un voyage en Alaska, la Russie de Poutine est passée d'un état voyou à un partenaire sur lequel les États-Unis comptent s'appuyer dans le futur.
Dès son arrivée sur le tarmac, le maître du Kremlin a été accueilli très chaleureusement par le président américain. Tapis rouge, poignée de main cordiale, voyage commun dans la first car, survol et escorte de F 35 et de B2 américain… « Vladimir Poutine a été reçu à Washington avec les honneurs. L'image de Donald Trump, l'applaudissant à son arrivée sur le tarmac restera », souligne Ulrich Bounat, chercheur associé chez Euro Créative, le think tank français sur l'Europe centrale et orientale
Seul ombre au tableau : ces deux questions de journaliste « Avez-vous sous estimé l'Ukraine ? » et « Allez-vous cesser de tuer des civils ? » rapidement évacuées par les deux présidents.
Un accueil de roi réservé au dirigeant russe, qui tranche avec les images observées fin février lors de la visite du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Ce dernier avait violemment été houspillé par le vice-président JD Vance et Donald Trump.
Contraste saisissant avec l'ambiance plus chaleureuse en apparence en Alaska… À l'issue d'une réunion de près de trois heures, lors de la conférence de presse commune avec son homologue américain, Vladimir Poutine affiche toujours un sourire satisfait. Le président prend même la parole en premier, ce qui est contraire à la tradition, et monopolise les débats.
Un sommet noté 10 sur 10
À côté Donald Trump, n'aborde ni cessez-le-feu, ni sanction contre Moscou, ni les nouvelles frappes russes menées en Ukraine ces derniers jours, voire ces dernières heures. Des thématiques que le président avait pourtant fréquemment évoquées dernièrement.
Le vocabulaire a changé. C'est désormais un accord de paix qui est envisagé avec des échanges de territoire notamment le Donbass, conforme à la volonté du maître du Kremlin. Et le milliardaire américain, habitué à distribuer les bons et les mauvais points, attribue une note flatteuse de 10 sur 10 à cette rencontre avec Vladimir Poutine estimant que des « progrès considérables » ont été réalisés.
Comment une telle cordialité s'est-elle nouée entre deux alliés qui ne s'étaient pas vus depuis 2018 ? Poutine a reçu un accueil très chaleureux sans réaliser la moindre concession. « Poutine n'a rien cédé sur l'Ukraine. Absolument rien », confirme Ulrich Bounat. À l'inverse, la presse américaine estime que ce sommet est un échec de la politique de proximité de Trump avec Poutine.
Accepter les négociations et les pousser à son avantage
Le président russe, toujours souriant, a usé jusqu'au bout de la communication et de la diplomatie pour avancer ses cartes.
Première étape : accepter les négociations et les tourner à son avantage. Alors que jusqu'ici le maître du Kremlin avait esquissé une faible volonté de négocier, il a finalement accepté le dialogue allant jusqu'à reprendre des thématiques du président américain comme les garanties de sécurité ukrainienne, l'échange de territoire ou encore les accords de paix.
Mais, il s'agit d'une pirouette du président russe. Car comme le rappelle Ulrich Bounat, les « objectifs stratégiques ne sont pas les mêmes » entre Washington et Moscou. La compréhension de certains thermes comme la notion de garantie de sécurité diffère aussi.
Autres astuces utilisées par Poutine pour s'arranger la sympathie de Donald Trump : flatter l'ego du président Républicain. Le milliardaire a ainsi révélé, à Fox News, après le sommet que l'ancien agent du KGB l'avait félicité pour sa politique. « Vladimir Poutine m'a dit tout à l'heure : Je n'ai jamais vu quelqu'un accomplir autant, en si peu de temps. Ton pays est en pleine forme, alors qu'il y a un an, il pensait qu'il était mort ».
Trump: "Vladimir Putin said something -- one of the most interesting things. He said 'your election was rigged because you have mail in voting.' He said, 'mail in voting, every election -- no country has mail in voting. It's impossible to have mail in voting and have honest… pic.twitter.com/glEXFHWp6u — Aaron Rupar (@atrupar) August 16, 2025
Le président russe est même allé jusqu'à reprendre des éléments de langage trumpien pour se faire apprécier de son hôte. « Vladimir Poutine m'a dit quelque chose, une des choses les plus intéressantes, il m'a dit : L'élection 2020 a été truquée parce que vous avez le vote par correspondance », glisse encore Donald Trump.
« Si tu avais gagné, nous ne serions pas en guerre »
« Si tu avais gagné nous ne serions pas en guerre et des millions de personnes seraient en vie et non pas mortes », a estimé le président russe lors de la conférence de presse se permettant ainsi une petite pique à l'égard de l'ancien président démocrate Joe Biden, adversaire et ennemi de Donald Trump.
Dernier élément invoqué par Poutine pour faire plier le locataire de la Maison Blanche, la chaleur qu'il a pu montrer lors de la conférence de presse avec des mimiques, des gestes amicaux et bien sûr cette invitation à un nouveau sommet lancée à Donald Trump : « Next time in Moscow (La prochaine fois à Moscou) ».
Une stratégie bien huilée qui poursuit un but clair selon Ulrich Bounat : « Gagner du temps » dans la guerre russo-ukrainienne et « relancer les relations bilatérales avec les États-Unis ».
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Le HuffPost France
an hour ago
- Le HuffPost France
Le sommet entre Trump et Poutine ne s'est pas passé comme prévu, ces documents oubliés en Alaska le prouvent
INTERNATIONAL - Tout ne s'est pas exactement passé comme prévu. Au lendemain du sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska pour échanger sur la manière de mettre fin à la guerre en Ukraine, de nouveaux détails émergent sur l'organisation relativement secrète de cette réunion entre les deux chefs d'États. Et comme le révèle ce samedi 16 août le média public américain NPR, la manière dont ces détails ont été découverts est particulièrement intrigante. Car ce sont huit documents, égarés par le personnel de la délégation américaine dans une des imprimantes publiques d'un hôtel 4 étoiles (situé à 20 minutes de la base militaire d'Anchorage) qui révèlent à quel point le rendez-vous a évolué par rapport au programme initial. Grâce à ces documents confidentiels « produit par le bureau du chef du protocole », on découvre par exemple les lieux précis et les heures prévues pour le sommet entre les deux dirigeants. Ainsi que les numéros de téléphone d'employés du gouvernement américain. Si les plus fins observateurs avaient remarqué que Donald Trump et Vladimir Poutine étaient montés ensemble dans le véhicule présidentiel américain − alors qu'une limousine de la délégation russe attendait le président russe − pour se rendre à l'endroit où ont eu lieu les discussions, ces documents révèlent bien d'autres détails. Notamment le fait que Donald Trump avait prévu d'offrir un cadeau au président russe. La nature du cadeau est d'ailleurs précisée sur l'un des documents : une « statue de bureau de l'aigle à tête blanche américain ». Sans que l'on sache si Vladimir Poutine l'a finalement obtenu. Sur une autre page, on découvre aussi le menu du repas prévu entre les deux délégations. Un repas « en l'honneur de Son Excellence Vladimir Poutine » qui n'aura finalement jamais eu lieu. Le plan de table dévoile que les deux présidents devaient s'asseoir l'un en face de l'autre et révèle aussi les membres de la délégation américaine et russe conviés à ce déjeuner. Même les plats prévus pour ce repas sont indiqués : une salade verte en entrée, un filet mignon ou filet de flétan en plat principal ainsi qu'une crème brûlée en dessert. « M. le Président POO-tihn » Parmi les autres éléments qui illustrent à quel point le sommet de vendredi à évoluer à la dernière minute, il faut souligner que le rendez-vous en tête-à-tête entre les deux hommes est indiqué. Ce qui n'a finalement pas eu lieu puisque les deux hommes étaient accompagnés de leurs plus proches conseillers. Ce que la Maison Blanche avait annoncé quelques minutes seulement avant l'arrivée de Vladimir Poutine à Anchorage. Le repas n'ayant pas eu lieu, la réunion confidentielle entre la Russie et les États-Unis a directement laissé place à la conférence de presse commune. Qui n'en était pas vraiment une d'ailleurs, puisqu'aucune question n'a pu être posée par les journalistes à Donald Trump et Vladimir Poutine. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la conférence de presse a été drastiquement écourtée. Selon les documents, elle devait initialement durer une heure. Contre une petite dizaine de minutes dans la réalité. Forcément critiquée pour cette nouvelle fuite de documents confidentiels (où même la prononciation phonétique exacte du nom de Vladimir Poutine était précisée : « M. le Président POO-tihn »), l'administration Trump a fini par réagir à la médiatisation de ces huit pages protocolaires. Comme le rapporte NPR, la porte-parole adjointe de la Maison Blanche, Anna Kelly a minimisé les faits, en estimant que laisser ces informations sur une imprimante publique ne constituait pas une faille de sécurité. Elles permettent au moins d'y voir un peu plus clair sur le déroulé de cet événement historique qui aura surtout permis à Vladimir Poutine de sortir de son isolement sur la scène internationale. Faute d'accord clair entre les deux hommes sur la résolution du conflit.


Le Figaro
an hour ago
- Le Figaro
États-Unis : la diplomatie américaine suspend ses visas humanitaires pour les Gazaouis
Cette annonce fait suite aux alertes de la journaliste Laura Loomer. Elle a pris pour cible «Heal Palestine», qu'elle présente comme une association organisant des voyages aux États-Unis pour raisons médicales de Palestiniens de la bande de Gaza. La diplomatie américaine a annoncé samedi qu'elle mettait fin, le temps d'une enquête, à ses visas médicaux pour des réfugiés palestiniens de la bande de Gaza, après qu'une influenceuse d'extrême droite, qui a l'oreille du président Donald Trump, eut dénoncé cette politique humanitaire. «Tous les visas visiteurs pour les personnes en provenance de Gaza sont suspendus le temps que nous fassions un examen complet et minutieux du processus et des procédures utilisés ces derniers jours pour accorder un petit nombre de visas temporaires de type médical et humanitaire», a indiqué sur son compte X le département d'Etat. Publicité «Ils inondent littéralement notre pays de djihadistes» Cette annonce du ministère des Affaires étrangères, dirigé par le secrétaire d'État, Marco Rubio, fait suite à des messages sur X de Laura Loomer, journaliste et influenceuse classée à l'extrême droite et réputée pour ses sorties complotistes et qui a déjà obtenu la tête de responsables de la précédente administration démocrate de Joe Biden. Elle a ainsi annoncé vendredi avoir dénoncé auprès de parlementaires républicains l'arrivée aux Etats-Unis de Palestiniens de Gaza qui «travaillent pour des organisations islamiques pro-Hamas (...) affiliées aux Frères musulmans et financées par le Qatar». Laura Loomer a pris pour cible «Heal Palestine», que son compte X présente comme une association organisant des voyages aux Etats-Unis pour raisons médicales de Palestiniens de la bande de Gaza. «Quelqu'un devra être viré» «J'ai parlé avec l'équipe du sénateur Tom Cotton (président de la commission du Renseignement, NDLR) et elle regarde comment ces Gazaouis ont obtenu un visa pour les Etats-Unis», a-t-elle écrit. «C'est véritablement inacceptable. Quelqu'un devra être viré du département d'Etat quand Marco Rubio saura qui a approuvé ces visas», a réclamé Laura Loomer, accusant «le Qatar, notre ennemi, pas notre ami» d'avoir «convoyé ces Gazaouis vers les Etats-Unis via la compagnie Qatar Airways». «Ils inondent littéralement notre pays de djihadistes», a-t-elle conclu. Toujours sur X, un élu à la Chambre des représentants pour la Floride, Randy Fine, a dénoncé une politique de visas «inacceptable» et promis de «coopérer avec les autorités compétentes pour (...) chercher l'expulsion immédiate» de ces Palestiniens. Fin juillet, après dénonciation de Laura Loomer, le Pentagone avait annulé l'embauche d'une haute fonctionnaire comme professeure à l'école militaire West Point. Et en avril, le directeur de l'agence de renseignement NSA, Timothy Haugh, et son adjointe, Wendy Noble, avaient été limogés pour «déloyauté» envers Donald Trump, avait plastronné Laura Loomer, après avoir vu le président à la Maison Blanche.

Le Parisien
2 hours ago
- Le Parisien
Des documents confidentiels oubliés dans une imprimante en Alaska montrent que tout ne s'est passé comme prévu entre Poutine et Trump
Vous avez toujours rêvé de savoir comment s'organise un sommet entre deux dirigeants internationaux ? Huit pages retrouvées dans l'imprimante d'un hôtel en Alaska, au lendemain du sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump, lèvent un bout de voile sur l'organisation de cette rencontre devant trouver un moyen de faire la paix en Ukraine. Relayées par le journal américain NPR, elles montrent surtout que le sommet tel qu'il s'est passé aurait dû se passer autrement. Ce document, « produit par le bureau du chef du protocole » américain, détaille la façon dont devait se tenir le sommet entre les dirigeants russe et américain, ce vendredi 15 août. On y découvre le programme tel que prévu, heure par heure. Ce que Donald Trump comptait offrir au président russe (sans que l'on sache s'il a effectivement offert quelque chose), à savoir une « statue de bureau de l'aigle à tête blanche américain ». VidéoSommet en Alaska : Poutine sort grand vainqueur, Trump repart bredouille La suite du document liste le nom des participants, leurs photos et la manière de prononcer leur prénom et nom phonétiquement (« POO-tihn » par exemple pour Vladimir Poutine). On y retrouve également le « plan de table des négociations », le président russe devant faire face au président américain au moment du déjeuner, chacun étant ensuite entouré de conseillers. Au menu ? Salade verte, filet mignon ou filet de flétan et, en dessert, une crème brûlée accompagnée d'une glace. Mettre en parallèle ce qui était prévu, selon ces pages, avec la réalité montre toutefois que le sommet en Alaska ne s'est pas passé comme cela avait été prévu — bien que Donald Trump et Vladimir Poutine aient tous les deux voulu y voir une rencontre constructive. Le déjeuner zappé et une conférence de presse réduite Le programme initial prévoyait d'abord un tête-à-tête entre Vladimir Poutine et Donald Trump. Mais la Maison-Blanche avait indiqué peu de temps après l'arrivée du président américain en Alaska qu'ils seraient finalement accompagnés de deux de leurs conseillers. Cet échange devait ensuite se poursuivre avec le déjeuner (dont il est donc fait mention du menu et du plan de table), mais il n'en fut rien : les deux dirigeants ont tous les deux zappé cette « séquence » pour passer directement à celle d'une conférence de presse commune. Officiellement, selon ce document du protocole, cette conférence de presse aurait dû durer une heure, entre 15h30 et 16h30 heure locale, selon ces documents. Il n'en fut rien : celle-ci a eu lieu à partir de peu après 13 heures à Paris (soit 13 heures sur place) et a duré une petite dizaine de minutes, durant lesquelles les journalistes n'ont pas eu l'occasion de poser des questions aux deux dirigeants, et après quoi les dirigeants sont rapidement repartis à bord de leur avion.