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« Il a investi sur lui et a connu une progression linéaire » : Jordan Jegat, de l'usine au Tour de France

« Il a investi sur lui et a connu une progression linéaire » : Jordan Jegat, de l'usine au Tour de France

L'Équipe21-07-2025
Échappé ce dimanche et aux portes du top 10 après deux semaines de Tour, le Breton Jordan Jegat, encore à l'usine à 20 ans, a longtemps tergiversé avant de se consacrer au vélo.
En bon Breton, Jordan Jegat est déterminé, voire têtu, et parce qu'il avait « mal dormi vendredi soir, dégoûté d'avoir loupé l'échappée de 50 », voilà deux jours qu'il ferraille fugue à l'avant. Samedi, il s'est fait peur dans la descente du Tourmalet et, après ça, « je descendais comme une chèvre », lâchait-il. Dimanche, dans le groupe de contre, il n'a pas pu jouer la gagne (8e). Mais après deux semaines de course, le voilà aux portes du top 10 (11e à 1'06'' de Ben Healy). Pas prêt à lâcher de sitôt.
À 26 ans, le gamin de Bignan (Morbihan) formé à Locminé n'est pas du genre précoce mais, depuis, gravit les marches à fond. « J'ai toujours fait du vélo, mais pour le plaisir, confiait-il cet hiver. Puis j'en ai eu marre, j'avais les amis, l'école... La flamme est revenue en juniors, mais j'étais bien plus léger que mes adversaires, je travaillais les étés alors qu'eux étaient toujours à 100 % vélo. J'ai gagné la Penn ar Bed en juniors, l'esprit compétiteur est revenu et Nantes, en N1 (meilleur niveau amateur) m'a contacté. Anthony Ravard (le manager), le premier jour, nous dit : "C'est bien d'être là, mais l'objectif est de vous faire passer pro." Ç'a résonné en moi. »
Jegat est déjà en 3e année espoirs, et le Covid vient mettre son rêve en suspens. Il travaille en intérim, à l'usine D'Aucy (conserves), chez Le Ster (gâteaux), à la poissonnerie du supermarché. « Et je ne regrette pas du tout, c'est ce qui fait ma force. Oui, on roule beaucoup à vélo, mais c'est beaucoup plus facile que d'être huit heures à l'usine. L'an dernier, à la Flèche Wallonne (14e, un jour où 130 coureurs avaient abandonné en raison du froid), j'y ai pensé quand j'étais sur le vélo, je me disais "quand t'étais aux surgelés chez D'Aucy, c'était pareil, et tu devais y rester !" »
« Il a tout mis en place, il payait ses entraînements en montagne, un suivi avec le nutritionniste pour perdre du poids »
Anthony Ravard, manager de l'ancienne équipe de Jordan Jegat
À 21 ans, alors que ses parents souhaitent qu'il privilégie le boulot, il leur répond : « Je me laisse un an, ça passe ou ça casse. » Il apprend le métier comme équipier de son pote Louis Barré, et atteint son objectif puisque le club de Nantes devient équipe continentale (3e niveau) en 2022. « Je me souviens que deux, trois gars l'avaient critiqué, disaient qu'il n'avait pas sa place chez les pros, rouspète Yaël Joalland, son équipier chez U Nantes Atlantique. En course, tous ceux du World Tour nous critiquaient, "les petites équipes, derrière", ça n'aide pas à prendre confiance. Il l'a trouvée petit à petit, en même temps qu'il progressait et obtenait de bons résultats. » Jegat, cette fois, a son projet en tête. « Il a tout mis en place, il payait ses entraînements en montagne, un suivi avec le nutritionniste pour perdre du poids, détaille Ravard. Il a investi sur lui et a connu une progression linéaire d'année en année. »
Le Breton commence à s'illustrer sur les Coupes de France et tape dans l'oeil de TotalEnergies. Une équipe familiale qui convient parfaitement à ce garçon « un peu dans son univers, assez plaisantin, qui paraît décontracté mais est quand même très focus et ambitieux », apprécie Lylian Lebreton, son directeur sportif sur le Tour. Preuve en est : sitôt arrivé, il liste sur papier ses chances d'être au Tour 2024. 26 pros. Huit places. Il en sera, après avoir avalé chaque palier, et découvre alors le grand monde.
« Le premier jour, j'étais surmotivé, le rêve de gamin qui se réalise. Je veux prendre l'échappée, faire le maillot à pois. Je n'ai fait qu'attaquer, j'ai manqué l'échappée et fini dans le gruppetto. » Dès le lendemain, il prouve qu'il apprend vite, à l'avant vers Bologne où Kévin Vauquelin, son partenaire d'entraînement dans la région niçoise, s'impose. Il avait pu jouer sa carte pendant trois semaines et avait hâte de revenir sur la plus grande course du monde. Le voilà, un an plus tard, à maillocher avec les meilleurs.
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