Votations fédérales: à Genève, l'appel d'un conseiller fédéral aux patrons
Beat Jans, conseiller fédéral chargé du Département fédéral de justice et police, ce mardi soir à la Rentrée des entreprises 2025, organisée par la FER Genève.
NICOLAS DUPRAZ
En bref:
Beat Jans était venu mi-janvier à Genève afin de s'entretenir avec les autorités genevoises et les employeurs locaux sur les difficultés d'insertion professionnelle des réfugiés ukrainiens. Il avait promis au président de la FER Genève de revenir. Sans se douter des circonstances dans lesquelles se déroulerait cette nouvelle rencontre avec les chefs d'entreprise romands.
Ce mardi soir, quand le conseiller fédéral a rejoint la traditionnelle soirée de la Rentrée des entreprises, organisée par la FER Genève, cela faisait plus de dix jours que les produits «Swiss made» étaient frappés d'une surtaxe de 39% sur le sol américain. Le gouvernement mène toujours des négociations, afin de tenter d'obtenir une réduction de ces pénalités de la part de l'administration Trump. Berne a «optimisé son offre»
Deuxième exportateur du pays – après Bâle et sa pharma –, Genève est particulièrement exposé, les États-Unis demeurant son premier marché à l'étranger. En faisant abstraction des produits pharmaceutiques – provisoirement exemptés –, de tels droits de douane additionnels auraient représenté, sur l'année 2024, un surcoût de 1,4 milliard de francs révèle une récente étude de la Chambre de commerce genevoise (CCIG).
Le message transmis par le membre du gouvernement à l'occasion de son allocution face aux milieux d'affaires romands? «Déterminé à poursuivre les discussions avec Washington, afin de faire diminuer au plus vite ces droits de douane additionnels», le Conseil fédéral a «optimisé son offre à l'égard des États-Unis». Et «poursuit avec engagement ses efforts diplomatiques», se borne à indiquer Beat Jans. L'Europe, alternative à Trump
Ce dernier a rapidement bifurqué sur les relations compliquées avec l'Europe. Et sur les votations à venir. «Quelle que soit l'issue des négociations sur le dossier des droits de douane américains, une chose est claire: nos relations avec l'Union européenne vont devenir encore plus importantes», a rappelé le ministre à l'intention des milieux d'affaires genevois.
«Dans un monde où la loi du plus fort cherche à s'imposer, la Suisse a besoin d'alliés sur lesquels [elle] peut compter» et l'Union européenne a «démontré à plusieurs reprises par le passé qu'elle est un partenaire fiable», martèle le socialiste. Suisse à 10 millions, valeur locative…
Un terrain politique sur lequel s'était engagé avant lui Ivan Slatkine, chef de file du patronat genevois. En se positionnant sur plusieurs votations fédérales des prochains mois, à même de «redéfinir les contours de la Suisse». Notamment la prochaine initiative visant à limiter la population à 10 millions d'habitants, qui «ne fait qu'orchestrer la fin de la libre circulation des personnes – essentielle à nos PME et à nos institutions – et donc la fin des accords bilatéraux» avec l'Europe.
Opposition sans surprise également à l'initiative portée par les jeunes socialistes qui vise à taxer à 50% les successions de plus de 50 millions de francs. Pensait-il à un banquier de la place en notant que «si les grandes fortunes sont mobiles, ce n'est pas le cas des patrons de PME ou de PMI qui n'ont pas d'autres choix que de rester les vaches à lait de la République et de la Confédération»?
Plus étonnant, le président de la FER Genève ferraille contre un vote sur les résidences secondaires qui pourrait, indirectement, conduire à la fin de l'impôt dit «sur la valeur locative» frappant les propriétaires immobiliers. Alors qu'il en soutient pourtant la suppression. Explication? «La solution retenue est loin d'être satisfaisante». Car elle a comme conséquence la suppression de la déductibilité des impôts des intérêts, «sur tous types d'emprunts – pas seulement hypothécaires –, [ce qui serait] une charge potentielle de plus pour les entrepreneurs», invoque le président de la FER Genève.
L'ombre de Trump pèse sur la rentrée de la FER Newsletter
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Pierre-Alexandre Sallier est journaliste à la rubrique Économie depuis 2014. Auparavant il a travaillé pour Le Temps , ainsi que pour le quotidien La Tribune , à Paris. Plus d'infos
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